Benelux (14) Pays-Bas (14)

La Koningklijke Marine dans le second conflit mondial

Situation en septembre 1948

Le 5 septembre 1948, la Pax Armada prend brutalement fin quand les premières bombes allemandes tombent sur Copenhague, Oslo, Bergen…… .

Contrairement à septembre 1939 où les franco-britanniques avaient attendu deux jours pour déclarer la guerre à l’Allemagne, cette fois la déclaration est immédiate au point que certains historiens estiment que les alliés étaient prêts à prendre l’initiative de la guerre ce qu’aucun document ne permet de confirmer.

La Haye n’hésite pas en proclamant sa neutralité sauf que cette fois cette neutralité est élastique puisque très discrètement des officiers de liaison néerlandais rejoignent les états-majors alliés à Douvres et à Vincennes pour préparer une éventuelle entrée en guerre.

La marine néerlandaise se lance aussitôt dans des patrouilles agressives pour montrer que les eaux néerlandaises ne sont pas à la portée du premier venu. Ce premier venu n’est pas identifié mais tout le monde sait qu’il est allemand.

Des incidents navals opposent ainsi la Koninklijke Marine et la Kriegsmarine avec des pertes de part et d’autre. La guerre ouverte aurait pu éclater mais ni Berlin ni La Haye n’y avait pour l’instant intérêt.

Les mouilleurs de mines néerlandais mettent en place les champs de mines défensifs, les défenses côtières renforcées. A plusieurs reprises des mines allemandes tombent dans les eaux néerlandaises.

A chaque fois le gouvernement néerlandais proteste, Berlin s’excuse en parlant d’erreur mais personne n’est dupe.

Plusieurs navires marchands néerlandais sont coulés à l’automne 1948. Pendant des décennies, ces pertes furent mises sur le compte de U-Boot mais il semble admis aujourd’hui que quelques victimes sont à mettre au crédit de sous-marins britanniques et français.

HNLMS Tromp (1937)

Le croiseur léger HMNLS Tromp

En septembre 1948, la marine néerlandaise dispose d’une petite escadre au Helder. Cette Eerste Vleugel (1ère escadre) comprend deux croiseurs légers (HMNLS Tromp et Jacob Van Hermersck), six destroyers (quatre de classe Admiralen Van Galen Witte de With Banckert Van Ness et deux de classe Gerard Callenburgh Isaac Sweers et Philips von Almonde), six torpilleurs légers (Wolf, Fret Bulhond Jakhals Hermelyn Lynx), six sous-marins (O-12,O-13,O-14,O-15,O-19 et O-20) sans compter des vedettes lance-torpilles et des navires de soutien.

Hr.Ms. Witte de With (1929) 2.jpg

Le destroyer HMNLS Witte de With

 

Cette escadre va bénéficier du soutien de la Royal Navy et de la Royale notamment de l’Escadre Légère du Nord dès que les Pays-Bas entreront en guerre.

En outre-mer et notamment aux Indes Néerlandaises, la marine se mobilise également, craignant que le Japon ne profite de l’occasion pour attaquer.

Dans les premières semaines, l’Escadre Néerlandaise des Indes Orientales (Oost-Indische Nederland Vleugel) multiplie les patrouilles, assurant la protection lointaine des navires marchands néerlandais et alliés au titre de la «liberté des mers».

Comme rien ne se produit, le dispositif est allégé, les sorties se font plus rares même si la OINV profite de ce répit pour améliorer l’entrainement et la coopération avec les alliés.

La Koningklijke Marine en guerre (1) : Europe

Le 10 mai 1949, l’événement tant attendu arrive enfin ! Les allemands attaquent à l’ouest, une attaque qui fait suite à l’opération WESERUBUNG en Scandinavie puis à l’opération MERKUR en Corse, en Sardaigne et à Malte.

Cette opération FALL GELB voit les divisions allemandes foncer sur les plaines belgo-néerlandaises tout en lançant des attaques de diversion sur le Luxembourg et l’Alsace. Ces deux diversions font pschitt, les alliés ne mordant pas à l’hameçon.

