L’Armée de Terre australienne dans le premier conflit mondial (1)
Avant-propos
Le 28 juin 1919 l’Australie signe le traité de Versailles. C’est le premier traité international signé par la jeune nation australienne. Deux chiffres sont plus parlants qu’un long discours.
Le premier c’est 330000 comme le nombre d’australiens mobilisés et le second c’est 60000 comme le nombre de morts au combat.
En effet le premier conflit mondial est une véritable «crise de croissance» pour la très jeune nation australienne qui passe quasiment de l’enfance à l’âge adulte en quelques années.

Montage photo de la campagne des Dardanelles
Ce n’est pas propre à l’Australie puisque le Canada connait la même chose sauf qu’à la place de la colline du Vimy les australiens ont souffert dans les zones arides du détroit des Dardanelles ou de Gallipoli.
Cette opération n’est pas la seule dans laquelle l’armée de terre australienne est engagée. Elle va en effet combattre dans le Pacifique (et notamment la conquête des colonies allemandes de la région comme la Nouvelle-Guinée), au Moyen-Orient mais aussi sur le front occidental (Somme, Ypres).
Si l’Australian Naval and Military Expeditionnary Force va opérer dans le Pacifique, la First Australian Imperial Force va opérer au Moyen-Orient et en Europe, s’illustrant notamment aux Dardannelles et à Galipolli au sein du célébrissime Australian and New-Zealand Army Corps (ANZAC) au point que le jour de leur débarquement (25 avril 1915) est devenu le ANZAC Day et à tendance à éclipser les commémorations du 11 novembre 1918.
Mobilisation
Au moment où éclate le premier conflit mondial l’Australian Military Force (AMF), l’armée de terre australienne repose sur une organisation territoriale avec six districts qui regroupaient un certain nombre d’unités.
-Le 1st Military District couvre le Queensland avec le 2nd Infantry Brigade à deux régiments à trois bataillons, la 1st Light Horse Brigade avec cinq régiments de cavalerie, la 1st Australian Field Artillery Brigade mais aussi des unités de transmission et de soutien.
-Le 2nd Military District couvre la Nouvelle Galles du Sud avec la 5th Infantry Brigade à deux régiments et deux bataillons d’infanterie, la 6th Infantry Brigade à deux régiments et deux bataillons d’infanterie, la 8th Infantry Brigade à trois régiments d’infanterie et un bataillon d’infanterie, la 10th Infantry Brigade à cinq bataillons d’infanterie, les éclaireurs de l’université de Sydney mais aussi des unités montées.
Le deuxième district dispose de deux brigades de cavalerie, les 2nd et 3rd Light Horse Brigade qui disposaient de deux régiments pour la première, de quatre régiments pour la seconde. On compte également deux brigades d’artillerie (4th Australian Field Artillery Brigade et 6th Australian Field Artillery Brigade) ainsi que des unités du génie, des transmissions et de soutien.
-Le 3rd Military District couvre l’état de Victoria. Il comprend quatre brigades d’infanterie, la 13th Infantry Brigade à cinq bataillons d’infanterie, la 16th Infantry Brigade à quatre bataillons d’infanterie, la 17th Infantry Brigade à quatre bataillons d’infanterie et la 18th Infantry Brigade à trois bataillons plus un régiment le Melbourne University Rifles.
Le troisième district comprend également deux brigades de cavalerie, les 5th et 7th Light Horse Brigade comprenant respectivement trois et quatre régiments montés. On trouve également deux brigades d’artillerie (7th et 8th Australian Field Artillery Brigade) sans oublier différentes unités du génie, des unités de transmission et de soutien.
-Le 4th Military District couvre l’Australie du Sud avec la 19th Infantry Brigade à cinq bataillons, la 8th Light Horse Brigade à trois régiments de cavalerie, deux batteries et une compagnie d’artillerie, des unités du génie, de soutien logistique, de soutien santé mais aussi de transmission.
-Le 5th Military District couvre l’Australie occidentale avec la 22nd Infantry Brigade à trois bataillons, le 25th (Western Australian Mounted Infantry) Light Horse Regiment, deux batteries et deux compagnies d’artillerie ainsi que des unités du génie, de soutien logistique, de soutien santé mais aussi de transmission.
