Scandinavie (38) Danemark (9)

Le Danemark dans le second conflit mondial

Prémices

MASKINGEVÆR m 1929

Soldats danois en position lors de manœuvres organisées au printemps 1944

En septembre 1939, la guerre de Pologne éclate. Copenhague réaffirme aussitôt sa neutralité de crainte que l’Allemagne ne veuille s’installer au pays des Danes pour par exemple sécuriser l’accès à la Baltique et éviter ainsi une incursion navale alliée dans ce qui est considérée comme une mare germanicum.

Cette idée n’est pas aussi absurde qu’il n’y paraît puisque le bouillant premier lord de l’amirauté Winston Churchill l’avait envisagé (opération CATHERINE) avant d’y renoncer sous la pression des officiers supérieurs de la Royal Navy et des autorités politiques. De toute façon la guerre s’acheva avant que l’opération passe de l’idée au plan.

Durant la Pax Armada le Danemark réaffirma à plusieurs reprises sa neutralité notamment durant la guerre civile allemande (1943-45) au cours de laquelle les différentes factions engagées tentèrent d’utiliser les pays voisins comme bases arrières.

Le gouvernement danois était bien décidé à mettre le hola. La frontière dano-allemande fût fermée ou du moins sérieusement surveillée avec des patrouilles militaires à pied et à bord de véhicules blindés (ces derniers étaient particulièrement visibles du fait du caractère uniformément plat de la région).

A ce déploiement militaire s’ajouta un déploiement policier d’envergure. Des policiers formés par Scotland Yard démantelèrent les filières de renseignement et de soutien (dont certaines étaient gérées par des danois acquis à la cause nationale-socialiste) tandis que des unités anti-émeutes conseillées par la Garde Républicaine Mobile (GRM) furent formées pour mettre fin à des affrontements de rue qui opposait himmleristes, bormanistes et goerinistes mais aussi entre factions allemandes et danoises à des mouvements de gauche.

Cela évita que la guerre civile allemande ne dégénère en nouvelle guerre européenne par exemple si un incident de frontière majeur avait éclaté entre l’armée danoise et l’armée allemande.

Durant cette période le Danemark se réarma en modernisant un outil militaire qui avait été longtemps victime d’un sous-investissement chronique. On améliora les défenses frontalières et côtières, on acheta des armes et des canons plus modernes, quelques véhicules histoire que l’armée danoise fasse autre chose que de la figuration.

A l’été 1948 les tensions devinrent-elles qu’un conflit était imminent. Le gouvernement danois se divisa sur l’opportunité de mobiliser. On se contenta de rappeler les réservistes et de préparer une éventuelle mobilisation mais sans donner l’ordre fatidique.

Cependant dès le 27 août 1948 des conscrits danois se présentèrent spontanément dans leurs unités, anticipant une éventuelle mobilisation. Elle suscita l’embarras des autorités militaires danoises et du gouvernement. Copenhague se contenta de laisser faire et ce jusqu’au 5 septembre 1948 04.45.

C’est la guerre !

Pour l’invasion du Danemark les allemands vont longtemps hésité. Un temps ils étudièrent la possibilité de simplement neutraliser le pays soit de manière soft par la diplomatie et les pressions politiques ou de manière brutale par des bombardements de terreur sur les villes doublés ou non d’un assaut aéroporté majeur.

Panzer III Ausf M 9

Panzer III Ausf M à canon de 50mm

Finalement c’est l’option d’une invasion en bonne et due forme qui est choisie par les planificateurs allemands qui engagent deux divisions d’infanterie (4.ID et 8.ID), un groupement blindé fourni par la 3. Panzerdivision (3. PzD), un groupement parachutiste fournit par la 3. Fliegerdivision sans oublier des éléments d’artillerie, du génie et de soutien. Ces éléments sont placés sous l’autorité du 31ème Corps d’Armée (31. ArmeeKorps).

Si une guerre avait éclaté au printemps 1940, l’armée danoise n’aurait été guère plus qu’une victime expiatoire de la machine de guerre allemande mais avec l’effort important mené durant la Pax Armada, la Haerens pouvait s’estimer capable de résister quelques jours de de ne pas être plus ridicule que son aînée de 1864.

En dépit de cet état de fait certains se demandèrent sur toute résistance ne serait pas futile. Ce ne fût pas l’avis du roi qui en suivant la fraction dure de son gouvernement ordonna de résister.

A 04.45 l’artillerie allemande ouvrit le feu contre la ligne de défense (Ny Dannevirke) protégeant la frontière de 1920, une ligne de défense qui était plus qu’un simple point de contrôle mais n’était pas une version nordique de la Ligne Maginot.

GEVÆR m 89 (Danemark)

Soldats danois en séance de tir. En dépit de leur allure désuète, ils résistèrent avec acharnement aux troupes allemandes. 

