Destroyers et torpilleurs
Les unités anciennes
En septembre 1948 les torpilleurs de classe Springeren sont les torpilleurs danois les plus anciens en service (voir ci-après) ce qui signifie que les classes les plus anciennes de torpilleurs de la marine royale danoise ont été désarmés.
Le torpilleur Ormen était vénérable navire datant de 1907 construit au Danemark sur des plans fournis par les chantiers navals Auguste Normand du Havre. Il s’agissait d’un navire de 78 tonnes, mesurant 38m de long sur 4.3m de large et un tirant d’eau de 2.6m, une puissance propulsive de 2100ch permettant une vitesse de 26.2 nœuds avec pour armement deux canons de 37mm et deux tubes lance-torpilles de 450mm.
Les trois torpilleurs de classe Söridderen (Söridderen Flyvefisken Söulven) mis en service en 1911 déplaçaient 217 tonnes, mesuraient 55.4m de long sur 5.5m de large et 2m de tirant d’eau, une propulsion à turbine développant 5000ch ce qui donne une vitesse de 27.5 nœuds. Ils étaient armés de deux canons de 75mm, cinq tubes lance-torpilles de 457mm et une mitrailleuse de 8mm. Ils ont été désarmés en 1941 et démolis.
Les trois torpilleurs de classe Tumleren (Tumleren Vindhunden Spaekhuggeren) mis en service en 1911 pour le premier et en 1912 pour les deux autres étaient des torpilleurs de 225 tonnes, mesuraient 56.4m de long sur 5.8m de large et d’un tirant de 1.9m, une propulsion à turbines développant 5000ch et donnant une vitesse de 27.5 nœuds, l’armement se composant de deux canons de 75mm et de cinq tubes lance-torpilles de 457mm. Ils sont désarmés et démolis entre 1942 et 1945.
Les trois torpilleurs de classe Hvalrossen (Hvalrossen Delfinin Svaerdfisken) mis en service en 1913 pour le premier et en 1914 pour les deux autres déplaçaient 165 tonnes, mesuraient 45.2m de long sur 5.2m de large et un tirant d’eau de 2.1m, une puissance propulsive de 3000ch pour une vitesse maximale de 26.3 nœuds. L’armement se composait d’un canon de 75mm et de quatre tubes lance-torpilles de 457mm. Les deux derniers avaient été désarmés en 1932 mais étaient encore présents en 1939 (ils ont été démolis en 1941) mais le troisième n’à été désarmé qu’en 1943 et démoli deux ans plus tard.
Torpilleurs classe Springeren
Les dix unités de classe Springeren sont mises en service en 1917 (Springeren Storen Soloven Sohunden Havornen Narhvalen) en 1918 (Makrelen Nordkaperen) et en 1920 (Havkatten Saelen).
Ces navires sont des torpilleurs mais leur déplacement qui dépasse à peine les 100 tonnes pourraient presque les faire passer au début des années quarante pour de très grosses vedettes lance-torpilles.
Ces navires déplaçaient 108 tons (97.76 tonnes), mesuraient 38.5m de long sur 4.3m de large et un tirant d’eau de 2.7m, une propulsion assurée par une machine verticale à triple expansion de 200ch qui donnait tout de même une vitesse de 24.6 nœuds. Ils étaient armés de deux canons de 75mm et deux tubes lance-torpilles de 457mm.
En 1936 une partie de la flotte est transformée en dragueur de mines, perdant un canon de 75mm et les tubes lance-torpilles au profit d’équipements de dragage mécanique. Deux de ces navires étaient encore en service en septembre 1948, les Soloven et Narhvalen.
Ces deux navires sont coulés dès le premier jour de l’opération Weserübung, le premier est coulé par la Luftwaffe (une bombe de 250kg largué par un Junkers Ju-87 qui coupe le navire deux) alors que le second est surpris par des S-Boot, une torpille arrache sa proue, le navire chavirant et coulant en quelques minutes.
Quatre Springeren étaient encore en service en tant que torpilleur et/ou navire de combat en l’occurrence les Springeren Storen Sohunden et Havornen. Ces quatre navires connaissent un sort contrasté puisque deux d’entre-eux sont coulés et deux autres survivent à l’invasion de leur pays par les allemands.
