Le Grand-Duché indépendant du Luxembourg
Grands-Ducs et……Grandes-Duchesses
Avant de parler des événements politiques et diplomatiques de l’histoire du grand-duché je vais présenter brièvement les différents grands-ducs et grande-duchesses qui sont succédés sur le trône luxembourgeois.
Après les trois premiers rois des Pays-Bas (Guillaume 1er, Guillaume II et Guillaume III), le premier grand-duc d’un Luxembourg indépendant est le grand-duc Adolphe de Nassau. Né le 24 juillet 1817, c’est donc un homme déjà âgé (73 ans) qui monte sur le trône en profitant du pacte de famille de 1783.

Adolphe de Nassau
Ce pacte prévoit qu’en cas d’extinction de la lignée mâle, les possessions familiales passent à la branche suivante. Comme Guillaume III n’à qu’une fille, c’est la branche suivante des Nassau (Nassau-Weilbourg) qui va récupérer le Grand-Duché qui était une possession familiale.
Adolphe qui avait perdu son duché de Nassau en 1866 pour avoir pris le parti de l’Autriche dans la guerre austro-prussienne (non sans une confortable indemnité) reprend donc du service en 1890, le début d’un règne de quinze ans jusqu’à sa mort le 17 novembre 1905 à l’âge de 88 ans.
Adolphe de Nassau à épousé le 31 janvier 1844, la grande-duchesse Elisabeth Mikhaïlovna de Russie, nièce du tsar Nicolas 1er de Russie mais elle meurt en couche en compagnie d’une fille prénomée Elisabeth.
Il se remarie le 23 avril 1851 à Adelaïde-Marie d’Anhalt-Dessau (1833-1916), une union qui donna naissance à deux fils et une fille, son fils ainé Willem Alexander (1852-1912) lui succédant sous le nom de Guillaume IV.
Guillaume IV de Luxembourg est né le 22 avril 1852 à Biebrich devient donc grand-duc du Luxembourg en 1905 à la mort de son père. Comme Adolphe, il accède tardivement au pouvoir puisqu’à son avénement il est âgé de 53 ans.
Marié à Marie-Anne de Bragance, infante du Portugal (1861-1942), il eut six enfants, six filles ce qui aurait pu poser problème pour la succession mais une modification de la loi de succession permet à sa fille aînée Marie-Adélaïde de lui succéder en 1912.
A noter que son père luthérien s’opposa longtemps à cette union. Guillaume et Marie-Anne s’étaient rencontrés en 1884 mais il fallu attendre 1893 pour que le mariage soit célébré. Le déblocage de la situation fût par l’accession d’Adolphe au trône grand-ducal, le Luxembourg étant un pays catholique, que son héritier épouse une catholique n’avait plus d’importance et était même souhaitable.
Selon le contrat de mariage, les garçons devaient être élevés dans la foi protestante, les filles dans la foi catholique. Comme le couple n’eut que des filles, cela faisait coïncider la foi des futurs souverain(e)s avec celle de leurs sujets.
Il y avait encore un problème. Le Luxembourg était régit par la loi salique qui empêchait les filles d’accéder au pouvoir.
En 1905, l’oncle du grand-duc Nicolas Guillaume de Nassau décède. Il ne reste qu’un héritier légitime par les hommes, son fils Georges Nicolas de Merenberg. Cependant ce dernier est le fruit d’un mariage morganatique.
En conséquence, en 1907, Guillaume IV affaiblit par des attaques cérébrales déclare son cousin et les comtes de Merenberg non-dynastes. Il choisit donc sa fille aînée pour lui succéder, sa femme devant assurer la régence. Il décède le 25 février 1912 après moins de sept années de règne.
C’est donc une femme qui succède aux deux premiers grand-ducs du Luxembourg indépendant en l’occurrence la fille ainée du précédent, Marie-Adélaïde.
Marie-Adélaïde Thérèse Hilda Wilhelmine de Nassau est née le 14 juin 1894 au château de Berg (actuelle commune de Colmar-Berg). Fille ainée du couple formé par l’héritier Wilhem-Alexander (futur Guillaume IV) et par son épouse Marie-Anne de Bragance, elle est le premier souverain du Luxembourg à naitre dans le pays depuis 1296 !