Les troupes danoises déployées résistèrent le plus longtemps possible mais en fin de journée la 4ème division d’infanterie avait réussit à forcer le passage, ouvrant la voie au Panzer Kampfrgruppe Danmark (groupement blindé Danemark) qui put rouler dans les plaines du Jutland.

Quelques unités danoises résistèrent, certaines se faisant tuer sur place mais hélas pour la Haerens cela ne retardait l’avancée allemande que de quelques heures.

Dans le ciel la Luftwaffe fût surprise par la réaction énergique de la petite aviation danoise qui certes perdit plusieurs avions au sol mais parvint pendant plusieurs heures à données des sueurs froides aux aviateurs allemands, perturbant les bombardements et les opérations aéroportées.

La marine danoise modernisée durant la Pax Armada tente de s’opposer aux navires allemands mais sont action est durement contrée par la Luftwaffe. Les pertes sont lourdes mais quelques navires parviennent en Grande-Bretagne pour permettre au gouvernement danois en exil de participer à la suite des événements.

En fin de journée, le sud du pays était aux mains des allemands mais une bonne partie du pays résistait, un assaut naval direct sur Copenhague fût même repoussé mais après un bombardement à l’aube du 6 septembre 1948, les allemands purent débarquer des éléments de la 8ème division d’infanterie dans la capitale danoise forçant le roi et le gouvernement à se replier vers le nord-ouest avant d’évacuer le 7 septembre en direction de la Grande-Bretagne, un geste qui comme nous l’avons vu lui sera beaucoup reproché.

La petite armée danoise admirable de courage se bat dans les villes, au milieu de la population qui parfois donne un coup de main aux soldats soit en combattant directement (on verra hélas des civils pris les armes à la main sommairement exécutés) et surtout en soignant et en ravitaillant les soldats dont une partie sera évacuée vers la Grande-Bretagne.

Le 8 septembre 1948 le territoire danois est occupé à 90% et le lendemain à midi ce qui reste de l’armée royale danoise capitule. 1800 soldats ont été tués et 12500 sont faits prisonniers. De nombreux autres ont évacué vers la Grande-Bretagne, d’autres se cachant des autorités allemandes et de leurs collaborateurs.

Suite au départ du gouvernement et du roi, l’Allemagne décide de transformer le Danemark en Marche du Nord (NordMark) avec à sa tête un haut-commissaire tout simplement l’ancien ambassadeur d’Allemagne au Danemark, Cecile von Renthe-Fink. Un gouvernement collaborateur dirigé par le chef du parti nazi danois Frits Clausen mais ce gouvernement est un gouvernement fantoche qui n’à ni légitimité ni crédibilité imitant en cela son homologue norvégien.

La résistance danoise se met en place dès l’automne 1948 avec des citoyens ou des militants politiques, des soldats et des policiers. Les premières actions sont surtout symboliques du type résistance passive mais très vite son impact provoque le durcissement de la politique de répression menée par l’Allemagne et ses alliés danois.

Les résistants danois fournissent du renseignement (notamment les mouvements de navires à travers les détroits du Skagerrak et du Kattegat), mettent sur pied des filières d’évasion mais commettent peu de sabotages.

Tout comme l’action de la résistance norvégienne était galvanisée par les discours du roi Haakon VII et de son fils Alexander (futur Olav V), ceux de la résistance danoise étaient encouragés par les discours du roi et du gouvernement.

Parallèlement le gouvernement en exil souhaite mettre sur pied une nouvelle armée mais ses moyens sont nettement moins importants que ceux de son homologue norvégiens. Voilà pourquoi la Nouvelle Armée Danoise (Ny Danske Haerens NDH) va se composer de deux brigades d’infanterie, de quelques éléments blindés, d’unités d’artillerie et du génie. Des danois vont se porter volontaires pour servir dans le SOE et dans les commandos britanniques, certains opérant en compagnie de leurs confrères norvégiens.

La marine danoise qui à subit de lourdes pertes en septembre 1948 sous les coups de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe parvient à évacuer un croiseur léger de classe Tordenskjold, deux destroyers de classe Island, deux sous-marins deux torpilleurs, des patrouilleurs et quelques navires divers, le reste étant le plus souvent sabordé ou capturé par les allemands.

Elle finira par armer également quelques vedettes lance-torpilles et quelques escorteurs tandis que dans le ciel le Danemark mettra sur pied un escadron de chasse et un escadron de bombardement, escadrons opérant sous contrôle britannique avec commandement nominal danois.

Opération Borealis et libération du Danemark

Les leçons de la campagne de Norvège sont rapidement tirées tout comme l’idée qu’un débarquement amphibie en Norvège et au Danemark avait plus d’inconvénients que d’avantages.

