UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE
T.8 : LES DOMINIONS (3) AUSTRALIE
AVANT-PROPOS
Depuis 2011 je me suis lancé dans une œuvre gigantesque, titanesque, une uchronie traitant d’un second conflit mondial ayant débuté en septembre 1948 et s’étant achévé en septembre 1954 soit un décalage de neuf ans par rapport au second conflit mondial tel que nous l’avons connu.
Je crois que si j’avais su qu’en 2019 je serais encore dans la partie préparatoire au conflit je crois que j’aurais reculé devant une telle ampleur que je suis certain à découragé certains de mes lecteurs.
Commencée en 2011 par la France, je suis toujours rendu en 2018 à la présentation des différentes volumes. Initialement je voulais attendre pour rédiger mon second conflit mondial mais devant l’étendue j’ai donc fait de grandes entorses à cette règle d’or.
Après un Tome 1 beaucoup trop long consacré à la France, j’ai effectué un Tome 2 consacré à l’Allemagne entamé comme la France mais que j’ai fini par réduire de manière drastique avant de finalement faire un tome mêlant parties très détailles, parties (trop) synthétiques et parties équilibrées.
C’est avec le Tome 3 consacré à la Grande-Bretagne que j’ai atteint un vrai équilibre ni trop ni pas assez détaillé. J’ai poursuivi avec le tome 4 consacré aux Etats-Unis, le tome 5 consacré au Japon et le tome 6 dédié à l’Italie.
Dans ces tomes j’ai intégré des éléments consacré au conflit et même à l’après guerre ce qui à provoqué des contradictions avec les tomes précédents.
J’ai l’intention de corriger tout ça mais si je n’arrive pas à le faire à temps la règle édictée dans le tome 6 s’applique toujours à savoir qu’une information récente prime sur une information plus ancienne.
J’ai dit dernier des tomes majeurs tout simplement parce que les tomes suivants seront consacrés non seulement à des puissances secondaires mais à des pays qui ne disposent pas forcément uniquement d’armes nationales.
A quoi bon détailler un avion, un navire ou un char déjà présenté ailleurs ? D’où cette nouvelle distinction entre tomes majeurs et tomes mineurs.
Les Tomes Majeurs sont au nombre de sept (T.1 pour la France T.2 pour l’Allemagne T.3 pour Grande-Bretagne T.4 pour les Etats-Unis T.5 pour le Japon T.6 pour l’Italie et le T.7 pour l’URSS) suivis de Tomes mineurs.
Le Tome 8 va traiter des Dominions (Canada, Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande), le Tome 9 du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), un Tome 10 consacré au Portugal, à l’Espagne et à la Turquie, les Tome 11 et 12 consacrés aux autres pays européens, le Tome 13 aux pays d’Amérique Centrale et Latine.
Plus précisément le Tome 11 sera consacré aux pays scandinaves (Norvège, Danemark,Suède,Finlande) mais aussi à la Suisse et à la République d’Irlande alors que le Tome 12 sera consacré aux pays de l’Est et des Balkans (Grèce, Yougoslavie, Hongrie, Bulgarie,Roumanie,Slovaquie) et que le Tome 13 traitera des pays d’Amérique Centrale et Latine à savoir le Brésil, l’Argentine, le Chili, l’Urugay, le Paraguay, le Perou, l’Equateur, la Bolivie, la Colombie, le Venezuela, le Mexique et les petits états d’Amérique Centrale (Salvador, Nicaragua, Honduras,Salvador,Panama,Costa Rica)
Ce Tome 8 va donc être consacré aux principaux dominions britannique en l’occurrence le Canada, l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Dans ce tome je vais donc aborder l’histoire de ces dominions, l’organisation de leurs forces armées (dont une partie est placée sous le commandement de l’ancienne puissance impériale) et leur équipement.
Je vais traiter successivement du Canada, de l’Afrique du Sud et deux dominions du Pacifique en première ligne face au Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande souvent traduit par le signe ANZAC (Australian New Zealand Army Corps), le corps d’armée australo-néo zelandais qui s’illustra à Gallipoli et aux Dardanelles en 1915 au point de faire de l’ANZAC Day une fête plus importante pour les Aussies et les Kiwis que le jour du souvenir commémorant la fin du premier conflit mondial.
Comme d’habitude bonne lecture.
Ce troisième texte du Tome 8 va donc s’occuper de l’Australie, l’un des deux dominions du Pacifique, le deuxième étant la Nouvelle-Zélande.
Véritable île-continent, l’Australie n’est découverte que tardivement par les européens à la recherche d’un hypothétique «continent austral» (début du XVIIème siècle). En 1770, James Cook pénètre à Botany Bay, le futur site de la ville de Sydney.
