Scandinavie (75) Finlande (13)

D’une guerre à l’autre : miscellanées

Appelée Maavoimat en finlandais et Armén en suédois, elle est une armée de conscription renforcée en temps de guerre par des réservistes. On trouve également des volontaires issus des gardes blancs.

En 1934 cependant les gardes blancs deviennent une simple organisation de volontaires destinée à soutenir l’armée.

Armée finlandaise 2

Effet cette année le système de mobilisation de l’armée est réformée avec des districts militaires servant de centres locaux de mobilisation. Dans la pratique les limites des districts militaires étaient identiques aux districts des gardes blancs, ces deux districts fusionnant en cas de mobilisation.

Les gardes blancs servaient donc à encadrer les unités mobilisées et à entraîner les réservistes. Les femmes et les jeunes gardes blancs servaient à la garde des bâtiments et armaient les batteries de DCA.

En temps de paix l’armée finlandaise est composée de trois divisions et d’une brigade, cette organisation ayant été pensée et réfléchie par des officiers allemands. Ce sera la structure de base jusqu’à la guerre d’Hiver. En 1928 l’armée de l’air (Illmavoimat) créée en mars 1918 devient indépendante.

Le système militaire finlandais repose sur trois piliers : conscription, un système de mobilisation et des cours de rafraîchissement pour les réservistes afin de maintenir leurs compétences à jour.

Qui dit armée dit également formation. Dès 1919 est créée la Kadettikoulu qui assure la formation de base des officiers. Elle est complétée en 1924 par la Sotakorkeakoulu qui correspond à notre Ecole Supérieure de Guerre et en 1927 par la Taistelukoulu, l’école d’entrainement tactique destinée aux commandants de compagnie, aux jeunes officiers et aux sous-officiers.

Sachant qu’en cas de guerre elle se battra en infériorité numérique, l’armée finlandaise décide d’utiliser ses rares atouts comme un territoire favorable à la défense avec des lacs, des marais, des forêts soit un véritable cauchemar pour un ennemi même supérieur en nombre et en armement.

Jaegers_01

unité cycliste

Adoptant le principe de la défense totale, l’armée finlandaise lève 25 bataillons d’infanterie légère (Erillinen Pataljoona) renforcés peu avant le début de la guerre d’Hiver par cinq bataillons levés dans les unités auxiliaires (Sissi pataljoona).

Ce sont des unités d’infanterie légère et si en France on utilise le terme chasseur, en Allemagne le terme Jäger et dans les pays anglo-saxons le terme Ranger, la Finlande préfère utilise un terme national Sissi (NdA rien à voir avec l’impératrice d’Autriche).

Ces unités se déplaçant à skis se révéleront redoutable dans le renseignement, la guérilla, le sabotage et la pratique du Motti (chaudron).

Parmi ces unités va naître une véritable légende, Lauri Allan Törni qui engagé dans l’armée finlandaise en 1940 va combattre sous l’uniforme finlandais de 1948 à 1953, va rallier l’Allemagne pour continuer à combattre l’URSS avant d’être fait prisonnier par les français qui lui proposèrent de s’engager dans la Légion Etrangère.

Il accepta et s’illustra durant la première guerre du Vietnam (1960-1967) au sein des képis blancs puis au sein d’unités de contre-guérilla. Il décéda hélas dans un accident d’hélicoptère à la veille de son départ du Vietnam.

En ce qui concerne l’équipement il laisse énormément à désirer avec un manque d’armes modernes (notamment dans le domaine antichar) et un manque chronique de munitions ce qui obligeait l’artillerie à rationner son appui.

Pas étonnant dans ces conditions que durant la guerre d’Hiver comme nous le verrons les soldats finlandais récupéraient tout ce qu’ils pouvaient sur les soviétiques, retournant armes, canons, véhicules blindés et chars contre leurs anciens propriétaires.

L’Armée finlandaise dans la guerre d’Hiver

Quand éclate la guerre d’Hiver le 30 novembre 1939 l’armée finlandaise connait une réalité bien différente de l’image qu’elle à l’ouest. Loin d’être une armée de «Spartiates du Nord», la petite armée est mal armée, mal équipée et son entrainement pourrait être meilleure.

Si elle à pu résister quatre mois face à l’armée rouge c’est parce qu’elle était composée de soldats motivés par l’idée de défendre une cause juste (leur territoire, leur nation) et par un corps de sous-officiers compétents.

On ne peut pas refaire l’histoire mais nul doute que si l’Armée Rouge n’avait pas sous-estimé l’adversaire et n’avait pas subit les Grandes Purges l’armée finlandaise n’aurait pas résisté quatre mois.

L’armée de terre finlandaise va mobiliser neuf divisions même si sur le papier elle pouvait en théorie mobiliser 15 divisions et 340000 hommes.