En théorie, Marie-Adélaïde n’aurait jamais du devenir grand-duchesse du Luxembourg mais les aléas de la vie font que ce sera finalement le cas. Le 10 juillet 1907, la loi de succession est modifiée par la Chambre des députés luxembourgeoise et Guillaume IV fait de Marie-Adélaïde alors âgée de 13 ans son héritière.
Guillaume IV meurt le 25 février 1912 et Marie-Adélaïde accède au trône à l’âge de 17 ans et 8 mois ce qui impose une courte régence puisque la loi luxembourgeoise prévoit que le grand-duc ou la grande-duchesse ne puisse accéder pleinement pouvoir à 18 ans révolus. Marie-Anne qui avait exercé la régence durant la maladie de son époux va donc continuer à gérer les affaires courantes.
A peine deux ans après son arrivée au pouvoir, la première guerre mondiale éclate. Tout comme la neutralité belge, la neutralité luxembourgeoise est violée par les allemands qui vont occuper le grand-duché jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918.
Suite au départ des allemands, des troupes françaises et américaines occupent le grand-duché duché et se pose alors la question de l’attitude de la grand-duchesse durant l’occupation allemande.
Les vainqueurs vont lui faire payer son statut de princesse allemande, sa rencontre avec Guillaume II mais aussi son intervention dans la vie politique du pays. Son catholicisme affiché déplaît énormément au président du conseil Georges Clemenceau. Des considérations économiques (sidérurgie, chemins de fer) ont aussi joué.
Voilà pourquoi le 9 janvier 1919, la grande-duchesse Marie-Adélaïde doit abdiquer en faveur de sa sœur cadette Charlotte de Luxembourg. Elle se retire d’abord en Bavière puis souhaite prendre le voile pour finir sa vie mais d’une santé très fragile elle doit y renoncer. Elle meurt le 24 janvier 1924 à l’âge de 29 ans. Inhumée en Bavière, son corps sera rapatrié en 1955 dans la crypte grande-ducale de la cathédrale de Notre-Dame de Luxembourg.
A la première grande-duchesse du Luxembourg succède la seconde, Charlotte de Luxembourg qui allait se révéler dans le second conflit mondial.
Née le 23 janvier 1896 au château de Berg, elle est la deuxième fille du futur Guillaume IV et de son épouse Marie-Anne de Bragance. Rien ne la prédestinait à accéder au pouvoir si ce n’est la santé fragile de sa sœur aînée et surtout son comportement durant le premier conflit mondial qui la rend persona non grata pour les alliés notamment la France.
Si elle termina sa vie en étant extraordinairement populaire, à son avènement le scepticisme est général. Le 28 septembre 1919, un double référendum est organisé sur l’orientation économique du pays (union économique avec la France ou la Belgique) et sur l’avenir politique du Luxembourg.
Les résultats son éloquents : 77.8% des électeurs souhaite un maintien de la forme monarchique du pays et le maintien de Charlotte sur le trône, 19.6% réclament la République et 1% un souverain d’une autre dynastie.
Le 6 novembre 1919, elle épouse son cousin germain le prince Felix de Bourbon-Parme, une union à laquelle est hostile le gouvernement luxembourgeois car le nouveau prince consort de Luxembourg était le beau-frère du dernier empereur austro-hongrois Charles 1er et avait combattu les alliés durant le premier conflit mondial. Six enfants naissent de cette union (deux fils et quatre filles).
A la différence de sa sœur, la grande-duchesse reste neutre dans les affaires politiques, se contentant d’actions de représentation ce qui contribue en grande partie à sa popularité.
Néanmoins ce qui va la rendre immensément populaire c’est son attitude durant le second conflit mondial. Le Luxembourg reste neutre en septembre 1948 mais le 10 mai 1949, le grand-duché est envahit par les troupes allemandes qui cherchent à détourner l’attention des alliés de l’offensive principale dans les plaines belges.
Cette diversion comme les attaques en Alsace font long feu même si des troupes françaises et belges vont entrer au Luxembourg pour attaquer les troupes allemandes qui ont obtenu la capitulation des troupes luxembourgeoises après que ces dernières eurent symboliquement résisté pendant quelques heures.
La grand-duchesse quitte le château de Berg dans la soirée pour rallier la France et un château en Touraine. Le gouvernement en revanche décide de s’installer à Londres. Cette division ressemble à celle de la Belgique mais les différences avec le grand voisin s’arrêtent là puisqu’il n’y à aucun problème entre la grand-duchesse et le gouvernement.
