De la république batave à Waterloo : Revolution et Empire français pour les Pays-Bas
Avant-propos
A partir de 1789 le Royaume de France est secoué par une série d’événements que l’histoire à retenu sous le nom de Révolution Française. Après une période modérée, «bourgeoise», la Révolution se radicalise, dévorant ses enfants, de grands leaders s’entre-tuant jusqu’à ce qu’émerge la figure controversée _adulée par les uns haïs par les autres_ de Maximilien de Robespierre.
Comme le dira Bertrand Barrère du comité de Salut Public en septembre 1793 «La Terreur est à l’ordre du jour». Pas étonnant que cette révolution ait inspiré les bolcheviks de Lénine.
Au printemps 1792, les puissances européennes vont se coaliser contre une France remuante, toujours dirigée par Louis XVI mais dont l’autorité était de plus en plus contestée.
C’est la France qui prend l’initiative des hostilités en déclarant la guerre le 20 avril 1792 au roi de Bohème et de Hongrie, Louis XVI ayant selon certain espéré une défaite française pour restaurer son autorité pré-1789.
Personne ne peut imaginer que l’Europe part pour vingt-trois années de guerre (moins quelques rares périodes de paix) et va en ressortir profondément bouleversée. Plus rien ne sera comme avant.
En ce qui concerne les Provinces-Unies, la Révolution Batave aboutissant par l’invasion française en février 1795 à la proclamation de la république batave qui devient l’une des «républiques-soeurs» censées faire tampon entre la Grande Nation _la France_ et les puissances étrangères.

Louis Bonaparte pardon Lodewik Napoleon
Cette république batave va perdurer, véritable état-satellite de la France jusqu’en 1806 quand elle est transformée en royaume de Hollande, royaume confié à Louis Bonaparte, frère cadet de l’empereur des français Napoléon Bonaparte.
Louis avait la mission de protéger l’empire français et devait défendre les intérêts de la Grande Nation au détriment des intérêts de son royaume d’adoption. Seulement voilà il se prend d’affection pour ses nouveaux sujets et refuse d’appliquer les oukases de son frère.
La sanction ne se fait pas attendre. En 1810, le royaume de Hollande disparaît, les territoires formant de nouveaux départements de l’Empire français ce qui allait durer jusqu’en 1813 quand le futur Guillaume 1er débarque aux Pays-Bas et se proclame prince souverain des Pays-Bas, devenant officiellement roi suite à la création du Royaume-Uni des Pays-Bas par le Congrès de Vienne (NdA A voir dans la partie suivante «Le Royaume-Uni des Pays-Bas (1815-1839)»).
Révolution et république batave
Comme nous l’avons vu plus haut, la révolution batave est réprimée en 1787 par l’intervention conjointe de l’Angleterre et de la Prusse qui ne pouvaient accepter un foyer d’instabilité dans leur zone d’influence, les anglais parce qu’ils craignaient pour leur commerce, les prussiens parce qu’ils étaient de plus en plus présents dans la région rhénane.
Le mouvement n’est cependant pas totalement écrasé et va retrouver force et vigueur avec les événements de la Révolution Française. Les patriotes néerlandais, les patriotten s’enthousiastes pour les événements de Paris et certains fréquentent le Club des Jacobins, s’inscrivant dans la mouvance la plus radicale.
Cependant sans intervention étrangère, impossible de renverser le stadhouderat. Les patriotten vont donc revenir aux Provinces-Unies dans les «fourgons de l’étranger» comme plus tard Louis XVIII.
Le 20 avril 1792 le Royaume de France déclare la guerre au roi de Bohème et de Hongrie. Toute l’Europe va se coaliser contre la France, c’est la première coalition qui va durer jusqu’en 1797, coalition à laquelle vont participer des Provinces-Unies encore sous l’autorité de Guillaume V.
Les 29 et 30 avril 1792, la France envahit les Pays-Bas autrichiens, échouant devant Quiévrain, Mons et Tournai. L’armée française est en effet très affaiblie par l’émigration qui la prive de nombreux officiers, sous-officiers et hommes du rang, de véritables professionnels de la guerre.
