Dominions (59) Australie (3)

ROYAL AUSTRALIAN NAVY (RAN)

Historique

En guise de présentation, quelques éléments……

Jusqu’en 1859 soit plus de soixante-dix ans après l’arrivée des premiers colons, les navires de la Royal Navy fréquentent régulièrement les ports australiens mais il n’y aucune entité, aucune force pérenne. Il s’agit de simples escales pour montrer le pavillon.

Il existe bien des marines coloniales, dépendantes des différentes colonies mais si une puissance étrangère avait voulu s’emparer des dites colonies elle aurait pu le faire sans trop de problèmes à condition bien entendu de défier Britannia qui depuis 1815 était sans rivale sérieuse sur les océans.

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Britannia rules the wave !

Cette année là est créé l’Australian Squadron de 1859 à 1911 va désigner une force navale de la Royal Navy assignée de manière permanente sur l’île-continent. Elle est chargée de défendre les colonies des antipodes mais comme elles ne sont pas menacées, l’escadre australienne est composée de navires anciens qui ne feraient pas le poids au combat.

Il faudra attendre l’Australasian Defence Act de 1887 (NdA le terme Australasie désigne souvent le regroupement de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande) pour que les choses changent avec l’affectation d’une escadre auxiliaire pour renforcer la puissance de cette escadre.

A partir du début 1900 les gouvernements australiens et néo-zélandais acceptent de participer aux frais de fonctionnement à condition que la force de l’escadre ne soit pas réduite.

Entre-temps se pose la question d’une marine nationale qui paraît logique une fois que les différentes colonies, les différentes provinces vont former le Commonwealth of Australia.

En janvier 1901, l’Australie voit le jour comme Etat ce qui entraîne la création de l’Australian Navy en mars 1901 par fusion des marines des différentes colonies sous le nom de Commonwealth Naval Forces.

Ce n’est qu’en juillet 1911 que l’Australian Navy devient la Royal Australian Navy (RAN) en recevant le patronage royal.

L’Australian Squadron cesse vraiment d’exister comme force britannique le 4 octobre 1913 quand les navires de la RAN rentrent pour la première fois dans le port de Sydney.

Néanmoins entre 1926 et 1940, le terme est réutilisé en raison de l’affaiblissement de la marine australienne.

Ce n’est que le 15 septembre 1940 que le terme RAN redevient le seul utilisable pour désigner la marine australienne, le terme Australian Squadron étant cependant réutilisé de temps en temps pour désigner un groupement occasionnel de navires britanniques en visite en Australasie.

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Le croiseur de bataille HMAS Australia

La marine australienne connait une bonne croissance dans les années vingt (même si le traité de Washington en 1922 la prive de son croiseur de bataille HMAS Australia sabordé en 1924) avant de subir de plein fouet les conséquences de la crise économique de 1929 qui entraîne des coupes sombres dans les budgets et donc une réduction sérieuse de ses capacités.

C’est ainsi que quand éclate la guerre de Pologne en septembre 1939, la RAN ou l’Australian Squadron est moins puissant(e) qu’en août 1914 !

Durant ce cours conflit, la marine australienne patrouille dans l’Océan Indien pour retrouver les croiseurs auxiliaires et autres raiders allemands dont on signale la présence dans l’Atlantique mais aussi dans l’Océan Indien. Elle assure aussi des escortes au profit des convois transportant les troupes australiennes au Moyen-Orient.

La guerre de Pologne terminée va-t-on revenir au status quo ante bellum ? Non puisque le gouvernement australien suit la même politique que les autres dominions en investissant des moyens importants pour réarmer le pays.

HMS Colossus (R-15) 1945

Un porte-avions type Colossus à la mer

La marine royale australienne peut ainsi acquérir un porte-avions léger type Colossus et si elle échoue à remplacer ses croiseurs lourds type County elle renforce sérieusement sa capacité de combat antisurface en construisant ou en louant des destroyers puissants et modernes. La RAN n’obtient cependant pas les fonds nécessaires à l’acquisition de sous-marins.

Le second conflit mondial voit la RAN souffrir de pertes importantes notamment lors des titanesques affrontements avec les japonais. Les pertes sont compensées par la construction ou l’acquisition de nouveaux navires pour compenser.

Quand le second conflit mondial se termine en septembre 1954, la marine australienne est devenue une marine incontournable dans la zone Asie-Pacifique, la plus petite des grandes marines ou la plus grande des marines moyennes.

