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Des Habsbourg à l’indépendance : que les Pays-Bas soient et les Pays-Bas furent ! (1500-1648)

Des Pays-Bas à la sauce autrichienne

Charles le Téméraire

Charles Le Teméraire

En apparence la mort de Charles le Téméraire est un triomphe pour le Louis XI. Il ne laisse qu’une fille et on sait qu’à l’époque l’absence d’un héritier mâle ou d’un héritier trop jeune était une catastrophe pour une monarchie («malheur au royaume dont le prince est un enfant»).

En réalité le triomphe est une véritable victoire à la Pyrrhus puisque Marie de Bourgogne va épouser l’héritier Habsbourgeois, Maximilien (un temps promis à une autre héritière Anne de Bretagne), alliant l’héritage bourguignon à l’héritage hasbourgeois.

Le mariage est célébré en 1482 ce qui est une très mauvaise nouvelle pour Louis XI qui se retrouve face à un ensemble nettement plus puissant. A l’aube du XVIème siècle, l’ensemble des Pays-Bas regroupe 303 villes, 6579 villages et regroupe environ 2 millions d’habitants. Le port d’Anvers est déjà un port majeur.

De nombreux conflits opposèrent les Valois aux Habsbourgs. Ce fût le cas de plus de deux siècles de lutte qui ne s’acheva qu’avec le changement d’alliance de 1754.

En ce qui concerne les Pays-Bas des Habsbourg, la frontière avec le Royaume de France n’est définitivement fixée qu’en 1678 par le traité de Nimégue à une époque où les Pays-Bas étaient devenus espagnols et où la partie nord était devenu définitivement indépendante sous le nom de Provinces Unies.

Les Pays-Bas et notamment leurs états généraux furent d’un précieux secours pour Marie de Bourgogne qui avait choisit de succéder à son père et s’était rapprochée de l’héritier hasbourgeois, Maximilien pour faire pièce au puissant roi de France et rien de tel que le futur empereur.

Le mariage fût cependant bref puisque Marie de Bourgogne décéda de manière accidentelle des suites d’une chute de cheval le 27 mars 1482. La couronne du duché de Bourgogne revint à son fils Philippe bientôt connu sous le nom de Philippe le Beau. En se mariant avec l’héritière des couronnes de Castille et d’Aragon, Jeanne dit Jeanne la folle. De ce bref mariage naquit à Gand un certain Charles qui allait rentrer dans l’histoire sous le nom de Charles Quint.

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Charles Quint

Les Pays-Bas étaient divisés en dix-sept provinces. Charles Quint y régna de 1515 à 1555. Plus flamand qu’espagnol, il se sentait clairement chez lui.

Comme son arrière grand-père Charles le Téméraire, le futur empereur essaya de renforcer le pouvoir central, essaya de rationaliser des possessions notamment sur le plan juridiques. Il agrandit le territoire en se portant acquéreur des seigneuries d’Utrecht, de Frise occidentale et orientale, du duché de Gueldre mais aussi les provinces de Groningue, d’Overijssel et de Zutphen.

Le champion de la chrétienté se heurta au protestantisme. Introduisant l’acquisition en 1523, il parvint à éradiquer le luthéranisme et l’anabaptisme mais échoua à faire de même avec le calvinisme qui était trop solidement implanté.

C »est un point capital dans l’histoire des Pays-Bas puisque c’est la religion qui va en partie expliquer la révolte de 1568 et le début de la Guerre de 80 ans puisque l’Espagne ne reconnaîtra l’indépendance des Provinces Unies qu’en 1648 au traité de Westphalie.

Jusqu’ici les Pays-Bas faisaient partie du Saint Empire Romain Germanique comme cercle de Bourgogne mais en 1548 Charles Quint propose un nouveau statut pour ce cercle pour améliorer la centralisation et ainsi en faire un état.

Lors de la Diète Impériale d’Augsbourg, le cercle acquiert un statut de quasi-indépendance. En 1549 par la Pragmatique Sanction, Charles Quint fait des Pays-Bas un ensemble distinct du Saint Empire Romain Germanique et du Royaume de France.

Pays-Bas espagnols

En 1555/56, Charles Quint abdique, divisant son héritage entre son fils Philippe et son frère Ferdinand, le premier récupérant l’héritage bourguignon et l’héritage espagnol, le second l’héritage habsbourgeois ainsi que la dignité impériale.

