La RNZAF en guerre (2) : Méditerranée
Le 3rd New Zealand Tactical Wing (3rd NZTW) est créé le 2 septembre 1949. Dès l’origine, il est prévu d’envoyer cette escadre en Europe à plusieurs milliers de kilomètres de la mère-patrie sans que l’on sache encore si il s’agissait de la Méditerranée, des Balkans ou de l’Europe occidentale qu’elle soit continentale ou insulaire.
Selon l’accord signé avec Londres, les unités néo-zélandaise vont adopter une double numérotation, nationale et dite du Commonwealth dans la série des 400, récupérant les numéros non utilisés par les canadiens et les australiens.

Supermarine Spitfire Mk V
Cette escadre comprend deux squadrons de chasse, les squadrons 12 et 14 équipés de Supermarine Spitfire Mk V (en attendant les Mk IX), un squadron d’attaque, le squadron 13 équipé de Hawker Typhoon, un squadron de bombardement, le squadron 15 équipé de Vickers Wellington, un squadron de reconnaissance, le squadron 17 équipé de De Havilland Mosquito, un squadron de transport, le squadron 16 équipé de Douglas C-47 et de Lockheed Hudson de liaison et un squadron de patrouille maritime, le squadron 18 équipé de Short Sunderland.

Short Sunderland
Opérationnel au printemps 1950, cette escadre est provisoirement conservée en Nouvelle-Zélande pour renforcer les défenses du pays suite à l’attaque japonaise.
Transféré dans le sud de l’Australie pour permettre à des unités australiennes de remonter vers le nord, la 3rd NZTW est mise en alerte à l’automne 1951 suite à l’offensive japonaise contre la Nouvelle-Calédonie, la dernière offensive stratégique nippone.
Ce n’est qu’à l’hiver 1951-52 que l’escadre rallie la Méditerranée et plus précisément l’Algérie, l’escadre néo-zélandaise s’installant dans l’est du pays.
C’est à cette époque que les squadrons prennent officiellement leur numérotation Commonwealth avec les squadrons 423 et 425 pour respectivement les squadrons 12 et 14, le squadron 424 pour le squadron 13, le Squadron 426 pour le squadron 15, le Squadron 427 pour le squadron 16, le Squadron 428 pour le squadron 17 et le Squadron 428 pour le squadron 18.
Elle va appuyer les troupes néo-zélandaises lors de l’opération ACOLADE (Pantelleria et Lampedusa) puis de l’opération DRAGON (Sardaigne), l’escadre s’installant en Sardaigne après la conquête de la grande île italienne.
Une fois la 1ère division transférée dans la péninsule italique (mars 1953), l’escadre va rallier la «botte», les aérodromes de campagne succédant aux aérodromes de campagne sauf quand une base bien aménagée en dur était dévolue aux néo-zélandais.

Mustang et Thunderbolt sur un terrain avec en arrière plan un Lightning
L’équipement évolue également avec le remplacement des Spitfire Mk IX par des P-51 Mustang, le maintien du Hawker Typhoon (son remplacement par le Chance-Vought Corsair n’à pas aboutit), le remplacement des Vickers Wellington par des Bristol Beaumont, le maintien des Mosquito, Sunderland, Dakota et Hudson.
Les missions étaient semblables à celles des autres escadres tactiques néo-zélandaises. Pour l’opération ACOLADE, les squadrons 423 et 425 vont participer avec des unités alliées essentiellement françaises et canadiennes (les britanniques effectuant surtout des opérations de diversion depuis Malte en direction de la Sicile) à la conquête de l’espace aérien.
Sans être une formalité, cette opération est rondement menée, la Regia Aeronautica n’ayant pas les moyens de disputer sur la durée la maîtrise de l’espace aérien, manquant de pilotes expérimentés et d’avions sans compter que leur remplacement était particulièrement difficile.
De plus sans que cela soit dit à haute voix, il semble que le haut commandement italien à renoncé à défendre ses îles en cas d’assaut allié, préférant réserver des moyens en constante diminution pour défendre ce que la propagande fasciste appelait le «sol sacré de l’Italie» à savoir la Sardaigne, la Sicile et la péninsule italique.