Charlotte de luxembourg finit par s’installer en Grande-Bretagne pour se rapprocher du gouvernement installé à Londres. Elle prend l’avion et pour des raisons de sécurité, trois avions décollent simultanément ce qui est une précaution utile puisque l’avion ouvrant la piste sera abattu !
A Londres, elle prend la parole sur la BBC pour soutenir le moral de ses sujets dont certains lui reproche sa fuite à l’étranger, parlant de désertion.
C’est sûrement un hasard mais les personnes parlant de désertion étaient des militants républicains et les plus extrémistes s’engageront dans la Waffen S.S. Autant dire des gens plutôt partiaux.
Son fils ainé Jean s’engage dans l’armée britannique (Irish Guard) et va combattre en Europe, étant le premier membre de la famille grande-ducale à revenir au Luxembourg au moment de la libération du grand-duché à l’automne 1953. Charlotte elle atteindra le 14 avril 1954 pour revenir dans son pays.
Elle va rester encore au pouvoir pendant dix ans, abdiquant le 12 novembre 1964 au profit de son fils Jean qui devient le Grand-Duc Jean. Son mari décède en 1970 et elle même décède en juillet 1985 à l’âge respectable de 89 ans.
Quelques éléments de la vie politique luxembourgeoise
La Chambre des Députés (D’Chamber)
Bien avant son indépendance, le grand-duché du Luxembourg disposait de sa propre assemblée qui porte actuellement le nom de Chambre des Députés. Chambre monocamérale, elle comprend soixante députés élus à la proportionnelle pour cinq ans.
Les députés sont élus actuellement selon quatre grandes constitutions qui regroupent les cantons qui divisent le pays. La circonscription Centre qui regroupe les cantons de Luxembourg et de Mersch élit 21 députés, la circonscription Est regroupe les cantons d’Echternach, Grevenmacher, Remich élit 7 députés, la circonscription Nord regroupe les cantons de Clervaux, Diekirch, Redange, Vianden et de Wiltz et élit neuf députés alors que la circonscription Sud qui regroupe les cantons de Capellen et de , Esch-sur-Alzette élit vingt-trois députés.

Hémicycle de la Chambre des Députés luxembourgeoise
Elle est en cession à l’hôtel de la Chambre installée dans la ville haute de Luxembourg à Krautmaart (marché aux herbes), un magnifique édifice construit entre 1858 et 1860 comme annexe du palais grand-ducal.
En 1841 une constitution créé l’Assemblée des Etats avec trente-quatre membres mais ces pouvoirs sont réduits. De plus elle se réunit une fois par an pendant quinze jours à l’abri des regards.
Tout change en 1848 avec une nouvelle constitution qui prend en compte le printemps des peuples et la soif de démocratie. Le parlement luxembourgeois est rebaptisé Chambre des Députés. Elle peut proposer et amender des projets de lois, voter le budget chaque année et dispose de pouvoirs d’enquête sans compte que le gouvernement est responsable et les sessions publiques.
Cela ne dure pas puisqu’en 1853, Guillaume III des Pays-Bas veut limiter les pouvoirs de la chambre mais la chambre refuse ce qui entraîne sa dissolution. C’est un bref retour à la monarchie absolue (Putsch de 1856), les pouvoirs de l’Assemblée des Etats (elle reprend son nom d’avant 1841 ce qui est tout sauf un hasard) sont limités et la création du Conseil d’Etat limite l’action de l’assemblée.
En 1867, le Luxembourg devient neutre et l’année suivante en 1868, une nouvelle révision constitutionnelle avec un compromis entre la constitution libérale de 1848 et la charte autoritaire de 1856. Si la Chambre des Députés récupère le vote annuel du budget, elle ne peut pas discuter les projets de loi.
En 1919, une nouvelle revision constitutionnelle intègre le suffrage universel et réaffirme la souveraineté nationale. De plus , la Chambre des Députés récupère ses pouvoirs étendus initiés en 1848.
Conseil d’Etat
Cette assemblée à été créée en 1856 suite à la volonté de Guillaume III de revenir sur les acquis de 1848 en tentant de rétablir une monarchie de type absolue. Son grand-père Guillaume 1er s’y était essayé mais avait du renoncer avant d’abdiquer.
