Les navires de la Koningklijke Marine
Porte-avions
Le HMNLS Wilhem van Oranje

Le HMS Colossus
Le Guillaume d’Orange est un porte-avions de classe Colossus construit aux Pays-Bas par les chantiers navals RDM (Rotterdamsche Droogdok Maatschappij) de Rotterdam.
La marine néerlandaise suit donc la France et la Grande-Bretagne qui décident de s’équiper de «porte-avions économiques» pour des missions secondaires pour les grandes marines alors que la marine néerlandaise va utiliser ce porte-avions économique pour des missions de combat la couverture des unités de surface, l’appui et l’éclairage.
Le contrat est signé le 9 septembre 1944 entre Vickers Shipbuilding Ltd et RDM, le navire étant construit aux Pays-Bas avec l’assistance technique de Vickers.
-Le HMNLS Wilhem van Oranje est mis sur cale le 12 mai 1945 lancé le 28 septembre 1946 et mis en service le 25 mars 1948 au Helder.

Fairey Albacore
Il ne va cependant pas s’y attarder. Après un entrainement avec la Fleet Air Arm, le porte-avions, son groupe aérien (Grumman F6F-3 Hellcat, Douglas SBD Dauntless et Fairey Albacore) et son escorte quittent la Métropole le 4 juin 1948.
La petite escadre descend La Manche, le Golfe de Gascogne, franchit les Colonnes d’Hercule, traverse la Méditerranée, le canal de Suez, la mer Rouge, l’Océan Indien avant d’arriver à Soerabaja le 21 juillet 1948.
Ce transit est marqué par des escales à Brest, Lisbonne, Gibraltar, Malte, Alexandrie,Djibouti,Triconmalee et Rangoon.
Après un passage au bassin (les néerlandais ont construit une forme de 300m pour permettre d’accueillir leurs croiseurs de bataille et donc leur porte-avions), le porte-avions prend ses marques dans sa future zone d’opérations et ce jusqu’à l’entrée en guerre du Japon en mars 1950.
Il couvre les mouvements de la flotte néerlandaise, plusieurs affrontements ont lieu entre chasseurs nippons et néerlandais. Ces combats sont incertains, les pilotes japonais sont plus expérimentés que leurs homologues bataves mais ce n’est pas un massacre.
Il participe à la bataille du Golfe de Thaïlande dans la nuit du 30 au 31 mars 1950. Il lance ses Dauntless et ses Albacore contre les navires japonais sous la protection des Hellcat. Les pertes sont lourdes mais les pilotes néerlandais ont le sentiment du devoir accompli.
Il est légèrement endommagé au cours de cet affrontement, une bombe de 125kg explosant à l’avant du pont d’envol. Paradoxalement la construction légère du porte-avions l’à mieux protégé que si il avait possédé un pont blindé.
Réparé à Singapour, le porte-avions peut continuer la guerre d’abord depuis les Indes Néerlandaises puis depuis l’Australie et notamment le port de Darwin.
Menant des missions de reconnaissance, de lutte anti-sous-marine et de défense aérienne, le porte-avions léger participe à la défense de l’Australie et ce jusqu’à un certain 27 septembre 1950.
Ce jour là le porte-avions néerlandais était à la mer pour couvrir le passage en direction de Port-Moresby d’un convoi de renforts. A cette époque les alliés ne se font plus d’illusions sur la possibilité de tenir longtemps la barrière malaise et préfèrent se concentrer sur la Nouvelle-Guinée.
En début d’après midi, vingt-deux bombardiers bimoteurs Mitsubishi G4M attaquent le convoi. Les Hellcat du porte-avions font ce qu’ils peuvent mais sont vite débordés. Deux bombardiers larguent six bombes de 250kg dont trois touchent le porte-avions qui devient très vite une annexe de l’enfer. Il coule en quelques minutes ne laissant que fort peu de survivants.
Caractéristiques Techniques des porte-avions de classe Colossus
Déplacement : standard 14000 tonnes pleine charge 17000 tonnes
Dimensions : longueur 211.25m largeur (flottaison) 24.50m tirant d’eau (en charge) 7.15m
Propulsion : turbines à engrenages Parson alimentées par quatre chaudières type Amirauté développant une puissance totale de 40000ch et entraînant deux hélices
Performances : vitesse maximale 25 noeuds distance franchissable 12000 miles nautiques à 14 noeuds
Armement : 24 canons de 40mm Bofors en douze affûts affûts doubles et 16 canons de 20mm Oerlikon en affûts simples
Installations aéronautiques et Groupe aérien : Une catapulte à l’avant Deux ascenseurs axiaux Hangar de 135.63×15.84×5.33m Dix brins d’arrêt.