Ainsi photographié, le Typhoon parait pataud et pesant. Ce n’est peut être pas un hasard si il se révélait meilleur chasseur-bombardier que chasseur de supériorité aérienne.
Les Hawker Typhoon bien qu’en voie de clair déclassement furent très utiles pour l’appui-feu au profit des troupes au sol.
Avec leurs canons de 20mm, leurs bombes et leurs roquettes, ils rodaient au dessus du front, attaquant toute point de résistance un peu trop coriace. Parfois ils se contentaient de marquer la cible à l’aide d’une roquette une cible que traitait l’artillerie qu’elle soit terrestre ou navale.
Les Vickers Wellington furent peu employés au delà des bombardements préliminaires de l’opération ACOLADE en raison de l’exiguité des deux îles.
Ils assurèrent davantage des missions de patrouille maritime, d’assaut aéromaritime voir de mouillage de mines pour paralyser un peu plus les mouvements navals italiens.

De Havilland Mosquito en vol
Les Mosquito furent utilisés pour la reconnaissance stratégique, assurant une veille en matière de renseignement au dessus des aérodromes et des bases italiennes de Sicile d’où pouvaient venir de potentiels renforts. Les Douglas Dakota et les Lockheed Hudson furent utilisés pour le ravitaillement (une partie fût parachutée), les liaisons et les évacuations sanitaires.
Une fois les combats terminés, les avions néo-zélandais quittent l’Algérie et la Tunisie d’où ils opéraient pour rallier Lampedusa en vue de futures opérations, certains pariant sur la Sicile d’autres sur la Sardaigne.
Comme vous le savez chers lecteurs il s’agit de la Sardaigne avec l’opération DRAGON. Les opérations sont encore plus «faciles» que celles de l’opération ACOLADE. Non seulement les pilotes néo-zélandais ont pris de la confiance et de l’expérience mais les moyens aériens italiens se sont encore affaiblis.
Une fois les combats terminés, le 3rd NZTW s’installe dans l’est de la Sardaigne sur un aérodrome aménagé par le génie de l’air français.
Comme l’Escadre à subit des pertes humaines et matériels non négligeables, que l’unité est sur le pont depuis l’opération ACOLADE, le haut-commandement place l’unité en réserve le temps qu’elle remonte en puissance.
Cela ne veut pas dire que les pilotes kiwis vont se tourner les pouces, les missions continuant mais un rythme nettement moins soutenu qu’auparavant.
C’est l’occasion de remplacer, de renouveler le parc aérien. C’est ainsi que les Spitfire Mk IX sont remplacés par des P-51E Mustang. De nouveaux Hawker Typhoon remplacent les plus anciens (il semble qu’il était prévu de les remplacer par des Corsair mais les avions prévus furent récupérés par les américains sur la promesse _non tenue_ de les compenser ultérieurement) tandis que les Vickers Wellington sont remplacés par de rutilants bimoteurs Bristol Beaumont.
Les De Havilland Mosquito restent en service tout comme les Sunderland, les Dakota et les Hudson pour des missions de reconnaissance stratégique, de transport et donc de liaison.
A la fin du mois de mars 1953, le 3rd NZTW rallie la péninsule italique et plus précisément le nord de Bari, opérant aussi bien au dessus de la péninsule italique qu’au dessus de l’Adriatique voir de manière épisodique au dessus des Balkans. L’Escadre termine la guerre à la frontière italo-yougoslave.
La RNZAF en guerre (3) : Grande-Bretagne
La Nouvelle-Zélande ne va pas oublier la lointaine mère-patrie en dépêchant des unités de chasse et de bombardement au sein d’un 5th New Zealand Tactical Wing (5th NZTW), escadre créée en septembre 1951 et composée d’unités disposant comme pour le 3rd NZTW d’une double numérotation, nationale et dite du Commonwealth.
Cette escadre à mit du temps à voir le jour, certains se demandant si il n’aurait pas fallu renforcer les moyens aériens déployés en Méditerranée ou en Asie-Pacifique.
Finalement une escadre à six squadrons va être mise sur pied. Le personnel est composé en partie de néo-zélandais ayant combattu dans la RAF mais aussi de personnel britannique signe que le réservoir humain de Wellington avait atteint la côte d’alerte.