-Le 6th Military District couvre la Tasmanie avec la 23rd Infantry Brigade à trois bataillons, le 26th (Tasmanian Mounted Infantry) Light Horse Regiment, deux batteries et une compagnie d’artillerie, différentes unités du génie, de soutien logistique, de soutien santé et de transmission.
-On compte également différentes écoles de formation. A notez que la mobilisation permet la levée de cinquante-deux bataillons d’infanterie au sein des Citizen Forces ainsi que 23 régiments de cavalerie légère sur les 29 envisagés.
L’Armée de Terre australienne dans le premier conflit mondial (2) : l’Australian Naval and Military Expeditionnary Force
La force navale et militaire expéditionnaire australienne (ouf !) est un petit corps expéditionnaire envoyé pour s’emparer des colonies allemandes notamment la partie germanique de la Nouvelle-Guinée. C’est une force mixte avec des éléments venant de la marine et de l’armée de terre.
On compte ainsi six compagnie de la Royal Australian Naval Reserve, le 1ère bataillon de l’ANMEF (1st Battalion AN&MEF) comprennant huit compagnies d’infanterie, le Kennedy Regiment (militia), deux sections de mitrailleuses (Nos. 1 and 2 Machine Gun Sections), une section de transmission et un détachement médical.
Le nord-est de la Nouvelle-Guinée était occupée par les allemands depuis 1884, territoire auquel on devait ajouter quelques îles éparses à proximité.

Croiseur cuirassé Scharnhorst
Dès le début du conflit, cette colonie allemande servait de relais radio au profit de l’ Ostasiengeschwader, l’escadre allemande d’Extrême-Orient dont les deux fleurons, les croiseurs cuirassés Scharnhorst et Gneisenau pouvaient faire très mal au trafic commercial allié dans le Pacifique. La destruction de ce relais radio était donc impératif.
L’AN&MEF est formée dès le 6 août. Sa mission est de détruire les stations radios à Yap (Carolines), à Nauru et à Rabaul en Nouvelle-Bretagne (partie de la Nouvelle-Guinée). Elle était donc composée d’un bataillon d’infanterie originaire de la région de Sydney (1023 hommes), 500 réservistes de la marine et 500 hommes d’un régiment originaire du Queensland (Kennedy Regiment). Avec des unités de soutien, elles sont placées sous le commandement du colonel William Holmes, ancien commandant de la 6ème Brigade d’infanterie.
Le 19 août 1914, l’AN&MEF quitte Sydney escortée par le croiseur de bataille Australia et le croiseur léger Melbourne en direction de Port Moresby où elle retrouve le Kennedy Regiment venu du Queensland embarquée sur le HMAHS (His Majesty Australian Hospital Ship) Kanowna.
La force navale quitte Port Moresby le 7 septembre sans le Kanowma en raison du refus de ses chauffeurs de travailler. Le croiseur léger Sydney et des destroyers retrouve l’AN&MEF dans la partie orientale de la Nouvelle-Guinée. Le Melbourne lui est détaché pour détruire la station radio de Nauru.
La force navale arrive à proximité de Rabaul le 11 septembre 1914. Le port n’est pas occupé par les forces allemandes, le croiseur léger HMAS Sydney et le destroyer HMAS Warrego mettent à terre une partie des troupes de l’AN&MEF à Kabakaul et à Herbertshöhe on Neu-Pommern au sud-est de Rabaul. Ces hommes sont rapidement rejoints par d’autre.
La station radio implantée à Bita Paka à 4 miles au sud de la baie de Kabakaul. La station est retrouvée intacte, les combats sont bref et s’achèvent à la tombée de la nuit, six soldats australiens sont tués et cinq blessés contre un sous-officier allemand et trente mélanésiens tués (un allemand et six mélanésiens blessés).
Le 12 septembre 1914 à la nuit tombée, le transport Berrima met à terre le bataillon d’infanterie à Rabaul. Le lendemain dans l’après midi, le gouverneur allemand n’à toujours pas officiellement capitulé mais les alliés font comme si cela était déjà le cas.
Les autorités allemands se sont repliées à Toma pour une sorte de baroud d’honneur. Un demi-bataillon avance vers la ville soutenu par un canon tandis que le HMAS Encounter bombarde la région pour tenter de faire craquer l’ennemi.
