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Défenses côtières et Korps Mariniers

Défenses côtières

Coastal Fortress Maasmond

Tourelle de la forteresse côtière de Maasmond

En septembre 1939, les défenses côtières néerlandaises sont comme partout en Europe antédiluviennes. Logique pour un pays qui investissait peu dans ses forces armées, logique pour un pays qui n’avait plus participé à un conflit militaire majeur depuis 1832.

D’importants travaux sont menés durant la Pax Armada. Il s’agit de renforcer les défenses de la base de Helder mais aussi de sécuriser les estuaires de l’Escaut (au grand dam des belges), du Rhin et de la Meuse.

La défense de la base navale du Helder est assuré côté mer par six batteries tactiques disposant chacune de deux canons de 152mm et de quatre canons de 120mm, des pièces d’artillerie montées sous masque et sur pivot pour permettre de prendre à partie rapidement une autre cible.

A partir de septembre 1948, des blockhaus sont construits pour les protéger contre un raid venu de la terre, des blockhaus légers armés de mitrailleuses.

A terre les défenses sont un temps inexistantes mais avec la menace d’une invasion du pays, elles voient le jour avec des blockhaus semblables à ceux construits côté mer mais disposant de mitrailleuses, de canons antichars et quelques mortiers.

Ces défenses navales doivent empêcher un blocus naval allemand côté mer et côté terre doivent repousser un raid type commando («descente») et en cas d’attaque majeure de laisser le temps aux navires d’appareiller et de fuir.

Quelques jours seulement avant l’attaque allemande, des barbelés et des champs de mines sont mis en place, des tranchées creusées pour tenter de transformer le Helder en forteresse.

Ces protections vont permettre l’arrivée de renforts britanniques et français de manière plus sereine.

Les estuaires de l’Escaut, du Rhin et de la Meuse sont défendus chacun par deux batteries, une batterie lourde équipée de pièces de 240mm et une batterie légère équipée de pièces de 120 et de 152mm. Comme au Helder, des blockhaus ont été aménagés pour protéger l’accès terrestre aux pièces.

Si la Luftwaffe à tenter de perturber l’arrivée des navires français et britanniques dans les ports néerlandais, les rares tentatives des vedettes lance-torpilles et des destroyers de la Kriegsmarine se heurtent à la marine néerlandaise mais aussi aux défenses côtières dont le tir était «inconfortablement précis» selon le témoignage d’un officier de marine allemand servant sur un Zerstörer.

Ces défenses sont laminées par la campagne des Pays-Bas avec néanmoins la secrète satisfaction d’avoir pleinement joué le rôle attendue d’elles à savoir ralentir l’avancée ennemie, donner du temps aux navires en appareillage, couvrir l’évacuation des troupes….. .

Les allemands vont les réutiliser à leur profit d’abord les canons existants (certaines pièces ne purent ou ne furent pas sabotées) puis leurs propres canons.

Leur rôle fût des plus limités puisqu’il n’y eu aucun débarquement majeur allié aux Pays-Bas (au grand dam du gouvernement néerlandais) et que  dès qu’une batterie ouvrait le feu elle était l’objet d’un bombardement aérien en règle voir plus subtil (notamment quand il y avait un risque trop important de pertes civiles) de raids commandos, raids menés par des unités britanniques, françaises ou néerlandaises.

Le conflit terminé, ces défenses furent abandonnées. Les canons feraillés, les blockhaus pour beaucoup murés. Certains ont disparu suite aux travaux de poldérisation mais d’autres ont été restaurés pour devenir des lieux de mémoire.

Paradoxalement peu de défenses côtières furent aménagées aux Indes Néerlandaises. Les raisons sont peu claires. Manque de moyens affectés en priorité à la métropole ? Confiance dans les capacités hauturières nouvellement acquises ?

Encore aujourd’hui difficile de savoir la raison majeure. De toute façon il est probable que cela aurait changé peu de chose au déroulement des opérations.

La base navale de Soerabaja, la base navale majeure des Pays-Bas dans la région reçoit quelques défenses navales et quelques défenses terrestres. Les pièces sont issues des navires désarmés (et parfois démolis) sur place, fort peu de moyens venant de métropole.

Même chose pour le port de Batavia, la future Djakarta qui au printemps 1949 voit sa jetée recevoir des blockhaus armés de canons médians moins pour repousser au loin une flotte que pour empêcher une descente.

