Benelux (72) Luxembourg (2)

Le Luxembourg à l’époque moderne

Un état convoité et occupé

En 1437 suite à l’extinction de la famille régnante, le Luxembourg passe aux mains des Habsbourgs mais pour peu de temps puisqu’en 1443, le puissant duc de Bourgogne, Philippe le Bon conquiert la ville de Luxembourg, l’ancien duché devient une province des Pays-Bas.

Les ducs de Bourgogne appartenaient à la dynastie des Valois. A l’origine de leur formidable mais éphémère puissance figure la cession du duché de Bourgogne à Philippe le Hardi, fils cadet de Jean II le Bon qui s’illustra à la bataille de Poitiers («père gardez-vous à gauche» «père gardez-vous à droite»).

Charles le Téméraire

Charles Le Téméraire

Par le jeu des mariages et par les conquêtes militaires, la maison de Bourgogne tente de créer un état uni allant de la mer du Nord à la frontière suisse. Charles le Teméraire, fils de Philippe le Bon fût sans doute le plus motivé à vouloir créer un véritable état bourguignon mais les territoires étaient trop différents et la personnalité du duc trop rigide, trop extrême pour aboutir au rêve d’un «Royaume de Bourgogne».

Bourgogne

Carte des possessions bourguignonnes. Comme vous pouvez le constater le duché de Luxembourg à une taille plus importante que le grand-duché actuel 

Les possessions bourguignonnes étaient regroupées en deux grandes ensembles, les «pays de par deça» qui regroupaient des territoires appartenant aujourd’hui à la France, à la Belgique et aux Pays-Bas à savoir la Flandre, l’Artois, le Brabant,le Limbourg,le Hainaut,le Naumurois, la Hollande et la Zélande notamment et les «pays de par delà» (Bourgogne Franche-Comté).

Ces territoires n’étaient pas d’un seul tenant, étant donc séparé un temps par le Luxembourg et surtout par la Lorraine. En occupant le duché dont l’ascendance était la Lotharingie, le Téméraire s’attire les foudres des cantons suisses, ce qui aboutira au désastre de Nancy et à sa mort en 1477.

Il laisse une fille, Marie de Bourgogne qui épouse Maximilien de Habsbourg. De ce mariage naît un fils Philippe le Beau qui en s’unissant à Jeanne de Castille offrira à leur fils Charles un immense héritage territorial.

Le Luxembourg intègre ce que l’histoire à retenu sous le nom de Pays-Bas Espagnols. Grosso modo ce territoire couvre le nord de la France, la Belgique, les Pays-Bas et donc le grand-duché du Luxembourg.

Carrefour stratégique, le Luxembourg est entraîné dans la lutte titanesque entre les Valois puis les Bourbons et les Habsbourgs. Cet affrontement ne prendra fin qu’en 1754 avec le renversement des alliances.

En 1659, le traité des Pyrénées met fin à la guerre entre la France de Louis XIV et l’Espagne de Philippe IV. Ce conflit entamé en 1635 quand la France entre activement dans la guerre de Trente Ans à des conséquences directes sur le Luxembourg puisque sa partie méridionale notamment Thionville et Montmédy est rattachée au royaume de France.

La forteresse de Luxembourg est assiégée par les français en 1684 dans le cadre de la Guerre des Réunions, une guerre liée à celle de Hollande et celle dite de Dévolution. Selon l’adage «Place fortifiée par Vauban place improbable Place assiégée par Vauban place prise», la puissante forteresse est prise et le Luxembourg est sous domination française de 1684 à 1697, le grand-duché servant de base de départ pour les opérations françaises en Allemagne.

Les autres puissances européennes inquiètent se coalisent ce qui entraîne la Guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) et surtout par le traité de Rijswick qui oblige Louis XIV à restituer le territoire aux Habsbourgs.

Suite à la mort de Charles II d’Espagne, une nouvelle guerre éclate en Europe, la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) ce qui entraîne un redécoupage du continent européen pour maintenir l’équilibre entre les grandes puissances. Les Pays-Bas espagnols deviennent autrichiens.

Cette période est une période de paix pour le Luxembourg. Les différents souverains (Charles VI de 1715 à 1740, Marie-Thérèse de 1740 à 1780 et Joseph II de 1780 à 1790) se montrant tolérants et ouverts, des réformes typiques du despotisme éclairé en vogue à cette époque. Certaines réformes annoncent celles de la Révolution Française.

forteresse de Luxembourg

« Le Gibraltar du Nord »

En 1794, les troupes du Directoire envahissent et occupent le Grand-duché qui est annexé à la France (même si le «Gibraltar du Nord» n’allait capituler qu’en 1795), devenant le Département des Forêts pour les deux tiers, le reste formant les départements de Sambre-et-Meuse et de l’Ourthe, ce découpage ayant été effectué en 1797.