Des négociations s’ouvrent et les allemands capitulent le 17. Le bilan militaire est passable. En effet les australiens insuffisant préparés et entrainés n’ont pas briller face à un ennemi aux effectifs très faibles.
L’AN&MEF va ensuite servir de force d’occupation pour la Nouvelle-Guinée. En janvier 1915, le colonel Holmes et la majorité de ses hommes sont relevés par le 3rd Batallion AN&MEF connue également sous le nom de Tropical Force, unité forte de 600 hommes.
Les vétérans de cette force choisissent de se réengager dans l’Australian Imperial Force (AIF) pour combattre sur les autres théâtres d’opérations en Méditerranée mais aussi en France. C’est ainsi que le colonel Holmes trouve la mort à Messines en Belgique le 2 juillet 1917.
Le gouvernement militaire mis en place en Nouvelle-Guinée va durer jusqu’en 1921 quand la Société des Nations (SDN) accorde un mandat à l’Australie pour gérer le futur état de Papouasie Nouvelle-Guinée. 3011 hommes au total ont servit au sein de l’AN&MEF.
L’armée de terre australienne dans le premier conflit mondial (3) : First Australian Imperial Force
En guise de présentation
Comme tous les dominions, il y à peu de militaires d’active en Australie en août 1914. Les forces permanentes sont peu importantes, essentiellement concentrées dans l’artillerie et le génie. Le reste est composé de miliciens s’entraînant régulièrement mais cela n’est pas comparable à un service continue et permanent.
Le Defence Act de 1903 interdisant le service outre-mer aux conscrits il faut absolument créer de toute pièce ou peu s’en faut une nouvelle entité composée uniquement de volontaires acceptant de servir outre-mer.
C’est l’acte de naissance de l’Australian Imperial Force (AIF) qui prendra le nom de First Australian Imperial Force suite à la constitution de la 2nd AIF durant le second conflit mondial. Elle est officiellement créée le 15 août 1914.
Elle comprend alors la 1st Division et la 1st Light Horse Brigade. Cette première division va opérer au sein du célèbre Australian and New Zealand Army Corps (ANZAC) à Gallipoli en compagnie d’unités néo-zélandaises mais aussi d’une 2nd Division ainsi que de trois autres brigades légères de cavalerie (Light Horse Brigade).
Après l’évacuation alliée (décembre 1915), les divisions australiennes ne rallient pas les Balkans comme les unités françaises (qui vont former l’Armée d’Orient) mais l’Egypte pour repos, recomplément et réorganisation.
L’AIF est portée à cinq divisions qui vont combattre en France et en Belgique à partir de mars 1916 sous commandement britannique (British Expeditionary Force) mais deux divisions montées vont rester au Moyen-Orient pour combattre les turcs car si sur le front occidental les divisions de cavalerie ne servaient à rien, là bas elles pouvaient jouer encore leur rôle. A la guerre sur front fixe du front occidental, le front moyen-oriental préférait le raid et le combat lacunaire où la manœuvre était tout aussi importante que la puissance de feu.
Quand débute la bataille de Gallipoli, l’AIF comprend quatre brigades d’infanterie, trois d’entre-elles formant la 1èr division, la 4ème brigade formant la New Zealand & Australian Division avec une brigade d’infanterie néo-zélandaise.
La 2ème division est donc formée en Egypte en 1915, étant envoyée à Gallipoli au mois d’août pour renforcer la 1ère division même si la division n’avait pas achevé son entrainement et n’avait pas d’artillerie.
La 3ème division est formée en Australie et envoyée directement en France alors que la division mixte australo-néo zélandaise est démantelée, la brigade néo-zélandaise formant une division néo-zélandaise alors que les brigades australiennes d’origine sont divisées en deux pour former seize nouveaux bataillons qui répartis en quatre brigades (numérotées 12 à 15) ce qui permet d’armer les 4th et 5th Division.
Les divisions envoyées en France vont former deux corps d’armée australo-néo zélandais (1st and 2nd Australian and New Zealand Army Corps). Une sixième division est formée en Angleterre en février 1917 mais ne sera jamais engagée, étant dissoute en décembre pour recompléter des unités saignées par les pertes lors des offensives menées sur le front occidental. En novembre, les cinq divisions australiennes forment un corps d’armée australien.