Comme lors de Weserubung, l’offensive terrestre est précédée de bombardements massifs et d’opérations aéroportées. Ces deux opérations ne remportent comme nous l’avons qu’un succès partiel.

La marine n’est pas épargné par les bombardements puisque le torpilleur léger Wolf est coulé alors qu’il tentait d’appareiller sous les bombes allemandes. Une bombe provoque un incendie qui rend le navire ingouvernable. Le torpilleur léger s’échoue sur un banc de sable à l’entrée de la base et explose provoquant de sérieux dégât à un cargo qui essayait d’échapper à l’enfer. Heureusement le commandant du S.S Vanina parvient à éviter de bloquer la passe ce qui aurait bloquer pendant un temps la 1ère escadre dans sa base.

C’est le seul navire coulé le 10 mai 1949. Les autres peuvent appareiller pour éviter d’être pris au piège dans leur base et pour mener la vie dure à la marine allemande qui à déployé des moyens importants _tout est relatif_ contre la 1ère escadre.

Craignant une intervention de la Home Fleet et de ses cuirassés, la Kriegsmarine n’à pu déployer pour couvrir la progression de la 18ème Armée que des unités légères, des croiseurs et des destroyers.

La Koninklijke Marine va donc opérer à armes égales contre la Kriegsmarine. Le premier à s’illustrer est le Tromp qui accompagné par les destroyers Isaac Swers et Philips von Almonde vont bombarder les colonnes motorisées allemandes qui venaient de pénétrer sur le territoire néerlandais. Le bombardement au canon de 152 et de 120mm est une réussite puisqu’il bloque la progression allemande, la Luftwaffe intervient en force mais à part l’Isaac Swers légèrement endommagé par des éclats elle n’obtient aucun résultat probant.

Durant les deux semaines de la campagne des Pays-Bas (10-25 mai 1949), la petite escadre va bombarder les colonnes motorisées allemandes, repousser des raids d’unités légères, escorter des convois de renforts, couvrir le débarquement d’unités alliées.

Pendant les premiers jours la flotte néerlandaise bénéficie de l’aide de l’aviation de l’armée de terre et de l’aéronavale qui disputent à la Luftwafe au KFK la maitrise du ciel néerlandais.

Hélas après trois jours de lutte ces deux entités sont virtuellement éliminées et la flotte néerlandaise doit apprendre à opérer sous un ciel dominé par l’ennemi. De temps à autre quelques rares chasseurs britanniques et français apparaissent au dessus des flots mais ils ne peuvent pas grand chose face à la puissance aérienne allemande.

Pourtant les pertes vont se révéler au final assez limitées puisque quand les Pays-Bas capitulent le 25 mai, la Eerste Vleugel n’à été amputée que de deux destroyers, trois torpilleurs légers et deux sous-marins pour ne parler que des pertes majeures. La marine néerlandaise n’est donc pas anéantie comme le prétendait la propagande allemande.

Isaac Sweers.jpg

Le Isaac Sweers n’à pas survécu à la campagne des Pays-Bas

L’Isaac Sweers est coulé par l’aviation allemande le 15 mai 1940. Alors qu’il venait de couvrir le rembarquement de troupes néerlandaises, il est surpris par huit bombardiers bimoteurs Junkers Ju-188. Ces derniers placent deux bombes qui transforment le destroyer en une annexe de l’enfer. Le navire cassé en deux coule en quelques minutes.

Le deuxième destroyer à succomber est le Van Galen victime dans la nuit du 19 au 20 mai d’une attaque de vedettes lance-torpilles alors qu’il patrouillait à proximité de Flessingue en cours d’évacuation. Une torpille frappe le navire à l’avant ce qui ne l’empêche pas de riposter et de disperser les S-Boot persuadés d’avoir coulé le destroyer.

Son sister-ship Van Ness le prend en remorque pour tenter de l’amener en Grande-Bretagne mais à l’aube une alerte aérienne l’oblige à rompre la remorque à abandonner le Van Galen à son sort. On ignore tout de sa fin puis-qu’aucun des vingt-quatre marins restés à bord n’à survécu. Plusieurs hypothèses ont été émises : torpillage par un sous-marin, destruction par une bombe ou naufrage en raison d’une mer décharnée.

