D’une guerre à l’autre
Après la dissolution de la (First) Australian Imperial Force (AIF), la défense de l’Australie repose sur un noyau réduit de troupes permanentes (essentiellement concentrées dans l’artillerie, le génie et les transmissions) et un système de milice appelée Citizens Military Force (CMF) ou plus simplement Militia (Milice).
Cette milice avait vu le jour dès la mise sur pied de l’armée australienne par regrouper des unités des six colonies. Ce regroupement avait été longtemps informel et théorique puisqu’il fallu attendre 1904 pour que suite au Defense Act de 1903, la CMF voit officiellement et vraiment le jour.
Durant le premier conflit mondial, la CMF assure la défense du pays mais les menaces sont évidemment inexistantes, les colonies allemandes ayant été occupées, l’Ostasianischegeschwader de l’amiral Graf Spee ayant été anéantie au large des Malouines.
Alors que l’AIF est toujours sur pied on s’interroge sur le format à venir de la future armée australienne. Un rapport de 1920 estime que l’Australie aura besoin en temps de guerre de 270000 hommes, effectif qui correspond au double du temps de paix.
Pour éviter une rupture trop brutale, décision est prise de conserver le cadre divisionnaire adopté par l’AIF ce qui permet de préserver la mémoire et surtout les honneurs militaires adressés aux différentes divisions sur les champs de bataille.
L’Australian Imperial Force (AIF) est officiellement dissoute le 1er avril 1921 et la nouvelle organisation de la CMF est officiellement adoptée un mois plus tard. Initialement les unités étaient armées par du personnel contraint. Il s’agissait pour ainsi dire d’une conscription qui ne disait par son nom.
Les effectifs sont rapidement réduits tombant à 37000 hommes dès 1922. Les cinq divisions sont des unités-cadre bien incapables de mener une quelconque mission avant plusieurs semaines.
La situation s’aggrave à partir de 1929. Non seulement le système initial est remplacé par un système de volontariat à temps partiel mais l’investissement financier décroit de manière telle que la CMF est une force sans aucune crédibilité militaire.
Bataillons en sous-effectifs composés bien souvent d’hommes inaptes au combat, bataillons peu entraînés, mal équipés. La crise de 1929 est responsable d’une bonne partie de ces maux.
En effet les sous-effectifs s’expliquent essentiellement parce que les miliciens rechignent à suivre les camps annuels de six jours de peur de perdre leur emploi mais en plus les coupes sombres dans le budget de la Militia empêche tout équipement en armes modernes ce qui aurait pu encourager des vocations.
Nombre d’unités sont regroupées ou dissoutes. Un effort est réalisé à partir de 1935 même si il faut attendre 1938 pour que l’effort en question soit digne de ce nom en raison d’un contexte international particulièrement tendu.
Néanmoins quand en septembre 1939 l’armée australienne est loin d’être prête à faire face à un conflit majeur. Elle lève bien cinq divisions dont trois doivent opérer au Moyen-Orient sous commandement britannique mais si ces divisions sont à plein effectif, elles sont sous équipées et sous-entraînées. Heureusement pour l’honneur du Digger le conflit s’arrête avant l’engagement des divisions australiennes qui rentrent au pays au printemps 1940.
L’armée australienne et la Pax Armada
Tout comme pour les autres dominions, la guerre de Pologne fait figure d’électrochoc pour le gouvernement et l’opinion publique. Les lacunes considérables ont suscité de nombreuses critiques et une honte au pays.
Le gouvernement australien décide d’investir massivement dans les forces armées qu’il s’agisse de la marine, de l’aviation ou de l’armée de terre. Il semble qu’une force militaire permanente et professionnelle à été envisagée mais retoquée.
Ce qui est certain en revanche c’est que le système de milice à temps partiel ne fonctionne pas et qu’il faut augmenter le personnel permanent pour faire remonter les capacités militaires australiennes mais surtout pour réduire le délai de mise sur pied d’une force expéditionnaire qui prendra le même nom que sa devancière à la différence des divisions levées en 1939 et qui seront a posteriori regroupées dans une Australian Volunteer Force (AVF).
Un Defense Act est voté en 1941 pour réorganiser l’armée australienne qui prend officiellement le nom de Australian Defence Force (ADF) en remplacement du terme de Militia.
Cette ADF se compose en temps de paix d’un état-major, de six commandements territoriaux qui correspondent aux provinces australiennes et qui gèrent des brigades multirôles appelées à devenir en temps de guerre des réservoirs pour les divisions d’une future force impériale australienne qui deviendra donc la Second Australian Imperial Force.
Ces commandements territoriaux ont également sous leur autorité des unités d’artillerie lourde, de génie, de transmissions et de soutien (logistique et sanitaire).
Le Queensland dispose de deux brigades, la Nouvelle Galles du Sud de trois brigades, l’état de Victoria dispose de deux brigades, la Tasmanie d’une brigade, l’Australie du Sud d’une brigade et l’Australie occidentale de deux brigades soit un total de onze brigades multirôles.