Ils sont certes remplacés par des volontaires mais ces derniers sont inexpérimentés, les rares soldats de métier sont amalgamés avec eux mais ils sont vus avec beaucoup de suspicion. On verra ainsi de nombreux volontaires se débander devant les autrichiens en criant à la «trahison».
Les puissances étrangères ne peuvent laisser la France agir ainsi et doivent donc réagir. La première coalition va ainsi regrouper la Grande-Bretagne _qui va financer toutes les coalitions jusqu’en 1815_ , le royaume de Piémont-Sardaigne, le royaume d’Espagne, le Royaume de Naples, le Royaume de Prusse (jusqu’en 1795), le Saint-Empire, les possessions patrimoniales de la maison d’Autriche (Bohème, Hongrie), les Provinces-Unies et le royaume du Portugal.

La bataille de Valmy sauve la Révolution du désastre.
L’offensive française dans les Pays-Bas autrichiens est un échec clair mais comme souvent dans l’histoire française, un miracle à lieu du côté de Valmy le 20 septembre 1792. Deux jours plus tard, la République est proclamée. Louis XVI ne le sait pas mais il n’à plus que quatre mois à vivre alors que depuis le 10 août 1792 il n’est plus roi.
La France révolutionnaire galvanisée lance l’offensive sur tous les fronts. Les volontaires qui jadis fuyaient devant les autrichiens, les prussiens et autres soldats professionnels ne reculent plus mais fond face. L’audace de ces soldats de hasard perturbent des soldats de métier habitués à manœuvrer comme à la parade.

Dumouriez
En novembre 1792 suite à la victoire de Jemappes, Dumouriez occupe l’ensemble des Pays-Bas autrichiens faisant peser une menace claire et précise sur les Provinces-Unies. La Belgique est ainsi annexée le 30 mars 1793.
Cette annexion et l’ouverture de l’Escaut radicalise la position anglaise qui ne peut accepter qu’Anvers «un revolver pointé sur le cœur de l’Angleterre» soit aux mains des français.
C’est d’ailleurs ce qui restera la principale pierre d’achoppement dans les négociations de paix : jamais Londres ne pouvait accepter qu’Anvers soit aux mains d’une puissance continentale hégémonique.
Le 1er février 1793, la Convention déclare la guerre à la Grande-Bretagne et aux Provinces-Unies, la France voulant mettre la main sur la Banque D’Amsterdam. Londres va pousser les puissances continentales à rompre avec la France en finançant les armées alliées, la Grande-Bretagne ne possédant pas d’armée permanente puissante.
Profitant de sa puissance navale renforcée par l’affaiblissement de la Royale _victime de l’émigration des officiers nobles_ , elle va imposer un blocus pour asphyxier la France et s’emparer de ses colonies notamment les précieuses colonies à sucre.
Successivement l’Espagne, les Etats-Pontificaux, Naples, les duchés de Parme et de Modène, la Toscane et le Portugal suivent.
Sur le papier cette coalition est formidable mais elle à une faiblesse majeure : ce n’est pas vraiment une coalition. En effet il n’y à pas de traité regroupant tous les pays opposés à la 1ère République mais des traités bilatéraux avec l’Angleterre.
Cette «coalition» entraîne la levée en masse en France et par conséquence de nombreux troubles intérieurs en Bretagne, en Vendée mais aussi dans d’autres régions où les fédéralistes s’agitent, ouvrant notamment le port de Toulon aux anglais, port repris grâce à l’aide d’une jeune capitaine d’artillerie de 24 ans appelé à une immense avenir : Napoléon Bonaparte.
En février 1793, Dumouriez lance son offensive en Hollande et prend Breda mais l’avancée rapide des autrichiens en Belgique l’oblige à se replier. Après deux défaites à Neerwinden et Louvain, il entame des discussions avec les autrichiens.
Il voulait retourner son armée contre Paris pour restaurer la Constitution de 1791 mais ses soldats ne le suive pas. Il rallie les autrichiens, augmentant la méfiance de la Convention vis à vis des généraux qui sont toujours plus surveillés par les représentants en mission, les ancêtres des commissaires politiques bolcheviques. La Belgique est perdue pour la France ce qui allège la menace sur les Provinces-Unies.