L’ancien grand-duché est mis en coup réglée et l’introduction de la conscription provoque une insurrection paysanne, la guerre des gourdins ou Klëppelkrich (12 octobre-5 décembre 1798), une insurrection paysanne de type contre-révolutionnaire. Cette insurrection est durement réprimée par le gendarmerie et l’armée française. Paradoxalement sous Napoléon, le régime plus modéré sera mieux accepté.

Le Royaume-Uni des Pays-Bas : une nouvelle ère pour le Luxembourg

Suite à la défaite de celui que les anglais avaient baptisé «l’ogre corse», les grandes puissances en Europe (Grande-Bretagne, Autriche,Prusse et Russie) se réunissent à Vienne pour redessiner la carte de l’Europe.

Des désaccords apparaissent entre les grandes puissances (ce qui favorisera l’action de Talleyrand) mais Londres, Vienne, Saint-Pétersbourg et Berlin s’accordent sur le fait qu’il faut éviter un retour de la puissance française.

Royaume Uni des Pays-Bas

Pour cela on décide d’encadrer, de corseter le territoire français par différents royaume, une sorte de cordon sanitaire avant la lettre. Au sud cette tache est confiée au roi d’Espagne Ferdinand VII, au sud-est au Royaume de Piémont-Sardaigne, à l’est à la Prusse qui reçoit des territoires en Rhénanie et au nord par une entité appelée Royaume-Uni des Pays-Bas qui regroupe les anciennes Provinces-Unies, les Pays-Bas anciennement autrichiens, feu la principauté épiscopale de Liège.

A cet ensemble va s’ajouter le Luxembourg qui de duché va devenir grand-duché, cette élévation est peut être une façon de compenser la perte de territoires, une vaste région située à l’est de la Moselle, de la Sûre et de l’Our, région confiée à la Prusse.

Ce grand-duché est confié au roi des Pays-Bas Guillaume 1er comme possession personnelle. En pratique le fils du dernier stathouder des Provinces-Unies ne fera pas de différence encore que pour des raisons diplomatiques, le grand-duché à intégré à la Confédération Germanique, une association de trente-neufs états allemands, cette intégration étant visiblement marquée par la présence dans la forteresse de Luxembourg d’une garnison confédérale essentiellement prussienne.

Ce choix d’attribuer à Guillaume 1er le grand-duché s’explique par la perte de territoires de la Maison d’Orange-Nassau absorbées par la Prusse (Hadamar, Dietz, Dillemburg……).

Le premier roi du Royaume-Uni des Pays-Bas va considérer le grand-duché comme la dix-huitième province du royaume.

C’est ainsi que la loi fondamentale hollandaise est étendue au Luxembourg, des députés luxembourgeois siègent dans les institutions nationales et le néerlandais est enseigne à l’école.

Les luxembourgeois ne sont pas contre même si la politique économique et fiscale menée par La Haye suscite un mécontentement croissant au sein de la population tout comme chez leurs voisins belges.

Voilà pourquoi quand éclate la révolution belge, des volontaires luxembourgeois rallient Bruxelles pour participer au dernier conflit dans lequel l’armée néerlandaise sera engagée avant le second conflit mondial.

Après la proclamation de l’indépendance belge (4 octobre 1830), des représentants luxembourgeois siègent dans l’assemblée constituante puis dans les institutions du jeune état belge. A noter que la capitale reste sous contrôle néerlandais grâce aux troupes prussiennes de la garnison confédérale.

De l’autonomie à l’indépendance (1839-1890)

Guillaume 1er (1815-1840) 29

Guillaume 1er des Pays-Bas

Alors que d’autres révoltes secouent l’ordre de Vienne, les grandes puissances européennes veulent éteindre rapidement ce foyer d’instabilité. Guillaume 1er souhaite reconquérir les provinces méridionales de son royaume mais les puissances étrangères sont beaucoup moins enthousiastes.

Elles militent donc pour la séparation entre belges et néerlandais. C’est le Traité des XXIV Articles signé le 14 octobre 1831 mais pour en arriver là il fallut négocier. En effet initialement les protocoles de Londres signés le 20 janvier 1831 prévoyait que la Belgique laisse le Luxembourg au grand-duc.