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Philippe II d’Espagne

Les Pays-Bas hasbourgeois deviennent les Pays-Bas espagnols. Divisés en dix-sept provinces, ils sont dirigés par un gouverneur général _souvent choisit dans la famille des Habsbourg_ assisté par un Conseil d’Etat et les états généraux.

Au milieu du 16ème siècle, les futures Provinces Unies (De Zeven Provincien) et plus généralement l’ensemble des Pais Bajes Espanoles forment un ensemble prospère, des villes riches et puissantes, des villes à la bourgeoisie industrieuse et marchande, le début du «Siècle d’or néerlandais».

Tout n’est cependant pas rose. Les disettes et les famines sont encore fréquentes tandis que l’imposition est toujours plus élevée, les monarchies de l’époque moderne étant perpétuellement à court de numéraire sans compter que les sujets jadis comme les citoyens maintenant trouvent les impôts toujours plus élevés.

Les habitants des Pays-Bas espagnols sont d’autant plus fiscalement ulcérés que la onzième guerre d’Italie ait été financé quasi-exclusivement par eux alors que cela ne les concernaient guère.

Charles Quint était un flamand, il était donc chez lui, connaissant les mœurs et les coutumes des habitants de la région. Son fils Philippe II est un espagnol qui plus est borné et très imbu de sa personne royale. Sa première visite en 1549 alors qu’il n’était que le fils de Charles Quint laisse une impression déplorable.

Aux facteurs politiques et économiques s’ajoute le facteur religieux. Petit-fils des Rois Catholiques, empereur du Saint Empire Romain Germanique, Charles Quint ne peut laisser l’hérésie protestante submerger ses possessions septentrionales.

Ce n’est pas la première fois que la religion catholique est attaquée par des «hérésies», c’était même récurrent sauf que cette fois cela s’étend très rapidement. L’Inquisition est introduite aux Pays-Bas, parvenant à anéantir l’anabaptisme et le luthéranisme mais le calvinisme va s’enraciner trop profondément pour les inquisiteurs parviennent à l’extirper.

Les tensions montent peu à peu avec l’arrivée au pouvoir de Philippe II. Une personnalité rigide pour ne pas dire butée qui ne parle ni le français ni le néerlandais, l’augmentation de la pression fiscale, la politique de centralisation et les progrès du calvinisme, tout les ingrédients d’un conflit majeur sont réunis.

La longue marche vers l’indépendance

Si la guerre d’indépendance des Pays-Bas dite guerre de 80 ans va commencer en 1568, ses prémices peuvent être datés de la fin des années 1550 avec pour origine l’opposition des familles nobiliaires à Philippe II.

Cette opposition à pour origine de multiples motifs de crispation que nous avons vu plus haut. Il fallait aussi ajouter les exactions de 3000 soldats espagnols qui non payés multipliant les vols, les agressions et les viols, vivant sur le pays avec toutes les conséquences que l’on imagine sur la population.

La guerre était-elle pour autant inévitable ? Rien n’est moins sur….. . Invitant les grandes familles à intégrer les Etats-Généraux, en nommant sa demi-sœur Marguerite de Parme (qui parle la langue locale) comme gouverneur des Pays-Bas, le futur ermite de l’Escurial fait preuve d’une «relative» ouverture mais comme souvent dans ces oppositions, les modérés sont vite broyés par les plus extrémistes.

Les troupes espagnoles finissent par repartir en janvier 1561 ce qui allège un peu la tension mais d’autres griefs relance la machine infernale notamment la décision d’ériger de nouveaux évêchés pour s’adapter à l’évolution de la démographie, décision prise en Espagne sans réelle consultation des principaux concernés. Tic tac tic tac……. .

Les nobles les mieux disposés vis à vis du roi d’Espagne le presse d’assouplir sa politique religieuse, le calvinisme étant désormais trop puissant pour être balayé d’un revers de main. Vous ne saurez pas surpris d’apprendre que Phillipe II refuse ce qui entraine la démission de grands seigneurs néerlandais comme Guillaume d’Orange-Nassau plus connu sous le nom de Guillaume le Taciturne.