Ces brigades multirôles disposent d’un état-major, d’un groupement logistique, d’une compagnie de reconnaissance motorisée, d’un bataillon d’artillerie, de trois bataillons d’infanterie, d’une compagnie de chars légers et d’une compagnie du génie.
Ces brigades disposent de personnels permanents, de volontaires pour servir un temps long et de volontaires servant quelques jours par an. Ces brigades doivent aussi bien défendre le territoire que préparer la création à terme de divisions destinées au futur corps expéditionnaire.
La Nouvelle-Guinée n’est pas oubliée avec la présence d’une brigade multirôle et d’unités locales de recrutement indigènes. Des efforts sont menés pour renforcer ces unités mais en septembre 1948 elles sont loin d’être capables de faire face aux japonais.
En 1943, un commandement expéditionnaire est créé pour prévoir et planifier la création de la future 2nd AIF. En 1944, un commandement de l’entrainement est aussi mis sur pied pour améliorer l’entrainement des brigades et réduire le délai de mobilisation. Des dépôts sont également construits pour accumuler l’incroyable matériel rendu nécessaire par la guerre moderne.
Parallèlement à l’amélioration de l’entrainement et de la formation, le gouvernement australien lance de grands programmes de construction d’infrastructure et de développement industriel.
De nouvelles casernes sont construites tout comme des camps d’entrainement (les bases navales sont agrandies, des bases aériennes aménagées). Des usines sont construites pour produire des armes, des canons et des véhicules qu’il s’agisse d’armes produites sous licence ou d’armes créées en Australie.
Dès l’été 1948 les australiens commencent à préparer la levée de la Second Australian Imperial Force en français la 2ème force impériale australienne. Des réservistes sont rappelés, de nouveaux dépôts sont créés tout comme des casernes et des camps d’entrainement pour lever le plus rapidement possible les unités prévues.
Cependant pour ne pas inquiéter les japonais, la mobilisation ne peut pas se faire avant une agression allemande en Europe ou une japonaise en Asie.
Le 5 septembre 1948, l’Allemagne attaque la Norvège et le Danemark. Aussitôt l’Australie entre en guerre aux côtés de la lointaine métropole. Le 10 septembre 1948, la Second Australian Imperial Force est mise sur pied et ce que l’on peut dire c’est qu’elle ne va pas faire honte à son ainée.
L’Armée de Terre Australienne dans le Second Conflit Mondial (1) : mobilisation et défense du pays
Tout en mettant sur pied la deuxième force impériale australienne, Canberra devait se préoccuper de la défense de l’île-continent.
Comme nous l’avons vu plus haut, l’Australian Defence Force (ADF) était organisée sur un plan territorial avec un commandement par état, chaque commandement disposant d’un nombre variable de brigades multirôles allant de une (Tasmanie et Australie du Sud) à trois (Nouvelle Galles du Sud) en passant par deux (Queensland, Victoria, Australie occidentale).

Le canon-obusier de 25 livres (88.7mm) était la pièce d’artillerie standard des unités d’artillerie du Commonwealth et donc de l’ADF.
Ces brigades étaient organisées en un état-major, un groupement logistique, une compagnie de reconnaissance motorisée, un bataillon d’artillerie, trois bataillons d’infanterie, une compagnie de chars légers et une compagnie du génie.
Ces brigades doivent assurer la mise sur pied des futures divisions mais aussi assurer la défense du pays contre une éventuelle agression extérieure.
La 1ère brigade de Nouvelle Galles du Sud va participer à la mise sur pied de la 1ère division australienne, la 2ème brigade de Victoria va participer à la mise sur pied de la 2ème division.
La 1ère brigade du Queensland met sur pied la 3ème division, la 3ème brigade de Nouvelle Galles du Sud participe à la mise sur pied de la 4ème division, la 1ère brigade d’Australie occidentale participe à la mise sur pied de la 5ème division alors que la 2ème brigade d’Australie occidentale participe à la constitution de la 6ème division.
La 2ème brigade de Nouvelle Galles du Sud, la 2ème brigade du Queensland, la 1ère brigade de l’état de Victoria, la 1ère brigade de Tasmanie et la 1ère brigade d’Australie du Sud restent des unités opérationnelles pour assurer la défense de l’île-continent.
La 1ère division blindée est mise sur pied à partir des compagnies de chars légers des brigades encore opérationnelles.
Ultérieurement, quatre autres divisions d’infanterie et une deuxième division blindée seront mis sur pied mais contrairement aux divisions de la première vague, elles ont été créées quasiment de zéro même si pour éviter l’engagement d’unités novices on essayait de transférer du personnel ayant connu le feu si possible sur le front du Pacifique.
Durant tout le conflit, d’autres unités furent créées pour défendre le pays tandis que les soldats convalescents étaient temporairement affectées à des unités territoriales pour leur permettre de reprendre contact avec la chose militaire, transmettre leur expérience pour de potentiels volontaires et reprendre doucement l’entrainement avant de retrouver une unité d’active.