Ce conseil d’Etat est d’abord composé de membres nommés à la discrétion du Grand-Duc mais cela changea en 1866. Ses pouvoirs furent désormais limités et les vingt et un membres qui doivent être de nationalité luxembourgeoise, résidant dans le grand-duché et ayant au minimum 30 ans assument une mission de conseil au profit de la chambre des Députés. A noter que jusqu’en 1997 c’était aussi la cour administrative suprême mais cette fonction fût alors confié à une nouvelle entité.
Premiers Ministres
Le Luxembourg est une monarchie constitutionnelle. Si le grand-duc est le chef de l’état, la réalité du pouvoir appartient au chef du gouvernement appelé premier ministre du Luxembourg. Sa résidence officielle est l’Hôtel de Bourgogne situé 4 rue de la Congrégation.
Ce titre de premier ministre à été officialisé en 1989 puis qu’entre 1857 et 1989, le chef du gouvernement était appelé Président du Gouvernement. Avant 1857, le premier ministre était appelé Président du Conseil. A cela s’ajoute le titre de Ministre d’Etat.
Entre 1848 et le début du vingtième siècle, les premiers ministres luxembourgeois étaient des personnalités indépendantes sans partis politiques derrière eux probablement parce que les pouvoirs du grand-duc aka roi des Pays-Bas (représenté par un gouverneur) étaient très étendus ce qui limitait l’importance du parti.
Cela signifiait pas que les partis n’existaient pas mais ils étaient dans l’enfance avec d’un côté les libéraux sécularistes et les conservateurs catholiques. Au début du XXème siècle, le socialisme émerge comme troisième force et surtout met fin à la domination des indépendants. En 1915, la mort du premier ministre Paul Eyschen marque la fin d’une époque, celle des premiers ministres que l’on pourrait qualifier avec anachronisme de «technocrates».
Le poste de premier ministre à donc existé avant l’indépendance du grand-duché, le premier titulaire du poste étant Gaspard-Théodore-Ignace de la Fontaine en poste du 1er août au 6 décembre 1848 soit bien moins longtemps que son successeur Jean-Jacques Madeleine Wilmar en poste du 6 décembre 1848 au 23 septembre 1853 et qui est démissionné par le gouverneur, représentant sur place du roi des Pays-Bas
Comme cette sous-partie concerne le grand-duché indépendant, je ne vais donc parler que des premier ministres du Luxembourg indépendant.
Le premier titulaire du poste est Paul Eyschen en poste à six reprises avec un premier gouvernement du 22 septembre 1888 au 26 octobre 1892, un deuxième du 26 octobre 1892 au 23 juin 1896, un troisisème du 23 juin 1896 au 25 octobre 1905, un quatrième du 25 octobre 1905 au 9 janvier 1910, un cinquième du 9 janvier 1910 au 3 mars 1915 et le sixième et dernier du 3 mars au 11 octobre 1915, sa mort mettant fin à sa longue carrière politique.
C’est sous son magistère que la vie politique luxembourgeoise se structure davantage avec la création du parti socialiste en 1902, la fondation de la ligue libérale en 1904 et enfin la création du parti de la droite en 1914.
Au plus long «mandat» de premier ministre succède le plus court puisque Mathias Mongenast est en poste du 12 octobre au 6 novembre 1915 soit vingt-cinq jours dans un contexte particulier puisque le pays est occupé par les troupes allemandes. Son successeur Hubert Loutsch à la tête d’un gouvernement minoritaire tient plus longtemps puisqu’il est en poste du 6 novembre 1915 au 24 février 1916, quittant son poste après un vote de défiance.
Victor Thorn lui succède à la tête d’un gouvernement d’union national du 24 février 1916 au 19 juin 1917 avant qu’il ne cède la place à Léon Kauffman en poste du 19 juin 1917 au 28 septembre 1918.
Les 28 juillet et 4 août 1918 sont organisées des élections pour une chambre des Députés constituante pour revitaliser la constitution. Le suffrage universel est ainsi introduit et le mode de scrutin proportionnel adopté. La souveraineté du grand-duc ou de la grande-duchesse est limitée.
Ce mode de scrutin impose des gouvernements de coalition, le seul cabinet monocolore étant celui en poste du 15 avril 1921 au 20 mars 1925 sous l’autorité d’Emile Reuter qui était en poste depuis le 28 septembre 1918.