En ce qui concerne les torpilleurs légers, outre le Wolf, la marine néerlandaise déplore la perte du Fret qui saute sur une mine le 23 mai 1940 ainsi que le Lynx qui est victime de l’aviation allemande le jour de la capitulation néerlandaise le 25 mai 1940.

Hr.Ms. O 12 (1931).jpg

Le sous-marin O-12

Deux sous-marins sont également coulés, le O-12 surpris par un sous-marin allemand en surface et coulé après un duel homérique au canon et le O-20 victime des charges de profondeur d’un Blohm & Voss Bv-138 du KFK.

Les navires survivants plus ou moins endommagés (deux croiseurs légers, quatre destroyers, trois torpilleurs et quatre sous-marins) se réfugient dans les ports britanniques notamment Douvres et Chatham.

Ils forment la Nederland Task Force (Royal Navy) et va participer sous commandement britannique aux opérations en mer du Nord et dans l’Océan Glacial Arctique.

Ils vont mener des escortes de convois, des raids contre les lignes de communication allemandes, l’appui d’opérations commandos ou d’opérations amphibies, le Tromp qui avait échappé à la destruction contrairement à son compère Jacob van Heermskerck coulé par l’aviation allemande lors de l’opération BOREALIS en Norvège.

Des navires sont cédés par les britanniques et les américains durant le conflit pour compenser les pertes des navires construits aux Pays-Bas. Certains navires notamment les sous-marins vont rallier l’Asie pour renforcer la défense des Indes Néerlandaises.

Deux destroyers sont achevés en Grande-Bretagne, les destroyers de classe Limburg, Limburg et Overijssel, des navires qui vont survivre au conflit et servir pendant plusieurs années dans une marine néerlandaise reconstituée, opérant en compagnie de survivants des navires en service en septembre 1948 ainsi que des destroyers transférés par les britanniques.

Les torpilleurs légers survivants (Bulhond Jakhals Hermelyn) vont opérer en mer du Nord notamment au large de la Norvège, opérations fatales à l’Hermelyn coulé par un sous-marin le 5 novembre 1953.

Les Bulhond et Jakhals survivent au conflit après avoir notamment participé à l’opération BOREALIS en mission d’appui-feu où leur faible tirant d’eau était un atout pour faire taire les batteries côtières allemandes. Ils sont désarmés respectivement en 1959 et 1960.

HMS Sturgeon (S-73).jpg

Le HMS Sturgeon allait terminer sa carrière sou pavillon néerlandais

Ces quatre sous-marins transférés sont rebaptisés O-12 (ex-Sturgeon), O-20 (ex-Syrtis),O-24 (ex-Sahib) et O-27 (ex-Scythian) (ce n’est qu’après le second conflit mondial que les sous-marins néerlandais allaient prendre des noms) et vont opérer en mer du Nord pour des missions d’attaque, de dépose d’agents ainsi que de renseignement.

Le O-20 est coulé par un chasseur de sous-marins allemand au large de Bergen le 14 juin 1951 et le O-27 est victime d »une mine au large de Narvik le 1er octobre 1952. Les deux autres survivent au conflit, sont désarmés au printemps 1956 et rendus à la Grande-Bretagne, remplacés par deux unités de classe Balao, les USS Blackfish (SS-310) et Caiman (SS-311).

Symboliquement, le premier navire à pénétrer au Helder sera le croiseur léger Tromp qui prendra place au même endroit qu’il occupait avant l’invasion allemande. Sa carrière s’achèvera dans les années soixante après la mise en service d’un nouveau croiseur léger, le De Ruyter.

La Koningklijke Marine (2) : Asie-Pacifique

La majeure partie des moyens navals de la marine royale néerlandaise sont déployés aux Indes Néerlandaises. En effet, la croissance de la Koninklijke Marine est commandée non pas pour défendre la métropole mais pour protéger le joyau de l’empire colonial batave.

En septembre 1948, la Oost-Indische Nederland Vleugel (Escadre néerlandaise des Indes Orientales) comprend des moyens importants avec trois croiseurs de bataille, un porte-avions, quatre croiseurs légers, huit destroyers, six torpilleur légers et dix sous-marins sans compter des navires de soutien et des navires légers.