En septembre 1918, sept bataillons sont dissous pour compenser les pertes en l’occurrence les bataillons numérotés 19,21,25,37,42,54 et 60. Cela entraîne des quasi-mutineries mais les autorités australiennes conscientes de ce qu’avaient enduré ces hommes font preuve de souplesse, évitant de condamner les mutins à mort.
Durant la bataille de Gallipoli, quatre brigades légères de cavalerie sont démontées pour combattre comme unités d’infanterie.
En mars 1916 est formée la ANZAC Mounted Division qui comme son nom l’indique intègre une brigade montée néo-zélandaise. Quasiment un an plus tard c’est l’Australian Mounted Division qui est mise sur pied avec pour nom original Imperial Mounted Division car elle intégrait initialement deux brigades montées britanniques. Chacune de ces divisions disposaient trois brigades à trois régiments de cavalerie.
Ces divisions forment le Desert Mounted Corps en compagnie de l’Imperial Camel Corps Brigade (brigade composée de compagnies montées sur chameaux comme nos compagnies méharistes).
L’AIF intégrait également l’Australian Flying Corps (AFC) à quatre squadrons opérationnels et quatre squadrons d’entrainement. On comptait également un service sanitaire, l’Australian Army Nursing Service, service où la majorité des 2000 femmes volontaires vont servir.
On comptait également des unités très spécialisées : des tunneliers pour la guerre de sape, des unités de transport motorisé, des unités ferroviaires, des unités de munitionnaires,des unités de maintenance et de service. Une petite unité blindée fût également levée.
L’AIF resta une force de volontaires, l’Australie étant le seul belligérant avec l’Afrique du Sud à ne jamais avoir choisit de mettre en place un système de conscription. Deux plébiscites en octobre 1916 et décembre 1917 prouvèrent que l’opposition à la conscription était solidement ancrée dans les mentalités australiennes. Les unités étaient également levées sur un plan territorial dans la mesure du possible.
Les débuts sont naturellement difficiles. On ne passe pas en quelques mois d’une force de milice peu entraînée à une armée moderne. Le personnel expérimenté manque tout comme le matériel, l’entrainement est insuffisant. Il faudra donc apprendre sur le tas avec tout ce que cela comporte comme erreurs et sang versé.
Force composée essentiellement d’unités d’infanterie et de cavalerie, l’AIF ne manquait pas d’unités de soutien mais ne pouvait être 100% autonome, dépendant de l’armée britannique pour l’appui-feu (manque d’artillerie moyenne et loude, faiblesses des unités de chars ainsi que des unités aériennes).
Placée sous le contrôle opérationnel des britanniques, l’AIF était pour la partie administrative sous le contrôle du gouvernement australien (promotions au grade supérieur, solde, fourniture des équipements……) et ne dépendait pas non plus des unités restées au pays qui formaient un corps séparé.
Initialement l’administration était du ressort du commandant de l’AIF mais rapidement pour lui permettre de se concentrer sur la partie opérationnelle de son travail, un QG spécifique est créé au Caire (il sera redéployé à Londres quand les divisions australiennes seront envoyées dans les tranchées françaises). Un autre état-major spécifiquement chargé de l’entrainement à été également implanté à Salisbury.
Peu à peu, l’expérience accumulée à permis aux troupes australiennes de s’imposer comme des unités redoutables. Les durs combats à Gallipoli mais aussi dans les tranchées françaises à métamorphoser l’armée australienne qui ne sera plus jamais comme avant. Tout comme les soldats français étaient devenus les Poilus, les anglais des Tommies et les américains des Sammies, les australiens étaient devenus des Diggers.
Organisation des principales unités
Les divisions d’infanterie de l’AIF disposaient de trois brigades d’infanterie à quatre bataillons (nombre réduit à trois en 1918).
Initialement chaque bataillon alignait huit compagnies de fusiliers, nombre réduit ensuite à quatre pour s’aligner sur l’organisation des bataillons britanniques et surtout rendre l’unité mieux employable. Chaque bataillon comptait environ 1000 hommes.
Quand le premier conflit mondial s’achève en 1918 la division d’infanterie australienne est organisée de la façon suivante :
-Un état-major
-Trois brigades d’infanterie à trois bataillons plus une batterie de mortiers légers de tranchée
-Deux brigades d’artillerie sol-sol
-Une brigade divisionnaire de mortiers de tranchée
-Un bataillon de pionniers (formé en mars 1916)
-Un bataillon de mitrailleuses (formé en mars 1918)
-Quatre compagnies du génie
-Une compagnie de transmissions
-Un train divisionnaire avec quatre compagnies de service, une salvage company, trois antennes sanitaires, une section sanitaire et une section vétérinaire.