Les alliés avancent sur tous les fronts. 20000 hanovriens et 15000 hollandais commandés par le duc d’York avancent sur Dunkerque. La victoire semble acquise, les alliés annoncent vouloir rétablir la monarchie absolue en France et obtenir des indemnités territoriales.
Ce qui va sauver la France révolutionnaire ce sont à la fois les mesures radicales prises par le Comité de Salut Public («La Terreur est à l’ordre du jour») et le manque de coordination des coalisés aux intérêts divergents et à la motivation souvent entretenue par l’or anglais.
Les français contre-attaquent de manière vigoureuse en direction de la Belgique. Dunkerque est libérée suite à la victoire du général Houchard à Hondschoote.
Houchard est cependant battu à Menin, ne pouvant empêcher les anglo-hollandais du duc d’York de se replier sans dommages ce qui entraînera sa destitution et son exécution.

Jean Baptiste Jourdan. Général et homme politique connu également pour sa loi du 5 septembre 1798 qui allait pendant longtemps régir les modalités du service militaire en France
Houchard est remplacé par Jourdan qui remporte une victoire à Wattignies. A l’est Hoche est également victorieux. Kellerman libère la Savoie des piémontais, l’Espagne est elle aussi battue.
En 1794, les français reprennent l’initiative en profitant des dissensions des alliés. La Prusse souhaite ainsi quitter la coalition au grand dam de Londres qui payait une armée de 62000 hommes qui restait l’arme au pied, s’inquiétant davantage de l’avancée de l’armée russe en Pologne.

Tableau représentant la bataille de Fleurus avec au premier plan le général Jourdan. Contrairement à la guerre moderne, les généraux étaient souvent en première ligne et subissaient des pertes sensibles.
Jourdan remporte une victoire décisive à Fleurus le 25 juin 1794. La Belgique est reprise par les français pendant que les anglo-hollandais sont refoulés vers le nord. Anvers et Liège sont menacés par les français.
En novembre 1794 suite à la fin des subsides anglais, les prussiens se retirent de la coalition, signant un armistice avec la France.
Alors que l’année 1794 s’achève, le général Pichegru poursuit les hollandais et les anglo-hanovriens qui occupent l’embouchure du Rhin. Maastricht est occupée, le Rhin et la Meuse ayant gelé, les français peuvent passer ces fleuves qui en temps normal sont des obstacles redoutables à toute armée. En janvier 1795, des hussards s’emparent au Helder de la flotte néerlandaise prise par les glaces.
Comme souvent une invasion militaire à un impact sur la politique intérieure. C’est ainsi que le 19 janvier 1795, Guillaume V est chassé du pouvoir par des révoltes urbaines, la république batave (Bataafse Republiek) proclamée par le comité patriote d’Amsterdam.
Les troupes françaises sont accueillies en libérateurs mais cette sympathie ne tardera pas à se transformer sinon en profonde hostilité du moins en immense rancœur, les troupes de la Grande Nation se comportant comme en pays conquis.
Le démantèlement de la première coalition continu avec le retrait de la Toscane, de la Prusse (traité de paix qui confirme l’armistice) et de la République Batave qui succède aux Provinces-Unies.
Le traité de La Haye est signé le 16 mai 1795. Il est assez dur et doit sûrement dégriser nombre de patrioten qui avaient les yeux de Chimène pour la France.
Une alliance offensive et défensive est certes signée mais c’est en échange de territoires (Flandre Zélandaise, Maastricht et Venlo), d’indemnités pour financer l’entretien d’une armée de 25000 hommes et une contribution de 100 millions de florins pour renflouer les caisses du Directoire qui perpétuellement à court d’argent avait mis en coupe réglée les territoires conquis ce qui ne devait pas améliorer la popularité des français. Les colonies néerlandaises sont conquises par la Grande-Bretagne.
Les Provinces-Unies pardon la république batave sort donc du conflit. Les patrioten ont pris le pouvoir mais il restent à réorganiser le pays selon leurs idéaux et tout ne va pas se réveler aussi simple qu’espéré.