Cette puissante marine doit opérer avec la British Eastern Fleet (qui aligne notamment deux porte-avions lourds et trois cuirassés) et secondairement avec l’Asiatic Fleet américaine qui aligne notamment plusieurs croiseurs et un porte-avions.

Sur le papier les moyens navals alliés (et encore je n’ai pas ajouté les FNEO) sont conséquents rendant les alliés optimistes.

Seulement voilà la coordination va être très imparfaite entre alliés qui tout en défendant une coopération en public avaient en tête la défense de leurs intérêts nationaux.

Surtout la bataille du Golfe de Thaïlande provoque une paralysie dans les volontés alliées. Cet affrontement titanesque, ce «Jutland de l’Asie-Pacifique» à lieu dans la nuit du 30 au 31 mars 1950, opposant les japonais à une flotte anglo-néerlandaise, les français étant occupés en Indochine et les américains aux Philippines.

Les néerlandais mobilisent deux de leurs trois croiseurs de bataille, leur unique porte-avions, deux croiseurs légers et six destroyers.

Hiryū (1939) 8.jpg

Le Hiryu fût coulé durant la bataille du Golfe de Thaïlande

Cette bataille titanesque est une victoire à la Pyrrhus pour les japonais qui perdent plusieurs unités majeures (cuirassés Shinano et Tosa porte-avions Hiryu), les alliés perdant trois cuirassés, les Queen Elizabeth et Malaya britanniques ainsi que le Nieuw Nederland ainsi que le porte-avions Indefatigable (qui ne pu savourer la destruction du Hiryu dont il était en grande partie responsable).

Outre le Nieuw Nederland, le Nederlands Indie est sérieusement endommagé, certains qualifiant de miracle son sauvetage, certains plus sévère le qualifiant d’inutile puisque le navire réfugié à Triconmalee à Ceylan ne fût jamais mis remis en service. Seul le Oranje Nassa restera en service jusqu’à la fin de la guerre.

Le porte-avions Wilhelm van Oranje est endommagé mais il est réparé et remis en service pour quelques mois comme nous le verrons par la suite.

Le croiseur léger De Ruyter est sérieusement endommagé, le De Zeven Provincien plus légèrement mais les deux navires sont réparés à Singapour et remis en service.

Sur les six destroyers engagés en escorte des croiseurs de bataille et de porte-avions, deux sont coulés.

Le premier est le Gerard Callenburgh victime des obus de 127 et des torpilles des destroyers japonais. Cassé en deux par une Longue Lance, martyrisé par les obus de 5 pouces, le destroyer n’à pas le temps d’assister à l’effet de ces obus de 120mm sur un destroyer japonais.

Le second est le Holland qui lance une attaque massive à la torpille, en larguant au mépris des consignes toute son stock de torpilles. Deux torpilles touchent le Hatsuharu qui coule rapidement mais est vengé par un sister-ship qui martyrise le destroyer néerlandais avec ses obus de 127mm, le destroyer explosant dans une immense gerbe de feu.

Deux sous-marins néerlandais sont également portés disparus sans que l’on sache si ils ont été victimes de cet affrontement titanesque en l’occurrence le K-XVI et le O-27.

Après ces lourdes pertes auxquelles il faut ajouter celles de la MLD qui à engagé des moyens massifs dans l’attaque, l’éclairage et la reconnaissance, la marine néerlandaise est groggy, peinant à se remettre en piste tout comme les autres marines alliées qui désormais craignent le combat contre la marine nippone surtout de nuit.

Tout comme les autres marines présentes dans la région, la Koninklijke Marine va limiter ses opérations à l’engagement d’unités légères et de sous-marins, souvent de nuit pour gêner la progression nippone mais sans avoir la volonté de vraiment repousser les japonais comme si elles avaient intégré leur propre défaite.

Les relations avec les aviateurs et les terriens vont se tendre, ces derniers considérant les marins comme des «feignants» et des «lâches» qui ne font pas leur part du boulot (ce qui est bien entendu injuste).

Paradoxalement, les navires néerlandais les plus efficaces vont se révéler être les sous-marins qui vont prélever un certain nombre de navires aux japonais.