Bristol Beaufighter
Cette escadre comprend deux squadrons de chasse, le n°32 Squadron (squadron 442) et le n°34 Squadron RNZAF (squadron 444) équipés de Supermarine Spitfire Mk IX, un squadron de chasse lourde, le n°33 Squadron RNZAF (squadron 443) équipé de Bristol Beaufighter, un squadron de bombardement, le n°35 Squadron RNZAF (squadron 445) volant sur Bristol Beaumont, un squadron de reconnaissance, le n°36 Squadron RNZAF (squadron 446) volant sur De Havilland Mosquito et un squadron d’hydravions, le n°37 Squadron RNZAF (squadron 447) volant sur Consolidated Catalina.

Consolidated Catalina
Cette unité déployée en Ecosse va participer à la défense aérienne des îles britanniques, à la couverture des convois mais aussi à l’attaque de la navigation allemande au large des côtes norvégiennes.
Elle va naturellement participer à l’opération BOREALIS, le débarquemnt allié exécuté en octobre 1953 en Norvège.
Ses unités de chasse vont traquer les rares chasseurs allemands encore présents, les bombardiers vont attaquer les cibles stratégiques en liaison avec la Résistance norvégienne pendant que Mosquito et Catalina surveillaient l’envoi éventuel de renforts.
A la fin de la guerre en Europe, l’équipement de l’unité avait évolué avec Supermarine Spitfire Mk XIV, des De Havilland Hornet à la place des Bristol Beaufighter, de nouvelles versions du Bristol Beaumont, du De Havilland Mosquito et du Consolidated Catalina.
Après avoir participé au processus de démantèlement de l’Allemagne, l’Escadre est dissoute en décembre 1954 tous comme les différentes unités. Les avions sont vendus à la casse ou cédés à des pays utilisateurs, la seule exception étant le squadron n°33 volant du De Havilland Hornet et qui allait être préservé, les avions ralliant en vol en plusieurs étapes les îles du Pacifique Sud.

De Havilland Hornet en vol
La RNZAF en guerre (4) : le front intérieur
En 2019 cela paraît étrange mais durant le second conflit mondial, la Nouvelle-Zélande à vécu avec la crainte d’une possible, d’une potentielle invasion nippone.
Cette menace à été particulièrement prégnante de mars 1950 à octobre 1951 avant de s’estomper peu à peu d’abord suite à l’échec de l’opération contre la Nouvelle-Calédonie puis avec la reconquête progressive des territoires conquis par les soldats du Mikado à partir du printemps 1950.
Impossible donc pour des motifs au minimum politique de laisser aotearoa sans aucune défense aérienne.
Même après la mobilisation, la RNZAF va conserver des moyens importants au pays non sans que cela provoque des critiques voilées de la part de ses alliés et notamment du grand frère australien qui prenait souvent un ton paternaliste vis à vis de son petit voisin du Pacifique Sud.
Un mot rapide sur le n°6 Squadron RNZAF. Appelé également Squadron 6 RNZAF, cette unité regroupe les hydravions Supermarine Walrus utilisés par les croiseurs légers de classe Leander utilisés par la RNZN. Cette unité n’est donc présente que symboliquement au pays.
Les unités chargés de la défense du territoire sont ultérieurement regroupées au sein du 4th New Zealand Tactical Wing (4th NZTW).

Hawker Hurricane en vol
Cette escadre comprend deux squadrons de chasse, le n°19 Squadron RNZAF volant sur Hawker Hurricane Mk II et le n°21 Squadron RNZAF volant sur Supermarine Spitfire Mk V; un squadron d’attaque, le n°28 Squadron RNZAF équipé de Douglas SBD-5 Dauntless, un squadron de bombardement, le n°20 Squadron RNZAF volant sur Bristol Blenheim et un squadron de coopération, le n°22 Squadron RNZAF volant sur Vickers Vincent puis sur Avro Anson.

Des Avro Anson sont encore en état de vol de nos jours
Ultérieurement d’autres unités sont créées. On trouve ainsi le n°23 Squadron RNZAF destiné à la patrouille maritime et la lutte anti-sous-marine volant sur Consolidated Catalina mais aussi le n°24 Squadron RNZAF destiné à l’assaut aéromaritime et volant sur Bristol Beaufort, remplaçant numériquement le squadron 28 envoyé en Nouvelle-Guinée.