Le groupe aérien se compose de douze Grumman F6F-3 Hellcat, de six Fairey Albacore Mk V et quatre Douglas SBD Dauntless soit un total de vingt-deux avions
Equipage : 42 officiers et 777 officiers mariniers et quartiers maitres et matelots pour la conduite du navire et environ 200 hommes pour le groupe aérien
Porte-avions HMNLS Wilhem van Oranje (II) et Hollandia

Le HMCS Magnificent, un porte-avions de classe Majestic
La perte du premier porte-avions néerlandais est un coup dur car son utilité avait fait taire les derniers sceptiques. La question de son remplacement se pose immédiatement avec un grand nombre de contraintes qui se chargent d’éteindre deux hypothèses : une construction neuve et la transformation d’un croiseur de bataille.
La seule façon de posséder un porte-avions est donc d’obtenir le transfert d’un porte-avions de la part des britanniques ou des américains, les deux nations anglo-saxonnes possédaient chacun un modèle de porte-avions léger que connaissent parfaitement les néerlandais.
Les Majestic sont une version améliorée des Colossus commandés au début du second conflit mondial par la Royal Navy en l’occurrence huit exemplaires. Ces huit navires sont plus gros, plus rapides avec une organisation intérieure modifiée en tirant les leçons des expériences britanniques et françaises.
Ces huit navires sont baptisés Majestic Terrible Argus Hercules Leviathan Powerful Perseus et Pluton.
Si ces huit navires sont tous achevés, la Royal Navy commence à manquer d’hommes pour mettre en œuvre tous ces navires. Aussi comme pour le Canada quelques mois plus tard, la demande néerlandaise est acceptée avec empressement.
Après une courte carrière dans la marine britannique, les HMS Argus et Hercules sont transférés à la marine néerlandaise pour opérer sur le théâtre Asie-Pacifique, le gouvernement néerlandais en exil ayant un temps envisagé de déployer une unité en Europe ou dans l’Atlantique.

Le Chance-Vought XF4U-3 Corsair
Le HMS Argus est transféré le 8 décembre 1951 et devient le HMNLS Wilhem van Oranje. Il rallie d’abord les Etats-Unis pour embarquer de nouveaux appareils en l’occurence des chasseurs-bombardiers Chance-Vought F4U-3 Corsair, des avions-torpilleurs Fairey Albacore venus du Canada et des Grumman Avenger utilisés principalement pour la lutte anti-sous-marine.

Grumman TBF Avenger
Après un entrainement auprès de la marine américaine, le porte-avions léger rallie le Pacifique via le canal de Panama en mars 1952, trop tard pour participer à la bataille de la mer de Corail mais à temps pour participer à la deuxième campagne de Nouvelle-Guinée de juillet 1952 à janvier 1953.
Endommagé à plusieurs reprises, il échappe à chaque fois à la correctionnelle, étant ensuite engagé dans l’opération OVERLORD puis dans l’opération ZIPPER.
Après avoir effectué du transfert d’ex-prisonniers alliés et couvert le débarquement de troupes néerlandaises chargées de nettoyer des zones dites insécures (où régnaient des groupes mêlant déserteurs japonais et alliés, bandits de grand chemin et nationalistes indonésiens), le porte-avions rentre aux Pays-Bas.
Restitué aux britanniques en mars 1956, il redevient l’Argus. Il est remplacé dans la Koningklijke Marine par le HMNLS Karel Doorman qui est l’ex-Sangamon américain.
-Le HMS Hercules est transféré en mars 1952, devenant le HMNLS Hollandia. Il rallie le théâtre Asie-Pacifique en juin 1952, participant également à la deuxième campagne de Nouvelle-Guinée au cours de laquelle il est endommagé à plusieurs reprises jusqu’à un funeste 27 janvier 1953 (NdA décidement le chiffre ne porte pas bonheur aux «ponts plats» néerlandais)
Ce jour il appuie les troupes au sol dans les derniers combats de cette deuxième campagne de Nouvelle-Guinée. L’aviation japonaise est encore puissante quoi que ses coups de griffe fassent moins mal que jadis.
Cela n’empêche pas le porte-avions de succomber à une attaque aérienne massive. Malgré une DCA furieuse et une chasse mordante, le porte-avions léger néerlandais reçoit trois bombes de 250kg qui provoquent de gros dégâts. Le naufrage est cependant plus lent que le Wilhem van Oranje (I) ce qui permet de sauver nombre de marins et de pilotes.