Cela fait dire à certains que la construction de croiseurs de bataille et d’un porte-avions avait été inutile en rapport de leur utilisation durant la guerre ce qui est là encore aller un peu vite en besogne.

Le 6 avril 1950 au large de Java le sous-marin O-21 coule de trois torpilles le destroyer Noshiro. Le 8 décembre 1950, son sister-ship O-26 envoie par le fond le destroyer Makinami qui n’est pas le seul destroyer coulé en ce mois de décembre puisque quelques jours plus tard le Yamakaze est coulé par le O-24 qui n’à pas le temps de savourer son triomphe car il est victime d’un destroyer japonais en maraude.

Entre-temps le 17 juin 1950, le mouilleur de mines Itsukushima est coulé par le O-22 qui est assez sérieusement endommagé par l’explosion des mines transportées par le minelayer japonais. Il sera néanmoins réparé en Australie et remis en service.

Février 1951, les Indes Néerlandaises cessent d’être……néerlandaises en étant occupées par les japonais. Les navires néerlandais survivant se replient sur l’Australie et sur le port de Darwin.

Mitsubishi G4M 25

Ce sont des Mitsubishi G4M comme celui-ci qui sont à l’origine de la destruction du premier porte-avions néerlandais

Le porte-avions Wilhem van Oranje n’est pas du lot puisque le 27 septembre 1950, il à été coulé au large de Darwin par l’aviation japonaise, des bombardiers bimoteurs Mitsubishi G4M submergeant ses défenses, deux torpilles et trois bombes l’envoyant ad patres.

En ce qui concerne les croiseurs de bataille, il ne reste plus que le Oranje Nassa puisque son sister-ship Nieuw Nederland à été coulé lors de la bataille du Golfe de Thaïlande et le Nederlands Indie sérieusement endommagé.

Certains parlant d’un véritable miracle à propos du sauvetage du Nederlands Indie. Ramené à Singapour, hâtivement rafistolé, il est à nouveau endommagé par un bombardement aérien japonais ce qui imposent de nouvelles réparations.

Comme les chantiers anglais sont surchargés, décision est prise de replier le croiseur de bataille à Triconmalee sur l’île de Ceylan en attendant qu’une décision soit prise.

Il semble qu’un temps l’hypothèse d’une remise en état aux Etats-Unis à été sérieusement étudiée mais abandonnée en raison de problèmes de compatibilité en terme d’armement.

Le projet d’une conversion en porte-avions à été également étudiée mais les néerlandais ont rapidement préféré l’acquisition de deux porte-avions légers britanniques, les Argus et Hercules qui vont être rebaptisés HMNLS Wilhem von Oranje et Hollandia.

Le HMNLS Nederlands Indie va être officiellement désarmé le 17 janvier 1952. Il est privé de toutes les pièces récupérables y compris les canons de 280mm encore en état (six des neufs canons). Transformé en ponton, l’ex-croiseur de bataille sera démoli en 1960.

Le Oranje Nassa va donc rester le seul navire de ligne de la marine néerlandaise. Navire-amiral de la Nieuw Nederlandische Vleugel (NNV) soit en français «La Nouvelle Escadre Néerlandaise». Il participe à la campagne des Salomons en assurant une escorte des convois ainsi que l’appui-feu des troupes au sol.

Il à l’occasion de venger ses sister-ship en participant à la bataille de la mer de Corail, son action étant saluée par les américains jusqu’ici sceptiques sur les capacités de la marine néerlandaise dans une «vraie bataille» entre navires de surface.

La fin du conflit est cependant difficile puisque les obus de 280mm manquent pour le croiseur de bataille. On envoie même un stock de munitions allemand retrouvé aux Pays-Bas pour permettre au croiseur de bataille mis sur la touche après la fin de la campagne de Nouvelle-Guinée en janvier 1953 de participer à l’opération ZIPPER.

Le croiseur de bataille usé par un usage intensif rentré triomphalement aux Pays-Bas le 17 juin 1955. Il reste en service jusqu’en septembre 1956 quand il est désarmé et finalement démoli, le projet de le conserver comme musée naval à flot ayant échoué. Un canon de 280mm issu du HMNLS Oranje Nassa orne cependant l’entrée de la base navale du Helder.