torpille de 18 pouces Mark XII et un Bristol Beaufort
Deux nouvelles unités seront créées avant la fin du conflit, le n° 30 Squadron RNZAF destiné au transport avec des Douglas C-47 et des Avro Anson et le n° 31 Squadron RNZAF de reconnaissance volant sur De Havilland Mosquito.
Ces unités passèrent le conflit à surveiller l’espace aérien et l’espace maritime national sans avoir vraiment à s’employer contre l’ennemi. Il y eu quelques alertes au sous-marin, des mines repérées mais aucun flamboyante bataille.
Les pilotes des unités du 4th NZTW n’étaient pas affectés ad vitam aeternam dans l’unité, la rotation permettant à des pilotes de la 4ème Escadre de combattre en Asie-Pacifique et à des pilotes des unités déployées de souffler au pays.
Le «front intérieur» c’est aussi l’entrainement et la formation des pilotes du Commonwealth mais aussi de pilotes français et néerlandais.
A l’abri des bombes japonaises, la Nouvelle-Zélande pu comme le Canada former des pilotes et des navigants. Pour cela deux squadrons sont créés en décembre 1948, les n° 38 et 39 Squadron RNZAF
Le premier est chargé de l’entrainement initial et reçoit pour se faire 32 Tiger Moth, des biplans biplace d’entrainement initial. Le second lui est équipé de 24 bimoteurs Airspeed Oxford pour entrainement sur bimoteur (navigation, reconnaissance et bombardement).
Le 17 février 1950, le 7th New Zealand Tactical Wing est activé pour intégrer les unités d’entrainement de la RNZAF.
Deux autres squadrons sont parallèlement créées en l’occurrence le n° 43 Squadron RNZAF lui aussi équipé de Tiger Moth et le n° 44 Squadron RNZAF utilisé pour l’entrainement au bombardement avec des Bristol Blenheim et des Douglas SBD-5 Dauntless de second main.
Le 1er septembre 1951, un squadron d’entrainement à la chasse, le n° 45 Squadron RNZAF est créé avec des Supermarine Spitfire.
Durant le conflit, le Tiger Moth est progressivement remplacé par des North American Harvard (T-6 produits sous licence par la Grande-Bretagne et le Canada), les Airspeed Oxford cèdent le pas à des Avro Anson, les Bristol Blenheim et les Douglas Dauntless restant en service jusqu’à la fin de la guerre.
Démobilisation et réorganisation
A la fin du second conflit mondial, la RNZAF aligne un total de quarante-cinq squadrons de chasse, d’attaque, de bombardement, de transport, de reconnaissance et d’entrainement. Bien entendu un tel format ne peut être supporté en temps, une sérieuse cure d’amaigrissement doit aboutir à une RNZAF du temps de paix.
Le 17 juillet 1954 une commission est mise sur pied pour réfléchir sur l’avenir de l’armée de l’air royale néo-zélandaise. Les questions portent sur le nombre d’unités et sur la question de l’Aéronavale.
La commission rend ses conclusions le 5 janvier 1955. Après négociations et échanges de bons procédés, un RNZAF Bill est voté par la Chambre des Communes. Il devient le RNZAF Act le 8 mars 1955.
La Royal New Zealand Air Force (RNZAF) nouvelle version est organisée de la façon suivante :
-Un Etat-Major
-Un commandement opérationnel
-Deux commandements territoriaux
-Les squadrons préservés sont indépendants, le maintien de huit squadrons ne justifiant pas la présence d’Escadres même si un temps on pensa créer une Escadre du Nord et une Escadre du Sud.
Les deux commandements territoriaux (Northern Air Command et Southern Air Command) se répartissent les huit squadrons.
Le Northern Air Command dispose de deux squadrons de chasse, un squadron de bombardement, un squadron de reconnaissance et un squadron d’entrainement.
Les squadrons en question sont pour la chasse les N°10 et N°33 Squadron (RNZAF) équipés respectivement de North American P-51E Mustang et De Havilland DH.103 Hornet, le n°15 Squadron (RNZAF) volant sur Bristol Beaumont, le n°36 Squadron (RNZAF) volant sur De Havilland Mosquito et le n°43 Squadron (RNZAF) volant sur North American Harvard.
Le Southern Air Command dispose d’un squadron de chasse, d’un squadron de patrouille maritime et un squadron de transport en l’occurence le n°28 Squadron (RNZAF) volant sur Chance-Vought F4U Corsair, n°42 Squadron (RNZAF) volant sur Short Sunderland et le n°30 Squadron (RNZAF) volant sur Douglas C-47 Dakota.
A la fin des années cinquante, les avions en question vont être progressivement remplacés par des appareils plus modernes notamment à réaction mais ceci est une autre histoire.