Voilà pourquoi les alliés n’envisagent de débarquer en Norvège qu’au printemps 1952, préparant une opération qui doit voir l’engagement de cinq divisions d’infanterie et d’une division blindée américaine, d’une division française, d’une division britannique et de brigades de l’armée norvégienne libre.

Pourquoi un tel revirement ? Difficile de répondre de manière claire et définitive. Il semble qu’il y ait un mélange de raisons politiques et militaires.

L’opération BOREALIS prévoit le débarquement à l’automne 1953 ou au printemps 1954 de divisions alliées pour bloquer en Norvège et au Danemark des unités pouvant être redéployées en Allemagne pour défendre le Vaterland. On veut également éviter que les soviétiques ne passent par le nord de la Finlande pour s’emparer du nord du royaume d’Haakon VII et ainsi s’aménager un balcon sur la mer du Nord.

Initialement il était prévu de débarquer uniquement en Norvège puis de passer au Danemark mais finalement décision est prise de prendre pied à Narvik, Namsos, Bergen, Trondheim et au Jutland pour créer de puissantes têtes de pont, des abcès de fixation qui pourraient également voir l’engagement de divisions venues du continent si par exemple le front continental étaiit bloqué.

Les américains vont engager cinq divisions d’infanterie (3ème, 8ème, 10ème, 26ème et 31ème, la 10ème étant une division de montagne), une division blindée (la 6ème) et deux bataillons de Rangers (1er et 6ème).

Les français vont déployer une division mais pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de la 27ème Division d’Infanterie Alpine (27ème DIAlp) aux côtés de commandos et d’éléments blindés. Les britanniques vont engager une division aéroportée, la 6th Airborne.

Les norvégiens vont engager quatre brigades et les danois une seule, la 1. Danske Brigade, la 2. Danske Brigade étant conservée en Grande-Bretagne soit pour un engagement ultérieur ou pour une utilisation pour maintenir l’ordre une fois le territoire danois libéré.

Cette unité également appelée brigade mobile danoise va débarquer sur les côtes du Jutland en compagnie de la 31ème division d’infanterie américaine.

Cette phase méridionale de l’opération BOREALIS se déroule sans grande résistance de la part des troupes allemandes durement châtiées par des attaques aériennes et des bombardements navals massifs pour neutraliser les grosses pièces présentes sur les côtes. Les troupes déployées dans la région étaient des troupes mal entraînées et peu motivées à l’idée de défendre un pays étranger.

Ordnance QF 17 Pounder 41

QF 17 pounder en action. Vu la photo nul doute que le canon n’est pas engagé au Danemark

 

La brigade danoise débarque en premier. Les combats sont brefs et violents mais très rapidement les danois contrôlent la situation permettant la mise à terre rapide de la 31ème division d’infanterie de l’US Army mais aussi d’un groupe d’artillerie norvégien équipé de canons de 17 livres. Une fois la tête de pont solidement préparée, un régiment blindé danois et un régiment d’artillerie sont mis à terre, régiment équipé de M-4 Sherman.

M-4 Sherman Firefly 5

M-4 Sherman à canon de 76mm. C’est ce char qui équipait le régiment des Dragons du Jutland 

Une fois ce régiment débarqué le 13 octobre 1953, la brigade mobile danoise, la division d’infanterie américaine et le régiment de chars danois progressent vers l’ouest, formant des Groupements Mobiles pour permettre une progression tout azimut en direction des villes danoises.

Des unités aériennes danoises opèrent au dessus de leur pays tout comme la marine libre danoise qui engage le croiseur léger Herluf Trolle (classe Tordenskjold) et les destroyers Zealand et Bornholm pour bombarder les positions allemandes.

Le pays est entièrement libéré le 17 janvier 1954, les troupes de l’opération BOREALIS faisant jonction avec les troupes de l’opération ECLIPSE (franchissement du Rhin début 1953).

Entre-temps la 2ème brigade mobile danoise débarque à Copenhague pour maintenir l’ordre et éviter les débordements liés à la libération. Il y aura quelques lynchages, quelques exécutions sommaires mais dans l’ensemble l’après libération sera nettement plus calme qu’ailleurs.

Le roi Frédéric IX rentre au pays le 23 mars 1954. L’accueil est plutôt froid, les habitants de Copenhague reprochant au roi de Danemark son exil en Grande-Bretagne. Il faudra du temps pour que l’opinion publique danoise pardon à son roi.

Comme en Norvège, à lieu au Danemark une sévère épuration avec le rétablissement temporaire de la peine de mort pour exécuter les plus compromis. D’autres sont condamnés à de lourdes pertes de prison tandis que beaucoup sont interdits d’exercer une activité publique ou payant une lourde amende. En 1966 une amnistie remettra les compteurs à zéro sauf pour ceux condamnés pour des crimes de sang.

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