Emile Reuter dirigea un premier gouvernement du 28 septembre 1918 au 5 janvier 1920, un gouvernement de coalition liant parti de Droite et libéraux de gauche tout comme du 5 janvier 1920 au 15 avril 1921. En revanche son dernier cabinet et comme nous l’avons plus haut monocolore.
Lui succède Pierre Prüm en poste du 20 mars 1925 au 15 juillet 1926 avec un gouvernement de coalition composé du parti national indépendant, du parti radical socialiste et du parti des Indépendants.
Il est remplacé par Joseph Bech qui va diriger trois gouvernements de coalition, le premier du 15 juillet 1926 au 11 avril 1932 (parti de la Droite et libéraux de Gauche), le second du 11 avril 1932 au 27 décembre 1936 (parti radical libéral et parti de la Droite) et le troisième du 27 décembre 1936 au 5 novembre 1937 (parti de la Droite et parti radical libéral).
Il démissionne suite à l’échec d’un référendum organisé le 6 novembre 1937 pour faire adopter une loi de protection de l’Etat, loi qualifiée de loi-muselière par ses opposants. Le non l’emporte de justesse (50.67%) et le premier ministre _considéré comme un nostalgique du suffrage censitaire_ décide de quitter ses fonctions.
Lui succède Pierre Dupong qui va être premier ministre à la tête de différents gouvernements de coalition du 5 novembre 1937 au 14 juin 1945. Son action est marquée par une réaffirmation énergique de la neutralité et par quelques timides investissements militaires même si contrairement aux espoirs des alliés, le gouvernement luxembourgeois refuse de transformer le grand-duché en forteresse et de renouer avec le «Gibraltar du Nord».
Après une brève parenthèse assurée par Joseph Bech du 14 juin 1945 au 12 octobre 1947, Pierre Dupong redevient premier ministre et va le rester durant tout le second conflit mondial en exil à Londres. Symboliquement il démissionnera le 1er mai 1954 au lendemain de la capitulation allemande officiellement pour raisons de santé mais il semble que des désaccords politiques en soit à l’origine.
Partis politiques
Tout comme la France de l’époque, le paysage politique luxembourgeois est éclaté entre différents partis qui sont obligés de s’entendre en raison du mode de scrutin la proportionnelle.
On trouve par exemple le Parti National Indépendant (PNI) en luxembourgeois Onofhängeg Nationalpartei, un parti de droite dure, un parti populiste créé par des militants déçus de la modération du Parti de la Droite. Son poids resta limité et profita surtout du monde de scrutin qui lui permis d’avoir jusqu’à 4 députés mais très vite son audience s’effondra et il disparu au début des années trente, certains de ces membres se radicalisant encore davantage et ralliant l’occupant nazi en 1949.
La Ligue Libérale (Liberal Liga) à connu son heure d’activité entre 1904 et 1925. Il peut se targuer d’être l’ancêtre du parti démocratique, un parti apparu clandestinement durant la guerre. C’est un parti de premier plan puisque c’est celui du premier ministre Paul Eyschen. En s’alliant avec les socialistes, les libéraux vont affronter le parti de la Droite sur la question du sécularisme.
La première guerre mondiale et la mort d’Eyschen lui est fatale, le parti disparaissant courant 1925, le Parti Radical Socialiste, la Gauche Libérale et le Parti Radical lui succédant avant de former en 1932 le Parti Libéral Radical qui allait donc muter en un Parti Démocratique après le second conflit mondial (il y eu néanmoins quelques réunions clandestines durant la guerre).
Le Parti socialiste luxembourgeois des Travailleurs (Lëtzebuerger Sozialistesch Aarbechterpartei Partei) est créé le 5 juillet 1902 sous le nom de parti social-démocrate. Les éléments les plus à gauche quittent le parti en 1905 pour former le parti social-démocrate des travailleurs. Cette séparation est brève puisqu’en 1912 ils se réunissent à nouveau dans un même parti qui prend en 1916 le nom de Parti socialiste.
Comme en France avec la SFIO, les éléments communistes quittent le parti le 2 janvier 1921 pour former le parti communiste du Luxembourg. En 1924, le parti socialiste devient le parti des travailleurs luxembourgeois. Le 5 novembre 1937, il intègre pour la première fois le gouvernement en soutenant le premier ministre Pierre Dupong.