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Guillaume d’Orange Nassau plus connu sous le nom de Guillaume Le Taciturne

Le conflit devient clairement inévitable, le fossé entre la monarchie espagnole et les Grands est devenu trop large pour qu’un compromis ne soit trouvé entre les deux camps.

En 1566, une délégation de 400 membres de la noblesse présentent une pétition à Marguerite de Parme pour mettre fin aux persécutions religieuses. Cette requête est qualifié par le comte Charles de Berlaymont de «requête de gueux» (en néerlandais Geuzen).

Les futurs révoltés le reprendront à leur avantage au point que la guerre d’indépendance néerlandaise est parfois appelée la Guerre des Gueux et que les premières opérations navals d’une marine néerlandaise seront l’oeuvre des Gueux de la mer.

En mars 1566, neuf aristocrates sous l’égide de Louis de Nassau publient le Compromis des Nobles où ils demandent la fin des persécutions religieuses et la garantie des privilèges des Dix-Sept Provinces. Ils réaffirment leur attachement au catholicisme alors que pourtant certains sont déjà protestants. Ce texte est signé par 2000 petits aristocrates mais les Grands restent prudemment à l’écart.

Le pouvoir espagnol qu’il s’agisse de Phillipe II ou de Marguerite de Parme font la sourde oreille, refusant de s’engager vraiment sur la voie de la modération religieuse. La demande de réunir les Etats Généraux est refusée par le roi d’Espagne.

Comme plus tard la Révolution Française, le conflit va vraiment éclater suite à une dégradation du contexte économique qui favorise les plus extrémistes, les pasteurs calvinistes jusqu’ici discrets se montrent nettement plus visibles et nettement plus prosélytes ce qui ne fait rien pour améliorer l’image des gueux aux yeux des autorités espagnoles.

La rébellion éclate en août 1566 quand l’église d’Hondschoote (Flandres occidentales) est pillée. Cet incident isolé est monté en épingle, débouchant sur une véritable fureur iconoclaste en Zélande, au Brabant et à Anvers.

Les violences épargnent les provinces d’Artois, de Namur, du Luxembourg et une partie du Hainaut, des régions où les protestants sont peu nombreux. Bruxelles échappe également parce que la régente Marguerite fait protéger les églises par des soldats. La noblesse se divise sur la question, certains approuvant tandis que d’autres condamnent.
Phillipe II choisit la manière forte. Le 22 août 1567, Ferdinand Alvare de Tolède, troisième duc d’Albe fait son entrée à Bruxelles à la tête d’une armée de 10000 hommes.

Très rapidement ce grand d’Espagne va devenir la terreur des gueux, instituant une politique d’exception, symbolisée par le tristement célèbre Conseil des Troubles (Raad van Beroerten soit en français le conseil des factieux).

Les premières exécutions ont lieu en 1568, les exécutions d’Egmont et de Hornes, deux nobles pourtant restés fidèles au roi d’Espagne mais qu’Albe considérait comme des traîtres en raison de leur tolérance vis à vis du protestantisme. Inutile de dire que l’exécution de nobles néerlandais par des espagnols n’améliore en rien la situation. Plus d’un millier de personnes sont exécutées.

Guillaume d’Orange, stathouder des provinces de Hollande, de Zélande et d’Utrecht, magrave d’Anvers décide pour ne pas subir le même sort qu’Egmont et Hornes s’enfuit du duché de Bourgogne puis gagne les terres de son beau-père, le prince-électeur de Saxe. Le roi d’Espagne confisque ses terres et le déchoit de ses titres.

Pourtant en 1568, Guillaume le Taciturne retourne vers les Pays-Bas en voulant remplacer le……duc d’Albe. Le chef de la maison d’Orange-Nassau est toujours dans la conciliation, refusant de rompre avec le roi d’Espagne tout en précisant que si les sujets prêtent serment de fidélité au roi, ils peuvent en être libérés si le monarque ne respecte par le contrat implicite entre un roi et ses sujets.

Une première bataille à lieu à Rheindalen le 23 avril 1568 mais on considère que la première bataille de la guerre de Quatre-Vingts Ans à lieu à Heiligerlee un mois plus tard, bataille remportée par les rebelles. Cette campagne tourne court, Guillaume d’Orange manque d’argent et le duc d’Albe massacre les alliés du Taciturne.