Naturellement le gros des troupes est déployé dans l’isthme carélien entre les rives du Golfe de Finlande et le lac Ladoga, le chemin naturel pour les invasions. Pas étonnant donc que l’Armée de l’Isthme regroupe six divisions d’infanterie, une brigade de cavalerie et des groupes de retardement composés d’unités d’infanterie légère (sissi).

Cela nous donne ainsi une 1ère DI en réserve d’armée, un 2ème corps d’armée avec les 4ème, 5ème et 11ème DI plus une brigade de cavalerie et un 3ème corps d’armée avec les 8ème et 10ème DI.

Mannerheim Line 44

Blockhaus de la ligne Mannerheim

Les groupes de retardement destinés à empêcher les soviétiques d’arriver trop vite au contact de la Ligne Mannerheim sont au nombre de quatre, leur nom correspondant à leur localisation. On trouve ainsi le Groupe U à Uusikirkho, le Groupe M à Muolaa, le Groupe L à Lipola et enfin le Groupe R à Rautu.

Au nord du lac Ladoga on trouve le 4ème Corps d’Armée qui comprend deux divisions d’infanterie (12ème et 13ème DI) ainsi qu’un rassemblement d’unités indépendantes comme les 8ème et 9ème bataillons indépendants, la 4ème compagnie cycliste indépendante, le 16ème régiment d’infanterie, un bataillon de la brigade de remplacement, les 11ème et 12ème bataillons indépendants, le 7ème bataillon cycliste et deux batteries d’artillerie.

Le reste de la frontière finno-soviétique est défendue par le Groupe de Finlande du Nord qui est un rassemblement de gardes frontières, de gardes blancs et de réservistes mobilisés dans leur région d’origine. Autant dire bien peu de chose.

Durant la guerre d’Hiver, l’armée de terre finlandaise va mener des offensives de haute intensité _tout est relatif_ combinées avec une stratégie de guérilla et de harcèlement avec ses fameuses unités à skis que les soviétiques ne tardèrent pas à baptiser «patrouilles de la mort».

En profitant du terrain et de la lourdeur des colonnes soviétiques mal préparées à la guerre en milieu hivernal, les finlandais bloquaient l’avancée des blindés soviétiques puis les séparaient en mottis toujours plus petits.

A la différence des kessels (chaudrons) allemands, les mottis soviétiques avaient tendance à rester sur place plutôt que d’essayer de combattre pour briser l’encerclement et rallier le gros des forces.

Il faut y voir là la peur panique de prendre des décisions et un corps de sous-officiers dont les compétences étaient loin de celles des finlandais.

Espérant un ravitaillement ou un déblocage rapide, les soldats soviétiques dont beaucoup venaient d’Asie Centrale se faisaient tuer sur place ou succombaient au manque de nourriture ou aux conditions météorologiques dantesques, l’hiver 1939/40 étant parmi les plus froids du vingtième siècle.

De nombreux prisonniers sont faits et un incroyable matériel récupéré. La moindre arme, les moindres munitions, le moindre véhicule, tout absolument tout était récupéré et retourné contre leur ancien propriétaire.

L’armée finlandaise à aussi bénéficié de l’aide matérielle de la Suède, de la France, de la Grande-Bretagne mais aussi de l’Allemagne et de l’Italie.

Toutes ces armes livrées qui n’étaient pas toute de première jeunesse ne pouvaient permettre à la Finlande de gagner la guerre (c’était de toute façon impossible tant la disproportion des forces en présence était immense) mais ont sans nul doute contribué à prolonger la résistance d’Helsinki jusqu’à ce que l’épuisement et la non-intervention des occidentaux ou de la Suède ne la pousse à la capitulation.

Naturellement l’organisation et l’ordre de bataille vont évoluer durant les quatre mois de la guerre d’Hiver.

C’est ainsi que le 25 février 1940 à la fin du conflit est créé un 1er corps d’armée qui récupère la 1ère DI restée en réserve d’armée et la 2ème DI qui n’est autre que l’ancienne 11ème DI, le 2ème corps d’armée ayant été jugé trop gros avec pas moins de cinq divisions puisqu’il disposait en février des 4ème, 5ème,6ème, 11ème et 23ème DI. La composition des autres corps d’armée ne change pas même si la 10ème DI du 3ème CA est renumérotée n°7.

Le 13 décembre 1939 le groupe Lapland ou Lapin Ryhmä en V.O est formé à partir du groupe de Finlande du Nord. Placé sous le commandement du major général Kurt Martti Wallenius qui installa son quartier général à Rovaniemi, il se composait des unités suivantes :

-17ème bataillon indépendant

-26ème bataillon indépendant

-40ème régiment d’infanterie

-Deux bataillons issus de la brigade de remplacement

-Une batterie d’artillerie

-10ème compagnie indépendante

-11ème compagnie indépendante

-3ème compagnie

-5ème batterie indépendante

-11ème groupe de reconnaissance.

A la fin du mois de février des volontaires suédois arrivèrent pour renforcer le groupe du Lapland.