Les divisions mountées (Mounted Division) ont pour force vive quatre puis trois brigades montées (Light Horse Brigade) à trois régiments à trois escadrons de quatre pelotons auxquels il faut associer une section régimentaire de mitrailleuses. On trouve également une brigade d’artillerie hippomobile. Les effectifs sont d’environ 500 hommes par régiment. A noter qu’en 1916, les sections de mitrailleuses sont regroupées au sein d’une brigade de mitrailleuses.

Obusiers de 203mm britanniques
En ce qui concerne l’artillerie, on passe de trois brigades en 1914 à vingt en 1917. On compte également deux batteries lourdes, les 54th and 55th Siege Battery, la première étant équipé d’obusiers de 8 pouces (203mm) et la seconde d’obusiers de 9.2 pouces (229mm).

Obusier de 229mm
Durant le premier conflit mondial, l’AIF à mis sur pied cinq corps d’armée, l’Australian and New Zealand Army Corps, le 1st ANZAC Corps, le 2nd ANZAC Corps, l’Australian Corps et enfin le Desert Mounted Corps.
Le premier nommé est certainement le plus célèbre, une célébrité acquise dans le sang versé à Gallipoli. Initialement il dispose de la 1st Australian Division, de la New Zealand & Australian Division et de deux brigades montées, la 1st Light Horse Brigade et la New Zealand Mounted Rifles.
Comme le terrain ne s’y prêtait pas, les deux brigades montées n’ont pas été immédiatement déployées, attendant le mois de mais en configuration démontée. Elles sont rejointes par les 2nd et 3rd Light Horse Brigade. En août, la 2nd Australian Division rejoint le corps d’armée pour continuer un combat qui tourne rapidement à la guerre d’usure. En décembre, les alliés arrêtent les frais et évacuent la zone soit pour les Balkans ou pour l’Egypte.
En février 1916, il est réorganisé en deux corps d’armée pour tenir compte de l’expansion de l’AIF, les 1st and 2nd ANZAC Corps.
Le 1er corps d’armée comprend les 1ère et 2ème divisions australiennes ainsi que la division néo-zélandaise qui sera transférée au 2ème corps d’armée en juillet 1916 et remplacé par la 3rd Australian Division. Ce corps d’armée est d’abord employé pour défendre le canal de Suez avant de rallier le front occidental en mars 1916.
Le 2ème corps d’armée est lui formé des 4ème et 5ème divisions australiennes qui sont formées en Egypte, ralliant le front occidental en juillet 1916 avec la division néo-zélandaise.
En novembre 1917, les cinq divisions australiennes sont regroupées au sein de l’Australian Corps, la division néo-zélandaise ralliant alors le 22ème corps d’armée britannique. Ce corps d’armée regroupe dix pour cent des effectifs du BEF avec à son apogée 109881 hommes. Outre les cinq divisions d’infanterie, on compte le 13th Light Horse Regiment et trois brigades d’artillerie de campagne ainsi qu’un bataillon cycliste.
Le dernier corps d’armée est issu de la Desert Colum de l’Egyptian Expeditionnary Force. Le corps monté du désert ou Desert Mounted Corps en V.O voit le jour en août 1917 avec pour unités l’ANZAC Mounted Division, l’Australian Mounted Division et l’Imperial Camel Corps Brigade composée d’unités britanniques, australiennes et néo-zélandaises montées sur chameaux.
Les opérations de la First Australian Imperial Force
La First Australian Imperial Force opéra d’abord en Méditerranée sur un site rendu immortel : Gallipoli à proximité du détroit des Dardanelles qui donne accès à la mer de Marmara. Le premier contingent quitte en convoi Albany le 1er novembre 1914.
Initialement l’AIF devait rallier l’Angleterre pour compléter son entrainement mais finalement elle est envoyée en Egypte pour défendre le canal de Suez contre une menace turque.
Les alliés sous l’impulsion du bouillant Winston Churchill décident de sortir de la guerre la Turquie en attaquant les détroits. Il s’agissait également de tendre la main aux russes et de les ravitailler plus facilement que par le nord du pays.