Caractéristiques des porte-avions type Majestic
Déplacement : standard 16700 tonnes pleine charge 19500 tonnes
Dimensions : longueur 211.25m largeur (flottaison) 24.50m tirant d’eau (en charge) 8.20m
Propulsion : turbines à engrenages Parson alimentées par quatre chaudières type Amirauté développant une puissance totale de 47500ch et entraînant deux hélices
Performances : vitesse maximale 27.5 noeuds distance franchissable 12000 miles nautiques à 14 noeuds
Armement : 48 canons de 40mm Bofors en vingt-quatre affûts doubles
Installations aéronautiques et Groupe aérien : Une catapulte à l’avant Deux ascenseurs axiaux Hangar de 135.63×15.84×5.33m Dix brins d’arrêt.
Le groupe aérien se compose de douze Chance-Vought F4U-3 Corsair, de huit Fairey Albacore et de six Grumman Avenger.
Equipage : 42 officiers et 777 officiers mariniers et quartiers maitres et matelots pour la conduite du navire et environ 200 hommes pour le groupe aérien
Croiseurs de bataille

Vision 3D d’un croiseur de bataille classe Nieuw Nederland
L’effort naval néerlandais durant la Pax Armada peut être illustré par la construction de trois puissants croiseurs de bataille, les unités de classe Nieuw Nederland ou projet 1047 dans la désignation technique de la Koninklijke Marine.
Ce projet émerge à la fin des années trente dans le but de renforcer la défense des Indes Néerlandaises contre un Japon de plus en plus agressif. Le problème c’est que les ingénieurs navals néerlandais n’ont aucune expérience dans la réalisation de navires aussi gros.
Ils se tournent vers l’Allemagne qui accepte de transmettre les plans des Scharnhorst. Cette assistance technique va continuer jusqu’en 1943 quand l’éclatement de la guerre civile allemande pousse le gouvernement néerlandais à mettre fin à l’aide allemande de crainte de se retrouver dans un mauvais camp.
Fort heureusement la Kriegsmarine avait pris le parti du duo Himmler/Heydrich et il n’y eu aucune conséquence dramatique pour La Haye.
Ces trois unités vont être construites à Flessingue. Baptisés Nieuw Nederland, Oranje Nassa et Nederlands Indie se ne sont pas de simples copies des Scharnhorst.
La coque est identique (à part l’étrave Atlantique installée dès l’origine), les superstructures semblables (en raison en grande partie du choix du même armement principal soit trois tourelles triples de 280mm _deux avant et une arrière_) mais l’armement secondaire est composé de six tourelles doubles de 120mm Bofors, de canons de 20mm Oerlikon et de 40mm Bofors, pas de tubes lance-torpilles mais des installations d’hydraviation.
-Le HMNLS Nieuw Nederland est mis sur cale le 15 septembre 1940 lancé le 21 juin 1942 et mis en service le 8 juin 1944.
-Le HMNLS Oranje Nassa est mis sur cale le 1er septembre 1942 lancé le 14 août 1944 et mis en service le 8 octobre 1946.
-Le HMNLS Nederlands Indie est mis sur cale le 12 novembre 1944 lancé le 8 octobre 1946 et mis en service le 12 septembre 1948.
Ces trois pantserschip (navire cuirassé) vont tous rallier les Indes Néerlandaises, espérant ainsi démontrer la détermination de La Haye et dissuader Tokyo d’attaquer. On connait la suite…… .
Au 21 mars 1950, seuls le Nieuw Nederland et le Nederlands Indie sont disponibles, l’Oranje Nassa victime d’une avarie de machine étant immobilisé jusqu’à la mi-avril.
Voilà pourquoi seuls les deux premiers vont être engagés dans la bataille du Golfe de Thaïlande dans la nuit du 30 au 31 mars.
La marine néerlandaise mobilise ainsi deux croiseurs de bataille, un porte-avions, deux croiseurs légers et six destroyers.
Le Nieuw Nederland ne survit pas au duel contre les cuirassés et les croiseurs de bataille japonais, un duel où le pantserschip vend chèrement sa peau mais succombe à un déluge d’obus de 356 et de 406mm.
Il encaisse quatre obus de 356mm, trois obus de 406mm ainsi que des obus de 203 et de 127mm des croiseurs et des destroyers. Le navire se casse en deux, l’avant coulant rapidement, l’arrière dérivant avant de chavirer et de disparaître au fond de l’océan.