Le projet du Traité des XVIII Articles en date du 26 juin 1831 est plus favorables aux belges puisqu’il envisage la possibilité d’un rachat du Grand-Duché de Luxembourg par la Belgique mais il est remplacé par le Traité des XXIV Articles en date du 15 novembre 1831 qui exclut le rachat mais accorde à la Belgique l’ouest roman du grand-duché plus le pays d’Arlon, le tout formant la province belge du Luxembourg. Cette perte est compensée par l’intégration d’une partie du Limbourg à la confédération germanique.

Le parlement belge accepte mais Guillaume 1er refuse. Pendant huit ans, le Grand-Duché va donc vivre sous une double administration : le pouvoir orangiste qui contrôle la ville de Luxembourg alors que le reste du pays est sous autorité belge.

Le 18 avril 1939 est signé le Traité de Londres qui met fin à cette situation bancale. Le Luxembourg est divisé en deux avec le Grand-Duché de Luxembourg qui reste aux mains des Orange-Nassau et la province de Luxembourg qui regroupe la partie francophone, la frontière entre la Belgique et le Luxembourg suivant grosso modo la frontière linguistique (sauf la région d’Arlon). Les frontières du grand-duché n’ont pas changé depuis.

Tirant les leçons de la révolution belge, Guillaume 1er peu avant son abdication coupe tout lien territorial entre le Luxembourg et les Pays-Bas, le grand-duché devenant une vrai possession personnelle du roi des Pays-Bas. Une administration spécifique est mise en place.

Guillaume II (1840-1849) 6

Guillaume II des Pays-Bas

Guillaume II roi des Pays-Bas de 1840 à 1849 veut que le Grand-Duché se gouverne lui même. Le pays va se structurer avec une charte constitutionnelle qui lui est propre, une série de lois fondamentales concernant l’organisation territoriale, l’enseignement, l’assistance publique, la justice, le texte de base étant le Code Napoléon.

Petit pays de 2586 km² et 170000 habitants, le Luxembourg peut-il survivre à une époque où la taille et la population sont considérés comme des éléments vitaux ? Dans un premier temps la réponse semble négative puisqu’il reste une possession personnelle du roi des Pays-Bas et surtout reste intégré à la confédération germanique.

Néanmoins peu à peu ces attaches vont se disloquer. En 1866, la guerre austro-prussienne éclate pour trancher définitivement la question de l’unité allemande entre la «petite solution» (autour de la Prusse et sans l’Autriche) et la «grande solution» (avec l’Autriche).

Cette guerre éclair inquiète la France de Napoléon III qui cherche des compensations territoriales suite à la naissance de la Confédération d’Allemagne du Nord organisée autour de la Prusse et qui annonce la future unité allemande.

En fin politique Bismarck ne dit pas immédiatement non à la proposition française de racheter le Grand-Duché pour cinq millions de francs-or.

Guillaume III (1849-1890) 2

Guillaume III

Guillaume III qui à succédé à son père en 1849 est prêt à vendre mais la Prusse finit par dire non en raison de la présence d’une garnison prussienne au Luxembourg, garnison qui bien entendu aurait du partir en cas d’achat par la France. Toutes ces tractations restent secrètes mais l’homme-fort du royaume de Prusse saura s’en servir le mouvement voulu.

Un congrès se réunit aboutissant au Traité de Londres (11 mai 1867). Ce traité fait du Grand-Duché du Luxembourg un état neutre, neutralité garantie par les grandes puissances. La garnison prussienne doit partir et la forteresse est démantelée.

Peu à peu se pose la question de la viabilité de l’union personnelle entre les Pays-Bas et le Luxembourg. Il faudra cependant attendre 1890 pour que le Grand-Duché devienne pleinement indépendant.

Par une négociation ? Non. Par une guerre d’indépendance ? Non plus. Alors parce quel miracle le Luxembourg est redevenu indépendant ?

Tout simplement grâce ou à cause de la mort du très contesté et très controversé roi des Pays-Bas Guillaume III. Ce dernier n’à pas d’héritier mâle mais une fille prénommée Wilhelmine («Guillemette»).

Or un pacte de famille conclu en 1783 prévoit qu’en cas d’extinction des mâles dans la branche ainée des Orange-Nassau, les possessions familiales passeraient à la branche suivante en l’occurrence en 1890 les Nassau-Weilbourg.

Voilà pourquoi Wilhelmine ne devint que reine des Pays-Bas et non reine des Pays-Bas et grande-duchesse du Luxembourg. C’est la fin du lien politique unissant les Pays-Bas au Luxembourg.

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