Elle va ainsi conserver son outil aéronaval qu’elle va pérenniser jusqu’à nos jours non sans difficultés, acquérir des sous-marins modernes et préserver ce qu’on pourrait appeler son «corps de bataille» avec deux croiseurs légers et des destroyers, renouvelant ultérieurement sa force d’escorte avec des navires adaptés aux performances des sous-marins modernes.

Les origines

Après l’arrivée des premiers colons pénitentiaires en Australie se pose la question de la défense de l’île-continent. C’est l’escadre des Indes orientales (East Indies Squadron) qui en à la charge, envoyant régulièrement un navire pour montrer le pavillon et dissuader une puissance européenne de vouloir s’emparer de ce territoire.

A partir des années 1820, un navire visite annuellement la Nouvelle-Galles du Sud et parfois la Nouvelle Zélande. Il faut attendre 1848 pour qu’une entité semi-autonome soit créée, l’Australian Division of the East Indies Squadron.

Onze ans plus tard, en 1859, l’Amirauté met en place un commandement indépendant baptisé Australia Station placée sous l’autorité d’un commodore qui reçoit le titre de Commander-in-Chief ,Australia Station.

Cette création est une reconnaissance implicite de l’importance de la charge australienne pour l’East Indies Squadron mais aussi de l’importance nouvelle du Pacifique (notamment Tahiti et la Nouvelle Zélande) dans la stratégie navale britannique.

En 1884, le commandant de la station d’Australie prend le grade d’amiral. En 1859 son aire de responsabilité (Area of Responsability AOR) s’étendait à l’est jusqu’aux Samoa et aux Tonga alors que la frontière occidentale allait jusqu’aux prémices de l’Océan Indien, la limite sud étant le cercle antarctique. Les frontières ont été modifiées en 1864, 1872 et 1893. A son apogée, elle couvrait un quart de l’hémisphère sud.

En 1911 l’Australia Station passe sous l’autorité du Commonwealth Naval Forces et l’Australian Squadron est dissoute. La station sous commandement australien est désormais uniquement chargée de la défense de l’Australie et de ses atterrages immédiats. Très rapidement le Commonwealth Naval Forces devient la Royal Australian Navy qui devient vraiment une marine australienne pour l’Australie seulement en 1913.

La première base navale australienne est Sydney. La Royal Navy continue à assurer le soutien technique de la jeune marine sachant que la marine britannique continue d’assurer la mission de défense hauturière de l’île-continent.

Avant la création de l’Australie, cinq des six colonies possédaient une force navale, la seule à ne pas posséder de marine étant la colonie d’Australie occidentale. La première colonie à disposer d’un navire fût la colonie de Victoria (capitale Melbourne) qui reçoit le HMCSS Victoria en 1856, assistant le gouvernement colonial néo-zélandais durant la première guerre Taranaki.

La colonie de Victoria avait la marine la plus puissante des cinq avec le Victoria, le Cerberus, le Nelson, trois canonnières et cinq torpilleurs. Celle de Nouvelle-Galles du Sud possédait deux petits torpilleurs et une corvette baptisée Wolverine.

Les marines coloniales australiennes disposaient généralement des canonnières et des torpilleurs pour opérer dans les eaux littorales, des Green Water Navy. Aux navires s’ajoutaient des brigades d’infanterie pour armer les forts de défense côtière.

Le 1er janvier 1901 donc l’Australie naissant sous la forme d’un commonwealth regroupant six états. Qui dit état dit armée et marine, la marine australienne voyant le jour le 1er mars 1901 par regroupement des marines des colonies, c’est la naissance de la Commonwealth Naval Forces.

Le gouvernement australien cherchait à s’équiper d’une marine autonome c’est à dire une marine financée et contrôlée par l’Australie. En 1907, le premier ministre australien Alfred Deakin assisté du directeur des forces navales du Commonwealth William Rooke Creswell se rendent à Londres pour la conférence impériale à Londres pour sonder le gouvernement britannique sur la question.

L’Amirauté rejeta cette demande mais de manière subtile en proposant une marine limitée à des destroyers et des sous-marins. Deakin refusa une «marine croupion» et pour prouver l’intérêt de sa population pour une grande marine proposa à la Great White Fleet américaine de faire escale en Australie.

Le public se montra enthousiaste et cet enthousiasme favorisa la commande de deux destroyers de 700 tonnes de type River, commande qui indisposa les britanniques.