Son sister-ship, le HMNLS Nederlands Indie à plus de chance si on peut dire car il est sérieusement endommagé par une bombe et une torpille de l’aviation japonaise, par un obus de 406mm et par des obus de plus faible calibre.
Les superstructures sont ravagées, les blessés et les morts nombreux mais les marins survivants s’accrochent. Le capitaine Van Veulaart, officier le plus gradé encore vivant va devenir un héros pour toute la nation néerlandaise.
Bien que lui même blessé, il insuffle une énergie à tous les marins, réconfortant et encourageant mais se montrant également extrêmement ferme pour ceux ne voulant pas faire leur devoir.
Se repliant cahin caha, le croiseur de bataille parvient à Soerabaja où les blessés graves et les morts sont débarqués. On évacue l’eau, on procède à des réparations d’urgence pour permettre au croiseur de bataille de rallier Singapour.
Il est à nouveau endommagé par une bombe japonaise lors d’un bombardement aérien du «Gibraltar de l’Extrême-Orient». Pour ne pas gêner les manœuvres de la flotte, décision est prise de l’envoyer à Triconmalee où une décision sera prise.
Une inspection montre des dégâts tels que la remise en état nécessiterait 18 à 24 mois de travaux ce qui était important mais pas insurmontable surtout qu’à l’époque un navire de ligne en plus c’était pas rien.
Finalement le navire ne sera jamais remis en état en raison d’un armement principal incompatible, la possibilité de remplacer les canons de 280 par des canons de 356mm britannique à été étudiée mais abandonnée tout comme l’idée de le transformer en porte-avions ce qui aurait nécessité 36 mois de travaux !
Le HMNLS Nederlands Indie va être officiellement désarmé le 17 janvier 1952. Il est privé de toutes les pièces récupérables y compris les canons de 280mm encore en état (six des neufs canons). Il devient un ponton qui sera démoli sur place en 1960.
Le Oranje Nassa va donc rester le seul navire de ligne de la marine néerlandaise. Navire-amiral de la Nieuw Nederlandische Vleugel (NNV) soit en français «La Nouvelle Escadre Néerlandaise». Il participe à la campagne des Salomons en assurant une escorte des convois ainsi que l’appui-feu des troupes au sol.
Il à l’occasion de venger ses sister-ship en participant à la bataille de la mer de Corail, son action étant saluée par les américains jusqu’ici sceptiques sur les capacités de la marine néerlandaise dans une «vraie bataille» entre navires de surface.
La fin du conflit est cependant difficile puisque les obus de 280mm manquent pour le croiseur de bataille. On envoie même un stock de munitions allemand retrouvé aux Pays-Bas pour permettre au croiseur de bataille mis sur la touche après la fin de la campagne de Nouvelle-Guinée en janvier 1953 de participer à l’opération ZIPPER.
Le croiseur de bataille usé par un usage intensif rentre triomphalement aux Pays-Bas le 17 juin 1955. Il reste en service jusqu’en septembre 1956 quand il est désarmé. Après l’échec d’un projet de conservation, le croiseur de bataille est vendu à la démolition en octobre 1965 et démantelé.
Un canon de 280mm issu du HMNLS Oranje Nassau orne cependant l’entrée de la base navale du Helder.
Caractéristiques Techniques
Déplacement : standard 28482 tonnes pleine charge 33520 tonnes
Dimensions : longueur hors tout 241.2m (236m entre perpendiculaires) largeur : 29.84 à 30.85m
tirant d’eau : 7.8m (9.50m à pleine charge)
Propulsion : système de propulsion alterné avec quatre groupes de turbine à engrenages alimentées en vapeur par huit chaudières à vapeur développant 180000ch et entraînant quatre hélices quadripales de 5.5m de diamètre
Performances : vitesse maximale : 32 nœuds distance franchissable 12000 miles nautiques à 20 noeuds
Protection : Ceinture : 40mm sous la flottaison et 225mm au dessus. Une ceinture anti-torpilles de 40mm. Pont supérieur de 20mm Pont blindé principal à 100mm Pont inférieur à 30mm
Armement : 9 canons de 280mm modèle 1940 en trois tourelles triples (deux avant et une arrière), douze canons de 120mm Bofors en six affûts doubles, quatorze canons de 40mm Bofors et huit canons de 20mm Oerlikon (l’Oranje Nassa disposait à la fin du conflit de trente-deux canons de 40mm et vingt-quatre canons de 20mm)
Aviation : deux catapultes et quatre hydravions Vought Kingfisher Equipage : 890 officiers et marins