L’ANZAC débarque à Anzac Cove dans la péninsule de Gallipoli le 25 avril 1915. L’offensive rapide et décisive se transforme en une guerre d’usure avec pertes aussi bien causées par les obus turcs que par les maladies.
Comme cela arrive souvent, l’idée brillante est mal exécutée en raison d’un manque d’expérience mais aussi d’une sous-estimation des capacités turques menées par un officier appelé à un grand avenir : Mustapha Kemal, ce dernier étant aidé par des conseillers allemands.
Après huit mois de durs combats les alliés décident d’arrêter les frais. 8141 australiens ont été tués, les pertes totales se chiffrant à 26111.
Repliée en Egypte après son retrait de Turquie, la force impériale australienne passe par une période de repos et de recomplément. Les effectifs vont croître pour permettre à l’armée australienne d’opérer sur le front occidental avec ses divisions d’infanterie, sur le front moyen-oriental contre les turcs avec des unités montées notamment l’Anzac Mounted Division et l’Australian Mounted Division.
Les australiens vont d’abord combattre dans le désert libyen et dans la vallée du Nil pour réprimer la révolte des Sénoussis, une secte islamique pro-turque.
L’Anzac Mounted Division joue un rôle clé lors de la bataille de Romani (3 au 5 août 1916) dans le Sinai, la victoire des troupes alliées (australo-néo zelando-britannique) met fin à toute menace germano-turque sur l’Egypte et surtout encourage la révolte arabe du Hedjaz, révolte où va s’illustrer le célébre colonel Lawrence qui n’est pas encore Lawrence d’Arabie.
Après cette victoire, les alliés essentiellement anglo-saxons passent à l’offensive dans le Sinai, la vitesse étant dictée par l’avancée des travaux d’une voie ferrée et d’un pipeline d’eau à travers le désert depuis le canal de Suez. Rafah est capturée le 9 janvier 1917 et les dernières troupes turques sont chassées du Sinai en février.
Une première offensive contre Gaza échoue le 26 mars 1917 suivit d’une seconde le 19 avril. Un troisième assaut est lancé le 31 octobre et s’achève le 7 novembre par la prise de la ville, l’Anzac Mounted Division et l’Australian Mounted Division jouant un rôle important. 12000 turcs sont faits prisonniers après huit jours de combat.
Le premier jour la ville Beersheba est prise par la 4th Light Horse Brigade (Australian) qui charge dans la profondeur du dispositif turc sur plus de 6km. 700 prisonniers sont faits pour un bilan de 31 tués et de 36 blessés.
Les australiens vont ensuite jouer un rôle important dans l’offensive alliée en Palestine, chassant les turcs de la région. Le gouvernement turc capitule le 30 octobre 1918 mais les troupes montées australiennes restent dans la région, réprimant brutalement une révolte nationaliste en Egypte en 1919. Les pertes totales sont de 4851 dont 1374 tués.
L’Australian Imperial Force (AIF) va également combattre dans la boue et le froid du nord de la France et de la Belgique. Cinq divisions d’infanterie quittent l’Egypte en mars 1916, s’installant dans un secteur calme au sud d’Armentières (département du Nord) le 7 avril 1916. Jusqu’à la fin du conflit les divisions australiennes vont combattre les allemands jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918.
Le baptême du feu sur le front occidental à lieu à l’été 1916 lors de l’offensive alliée sur la Somme pour alléger la pression allemande à Verdun où l’armée impériale essayait de saigner à blanc l’armée française depuis le mois de février.
L’offensive est déclenchée le 1er juillet mais il faut attendre le 19 pour voir les Digger être engagés par le combat quand la 5th Australian Division est engagée dans la bataille de Fromelles, subissant de très lourdes pertes avec 5533 tués et blessés en une seule journée.
La 1ère division australienne est engagée le 23 juillet, attaquant Pozières. Quand elle est relevée le 27 par la 2ème division, elle à perdu 5286 hommes. Cette division attaque la ferme du Mouquet en août, souffrant de pertes supérieures avec 6300 hommes. Quand l’AIF est retirée de la Somme pour être réorganisée, elle à perdu 23000 hommes (tués, blessés et prisonniers (?)) en 45 jours soit 500 hommes hors de combat par jour.