La guerre d’Hiver terminée, l’armée finlandaise réduit ses effectifs tandis que les volontaires étrangers rentrent chez eux sauf certains qui obtiennent la nationalité finlandaise et accepte de rempiler au sein de l’armée. Le chiffre exact est inconnu car ce sujet n’à pas été traité par les historiens.

L’armée finlandaise dans la Pax Armada : modernisation et réorganisation

Comme nous l’avons vu plus haut, la Finlande n’accepte le traité de Moscou que contrainte et forcée. La question n’est pas de savoir si le pays doit récupérer les «provinces perdues» mais quand.

Pour cela il faut obtenir un ou des alliés puissants capable de contrebalancer la formidable puissance soviétique mais surtout réorganiser et rééquiper l’armée.

Pour ce dernier point plus facile à dire qu’à faire car l’URSS se montre vigilante et les pays étrangers renâclent à vouloir livrer des armes à la Finlande.

En dépit de ces différents obstacles, l’armée finlandaise se trouve en septembre 1948 en meilleure posture qu’en novembre 1939. Elle est mieux organisée, mieux entraînée et mieux équipée même si toutes les carences n’ont pas été éliminées loin de là.

Après la démobilisation achevée à l’été 1940 l’armée de terre finlandaise est réduite à trois divisions d’infanterie, deux brigades de cavalerie partiellement motorisées («pétrole-picotin» comme on dirait en France), quatre brigades d’infanterie légère (sissi), des unités d’artillerie, du génie et de soutien.

En dépit des protestations soviétiques les finlandais décident de construire une nouvelle ligne fortifiée pour protéger la nouvelle frontière, la ligne Mannerheim se trouvant désormais en URSS.

Comme sa devancière la Ligne Salpa se compose de gros ouvrages en béton armé, de tranchées, de barbelés, d’obstacles antichars.

Ce n’est cependant en aucun cas une «ligne maginot nordique» puisqu’il y à ni ouvrages puissants avec de l’artillerie ni tunnels permettant de se déplacer d’un point à l’autre à l’abri des tirs.

Si on devait la comparer à une ligne fortifiée française, la ligne Salpa était plus proche de la ligne Doumer en Indochine.

A noter que cette construction ne fit pas l’unanimité certains officiers finlandais estimant qu’il aurait mieux fallu investir l’argent de la ligne Salpa dans l’acquisition de canons, d’armes automatiques et de chars.

Les trois divisions d’infanterie du temps de paix restent toujours organisées sur une base composée de trois régiments d’infanterie et un régiment d’artillerie mais elles reçoivent des unités antichars et antiaériennes, améliorent les unités de soutien (génie, transmissions).

Elles vont même recevoir des canons d’assaut allemands ce qui leur donnera un vrai punch que ce soit en phase défensive ou en phase offensive. Ces divisions doivent en temps de guerre mettre sur pied d’autres divisions.

Les deux brigades de cavalerie sont des unités mixtes avec deux régiments montés et deux escadrons d’autos blindées chacune, l’équipement de ces dernières étant hétéroclite avec des autos blindées venant de plusieurs pays.

Panzer IV canon long

Panzer IV à canon de 75mm long

Il semble qu’il à été envisagé avant guerre de transformer au moins une de ces brigades en véritable division blindée mais cela n’à pas pu se faire, les Panzer IV livrés par les allemands équipant un régiment blindé indépendant. Les blindés soviétiques capturés furent réutilisés un temps mais très vite le manque de pièces détachées gêna considérablement leur utilisation.

Les quatre brigades d’infanterie légères sont des brigades territoriales. Dans un concept de défense totale, la frontière était surveillée par des gardes frontières qui pouvaient bénéficier du soutien d’unités locales.

En temps de paix on trouvait quatre brigades organisées en un état-major, un bataillon d’armes lourdes, deux bataillons d’infanterie légère et différentes unités de soutien. Dès la mobilisation l’apport massif de réservistes devait en théorie permettre la création de douze brigades représentant trente-six bataillons.

Sur le papier ces bataillons avaient en cas de mission défensive pour mission de harceler l’ennemi, de le contraindre à une avance prudente ce qui réduirait l’énergie cinétique de son attaque ce qui faciliterait l’action des divisions d’infanterie.

En cas de combat offensif ces bataillons devaient couvrir les flancs voir opérer derrière les lignes ennemies en totale autonomie ou peu s’en faut. Comme cette mission n’était pas à la portée du premier venu, l’armée finlandaise veillait à maintenir un très haut de niveau de préparation de ces unités.

Cependant comme cela n’était pas toujours possible un certain nombre de ces unités de sissi furent choisies en 1945 et préparées en vue de mener des opérations de harcèlement et de guérilla derrière les lignes ennemies.

Les unités d’artillerie furent également renforcées avec plus de canons mais malgré des efforts importants les parcs de munitions se révéleront toujours insuffisants tant en phase offensive qu’en phase défensive.

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