Deux factions s’opposent : les unitaristes partisans d’une république centralisée sur le modèle jacobin et les fédéralistes partisans d’une grande autonomie des provinces et des villes ce qui semble être plus en accord avec l’histoire néerlandaise.
Si dans les provinces de Hollande et de Zélande les unitaristes sont majoritaires, en Frise et en Gueldre les fédéralistes tiennent le haut du pavé.
Une assemblée nationale se réunit le 1er mars 1796. Elle est à majorité fédéraliste mais surtout comprend une immense majorité d’hommes neufs assez inexpérimentés en matière politique. Le débat entre unitaristes et fédéralistes n’est finalement pas tranché, un compromis est trouvé avec une république unitaire mais les provinces disposent d’une autonomie non négligeable.
Le corps législatif est bicaméral et l’exécutif est copié sur le «modèle» français avec un directoire de sept membres.
Le projet est adopté le 30 mai 1797 mais le peuple néerlandais le rejette par référendum le 8 août 1797. Une nouvelle assemblée se réunit le 1er septembre 1797, trois jours avant le coup d’état de Fructidor mené par les éléments les plus radicaux du Directoire. L’assemblée néerlandaise est épurée le 22 janvier 1798.
les institutions sont modifiées avec un directoire exécutif ou Uitrserend Bewing qui va gérer la république batave de 1798 à 1801. Le corps législatif est toujours composé de deux chambres avec une chambre de discussion et une chambre de délibération. La question des dettes provinciales est enfin réglée avec un amalgame pour former une dette nationale. En revanche les provinces sont remplacées par des départements. La nouvelle constitution est adoptée par référendum le 25 avril 1798.
Le 12 juin 1798, un nouveau coup d’état est mené par les modérés. C’est une clair preuve de l’instabilité du nouveau régime. Son incapacité à réformer les finances va avoir un impact sur sa popularité ce qui n’échappe pas aux renseignements britanniques.
Londres sent qu’une invasion de la république batave est du domaine du possible et que l’opinion publique est mure pour une restauration orangiste.
Seulement la vision britannique était biaisée par le fait que les renseignements provenaient soit d’orangistes exilés en Grande-Bretagne ou infiltrés dans la République.
Ce projet d’invasion s’inscrit dans le contexte de la deuxième coalition (1798-1802) qui oppose la France du Directoire et du Consulat (+ les républiques sœurs) à la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Russie, Naples, le Piémont-Sardaigne, la Suède et l’Empire Ottoman.
Deux causes principales : la Grande-Bretagne n’avait pas fait la paix à l’issue de la première coalition et le Directoire en mettant en place des républiques-soeurs avait profondément contrarié les cours européennes, l’or anglais faisant le reste…… .
Cette coalition va aboutir à une courte période de paix avec les paix de Luneville (1801 (France et Autriche) et d’Amiens (1802 France et Grande-Bretagne). L’Autriche doit ainsi reconnaître les républiques helvétiques et bataves.
La république batave est aux premières loges puisque le plan pour une fois concerté de la coalition prévoit le débarquement d’une armée anglo-russe en Hollande pour y attaquer les troupes franco-bataves du général Brune.
Le corps expéditionnaire débarque le 27 août 1799 marquant le début de la campagne de Hollande qui va s’achever le 19 novembre 1799 par une victoire des troupes franco-bataves conjointement commandées par le général français Brune et le général néerlandais Daendels.
Suite au débarquement, la petite flotte batave se rend et les anglo-russes remportent une première victoire à Callantsoog le jour même. Cette victoire n’est cependant pas décisive tout comme la victoire remporté par les coalisés à Zyp le 10 septembre 1799.
La bataille décisive à lieu à Bergen le 19 septembre 1799, 22000 franco-bataves affrontent environ 30000 anglo-russes même si seulement 10 à 15000 sont effectivement engagés. C’est une victoire franco-batave ce qui pousse le duc d’York, commandant de la coalition à négocier pour pouvoir se retirer du front néerlandais.