Au cours du conflit quand le temps jouait pour eux, les marins néerlandais essayaient de débarquer les canons de navires incapables de reprendre la mer pour les installer à terre et ainsi les utiliser au maximum de leurs capacités. Certains artilleurs piégèrent même leurs pièces pour qu’elles explosent en cas de réutilisation.

Korps Mariniers

Royal Netherlands Marine Corps

Hier et Aujourd’hui 

Le 10 décembre 1665 est créé le Regiment de Marine. Créé sous l’impulsion de Johann de Witt et Michiel De Ruyter, c’est la cinquième plus ancienne unité de marine du monde puisque l’on précédé l’Infanteria de Armada espagnole (1537), les Marines portugais (1610), les Troupes de Marine (1622) françaises et les Royal Marines (1664) britanniques.

Cette unité disparaît en 1795 avec la chute des Provinces-Unies. La République Batave créé une nouvelle unité de marine en 1801 qui devient en 1806 le Korps Koninklijke Grenadiers von de Marine soit le Corps des Grenadiers de la Marine Royale.

Cette unité disparaît en 1810. Le Korps Mariniers renait en 1814 même si son nom actuel ne date que de 1817.

Comme on peut le voir, l’unité voit le jour au moment de la deuxième guerre anglo-néerlandaise, l’unité participe au raid sur la Medway, une véritable opération combinée avec l’engagement de navires de combat mais aussi des opérations amphibies avec la mise à terre de fantassins pour détruire les installations de la Royal Navy de Chatham.

Le 2 juillet 1665, 1500 Korps Mariniers sont débarqués à Woodrich mais ils sont repoussés par la garnison du fort de Languard près de Harwich.

Ils furent également engagés dans la troisième guerre anglo-néerlandaise (qui est incluse dans la guerre de Hollande). Outre les raids, les opérations amphibies, les marines servaient à bord des navires pour protéger les officiers contre des marins pas toujours disciplinés mais aussi pour servir de tireur d’élite pour abattre les officiers ennemis.

Au cours du conflit, les deux tiers des Marines sont regroupés au sein d’une brigade pour compenser l’inefficacité de l’armée de terre alors qu’une menace d’invasion anglaise se fait chaque jour plus pressante.

Ils participent également à la prise de Gibraltar (1704), à la quatrième guerre anglo-néerlandaise mais aussi à une opération amphibie contre Alger, en 1816 soit quatorze ans avant l’expédition française.

Naturellement les Korps Mariniers vont participer aux expéditions coloniales notamment en Asie du Sud-Est.

Durant la Pax Armada, le Korps Mariniers bénéficie lui aussi du processus de modernisation et d’expansion de la marine royale. Une Korps MariniersBrigade (KMB) voit le jour en 1943 pour renforcer la défense des Indes Néerlandaises.

Cette brigade est organisée en un état-major, une compagnie d’état-major, un bataillon de soutien logistique, trois bataillons d’infanterie, un bataillon d’artillerie, une compagnie du génie, une compagnie de transmissions, une compagnie d’autos blindées.

En métropole on trouve au Helder un centre d’entrainement ainsi qu’un bataillon de marines et un bataillon de réserve qui doit être activé en temps de guerre.

Ces bataillons sont destinés principalement à la défense côtière mais certains envisagent de l’utiliser pour des missions plus offensives.

La KorpsMariniersBrigade (KMB) voit ses moyens renforcés entre septembre 1948 et mars 1950 puisque la KMB dispose au moment de l’attaque japonaise d’un état-major, d’un bataillon de soutien logistique, de quatre bataillons d’infanterie, de deux bataillons d’artillerie, d’une compagnie du génie, d’une compagnie de transmissions et d’une compagnie renforcée d’auto blindée.

Déployée à Bornéo, elle reçoit de plein fouet le choc japonais, l’infanterie de marine japonaise débarquant trois jours après la bataille du golfe de Thaïlande soit le 4 avril 1950.

En dépit d’effectifs inférieurs, en dépit de l’impossibilité d’envoyer des renforts, les mariniers vont combattre comme des démons. Après le massacre de prisonniers, les marines néerlandais font le serment de ne pas se rendre et de combattre jusqu’à la mort.