Les Storen et Sohuden étaient à Copenhague le 5 septembre 1948 prêt à appareiller pour entrainement en mer Baltique. Ils sont endommagés plus (Storen) ou moins (Sohuden) sévèrement mais ce qui est sur c’est qu’ils ne sont plus opérationnels.
Les danois décident de les saborder pour embouteiller le port mais ce sabordage n’est pas si efficace qu’escompté puisqu’ils sont relevés en mars 1949 par les allemands qui les mettent au sec signe qu’ils n’avaient pas renoncé à les remettre en état pour un nouvel usage.
En réalité cette volonté sera éphémère puis-qu’après une inspection un peu plus poussée, l’officier de la Kriegsmarine à la question de savoir si on pouvait les remettre en service il déclara que seul un fou ou un idiot pouvait sérieusement l’envisager. Les deux ex-torpilleurs danois sont envoyés à la démolition et l’acier récupéré va alimenter la vorace machine de guerre allemande.
Les deux autres bien que légèrement endommagés (Springeren Havornen) survivent aux combats pour se réfugier en Grande-Bretagne. Ils ne sont pas être réutilisés trop anciens trop usés et sans valeur militaire. Leurs équipages vont cependant armer les deux corvettes de classe Flower transférées par les britanniques.
Réduits au statut de ponton, ils sont finalement remorqués au large de Rosyth le 4 septembre 1952 et coulés comme cible lors d’un entrainement britannico-danois.
Torpilleurs classe Dragen
La marine danoise met en service trois torpilleurs de classe Dragen (Dragen Hvalen Laxen) au début des années trente, 1930 pour le premier et 1931 pour les deux derniers.
Il s’agissait de torpilleurs de 263 tonnes (303 tonnes pleine charge), mesurant 59.6m de long sur 5.95m de large et un tiran d’eau de 2.23m, une puissance propulsive de 6000ch permettant une vitesse maximale de 30 noeuds, un armement composé de deux canons de 75mm, deux canons de 20mm et huit tubes lance-torpilles de 450mm.
Le Dragen est coulé le 5 septembre 1948 par l’aviation allemande mais les deux autres immobilisés sur slipway sont capturées par les allemands. Légèrement endommagées par les danois lors de veines tentatives de sabordage. Ils sont réarmés par la Kriegsmarine et coulés durant le conflit.
Le Hvalen est coulé par un sous-marin britannique le 7 mars 1953 lorsqu’il escortait un convoi entre Copenhague et Bergen alors que le Laxen à sauté sur une mine au large de Kristiansand le 14 septembre 1952.
Torpilleurs classe Glenten
Les trois torpilleurs de classe Glenten (Glenten Hogen Ornen) mis en service respectivement en 1933,1934 et 1935 sont des évolutions des précédents au point que certains les intègrent aux Dragen. Leur principale différence concerne leur armement.
Les Glenten étaient des torpilleurs de 263 tonnes, mesurant 59.6m de long sur 5.95m de large pour un tirant d’eau de 2.23m, une propulsion par turbines développant 6000ch, une vitesse maximale de 29 nœuds et un armement composé de deux canons de 87mm, deux canons de 20mm et six tubes lance-torpilles de 450mm.
Ces trois navires sont encore en service en septembre 1948. Le Glenten est coulé le 7 septembre 1948 par l’aviation allemande (deux bombes de 250kg) alors qu’il tentait de rallier la Grande-Bretagne. Son sister-ship Ornen est coulé lors d’un affrontement avec des S-Boot allemandes lors de la tentative d’assaut direct du port de Copenhague. Ses superstructures ravagées par l’artillerie légère, il est achevé par deux torpilles et coule en quelques minutes.
Le Hogen à plus de chance puisque bien endommagé il parvient à réfugier en Suède où il est interné avec son équipage dont une partie ralliera la Grande-Bretagne pour reprendre la lutte au sein du Danish Naval Group (DNG).
Le navire sera remis en service dans la marine suédoise puis suite à de délicates et acrimonieuses négociations rendu à la fin de la guerre à la marine danoise qui comme pour tourner la page l’enverra à la démolition sans autre forme de procès.
Destroyers classe Zealand
En septembre 1939 les «destroyers» danois étaient davantage des torpilleurs qu’autre chose. Et encore il s’agissait de torpilleurs très légers plus proches de S-Boot que des Melpomène ou des Le Fier.
La construction de trois croiseurs de classe Tordenskjold change la donne. Pour éviter un véritable fossé entre les croiseurs et les «destroyers», la construction de véritables destroyers est impérative.