Dans ce contexte d’invasion, les autorités de la république se montrent nerveuses. Persuadés que la défaite française est inéluctable, certains patriotes proposent au roi de Prusse de devenir le monarque constitutionnel qui s’appuierait sur un texte inspiré de la constitution américaine ! (NdA sacré syncrétisme).
Cette tentative arrive au plus mauvais moment. Non seulement les français redressent la barre en profitant notamment des dissensions entre coalisés mais en plus le coup d’état du 18 brumaire porte au pouvoir un homme à poigne, le général Napoléon Bonaparte bien décidé à conserver les acquis de la révolution tout en mettant fin à l’instabilité chronique qui secoue le pays depuis dix ans maintenant. Les relations franco-bataves vont prendre une nouvelle tournure.
Napoléon Bonaparte avait une réputation de redoutable chef de guerre mais comme Premier Consul il semble animer d’un sincère désir de paix, paix indispensable pour permettre l’application des réformes qu’il compte mettre en place.
Il ne renonce cependant pas aux conquêtes, aux acquisitions territoriales de la Révolution ce qui rend difficile toute paix durable avec les autres puissances européennes.
Les différentes républiques-soeurs ont également l’avantage de servir de tampon pour protéger le territoire français. Il faut donc que les républiques-soeurs se stabilisent et que les conflits intérieurs s’apaisent.
La république helvétique est la première à être réformée, la république batave doit suivre dans la foulée et pour cela un nouvel ambassadeur, Charles Louis Huguet est envoyé à La Haye en 1799.

Pierre Augereau (1757-1816), maréchal d’Empire Duc de Castiglione
Un projet de constitution inspirée de celle de l’an VIII est proposé mais le projet est rejeté par l’Assemblée le 11 juin 1801. La France intervient, le général Augereau auteur du coup d’état de Fructidor effectuant une démonstration de force pour faire pression sur les opposants au projets.
Un plébiscite est organisé le 1er octobre 1801 dans un contexte de liberté inconnu en France. Sur les 416619 votants, 16771 votèrent pour et 52219 contre. Cela ne posait aucun problème puisque les directeurs eurent une vision particulière de l’abstention : c’était une tacite acceptation !
Le pouvoir législatif voit ses prérogatives rognées alors que le pouvoir exécutif voit les siennes augmentées. Les élections deviennent des formalités. Le personnel est nettement plus réactionnaire qu’auparavant.
Les négociations qui allaient aboutir à la paix d’Amiens commencent en octobre 1801. La république batave espère récupérer les colonies néerlandaises prises par les britanniques mais pour la France c’est le cadet de ses soucis, Paris laissant La Haye négocier avec Londres. L’autre point d’achoppement est l’indemnisation de Guillaume V, un montage complexe devant être mis en place.
Finalement les bataves parviennent finalement à récupérer leurs colonies mais pour peu de temps car quand les hostilités vont reprendre entre Paris et Londres, les britanniques vont s’empresser de réoccuper les colonies néerlandaises notamment la colonie du Cap, Ceylan et Java.
La paix signée à Amiens le 25 mars 1802 dure à peine un an puisque le 18 mai 1803 la paix est rompue. La république batave doit jouer un rôle majeur puisque les effectifs franco-bataves doivent passer à 35000 hommes. 9000 autres doivent pouvoir être envoyés outre-mer.
De plus la république batave doit fournir pour la fin de l’année cinq navires de ligne, cinq frégates, 100 canonnières et 250 embarcations à fond plat pouvant embarquer 60 à 80 hommes. Au total les néerlandais doivent disposer des moyens nécessaires au transport de 25000 hommes et 2500 chevaux.
Ce corps expéditionnaire est destiné à l’invasion de la Grande Bretagne, Napoléon voulant frapper la «perfide albion» au cœur et désarmer toute future coalition contre la France.
Cet investissement était lourd, très lourd, trop lourd pour la république batave qui était au milieu d’une guerre commerciale entre Paris et Londres à coup de boycott et de contre-boycott.
Cette guerre commerciale n’était pas du goût des dirigeants de la république batave qui utilisait un certain nombre de stratagèmes pour importer des produits britanniques notamment les déguiser en produits américains. Les français ripostent en déployant des douaniers dans les ports néerlandais.