Guillaume d’Orange s’enfuit à nouveau et cette fois impossible de revenir en arrière, Le Taciturne étant considéré comme le chef des rebelles. Il revient aux Pays-Bas en 1572 à Delft dans la province de Hollande, un fief de la famille d’Orange-Nassau. Cela va rester sa base opérationnelle jusqu’à son assassinat par Balthazar Gérard en 1584.

Les espagnols auraient voulu écraser la rébellion mais ils ne pouvaient pas engager tous leurs moyens contre les gueux en raison d’une autre guerre contre l’empire ottoman (nous sommes un an après la mythique bataille de Lepante).

C’est d’autant plus rageant que la rébellion quasiment écrasée en 1570 fût relancée suite à une volonté du duc d’Albe de rationaliser le système fiscal qui provoqua une coalition des mécontents, dépassant le clivage entre catholiques et protestants. De plus l’expulsion par Elizabeth 1ère d’Angleterre des réfugiés iconoclastes renforce un camp rebelle mal en point. Ce renfort est d’autant plus précieux que la plupart sont des marins, marquant le début de l’épopée des gueux de la mer.

Guillaume d’Orange est nommé gouverneur-général et stathouder de Hollande, de Zélande, de Frise et d’Utrecht lors d’une assemblée tenue à Dordrecht en juillet 1572. Le Taciturne doit cependant tenir compte des Etats, les cours souveraines des différentes provinces. En 1573, Le Taciturne se convertit au calvinisme.

Le duc d’Albe reconnaît son échec à contenir cette nouvelle rébellion. Il démissionne et est remplacé par Luis de Requesens qui tente une politique de conciliation qui sera un échec. En 1575, la Couronne d’Espagne fait banqueroute, les soldats ne sont plus payés, vivant sur le pays, les soudards mettant à sac la ville d’Anvers en novembre 1576, un sac qui provoqua la mort de 8000 personnes.

Face à cette nouvelle menace, les dix-sept provinces s’accordent un texte, la Pacification de Gand signé le 8 novembre 1576. Une trêve religieuse est imposée et tous les états qu’ils soient loyalistes ou rebelles s’engagent à combattre ces soldats en rupture de ban. Ce texte est entériné en janvier 1577 sous le nom d’Union de Bruxelles.

La monarchie espagnole renflouée par les métaux précieux du Nouveau Monde met sur pied une nouvelle armée sous le commandement d’Alexandre Farnèse, duc de Parme et de Piacenza, signe qu’elle n’à pas renoncé à écraser les rebelles.

L’union des catholiques et des calvinistes ne va cependant pas durer. Le 6 janvier 1579, les catholiques fidèles à la monarchie et inquiets des excès des calvinistes extrémistes signe l’Union d’Arras qui regroupe les provinces méridionales.

Conséquence logique, le 23 janvier 1579, les provinces calvinistes (Hollande, Zélande,Utrecht,, Gueldre,Flandre,Brabant,Limbourg et Groningue) forment l’Union d’Utrecht.

Il leur faut pour cela un monarque, un chef. On propose la couronne à Elizabeth 1ère qui refuse pour ne pas provoquer le roi d’Espagne. Les Etats Généraux proposent la couronne à François, duc d’Anjou, frère cadet du roi de France.

Anjou accepte à la seule condition que les Etats Généraux ne proclament la déchéance de Philippe II ce qui sera le cas en 1581 avec l’Acte de La Haye. Le duc d’Anjou ne va rester sur place qu’en 1583, agacé par les limités imposées à son pouvoir.

On propose à nouveau la «couronne» à la Reine Vierge mais elle refuse à nouveau. Faute de monarque, on se résout à choisir une forme républicaine. Dès que Madrid apprend le décret de déchéance, une nouvelle armée est envoyée pour y renforcer la puissance militaire espagnole.

Sous le commandement du duc de Parme, les troupes espagnoles vont reconquérir la plus grande partie des Flandres et du Brabant ainsi qu’une large partie des provinces de Liège et du Limbourg, cette reconquête militaire se doublant d’une reconquête religieuse. En 1585, la ville d’Anvers est reprise par les espagnols, reprise qui entraîne un vrai déclin démographique puisque la plus grande ville des Pays-Bas de l’époque passe de 100000 à 42000 habitants.