Le parti se recentre et devient une parti de centre-gauche. Les éléments les plus radicaux rallient le parti communiste. En septembre 1945, il prend le nom de parti socialiste luxembourgeois des travailleurs. Interdit durant l’occupation allemande, il renaît à la libération et est encore aujourd’hui un parti majeur de la vie politique luxembourgeoise.
Le Parti de Droite (Rietspartei) est un parti de centre-droit qui à disparu durant le second conflit mondial même si le parti social-chrétien peut être considéré comme son héritier en ligne directe.
Le parti voit le jour le 16 janvier 1914 avec certaines des grandes figures de la vie politique luxembourgeoise comme Emile Prüm, Pierre Dupong ou encore Joseph Bech. C’est le conséquence de la formation du parti socialiste en 1902 et de la ligue libérale en 1904.
Le parti de droite profita de la déconfiture de l’alliance socialistes-libéraux suite à la mort de Paul Eyschen et ne tarde pas à devenir un parti de premier plan.
L’introduction du suffrage universel renforce encore sa puissance à tel point que le parti fournit les différents premiers ministres de 1918 à 1955 sauf pendant quatorze mois. De 1921 à 1925, le PD dirigea le seul gouvernement monocolore de l’histoire luxembourgeoise.
Ce parti n’était cependant pas homogène avec d’un côté un courant agrarien/conservateur qui défend les intérêts des agriculteurs, les valeurs traditionnelles et se méfient de l’industrie. Ce sont des notables qui sont hostiles au suffrage universel. De l’autre côté un courant composé généralement de plus jeunes plus ouverts aux innovations, conscients que des réformes sont nécessaires.
Si le premier courant est surtout représente par Emile Prüm et Philippe Bech, le second est représente par Emile Reuter et Pierre Dupong.
Bien qu’officiellement non confessionnel, le PD entretenait des relations étroites avec l’Eglise catholique.
Le Parti de Droite domine la vie politique luxembourgeoise jusqu’en 1955 quand il est victime d’une scission, l’aile droite formant le Parti Conservateur et l’aile gauche le Parti Libéral Démocratique.
Le Parti Radical Libéral (Radikal-Liberal Partei) voit le jour en 1932 par l’union du Parti Radical Socialiste et du le Parti Radical. Il voit le jour sur les décombres de la Ligue Libérale. Il appartient au gouvernement de 1932 à 1938 comme élément minoritaire d’un gouvernement dominé par le parti de Droite. Le parti plonge dans la clandestinité au moment de l’occupation allemande, réémergeant en 1954 sous le nom de Parti Démocratique Libéral.
Le Luxembourg dans le premier conflit mondial
Le traité de Londres de 1867 garantissait la neutralité du grand-duché mais tout le monde le sait que les garanties c’est comme les promesses…… .
Coincé entre la France et l’Allemagne, le Luxembourg et sa position stratégique ne peut qu’attirer l’attention des grandes puissances.
A chaque crise diplomatique européenne, la question luxembourgeoise revient sur le tapis. Dès le 2 août 1914, l’armée du Kaiser viole la neutralité du grand-duché.
Le gouvernement luxembourgeois proteste mais ne peut rien faire faute de force armée. De toute façon qu’auraient pu faire quelques dizaines de soldats luxembourgeois face à la masse militaire allemande ? Pas grand chose.
Les allemands occupent militairement le grand-duché mais ne touchent ni à l’état ni au gouvernement du grand-duché. Des luxembourgeois choisiront de combattre et vont s’engager dans les armées belges et françaises.
L’occupation allemande va durer jusqu’en 1918 quand le grand-duché est libéré par les troupes françaises et américaines. Deux divisions américaines sont déployées dans le grand-duché juste après l’Armistice.
Les alliés vont alors reproché à la grand-duché Marie-Adélaïde son attitude pendant le premier conflit mondial. Si les alliés ne donnent pas suite à la volonté belge d’annexer le grand-duché, ils vont faire pression pour pousser la jeune grande-duchesse à l’abdication.
A noter que le 9 janvier 1919, la compagnie des volontaires se révolte et proclame la République mais cette révolte n’est pas suivie par la population qui reste fidèle à la dynastie et l’intervention des troupes françaises permet de rétablir le calme.