Cela changea à partir de 1909 quand les programmes navals allemands inquiétèrent tellement les britanniques qu’ils étaient prêts à accepter tout renfort possible.

Le Naval Defence Act de 1910 autorise ainsi la constitution d’une Australian Navy qui devient Royal en 1911. Cette création est contemporaine de la marine canadienne, le Canada étant également parcouru par des débats sur la participation ou non d’Ottawa à la défense de l’empire.

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Le HMAS Parramatta

Le premier navire de guerre australien est le destroyer HMAS Parramatta lancé à Govan en Ecosse le 9 février 1910 suivit deux mois plus tard jour pour jour par le destroyer HMAS Yarra construit lui à Dumbarton une autre ville écossaise. Les deux navires sont mis en service dans la Royal Navy le 19 septembre 1910 ralliant l’Australie le 10 décembre 1910.

Les forces britanniques de la station australienne (British Australia Station) passèrent sous commandement australien en 1911 entraînant la dissolution de l’Australian Squadron. Le 10 juillet 1911, le roi George V accepta que la marine australienne devienne la marine royale australienne avec comme préfixe pour les navires le HMAS (His Majesty Australian Ship).

Les britanniques ne quittèrent pas totalement la région mais réorganisèrent leur dispositif avec une China Station pour couvrir les atterrages au nord et à l’est de l’Australie, la Nouvelle Zélande étant défendue par une entité propre appelée New Zealand Naval Forces, ancêtre de la New Zealand Division of the Royal Navy qui allait donner naissance à la Royal New Zealand Navy.

Le 1er mars 1911 est créé l’Australian Commonwealth Naval Board. Lors de la conférence impériale de 1911, le gouvernement britannique accepta la demande du gouvernement australien d’être consulté lors du renouvellement du traité d’alliance anglo-japonaise signé en 1902 alors que la marine impériale japonaise connaissait une croissance continue qui inquiétait la lointaine Australie (mais était-elle si lointaine même en 1911……).

Il fût également décidé que la Royal Navy continuait d’assurer le soutien océanique de la RAN et qu’en cas de guerre les navires de la RAN seraient placé sous le contrôlé de l’Amirauté britannique.

Selon le Naval Defence Act de 1912 le pouvoir du transfert est confié au gouverneur général, le représentant du roi sur l’île-continent. Lors du transfert la RAN serait rebaptisé Australian Squadron of the Royal Navy avec tous les navires et tous les membres d’équipage même si l’entrainement et l’entretien restait du ressort de la marine australienne.

Le premier commandant de la RAN est l’amiral George Edwin Patey, un contre-amiral issu de la Royal Navy.

Le 4 octobre 1913, la flotte australienne entre à Sydney avec le croiseur de bataille HMAS Australia, les croiseurs légers HMAS Melbourne et Sydney, le croiseur protégé HMAS Encouter ainsi que les destroyers HMAS Parramatta Yarra et Warrego.

La Royal Australian Navy (RAN) dans le premier conflit mondial

Le gouvernement australien déclare la guerre à l’empire allemand le 4 août 1914 en même temps que la Grande-Bretagne. Cela entraîne le transfert de la marine australienne sous commandement britannique, un transfert effectif le 10 août 1914, un contrôle qui ne cessa que le 19 août 1919.

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HMAS Melbourne

 

En 1914, la RAN disposait de 3800 hommes, 16 navires dont le croiseur de bataille HMAS Australia (classe Indefatigable), les croiseurs légers HMAS Sydney et Melbourne (classe Town), les destroyers HMAS Parramatta, Yarra et Warrego ainsi que les sous-marins AE-1 et AE-2.

A cela s’ajoute des navires encore en construction en l’occurrence le croiseur léger Brisbane (unité de classe Town) et trois destroyers. La marine australienne était donc de taille réduite mais n’était pas une force négligeable non plus.

Durant le premier conflit mondial, l’Australian Squadron assurant d’abord des missions sur le théâtre Asie-Pacifique en appuyant l’Australian Naval and Military Expeditionary Force (AN&MEF) qui occupa la Guinée allemande qui représentait le nord-est de l’actuelle Papouasie Nouvelle-Guinée et ce depuis 1884.

Les moyens militaires de cette colonie étaient limités mais il y avait une base radio qui pouvait permettre l’Escadre allemande d’Extrême Orient (Ostasiengeschwader) de retrouver le trafic allié et le détruire, le German East Asia Squadron disposant des redoutables croiseurs cuirassés SMS Scharnhorst et Gneisenau qui inquiétaient énormément les amirautés alliées qui devaient couvrir une immense surface avec des moyens navals forcément insuffisants.