Entre-temps, Guillaume d’Orange mis au ban par Philippe II en mars 1580 est assassiné par Balthazar Gérard, un royaliste le 10 juillet 1584. Maurice de Nassau, le fils du Taciturne lui succède à la tête de l’insurrection.

Peu à peu, le paysage religieux se clarifie avec les calvinistes au nord et les catholiques au sud, les intransigeants dominant sur les modérés.

Les Provinces-Unies doivent se préparer à une vraie guerre. Elles solicitent l’aide de l’Angleterre et de la France.

Elisabeth 1ère signe en 1585 le traité de San Pareil (du nom du château aujourd’hui disparu de Nonsuch), une alliance politique et militaire avec les Provinces Unies. Elle dépêche le comte de Leicester avec 6000 hommes dont 1000 cavaliers.

Le comte de Leicester se montre déplorable tant sur le plan stratégique que sur les plans commerciaux ou religieux. Il s’aliène même les Etats en imposant un gouvernement d’exception dans les villes. Nul doute que si les néerlandais se sont révoltés contre la morgue espagnole ce n’était pas pour la remplacer par une morgue so british. Leicester doit rentrer en Angleterre et Maurice de Nassau devient le chef militaire des rebelles en devenant stathouder.

Maurice de Nassau se révèle être un chef militaire de premier ordre, un stratège mais aussi un tacticien et un théoricien.

Il profite également du contexte géopolitique avec l’échec de l’Invincible Armada en 1588, l’action des corsaires comme Francis Drake mais aussi la nouvelle banqueroute espagnole de 1595, banqueroute provoquée suite au début d’une nouvelle guerre contre la France, guerre déclenchée par le nouveau roi de France Henri IV.

Philippe II signe la paix de Vervins avec la France (1598). ll cède les Pays-Bas à sa fille Isabelle, son neveu et beau-fils l’archiduc d’Autriche devenant le nouveau suzerain des Pays-Bas.

Sur le plan militaire, Maurice de Nassau s’empare des différentes places-fortes espagnoles : Berg-op-Zoom (1588), Bréda (1590), Zutphen, Deventer, Delfzijl et Nimègue (1591), Steenwijk et Coevorden (1592), Mont-Sainte-Gertrude (1593), Groningue (1594), Grol, Enschede, Ootmarsum et Oldenzaal (1597) et enfin Grave (1602).

La situation militaire se décante clairement, le nord est trop solidement dominé par les calvinistes pour permettre une reconquête espagnole et le sud trop catholique trop philohispanique pour espérer une conquête protestante.

Les gueux ont cependant l’avantage de dominer la province de Zélande ce qui leur permet si besoin de fermer les bouches de l’Escault et d’asphyxier le port d’Anvers, favorisant la croissance de son concurrent, le port d’Amsterdam (où parait-il des marins chantent).

Mieux même, le stathouder Maurice de Nassau est opposé à une offensive vers le sud pour s’emparer des ports. Pourtant en l’an 1600, une offensive est lancée moins pour libérer les provinces méridionales que pour mettre fin aux exactions des corsaires dunkerquois au service des espagnols.

La bataille de Nieuport est une éclate victoire pour les provinces Unies mais bien que la route de Dunkerque soit ouverte, le fils du Taciturne préfère faire demi-tour, rempli de rancune vis à vis des régents à l’origine de cette idée.

La sécession était consommée et pour mettre fin à la menace dunkerquoise, on décide de construire une puissance marine de guerre qui menée par des chefs intrepides comme Tromp ou De Ruyter allait participer au siècle d’or néerlandais, développant l’empire colonial batave, les échanges commerciaux de la VOC (créée en 1602) et faisant trembler l’Angleterre en se permettre d’incursions jusqu’aux portes de Londres.

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Michel De Ruyter

En 1609, un cessez le feu est signé à Anvers, c’est la Trève de Douze Ans puisqu’elle va durer jusqu’en 1621.

La république se divise en deux factions, des factions politico-religieuses avec d’un côté les remonstrants ou arminiens représentés par le grand pensionnaire John van Oldenbarnevelt et Hugo Grotius (grands bourgeois républicains voulant une interprétation plus libérale de la bible) et de l’autre les gomaristes fidèles au calvinisme intransigeant et partisants d’une véritable théocratie, ces derniers ayant fait allégeance à Maurice de Nassau en 1610.