La perte du HMNLS Wilhem van Oranje est un coup dur pour le MarineLuchtvaartDienst (MLD) qui possédait un outil affûté par plusieurs mois d’entrainement et de combat. Les pilotes survivants vont opérer en attendant de posséder un nouveau porte-avions sur le HMAS Gallipoli, le porte-avions australien.

Finalement ils vont mettre en ligne non pas un mais deux porte-avions légers de classe Majestic, les HMS Argus et Hercules transférés en décembre 1951 pour le premier et en mars 1952 pour le second, ces navires étant rebaptisés Wilhem von Oranje et Hollandia.

Chance Vought F4U-4 Corsair 81

Chance-Vought Corsair en vol

Avec des groupes aériens renouvelés (Chance-Vought F4U-3 pour la chasse et la chasse-bombardement, Grumman Avenger pour le torpillage et la lutte anti-sous-marine et quelques Fairey Albacore encore utilisés bien qu’en voie de déclassement), ces navires vont participer à différentes opérations contre les japonais.

En effet si un temps les néerlandais envisagèrent d’utiliser un porte-avions en Europe ou pour couvrir les convois transatlantiques, Le gouvernement néerlandais en exil décide de concentrer ses moyens navals pour reconquérir les précieuses Indes Néerlandaises.

La carrière du Hollandia est courte puisqu’il est coulé le 27 janvier 1953 à la fin de la campagne de Nouvelle-Guinée. Des avions japonais placent trois bombes de 250kg qui transforment l’ex-Hercules en une annexe de l’enfer. Le porte-avions coule rapidement ne laissant que fort peu de survivants.

Le HMNLS Wilhem von Oranje après avoir survécu à la deuxième campagne de Nouvelle-Guinée (juillet 1952-janvier 1953), participe au soutien de l’opération OVERLORD (offensive en Thaïlande et en Cochinchine) puis à l’opération ZIPPER (offensives multiples et successives en Malaisie, aux Indes Néerlandaises et à Singapour).

Il termine la guerre quasiment indemne. Il assure des transferts d’ex-prisonniers alliés en direction de l’Australie. Après avoir couvert le débarquement des dernières unités néerlandaises pour nettoyer les ultimes «zones insécurisées» (où se trouvait un mélange improbable de déserteurs japonais, bandits de grands chemin, nationalistes indonésiens), le Wilhelm van Oranje rentre en Europe à l’été 1955.

Il est rendu aux britanniques en mars 1956 qui le mettent immédiatement en réserve. Il reste sous cocon jusqu’en 1962 quand il est transformé en porte-hélicoptères et utilisé dans ce nouveau rôle sous le nom d’Argus jusqu’en 1985, date de son désarmement puis de sa démolition.

Ce n’est pas la fin du porte-avions pour la Koninklijke Marine puisque le HMNLS Wilhem van Oranje est remplacé par le HMNLS Karel Doorman, l’ancien USS Sangamon.

Le 4 avril 1956, le Sangamon devenu le Karel Doorman est remis en service dans la marine néerlandaise. Il rallie les Indes Néerlandaises pour tenter de conserver cette immense colonie sous contrôle mais en mars 1960, les Pays-Bas sont obligés de reconnaître l’indépendance de l’Indonésie et d’évacuer leurs troupes.

Le Karel Doorman retourne donc en Europe où il est le navire-amiral d’une marine néerlandaise qui à encore fière allure avec donc un porte-avions, deux croiseurs légers et douze destroyers.

Il va y servir pendant douze ans jusqu’à son désarmement survenu le 14 mars 1972 suite à un incendie dans la salle des machines.

L’Italie et l’Espagne engagé dans le programme «Lepante» de construction de porte-avions (un pour chaque pays) proposèrent à La Haye de participer au programme pour remplacer un porte-avions déclassé par un porte-avions moderne mais le gouvernement néerlandais refusa, laissant la marine néerlandaise quitter le cercle fermé des marines mettant en œuvre un porte-avions. L’ex-Sangamon est restitué à la marine américaine le 1er juin 1972 et utilisé comme cible de tir par la 2ème flotte le 12 juillet 1972.