Croiseur cuirassé Scharnhorst

Croiseur cuirassé Scharnhorst

Les objectifs prioritaires des forces alliés étaient donc les stations radios allemandes de Yap (Carolines), de Nauru et de Rabaul en Nouvelle Bretagne.

Le 19 août 1914, l’AN&MEF quitte Sydney escortée par le croiseur de bataille Australia et le croiseur léger Melbourne en direction de Port Moresby où elle retrouve le Kennedy Regiment venu du Queensland embarquée sur le HMAHS (His Majesty Australian Hospital Ship) Kanowna.

La force navale quitte Port Moresby le 7 septembre sans le Kanowma en raison du refus de ses chauffeurs de travailler. Le croiseur léger Sydney et des destroyers retrouve l’AN&MEF dans la partie orientale de la Nouvelle-Guinée. Le Melbourne lui est détaché pour détruire la station radio de Nauru.

Toma est bombardée le 14 par le HMAS Encounter, un demi-bataillon ayant été débarqué deux jours plus tôt pour avancer en direction de la ville. Toujours le 14, le sous-marin AE-1 est perdu. Les combats sont limités les forces ennemies étant des plus limitées (40 allemands et 110 hommes de la police indigène). La colonie allemande se rend dès le 17.

Le 9 novembre 1914, le célèbre croiseur léger allemand SMS Emden attaque la station de Direction Island dans les îles Cocos (Keeling). Un signal de détresse est capté par le croiseur léger Sydney à seulement 50 miles (80km). Le croiseur australien arriva sur place en moins de deux heures et fût engagé par l’Emden pourtant inférieur en taille, puissance propulsive et armement.

Le capitaine allemand refusa de se rendre et s’échoua sur la North Keeling Island. Le croiseur australien tira sur le croiseur échoué jusqu’à ce qu’à les allemands finissent par se rendre. La bataille des îles Cocos fût le premier affrontement de la jeune marine australienne.

Le 6 février 1915, le vieux croiseur léger HMAS Pioneer (classe Pelorus) rejoint la campagne d’Afrique orientale. Le 6 juillet, il engage le croiseur léger allemand SMS Königsberg et les batteries côtières durant la bataille du Delta de Rufiji. Le vieux croiseur resta déployé sur zone jusqu’à l’automne 1916, rentrant en Australie en octobre pour être désarmé après avoir bombardé notamment Dar-es-alaam.

La marine australienne ne fût pas non plus absente de la campagne des Dardanelles même si leur action fût éclipsée dans les mémoires par les pertes abominables de l’Australian New-Zealand Army Corps (ANZAC).

Le sous-marin HMAS AE-2 fût le premier navire allié à provoquer une brèche dans les défenses turques du détroit. Le submersible passa cinq jours dans la zone, étant attaqué à plusieurs reprises mais en réchappa mais ne pu trouver aucun transport de troupes ennemi pour l’envoyer par le fond. Il eut moins de chance le 29 avril 1915 quand il fût endommagé par le torpilleur turc Sultan Hisar dans la baie d’Artaki ce qui obligea son équipage à le saborder. L’épave ne fût retrouvée qu’en juin 1998.

Des navires de la marine australienne assurèrent aussi le blocus de l’Allemagne pour empêcher le commerce et le ravitaillement.

En février 1915, le croiseur de bataille HMAS Australia intègre la Grand Fleet, étant le navire-amiral du 2nd Battle Cruiser Squadron mais heureusement ou malheureusement pour lui il ne pu participer à la bataille du Jutland puisqu’en avril 1916 il fût endommagé lors d’une collision avec son sister-ship le HMS New Zealand. Il retrouva le service actif en juin une fois la bataille passée.

En novembre 1918 trois navires australiens escortèrent la Hochseeflot entre l’Allemagne et Rosyth (en attendant Scapa Flow) en l’occurence le croiseur de bataille Australia et les croiseurs légers Sydney et Melbourne.

Durant le conflit la marine australienne connu une croissance limitée avec 37 navires et plus de 5000 hommes en 1918. Les pertes furent limitées avec seulement deux sous-marins coulés (AE-1 et AE-2), 171 morts (108 australiens et 63 britanniques détachés de la RN) avec moins d’un tiers des pertes au combat.

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