Le 26 janvier 1788 un convoi pénitentiaire suit les traces de James Cook. Les autorités britanniques privées du débouché américain pour leurs convicts décident de les envoyer outre-mer. Après l’échec d’une colonie pénitentiaire au Cap, Londres choisit un territoire encore vierge pour y implanter un bagne. Ce jour est depuis devenu l’Australia Day, la fête nationale australienne.
Le peuplement européen se fait au détriment des aborigènes qui comme les indigènes d’Afrique et les indiens d’Amérique sont incapables de résister à cette poussée même si les premières années des européens sur l’île-continent sont très difficiles.
Au début du XIXème siècle, l’Australie cesse d’être une simple colonie pénitentiaire mais devient une colonie «civile» avec l’arrivée de colons libres pendant que les convicts libérés peuvent s’installer librement.
Le milieu du XIXème siècle est marquée par une ruée vers l’or comparable toutes proportions gardées avec celle que connu la Californie. En 1901 l’Australie devint un dominion, le Commonwealth of Australia voyant le jour le 1er janvier de la première année du XXème siècle.
Comme pour tous les dominions, la première guerre mondiale est un moment décisif pour la jeune nation australienne qui s’engage à fond dans le conflit notamment à Galipolli au travers de l’ANZAC (Australian New Zealand Army Corps) au point que l’ANZAC Day le 25 avril supplante dans les commémorations celles de l’Armistice de Rethondes (Remenbrance Day).

Montage photo concernant la bataille des Dardanelles
Galipolli fût aux australiens ce que Vimy fût aux canadiens un moment où les australiens prirent vraiment conscience de leur spécificité. Les rapports avec la métropole ne seraient plus jamais les mêmes, l’empire se transformant progressivement en une confédération, le Commonwealth voyant le jour en 1931 et douze ans plus tôt en 1919, le traité de Versailles était le premier traité international signé par l’Australie.
La période 1919/1939 (Rethondes-Coblence) est marquée par la question des relations avec la Métropole, avec l’ancienne puissance coloniale et sa capacité à protéger l’île-continent du militarisme japonais. C’est aussi la Grande Dépression qui frappe d’autant plus violemment l’Australie que l’économie du pays est particulièrement dépendante des exportations notamment des produits miniers et agricoles.
Comme le Canada et l’Afrique du Sud, l’Australie en liaison avec la Nouvelle-Zélande décide de prendre ses distances avec la Grande-Bretagne en matière diplomatique et militaire, en investissant dans une industrie de défense locale (qui produira armes, canons, chars et même avions en quantité non négligeable) mais aussi en se rapprochant des Etats-Unis.
En septembre 1948 le second conflit mondial éclate en Europe. L’Australie entre immédiatement en guerre mais son engagement est freiné par la crainte de l’impérialisme japonais, Canberra se sachant en première ligne.
La zone Asie-Pacifique s’embrase à son tour en mars 1950. Les australiens renforcent les défenses de leur mandat de Nouvelle-Guinée mais ne pourront s’y maintenir. Ils assurent une part non négligeable de la défense des Salomons.
Dans le contre-offensive alliée, l’Australie s’engage en Nouvelle-Guinée puis aux Philippines, combattant en Chine et à Formose mais aussi en Insulinde pour aider à la reconquête des colonies britanniques.
A la fin du conflit, l’Australie est devenue une puissance majeure dans la région Asie-Pacifique, région qui allait connaître de sérieux bouleversements avec l’accession à l’indépendance des colonies et protectorats européens mais aussi les deux guerres du Vietnam auxquelles participent l’Australie, le gouvernement australien qu’il soit travailliste ou conservateur voyant dans ces deux conflits (1960-1967 et 1970-1977) la main communiste mais ceci est une autre histoire.
En ce qui concerne les forces armées elles sont imposants et puissantes, se rapprochant de celles du Canada avec notamment une puissante marine composée d’un porte-avions, de croiseurs et de destroyers. L’armée de terre et l’armée de l’air font également bonne figure.
HISTOIRE DE L’AUSTRALIE
Découverte et colonisation
A partir du 15ème siècle les européens se lancer dans de nombreuses expéditions de découverte, des expéditions ayant des buts tout autant scientifiques que politiques ou mercantiles.
Après la découverte du continent américain une nouvelle marotte anime les grandes puissances européennes à savoir la découverte du «continent austral» que l’on pense découvrir dans la partie méridionale du globe.
Ce continent bien entendu n’existe pas même si l’Australie peut être considérée comme une île-continent.