Le 23 novembre 1804, les directeurs interdisent à tout fonctionnaire néerlandais de recevoir des ordres de la part des français. C’est un acte clair de défiance qui ne pouvait rester impuni, la république batave ayant une position stratégique dans le dispositif français.
Napoléon Bonaparte devenu empereur confie à Schimmelpenninck, un leader néerlandais avec lequel il s’entendait bien le soin de remettre de l’ordre dans la république batave en rappelant à La Haye que son indépendance est toute relative.
Le 10 mai 1805, Schimmelpenninck est nommé Raadpensionaris ou Grand-Pensionnaire de la république batave, un choix plus sentimental que politiquement motivé. En réalité les pouvoirs de Schimmelpenninck se rapprochent davantage ironiquement de l’ancien stathouder Guillaume V.
Ce régime va être éphémère mais il va paradoxalement faire plus que les régimes précédents paralysés par des divisions. L’opinion publique néerlandaise lassée accepte ce régime, le plébiscite étant une formalité (14903 oui 136 non). Il y avait certes 353322 votants mais comme jadis les abstentions étant comptés comme des votes positifs.
Les français auraient du se féliciter d’une telle flopée de réformes mais il se méfiait, craignant que comme plus tard la Prusse, La Haye ne se réforme pour échapper à l’influence française.
Le 21 octobre 1805, la flotte franco-espagnole est écrasée au large de Trafalgar. Cette défaite rend caduque tout projet d’invasion de l’Angleterre. Cela pousse La Haye à réclamer le retour du camp de Boulogne des moyens cédés par les néerlandais. Schimmelpenninck voit son pouvoir clairement affaiblit, nombre de néerlandais le voyant comme une simple créature de l’empereur des français.
Certains néerlandais proposent la couronne des Pays-Bas à Napoléon 1er. Ce dernier refuse mais propose son frère Louis qui en acceptant le 5 juin allait devenir roi de Hollande. Schimmelpenninck lui avait démissioné la veille.
Louis Bonaparte, roi de Hollande (1806-1810)
Un mot rapide sur Lodewik Napoleon pardon sur Louis Bonaparte. Né en 1778, il est le frère cadet de Napoléon, le 4ème fils du couple formé par Charles Bonaparte et Laetizia Ramolino après Joseph, Napoléon et Lucien.
Napoléon Bonaparte devenu le chef de famille (bien que n’étant pas l’ainé) le destiné à une carrière militaire. Louis s’incline par pitié fraternelle et par sens du devoir mais en dépit de brillantes performances sur les champs de bataille il n’aima jamais cela.
Épousant Hortense de Beauharnais, la belle fille de Napoléon Bonaparte, il aura trois enfants, trois fils.
Le premier Napoléon Charles (1802-1807) _dont la paternité est parfois attribué à l’empereur lui même à moins que ce ne soit une confusion au fait que l’empereur des français voulait en faire son successeur_ , Napoléon Louis (1804-1831) _mort à Forli alors qu’il combattait avec les carbonari_ et Charles Louis Napoléon (1808-1873) qui allait devenir président de la République puis empereur des français comme tonton.
Après son court règne sur le royaume de Hollande, Louis s’enfuit à Vienne puis passe en Suisse, voyant une dernière fois son frère en 1813, proposant même ses services comme médiateur pour trouver une solution au conflit frappant l’Europe de manière quasi-continue depuis 1792.
Il est ensuite à Rome puis à Florence, retournant brièvement aux Pays-Bas en 1840 à l’invitation de Guillaume 1er des Pays-Bas où il est surpris d’être aussi populaire (A noter qu’on envisagea son retour sur le trone des Pays-Bas à la chute de Napoléon mais cela ne se fit pas pour plusieurs raisons : inclination orangiste des élites et la santé précaire de Lodewijk Napoleon).
En 1844 suite à la mort de Joseph Bonaparte, il devient le chef de la Maison Bonaparte (Lucien à été exclu dès 1812 par son ainé Napoléon) mais pour peu de temps puisqu’il meurt à Livourne en 1846.