C’est ainsi que des unités encerclées ordonnaient un bombardement d’artillerie sur leur position tandis que des soldats isolés attendaient que des soldats japonais soit proches pour dégoupiller une grenade. Les exemples sont légions et au Helder le souvenir de ces hommes est pieusement entretenu.

Leur résistance va durer près de trois semaines. Les survivants sont évacués par les marines alliées pour défendre Batavia ou encore l’île de Sumatra. Ils forment une brigade de marche avec des matelots de navires endommagés ainsi que des soldats de l’armée coloniale.

Jusqu’en février 1951 et la chute des Indes Néerlandaises, les Korps Mariniers vont lutter pied à pied contre les japonais.

La KMB est dissoute le 1er mai 1951. Les moyens manquant pour recréer une brigade complète, les néerlandais décident de lever trois bataillons d’infanterie bien équipés en armes lourdes. D’une force de combat conventionnel, les Korps Mariniers vont se muer en commandos, menant des raids dans la «sphère de coprospérité» japonaise dont l’étendue rendait une défense efficace impossible.

Ils vont ainsi mener des raids aux Salomons, en Nouvelle-Guinée et aux Indes Néerlandaises le plus souvent en coopération avec leurs homologues britanniques, américains, australiens et français.

A la fin du conflit, les deux bataillons survivants (le troisième à été dissous en septembre 1953 pour recompléter les effectifs des deux premiers) sont regroupés près de Batavia et ne vont pas tarder à être engagés dans des missions anti-guerilla dans le vain espoir de rétablir l’autorité néerlandaise sur la future Indonésie.

Ce sera peine perdue puisqu’en mars 1960 l’Indonésie devient indépendante. Le 1er bataillon part dès le mois de février mais le 2ème bataille reste à Aceh jusqu’à la fin de l’année, le temps de couvrir l’évacuation des derniers néerlandais, de leur famille voir de ceux qu’on appelait encore il y à peu des «indigènes». Des incidents ont lieu entre les forces indonésiennes et les néerlandais qui menacent de dégénérer en conflit ouvert mais en décembre 1960, le 2ème bataillon quitte définitivement l’Indonésie.

Ces deux bataillons vont être réinstallés au Helder après avoir fusionné avec l’un des bataillons européen préservé et vont peaufiner leurs capacités amphibies aux côtés des Royal Marines britanniques et de l’infanterie de marine (l’infanterie coloniale à changé de nom en 1958) française. En 2019, ces deux bataillons sont toujours là.

Au Helder on trouvait en septembre 1948 un centre d’entrainement, un bataillon d’active et un bataillon de réserve. Le bataillon de réserve est activé en janvier 1949 mais son entrainement laisse à désirer quand les allemands attaquent ce funeste 10 mai 1949.

Ces deux bataillons vont d’abord rester en réserve au Helder en dépit du fait qu’ils brûlent d’en découdre. Ils sont engagés à J+6, bousculant les unités de la 18ème armée.

Leur action énergique non seulement rend les allemands plus circonspects mais en plus redonne énergie, tonus et combativité à certaines unités néerlandaises un peu démotivées.

A la fin de la campagne des Pays-Bas, les Mariniers survivants se replient sur la Belgique puis sur le nord de la France, refusant d’être évacués. Il faudra une intervention personnelle de la reine Juliana pour que les preux néerlandais acceptent de rallier l’Angleterre où les survivants des deux bataillons vont encadrer deux nouveaux bataillons.

Ces deux bataillons opérationnels à l’automne 1950 vont être utilisés essentiellement dans raids commandos aux Pays-Bas et en Belgique. En l’absence de débarquement, les Mariniers vont opérer loin à l’intérieur des terres, terminant la guerre dans le nord de l’Allemagne.

A la fin du conflit, ces deux bataillons vont rester en Allemagne jusqu’en septembre 1957 quand un bataillon est dissous et le deuxième ramené au pays. En mars 1960, un bataillon venu de feu les Indes Néerlandaises reviens au pays suivi d’un deuxième en décembre 1960.

En mars 1961, le bataillon européen fusionne avec un des bataillons «indonésiens» réduisant à deux bataillons les forces amphibies néerlandaises. Ces deux bataillons existent encore aujourd’hui, étant aussi bien des unités amphibies qu’héliportées.

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