Le Luxembourg va aussi quitter l’union douanière (Zollverein) en protestation de la violation de sa neutralité par l’Allemagne.
L’occupation allemande sera rude mais moins que durant le second conflit mondial où une résistance remuante et des collaborateurs extrémistes pousseront les allemands à être moins «coulants» avec les luxembourgeois.
Le Luxembourg dans la Pax Armada et le second conflit mondial
Très tôt, les luxembourgeois sont conscients de la menace représentée par les nazis. Non seulement certains habitants et certains hommes politiques sont fascinés par le nouveau régime mais en plus les idéologues du parti qui considèrent les habitants du grand-duché comme des germains ne font pas mystère de leur volonté d’annexer le Luxembourg à la Grande Allemagne.
Durant la guerre de Pologne, le Luxembourg réaffirme sa neutralité tout comme ses voisins belges et néerlandais.
Durant la Pax Armada, la guerre civile allemande à un impact sur le grand-duché puisque des affrontements entre «himmleristes» et «goerinistes» ont lieu. Attention il ne s’agit pas de combats mais de bagarres de rues.
La Gendarmerie grand-ducale est bien en peine et le gouvernement luxembourgeois sollicite discrètement l’aide de la France. C’est ainsi que des gendarmes mobiles français vont former leurs homologues luxembourgeois au maintien de l’ordre tandis que des hommes de la Sûreté vont former des enquêteurs pour démanteler filières et réseaux allemands. Le calme revient très vite et les différentes factions de cette guerre civile vont éviter d’utiliser le Grand-Duché comme zone d’opération.
Un timide renforcement de «l’armée luxembourgeoise» à lieu mais le Corps des Volontaires Luxembourgeois ne pourrait en cas d’invasion que réaliser un baroud d’honneur.
En septembre 1948, le second conflit mondial éclate. Dès le 6 septembre, le gouvernement grand-ducal réaffirme sa neutralité. Aux paroles s’ajoute bientôt les actes puisque les frontières sont gardées, des obstacles installées. Des ressortissants étrangers soupçonnés d’activités subversives sont ainsi expulsés.
Le 10 mai 1949 à l’aube, l’Allemagne envahit le grand-duché. Dans le cadre du plan FALL GELB il est prévu une poussée principale dans les plaines belges avec une poussée moins importante aux Pays-Bas (pour éviter toute contre-attaque de flanc) et des diversions au Luxembourg et en Alsace.
La veille suite à des informations sur des mouvements de troupes allemandes, le gouvernement avait ordonné la fermeture des obstacles sur les routes pour tenter d’étanchéifier les frontières et ainsi renforcé la puissance de la ligne Schuster.
Espéraient-on que les allemands se détourneraient du Luxembourg ? Probablement pas mais c’est le Corps des Volontaires et la gendarmerie grand-ducale sont mobilisés c’est pour une question d’image et une question politique.
En effet la grande-duchesse Charlotte et le gouvernement sont conscients que la non-résistance en 1914 et le maintien du gouvernement comme de la grande-duchesse Marie-Adelaïde au pays à joué contre les intérêts luxembourgeois une fois la victoire alliée actée.
Il est donc rapidement décidé qu’un gouvernement en exil serait formé à Londres et que la grande-duchesse allait rallier la France. L’héritier, Jean devait également s’engager dans l’armée britannique pour faire son devoir.
Les soldats luxembourgeois vont résister quelques heures avant de capituler. Ils ont le temps de faire sauter les ponts et certaines routes pour entraver les mouvements allemands. Certains officiers allemands estiment que l’emploi d’une compagnie de Fallschirmjäger aurait pu éviter une telle résistance en déstabilisant les soldats du grand-duché.
Ce qui est certain c’est que les allemands atteignent la frontière franco-luxembourgeoise en fin d’après midi le 10 mai mais ne peuvent déboucher en France en raison de la résistance des français et des ouvrages qu’ils soient de la ligne Maginot ou de campagne. Comme en Alsace, la diversion luxembourgeoise à fait pschitt.
A l’aube le 10 mai 1949, il y avait 540 volontaires et 250 gendarmes soit 790 hommes, des fantassins surtout mais aussi quelques cavaliers, le corps des volontaires disposant d’une compagnie montée de 75 hommes et la gendarmerie grand-ducale disposait de 80 cavaliers essentiellement destinés au maintien de l’ordre.