En 1617, l’opposition politique se transforme en guere civile. Maurice de Nassau fait exécuté le grand pensionnaire pour trahison après que celui-ci ait autorisé les villes à réprimer l’action des gomaristes. Grotius emprisonné s’évade et prend le chemin de l’exil.

Durant cette trêve des pourparlers sont engagés pour aboutir à une paix définitive mais les obstacles religieux, commerciaux et militaires furent insurmontables.

En 1622, les espagnols échouent à reprendre la forteresse de Berg-op-Zoom mais trois ans plus tard en 1625, Maurice de Nassau est tué avant que le siège de Breda ne soit levé, la ville se rendant peu après, événement immortalisé par le tableau Les Lances «Las Lanzas» peint par Velazquez.

Ces deux victoires sont cependant sont lendemain pour les espagnols. Maurice de Nassau est remplacé par son demi-frère Frédéric-Henri qui s’empare en 1629 de la forteresse stratégique de Bois-le-Duc. Cette forteresse étant jugée imprenable, sa prise mine le moral des espagnols.

En 1632, les forteresses de Venlo, Roermond et Maastricht sont prises par les néerlandais mais ces derniers échouent à s’emparer d’Anvers et de Bruxelles. Loin d’être accueillis en libérateurs, les troupes des Provinces Unies sont vus comme des étrangers, les provinces de l’Union d’Arras ayant été profondément travaillés par la contre-réforme et entre les calvinistes et les troupes espagnoles, le choix est vite fait.

Cette guerre va aussi se dérouler outre-mer notamment contre les portugais (une union personnelle regroupait sous une même couronne les royaumes d’Espagne et du Portugal de 1580 à 1640), des corsaires néerlandais comme Piet Hein attaquant les convois espagnols pour priver l’ennemi espagnol de leurs ressources financières.

En 1639, une puissante escadre espagnole transportant un corps expéditionnaire de 20000 hommes est envoyée pour enfin mater les rebelles mais elle est détruite à la bataille des Downs par le contre-amiral Maarten Tromp. Outre son impact direct sur la guerre de 80 ans, cette victoire est considérée comme la fin définitive de la suprématie espagnole sur les mers.

Les Provinces-Unies se sont alliées à la France, en guerre avec l’Espagne depuis 1635. Cette alliance entre le roi Très Chrétiens et la république calviniste est clairement une alliance uniquement motivée par un ennemi commun.

Craignant une France puissante et menaçante aux frontières des Provinces-Unies en cas de partage des Pays-Bas espagnols, les néerlandais décident de négocier avec Madrid. Le 30 janvier 1648, le traité de Münster mit fin à un conflit vieux de 80 ans.

L’Espagne reconnaît de jure l’indépendance des Provinces Unies qui regroupent sept provinces à savoir la Hollande, la Zélande, Utrecht, la Guledre, l’Overijssel, la Frise et Groningue.

Chaque province est administrée par un parlement «les Etats» et par un chef militaire, le stathouder. Au plan national, le stathouder est élu et subordonné aux Etats Généraux des Pays-Bas mais en pratique c’est la maison d’Orange-Nassau qui dirige les puissantes provinces de Hollande et de Zélande.

Une lutte va opposer les orangistes partisans d’une république militaire dirigée par un stathouder général et les républicains préférant le gouvernement du Grand-pensionnaire.

Les provinces périphériques occupées à la fin des hostilités par les Républicains, à savoir des portions des Flandres, du Brabant et du Limbourg, seront gouvernées directement par la Fédération, c’est-à-dire les États généraux des Pays-Bas.

Ces nouvelles provinces, les Pays de la Généralité (Generaliteitslanden), comprenaient les États de Brabant (aujourd’hui Brabant-Septentrional), les États de Flandre (aujourd’hui Flandre zélandaise) et les États de Limbourg (aujourd’hui district de Maastricht).

Pour la jeune république, la paix devait n’être que de courte durée : seulement quatre ans après les Traités de Westphalie, en 1652, elle entre en guerre avec le Commonwealth de l’Angleterre pour ce qui sera la première des trois guerres anglo-néerlandaises.

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