En mars 1917, les 2ème et 5ème division repoussent les allemands sur leur ligne Hidenburg, s’emparant de la ville de Bapaume. Un mois plus tard, le 4 avril, la 4ème division attaque la ligne Hidenburg durant la première bataille de Bullecourt, une bataille qui tourne mal avec des pertes très lourdes (3000 tués et blessés 1170 prisonniers).
Le 15 avril, les 1ère et 2ème divisions australiennes sont contre-attaquées par les allemands près de Lagnicourt, les obligeant à abandonner la ville avant de la recapturer. La 2nd Australian Division participe à la deuxième bataille de Bullecort qui commence le 3 mai, la division étant relevée par la 1ère division, elle même relevée le 7 mai par la 5ème division qui reste en ligne jusqu’à la mi-mai quand se termine la bataille, bataille qui s’achève avec 7482 pertes du côté des diggers.
Le 7 juin 1917, le 2nd Australian and New-Zealand Corps et deux corps d’armée britannique attaquent dans les Flandres pour éliminer le saillant au sud de Ypres. Tout commence par l’explosion de charges explosives placées sous les tranchées allemandes installées sur la colline de Messines
L’avance est rapide et sans réelle opposition, les contre-attaques allemandes étant brutales mais in fine peu efficaces. Les pertes sont cependant lourdes avec 6800 hommes tués et blessés. Le 1st Australian and New-Zealand Army Corps participe lui à la troisième bataille d’Ypres entre septembre et novembre 1917.
Cette bataille plus connu sous le nom de bataille de Passchendaele est une véritable boucherie avec 38000 diggers hors de combat.
Le 21 mars 1918, l’armée allemande lance son offensive de printemps. Les allemands espèrent pouvoir l’emporter en mobilisant le maximum de troupes ramenées du front de l’est pour l’emporter avant que le poids des Etats-Unis ne fasse vraiment sentir et ne vienne au relais d’alliés qui commençaient si on peut dire à «tirer la langue».
Soixante-trois divisions sont lancées sur un fron de 110km. Les alliés vont plier mais ne vont pas rompre même si la menace sur Paris était particulièrement prégnante. Les 3rd et 4th Australian Division sont envoyés au sud d’Amiens sur la Somme pour tenter de rétablir la situation.
Fin mai, les allemands sont à 50km de Paris. Durant cette offensive de la dernière chance, les australiens combattent à Dernancourt, Morlancourt, Villers-Bretonneux,le bois de Hangard, Hazebrouck et Hamel.
Après stabilisation du front et épuisement de l’effort allemand à la mi-juillet, les alliés passent à la contre-offensive, contre-offensive à laquelle participe les cinq divisions australiennes (offensive des cent jours).
Cette offensive est lancée à partir du 8 août 1918, offensive utilisant une forme primitive d’art opératif, une série de coups successifs sur l’ensemble du front pour le forcer à déplacer ses réserves jusqu’à arriver à un moment où les réserves auront été épuisées permettant la percée du front. Ces offensives étaient menées par la combinaison de l’artillerie, de l’aviation et des chars.
L’Australian Army Corps participe à la deuxième bataille de la Somme, combattant à Lihons, Etinehem,Proyart,Chuignes et Mont Saint-Quentin avant que le dernier engagement de la guerre n’ait lieu à Montbrehain le 5 octobre 1918.
L’AIF termine la guerre sur les rotules, les bataillons qui devaient aligner 800 hommes n’en alignent que 3 à 400 hommes. Ce qui explique qu’après la bataille de Montbrehain, les divisions australiennes soient retirées pour repos et réorganisation. L’armistice empêche un nouvel engagement sur le front français. A noter que des unités d’artillerie et d’aviation ont continué à appuyer les unités alliées au combat.
Au total les pertes australiennes sur le front occidental atteignent le chiffre important de 181000 dont 46000 morts. On compte 114 000 blessés, 16000 gazés, 3850 ayant été faits prisonniers par les allemands.
Outre le front occidental et le front moyen-oriental, certaines unités australiennes vont opérer sur d’autres théâtres d’opérations. C’est ainsi que le premier escadron de transmission sans fil (1st Australian Wireless Signal Squadron) assure les communications des forces britanniques durant la campagne de Mésopotamie, participant à la bataille de Bagdad en mars 1917 et à la bataille de Ramadi six mois plus tard.