Tous les croiseurs en service en septembre 1948 le sont encore au printemps 1951 après la première phase du conflit même si certains sont endommagés. Ce ne sera pas le cas à la fin du conflit.

Outre le Jacob Van Heermskerck coulé lors de l’opération BOREALIS (octobre 1953), la marine néerlandaise va perdre le De Ruyter torpillé par un sous-marin japonais en mars 1952 (deux torpilles) mais aussi le De Zeven Provincien coulé par l’aviation japonaise le 17 juin 1953 lors de l’opération OVERLORD.

Il restait donc à la fin du conflit aux Indes Néerlandaises seulement deux croiseurs légers, les HMNLS Eendracht et Kijkduin. Ces deux navires vont opérer sous commandement franco-britannique dans les opérations OVERLORD et ZIPPER. Usés, ils vont néanmoins rester en service jusqu’en 1962 et 1966 respectivement, remplacés par deux croiseurs légers antiaériens, les De Ryuter et De Zeven Provincien.

Après la première phase du conflit (septembre 1948-mars 1951), deux destroyers été coulés en Europe (Isaac Sweers Van Galen) et en Asie-Pacifique lors de la bataille du Golfe de Thaïlande (Gerard Callenburgh et Holland).

En ce qui concerne l’Asie-Pacifique, il reste donc six destroyers, cinq de classe Holland (Zeeland,Noord-Brabant,Gelderland,Friesland,Groningen) et un de classe Gerard Callenburgh (Tjerk Hiddes).

Ces navires sont encore modernes même si leur usage intensif et la difficulté à trouver des pièces détachées rend leur usage à long terme délicat.

Le HMNLS Tjerk Hiddes est perdu le 20 décembre 1950 au large d’Aceh, coulé par le sous-marin japonais I-14.

Il ne reste plus que cinq destroyers aux mains des néerlandais même si à l’été 1951, le Limburg et le Banckert vont rallier l’Australie pour participer notamment à la campagne des Salomons.

Le nombre de destroyers néerlandais remonte donc à sept unités mais pour peu de temps puisque le 4 octobre 1951 le destroyer Zeeland est coulé lors d’un duel nocturne avec la redoutable marine japonaise. Le deuxième destroyer de classe Holland est touché par une torpille, coupé en deux et si l’avant coule immédiatement, l’arrière est achevé par une volée d’obus de 127mm.

Le Banckert est coulé par un kamikaze japonais lors de la campagne de Nouvelle-Guinée en septembre 1952, le destroyer sérieusement endommagé est pris en remorque mais il finit par couler avant d’atteindre un abri sur pour une éventuelle remise en état.

Le Noord-Brabant lui aussi ne survit pas au conflit, étant coulé par un sous-marin japonais le 4 octobre 1953 au large de Singapour alors que l’unité de classe Holland couvrait un raid de commandos britanniques.

A la fin du conflit dans cette région, il reste quatre destroyers, les HMNLS Gelderland, Friesland,Groningen et Limburg. Ces destroyers vont opérer dans la région jusqu’en 1960 quand ils rentrent au pays, étant désarmés après quelques années de service en attendant des unités modernes, mises en chantier dès que cela serait possible.

Les torpilleurs légers jouent un rôle important. Douze navires étaient en service en septembre 1948, six en service au Helder et six aux Indes Néerlandaises.

Deux navires avaient été coulés en Europe lors de la campagne des Pays-Bas (Fret et Lynx). Sur les six déployés aux Indes Néerlandaises (Vos, Panter,Jaguar,Tijger,Adelaar et Valk), un est coulé durant la phase initiale de la guerre du Pacifique, le Valk victime de l’aviation nippone le 17 mai 1950, deux bombes le coulant alors qu’il opérait au large de l’île de Bornéo.

Une deuxième unité est perdu en janvier 1951, le Vos qui est victime de destroyers japonais alors que le torpilleur léger néerlandais avait tenté d’attaquer un convoi nippon.

Il ne reste donc plus que les Panter Jaguar Tijger et Adelaar, ces quatre navires survivant au conflit non sans avoir été endommagés à plusieurs reprises par les japonais. Ces navires sont rapidement désarmés après le conflit car trop usés et clairement déclassés un peu comme les deux survivants européens.