Globalement l’Australie va se sentir réellement menacée par les japonais durant le printemps 1950 quand l’avancée nippone semble foudroyante et en octobre 1951 lors de la tentative d’invasion de la Nouvelle-Calédonie.
L’échec de cette opération rassure quelque peut l’opinion publique australienne qui ne sera vraiment soulagée qu’avec la reconquête de la Nouvelle-Guinée et la reprise des Philippines par les américains et les australiens.
L’Armée de Terre Australienne dans le second conflit mondial (2) : Afrique du Nord, Moyen-Orient et Balkans pour commencer
Comme le Japon va rester neutre jusqu’en mars 1950, l’Australie va s’engager d’abord au combat à plusieurs milliers de kilomètres de l’île-continent en l’occurence l’Afrique du Nord où l’automne 1948 voit l’envoi en Egypte du 1st Australian Army Corps (1st AAC) composé des 1st and 2nd Australian (Infantry) Division ainsi que d’unités d’artillerie (deux régiments de canons de 4.5 Inch et un régiment d’obusiers lourds), du génie (quatre bataillons), de transmissions, de soutien logistiques mais aussi de trois bataillons indépendants de chars (envoi critiqué car à l’époque on cherchait à mettre sur pied une division blindée) équipés d’Infantry Tank Mk V Valentine II.

Infantry Tank Mk V Valentine II
Les deux divisions sont certes à effectifs complets, leur armement est correct mais leur entrainement laisse un peu à désirer. Tout en se préparant à une éventuelle attaque italienne venant de l’Africa Septentrionale Italiana (ASI) les deux divisions australiennes vont s’entraîner intensivement avec les divisions britanniques.
Les deux divisions australiennes et leurs unités d’appui connaissent leur baptême du feu lors de l’opération MARLBOROUGH, le volet britannique de l’opération BAYARD. Elle est déclenchée le 17 juillet 1949, scellant le sort de l’ASI déjà bien malmenée par l’attaque française menée depuis l’ouest.
Les troupes australiennes bien que novices se comportent bien face à des troupes italiennes pas si mauvaises et pas si démotivées qu’on à bien voulu le dire à l’époque. Les diggers jouent un rôle crucial dans la prise de Tobrouk et c’est une unité australienne qui fait sa jonction avec des unités françaises à l’est de Tripoli.
Les deux divisions australiennes sont stationnées dans la région de Tobrouk pour repos mais ce repos est de courte durée. La 1ère division rallie immédiatement la Grèce où son arrivée en décembre évite un effondrement du front même si malgré de durs combats menés face à des troupes allemandes et italiennes aguerries et motivées, les australiens ne purent éviter la chute d’Athènes.
En janvier 1950, la 2ème division qui avait d’abord été envoyé faire de la police coloniale en Palestine à rejoint le Péloponnèse, couvrant le repli de sa consœur et repoussant une opération audacieuse menée par les brandebourgeois, les hommes du Brandeburger Regiment, l’équivalent allemand des commandos britanniques, opération qui visait le canal de Corinthe et son pont.
La campagne de Grèce s’achève en mars 1950. le Péloponnèse reste aux mains des alliés tout comme la Crète tandis que le Dodécanèse est passé des mains italiennes aux mains grecques et alliées.
En dépit des pressions françaises et britanniques, les australiennes décident de rapatrier leurs divisions d’infanterie au pays alors que le Japon viens d’enfin entrer en guerre. Ils acceptent néanmoins de laisser leurs unités aériennes et navales en guise de compensation. Il semble que le réengagement d’unités australiennes en Europe à été envisagé mais n’à pas aboutit pour des raisons inconnues.
La 1st Australian (Infantry) Division quitte la Grèce en juin, son homologue en août 1950. C’est la fin de l’engagement terrestre australien sur le théâtre européen.
Globalement les australiens se sont bien comportés aussi bien contre les italiens que contre les allemands. Le combat n’aurait pas dépaysé un digger du premier conflit mondial puisqu’il s’agissait essentiellement d’un combat de fantassins avec toujours l’appui massif offert par l’artillerie et l’aviation. La seule nouveauté fût l’engagement de chars mais aussi du côté allemand de Sturmgeschütz, des canons d’assaut.

canon d’assaut Stug III Ausf E à canon long de 75mm
Si la Libye était un terrain ouvert, les combats menés dans les Balkans ont été davantage compartimentés par le relief imposant moins des armes tirant loin et précisément que des armes tirant vite à faible portée.

La Austen. La filiation avec la Sten britannique saute aux yeux
C’est ainsi que les fantassins australiens préféraient le pistolet mitrailleur Austen au fusil standard, faisant également un usage immodéré des grenades et des armes blanches qu’il s’agisse d’armes blanches standards ou d’armes bricolées.