Après les révolutions russes de 1917,le front du Caucase s’effondre, laissant l’Asie centrale accessible à l’armée turque. Une force spéciale appelée Dunsterforce (du nom de son commandant le Major Général Lionel Dunsterville) est mise sur pied, une force composée d’officiers et de sous-officiers encadrant des troupes russes et des civils en armes.
Des infirmières australiennes vont également participer à la guerre dans quatre hôpitaux à Salonique et dix en Inde.
Dissolution et héritage
Quand le premier conflit mondial se termine, l’Australian Imperial Force (AIF) à acquis la réputation d’une force militaire efficace et bien entrainé mais pour un coût humain particulièrement élevé notamment à Gallipoli ou sur le front occidental.
210000 pertes dont 61519 tués ou ayant succombé à leurs blessures soit un taux de perte de 64.8% soit le plus levé de tous les belligérants. 4000 australiens ont été fait prisonniers. Sans surprise l’infanterie à subit le taux de perte le plus élevé (79%) devant l’artillerie (58%) et même la cavalerie légère (32%). Soixante-quatre australiens ont reçu la Victoria Cross la plus prestigieuse décoration militaire de l’empire britannique.
Suite à la demande du premier ministre , l’AIF ne participe pas beaucoup à l’occupation des territoires allemands ou turcs. Seule exception, le squadron n°4 de l’Australian Flying Corps et la 3rd Australian Casualty Clearing Station engagés dans l’occupation de la Rhénanie.
Le 7th Light Horse Regiment est déployé pendant six semaines dans la péninsule de Gallipoli en compagnie d’un régiment néo-zélandais.
Le 11 novembre 1918 il y avait 95951 soldats australiens sur le front occidental (France et Belgique), 58365 en Angleterre, 17255 au Moyen-Orient sans compter les infirmières qui soignaient à Salonique et en Inde. 120 soldats australiens voulant continuer à combattre s’engagèrent dans l’armée britannique, combattant dans le nord de la Russie aux côtés des blancs durant la terrible et abominable guerre civile russe.
Les derniers diggers quittent la France en France, 70000 passant par un camp implanté dans la plaine de Salisbury en Angleterre. Comme dans toutes les armées, les premiers mobilisés étaient les premiers libérés. Le rapatriement est assez rapidement puisqu’en septembre 1919 il ne restait que 10000 hommes en Angleterre. Le dernier transport quitte l’Angleterre le 13 avril 1920.
L’AIF est officiellement dissoute le 1er avril 1921 et trois mois plus tard, le 1er juillet, les hôpitaux militaires d’Australie passent sous contrôle civil. Pour préserver la mémoire et si possible l’expérience de l’AIF, les Citizens Force sont réorganisées avec des unités conservant la mémoire des divisions et des régiments ayant bravement combattu sur quasiment tous les théâtres d’opération de la guerre.
Une véritable légende dorée ne tarda pas émerger de cette expérience. Tous les diggers furent vus comme des soldats bons vivants, à l’esprit égalitaire, se moquant de la discipline militaire et vestimentaire en dehors du combat (au grand dam des officiers britanniques nettement moins libéraux sur ce plan). La provenance rurale de nombre de soldats eut tendance à exagéré leur caractère de dur au mal, expliquant pourquoi ils avaient tenus à Gallipoli en dépit des conditions abominables du combat.
Une véritable mythologie nationale émergea donc, Gallipoli devenant comme nous l’avons vu l’équivalent australien de la crète de Vimy pour les canadiens. C’est ainsi que le Anzac Day le 25 avril à peu à peu supplanté les commémorations du 11 novembre 1918 un peu comme si en France on célébrait davantage le début de la bataille de Verdun plutôt que l’Armistice de Rethondes.
Cette histoire n’était pas encore remise en cause ce qui explique pourquoi l’armée australienne levée à partir de septembre 1948 allait être baptisée Second Australien Imperial Force pour s’inscrire dans les pas de celle du premier conflit mondial. Il faudra attendre les années soixante pour voir une remise en cause de ce récit doré.
Toujours très précis et remplit d’informations 🙂
Je pense qu’il y a un lapsus concernant le nom de l’Armée de terre en 1914 :
Commonwealth Military Forces
https://en.wikipedia.org/wiki/Australian_Military_Forces
Ah peut être J’ai du n’emmêler les crayons