La flotte sous-marine néerlandaise à également souffert même si on peut considérer que le Onderzeedienst à été le plus efficient contre la marine japonaise, remportant un certain nombre de victoires contre les allemands (essentiellement des navires de charge) et les japonais (essentiellement des navires militaires).

En Europe, deux unités avaient déjà été perdues, les O-12 et O-20 qui avaient été perdus lors de la campagne des Pays-Bas. Sur le théâtre d’opérations Asie-Pacifique, trois navires avaient été perdus, les K-XVI, O-24 et O-27 ce qui ne laissait que quatre sous-marins en Europe et sept en Asie-Pacifique.

Cette flotte est complétée par le transfert au cours du conflit par quatre sous-marins type S (Sturgeon, Syrtis,Sahib,Scythian) ce qui permet le transfert des quatre sous-marins restant (O-13,O-14,O-15 et O-19) outre-mer. Ce transfert britannique est intéressé car cela permet de simplifier la logistique et la tactique.

Opérant d’abord depuis l’Australie, les sous-marins néerlandais sont donc au nombre de onze ce qui permet de créer deux flottilles, une 1ère flottille basée à Darwin (K-XVII, K-XVIII, O-13, O-14,O-15,O-19) et une 2ème basée à Nouméa (O-21,O-22,O-23,O-25 et O-26).

Ces sous-marins vont opérer un peu comme leurs homologues déployés en Europe. Ils vont attaquer les lignes de communication japonaises (très mal défendues), vont mener des missions de renseignement, soutenir des opérations commandos ainsi que des groupes de guérillas composés soit de natives comme on disait à l’époque ou de soldats alliés qui pour une raison ou une autre avaient refusé l’évacuation (ou n’avait pu être évacués) et menaient la vie dure aux japonais et à leurs alliés.

Ils assuraient également la récupération de pilotes abattus qu’ils soient des pilotes embarqués ou des pilotes d’avions basés à terre.

Même si les unités anti-sous-marines nippones ne se sont pas illustrées par une redoutable efficacité, les deux flottilles ont subit des pertes.

La 1ère flottille qui à opéré depuis Darwin puis depuis Port-Moresby (septembre 1952) et enfin depuis Cam-Ranh (octobre 1953-septembre 1954) à perdu le K-XVII (hydravion japonais) le 8 mars 1952, le O-13 (sous-marin japonais) le 17 janvier 1953 et enfin le O-19 victime d’un escorteur nippon au large de l’île de Hainan le 4 février 1954. La flottille termine la guerre avec seulement le K-XVIII, le O-14 et le O-15. Ces trois sous-marins seront désarmés à Batavia et démolis sur place car on craignait qu’ils ne puissent rallier la métropole !

La 2ème flottille va donc opérer depuis Nouméa puis à partir de septembre 1952 à partir de Guadalcanal, terminant le conflit depuis Cam-Ranh où pour des raisons logistiques, la marine néerlandaise avait décidé de regrouper ses submersibles.

Comme sa consœur, la 2ème flottille ne sort pas indemne des opérations en Asie-Pacifique, perdant le O-21 qui saute sur une mine d’origine inconnue le 14 mars 1952 au large de l’île de Borneo et le O-26 victime d’un hydravion japonais lors de l’opération OVERLORD dans le Golfe de Thaïlande le 8 mai 1953. Son épave retrouvée en 2015 se trouve à seulement 1200m du croiseur de bataille Nieuw Nederlands coulé trois ans plus tôt !

Il ne restait donc en septembre 1954 que les O-22,O-23 et O-25 qui après un carénage poussé à Cam-Ranh rentrent en métropole en janvier 1955, servant aux côtés des deux Balao transférés jusqu’au remplacement de tous les sous-marins par des submersibles de conception et de construction néerlandaise.

Les pertes concernent également les unités plus légères qui souffrent terriblement des coups japonais (NdA plus de détails dans la partie concernée).

En ce qui concerne la MLD elle est reconstituée avec des appareils américains et parfois britanniques, opérant en soutien des navires néerlandais mais aussi français, britanniques et américains.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s