Les quelques combats provoquent quelques pertes, quatre soldats et six gendarmes étant tués. La majorité se rend mais certains passent en France pour soit s’engager dans la Légion Étrangère ou attendront un signal du gouvernement luxembourgeois pour reprendre les armes. Ceux qui se sont rendus sont désarmés, un temps retenus captifs mais très vite ils seront libérés.
Contrairement au premier conflit mondial, les allemands suspendent les institutions luxembourgeoises et imposent la loi martiale pour maintenir l’ordre. Un gouverneur militaire est nommé dès le 4 juin mais très vite la décision est prise d’y nommer un haut-commissaire civil dont la mission sera de préparer l’annexion du Luxembourg au Reich.
Les allemands manient la carotte et le bâton mais à part une poignée de collaborateurs enragés, peu de luxembourgeois sont favorables à ce projet d’annexion, un sentiment national ancien et profond s’étant développé.
Une résistance intérieure se développe, résistance impitoyablement réprimée par les allemands et leurs collaborateurs luxembourgeois. Les juifs sont d’abord marqués par une étoile jaune puis déportés dans le Gouvernement Général d’où bien peu reviendront.
Plus le temps passe et plus l’attitude allemande se durcit. La mise en place du service militaire obligatoire le 30 août 1951 entraîne une grève générale. Cela n’empêchera pas les allemands d’enrôler de force près de 10000 luxembourgeois pendant qu’un nombre équivalent se cache ou tente de gagner la France pour rallier le Groupement des Volontaires Luxembourgeois.

Canon de 75mm TAZ modèle 1939
Ce GVL est la contribution du gouvernement en exil à l’effort de guerre allié. Il se compose d’une batterie d’artillerie à six canons de 75mm TAZ modèle 1939 qui sont symboliquement baptisés Charlotte (grande-duchesse), Jean (héritier du trône grand-ducal), Charles (deuxième fils de la grande-duchesse) Marie-Adelaïde, Elisabeth et Alix (filles de la grande-duchesse), d’une compagnie d’infanterie motorisée et d’un escadron d’autos blindées. A ces trois entités vont s’ajouter des officiers d’état-major formés pour travailler au sein de l’état-major de l’Armée Belge Libre (ABL).
La batterie d’artillerie est rattachée à un régiment belge et va assurer l’appui de la 1ère division d’infanterie belge dans les combats pour libérer la Belgique en particulier et le Benelux en général.
En revanche la compagnie d’infanterie devait d’abord assurer la protection de l’état-major de l’ABL mais à force de «casser les pieds» au commandant en chef de l’ABL, son commandant obtient d’engager la compagnie au combat.
Cette compagnie se fait d’abord les dents aux côtés du 1er régiment de chasseurs à pieds puis est engagé dans la libération du grand-duché, étant rattaché pour cela à une division française.

Panhard AMD-178 affectueusement surnomée « Pan Pan » à cause du bruit de son moteur deux temps
L’escadron d’autos blindées qui récupère des AMD-178 est utilisé pour appuyer la compagnie d’infanterie après avoir assuré avec elle la protection de l’état-major de l’ABL.
Le grand-duché est entièrement libéré le 30 septembre 1953. Des combats violents ont eu lieu mais les allemands se sont repliés en bon ordre et restent longtemps menaçant, quelques contre-attaques faisant passer des sueurs froides chez les luxembourgeois inquiets de l’attitude éventuelle de la soldatesque germanique en cas de retour durable.
Finalement les soldats allemands ne reviendront pas dans le grand-duché. Le gouvernement se réinstalle au pays le 14 janvier 1954 et le 3 février, la grande-duchesse Charlotte accompagnée de son fils Jean reviennent au Luxembourg.
La joie est manifeste mais le bilan est lourd puisqu’il à eut 5700 morts suite aux combats et à la répression ce qui représente 2% de la population totale. De nombreux infrastructures sont détruites ou sérieusement endommagées. Il faudra du temps et de l’argent pour permettre au grand-duché de tourner la page.
Et comme la Belgique, le Luxembourg va renoncer à la neutralité pour choisir dès le temps de paix des alliances à même de garantir sa sécurité.
J’indique juste une faute de frappe :
Il se remarie le 23 avril 1851 à Adelaïde-Marie d’Anhalt-Dessau (1833(1916),
merci je vais corriger ça