Talleyrand
Le Royaume de Hollande voit officiellement le jour le 24 mai 1806 quand est signé à Paris un traité entre Talleyrand _représentant de Napoléon 1er_ et une délégation de la République Batave.
Le Koninkrijk Holland couvre quasiment le territoire actuel des Pays-Bas moins le Limbourg, une partie de la zélande ainsi que la Frise orientale. Il est entouré par la mer du Nord à l’ouest et au nord, par la Confédération du Rhin à l’est et par l’Empire français au sud. En 1808, le roi napoléonide de Hollande fait d’Amsterdam la capitale des Pays-Bas en remplacement de La Haye même si aujourd’hui le monarque est à Amsterdam, le gouvernement et le parlement à La Haye.
Louis 1er de Hollande aurait du être l’homme-lige de son frère. Il devait appliquer les décisions prises de Paris. En clair faire passer les intérêts français avant ceux de son nouveau royaume.
Seulement voilà le mari d’Horthense va prendre son métier de roi à cœur avec la volonté sincère de faire le bien. Il est ainsi réticent à appliquer deux mesures aux conséquences négatives dans son royaume : le blocus continental et la conscription.
Ai-je besoin de préciser que Napoléon 1er est furieux d’une telle «trahison» ? Même la victoire contre les anglais débarqués à Walcheren en 1809 est motif à critique, le vainqueur d’Austerlitz jugeant la réaction de son frère trop molle, pas assez énergique.
A l’hiver 1809/1810, les jours du royaume de Hollande sont clairement comptés. Un sénatus-consulte organique en date du 24 avril 1810 intègre tout le territoire du royaume situé sur la rive gauche du Rhin à l’empire français, première étape avant l’annexion du reste du royaume.
Le 1er juillet 1810, Louis 1er de Hollande abdique au profit de son fils qui devient Louis II mais cet enfant de six ans ne va régler que douze jours puisque le 13 Napoléon 1er annonce l’annexion du reste du royaume à l’empire français.
Sur le plan territorial, le royaume de Hollande est d’abord divisé en neuf départements avec la Hollande, la Gueldre, le Brabant-Septentrional, la Frise, l’Overijssel, la Zélande, la région de Groningue, Utrecht et Drenthe. Le 13 avril 1807, le département de Hollande est divisé en deux (Amstelland Maasland).
Durant les combats de la quatrième coalition (1806-1807), les armées françaises et hollandaises occupèrent la Frise orientale prussienne et le Jeverland. C’est deux régions sont rattachées au royaume de Hollande, formant le département de Frise Orientale.
Le Limbourg, l’île de Walcheren et la Flandre zélandaise n’appartenaient pas au royaume de Hollande. Comme la Belgique, ces régions étaient directement sous le gouvernement de l’Empire français.
Louis divisa le pays en départements/provinces, plaçant à la tête de chacun un gouverneur (landdrost) qui, à l’exemple des préfets français, surveillait à son niveau la politique locale. Les maires des grandes villes furent désormais nommés par le souverain. Grâce aux réformes de Louis, l’État néerlandais a été renforcé, simplifié, modernisé.
Si son règne à été court, il à eut un impact particulièrement profond en convertissant les néerlandais à l’idée monarchique alors que depuis l’indépendance, les descendants des bataves étaient plutôt habitués à une forme républicaine. L’idée de monarchie fait désormais consensus, les républicains étant ultra-minoritaires.
Sur le plan militaire, le Royaume de Hollande va participer aux guerres napoléoniennes notamment lors de la quatrième coalition (1806-1807) et de la cinquième coalition (1809).
Les hollandais fournissent des régiments d’infanterie de ligne et des régiments d’infanterie légère, régiments qui sont intégrés à l’armée française après l’annexion du royaume de Hollande en 1810 et qui reçoivent des numéros sans aucun rappel de leur origine.
Le régiment des grenadiers à pied de la garde royale est intégré à la garde impériale sous le nom de 3ème régiment de grenadiers de la garde. Les hussards hollandais sont transformés en 2ème régiment de chevau-légers lanciers ou lanciers rouges.

Les lanciers rouges de la Garde Impériale surnommés les Écrevisses