La marine royale danoise aurait souhaité six destroyers mais elle ne put en faire construire que quatre, des navires baptisés du nom d’îles (d’où le nom de classe Island parfois attribué) à savoir Zealand, Funen, Lolland et Bornholm. Ces navires sont mis en service respectivement en 1942,1943,1945 et 1946.
Il s’agissait d’élégants navires comparables aux Fleet Destroyer de la Royal Navy avec un bloc-passerelle ramassé à l’avant, deux cheminées inclinées, un rouf arrière. Le déplacement à pleine charge est d’environ 2000 tonnes, la longueur étant de 110m de long sur 13m de large pour un tirant d’eau de 5.80m, une propulsion par turbines à engrenages, une puissance de 75000ch leur donnant une vitesse maximale de 35 nœuds.
L’armement se composé de quatre canons de 120mm Bofors (le 105, le 114 et le 130mm ont été un temps étudié, des canons respectivement allemands, britanniques et français) en affûts simples sous masque (deux avant superposés et deux arrières superposés), une DCA légère composée de canons Bofors de 25 et de 40mm, huit tubes lance-torpilles de 533mm en deux plate-formes quadruples et seize grenades ASM.
Deux unités disparaissent durant les cours mais violents combats du volet danois de l’opération WESERUBUNG. Le Funen est victime dès le 5 septembre 1948 de la Luftwaffe. En patrouille dans le sud du pays en mer Baltique, il reçoit un message radio annonçant une attaque allemande de la frontière sud, frontière protégée par une ligne de fortifications de campagne.
Sans prendre le temps de consulter ses supérieurs, le commandant Andersen ordonne d’ouvrir le feu sur les troupes allemandes surprises par un tir aussi précis qu’efficace, tir qui raffermie la résistance danoise et enrage les allemands.
En fin de matinée après une nouvelle passe avec ses canons de 120mm, le destroyer qui devait mettre cap au nord pour ravitailler est attaqué par des bombardiers en piqué Junkers Ju-87 Stuka.
Deux appareils sont abattus par la DCA, un autre encadre le destroyer avec une bombe de 250kg mais le quatrième largue sa bombe de 500kg puis désemparé s’écrase sur le destroyer qui devient une annexe de l’enfer. Le navire explose ne laissant aucun survivant.
Le Lolland est coulé le 7 septembre 1948 par un U-Boot alors qu’il accompagnait le croiseur-éclaireur Herluf Trolle. Deux torpilles sont suffisantes pour l’envoyer ad patres et lui permettre de rejoindre Neptune.
Six marins vont survivre à ce naufrage et rejoindre la Grande-Bretagne dans des conditions dantesques, devenant des héros nationaux au pays, étant décorés par le roi Frédéric IX. Ils se réengageront dans la marine puis dans les commandos («Comme le dira l’un d’eux après ce que nous avions vécu nous étions comme accro à l’adrénaline et nous voulions que cela cogne, que cela tabasse») et si quatre survivent au conflit (ils sont enterrés côte à côte dans le même cimetière), deux d’entre-eux engagés aux côtés de la résistance seront capturés par les allemands, torturés et exécutés.
Le Zealand et le Bornholm vont eux non seulement survivre aux combats du 5 au 9 septembre 1948 mais également au second conflit mondial, participant notamment à l’opération BOREALIS en appuyant la mise à terre de la 1ère brigade danoise et de la 31ème division d’infanterie américaine plus d’autres unités notamment un régiment blindé danois, le Régiment des Dragons du Jutland équipé de M-4 Sherman.
Modernisés en 1955 avec un sonar, de nouveaux radars et un armement modifié (deux canons de 120mm, deux affûts doubles de 76mm, une plate-forme quadruple lance-torpilles de 533mm, un lance-roquettes ASM et des charges de profondeur), ces deux navires ont été désarmés en 1964 (Zealand) et 1966 (Bornholm).
Si le premier à été démoli, le second à été préservé comme musée, étant d’ailleurs remis dans sa configuration d’origine. Depuis mars 1970 il est ouvert comme musée à Odense et constitue une attraction majeure ainsi qu’un lieu de mémoire. Depuis 2006 il à été mis au sec dans un nouveau bâtiment, la coque vieille de soixante ans montrant de sérieux signes de faiblesses.