Quel européen à découvert en premier l’Australie ? Une hypothèse controversée fait du portugais Cristovao de Mendonça en 1522 le premier découvreur de l’île-continent.
Ce qui est certain c’est que le premier explorateur européen à avoir vraiment découvert l’Australie est le néerlandais Willem Janszoon qui explore le Golfe de Carpentarie (nord-est de l’Australie) et débarque en 1606 sur la côte ouest de la péninsule du cap York qui borde le golfe cité plus haut.
Ce territoire est baptisé Nouvelle Hollande mais il n’y à aucune tentative de colonisation car le territoire et ses habitants sont clairement inhospitaliers.
D’autres explorateurs s’intéressent à l’Australie comme Luis Torres en 1607 pour l’Espagne, Dirk Hartzog en 1616 et Jan Carstenzoon en 1623 pour les Provinces Unies mais aussi Abel Tasman en 1642, le sieur Tasman donnant son nom à la Tasmanie.
La première tentative de colonisation est une tentative accidentelle suite à l’échouage sur la côte occidentale d’un navire de la VOC (Vereenigide Oost-Indische Compagnie), la compagnie néerlandaise des Indes Orientales le Batavia.
Ce navire s’échoue dans l’archipel Abohos de Houtman le 4 juin 1629. Une chaloupe part pour chercher des secours à Batavia (auj. Djakarta) et pendant ce temps les gens tentent de survivre. Ils sont victimes de la folie meurtrière d’un apothicaire ruiné, blasphémateur Jeronimus Cornelisz.
Une expédition de secours arrive le 2 septembre 1629. Sur les 320 marins, soldats et passagers un tiers seulement à survécu. L’épave à été redécouverte en 1960.
En 1644, le carthographe français Melchivédech Thevenot carthographie la côte occidentale de l’Australie qu’il baptisé Nova Hollandia.

James Cook
En 1770, l’explorateur britannique James Cook découvre Botany Bay, le site de la future ville de Sydney.
Que faire de ce territoire ? Les britanniques décident d’en faire une colonie pénitentiaire pour diminuer la pression démographique dans les îles britanniques. Cela s’explique aussi par la perte prochaine des colonies américaines.
Une colonie pénitentiaire est ainsi créée en 1788 à Port Jackson. Le convoi amenant les premiers convicts arrive le 26 janvier 1788. Cette date sera ultérieurement choisit pour devenir la fête nationale (Australia Day).
De 1788 à 1868 160000 prisonniers sont envoyés dans différentes colonies pénitentiaires. Les premières années sont très difficiles comme souvent dans les phases de colonisation. Ces années sont ultérieurement surnommées «années de la famine».
Les contacts avec les Aborigènes, les habitants natifs de l’île-continent sont un mélange d’hostilité, de méfiance et de cohabitation plus ou moins forcée. Tout comme les indiens d’Amérique, le contact avec les européens est dévastateur, les épidémies faisant tout autant de dégâts que les combats et les massacres.
De 1810 à 1821, lord Macqarie est gouverneur de la colonie de Nouvelle-Galles du Sud. Il va progressivement transformer une colonie pénitentiaire en une colonie libre et civile. Entre-temps en 1803 on commence la colonisation de la terre Van Damen qui est rebaptisée Tasmanie. Elle devient une colonie autonome en 1825.
En 1829 le reste de l’île-continent est annexé par les britanniques, devenant l’Australie occidentale.
De nouvelles colonies sont créées, l’Australie méridionale en 1836, Victoria en 1851 et le Queensland en 1859. Le territoire du Nord est créé en 1863 à partir de la province d’Australie du Sud.
Les colonies de Victoria et de l’Australie méridionale sont fondées comme colonies libres sans passé pénitentiaire même si nécessité faisant loi des convicts seront envoyés pour répondre à la pénurie de main d’oeuvre.
L’envoi des prisonniers est progressivement stoppé entre 1840 et 1868. L’envoi des prisonniers est stoppé en Nouvelle-Galles du Sud en 1848 après de violentes manifestations de ses habitants.
Entre 1850 et 1900, on assiste à une progressive démocratisation et surtout à la naissance d’un sentiment national. Entre 1850 et 1860, l’île-continent est victime d’une ruée vers l’or comparable à celle qu’à connue la Californie.
Comme aux Etats-Unis for peu de gens vont faire fortune en découvrant des pépites d’or mais ce qui est sur c’est que cela va augmenter la population et les tensions sociales.
L’Australie connait aussi son «Far West» avec des personnages appelés bushrangers, des hommes vivant en marge de la loi qui étaient relativement populaire auprès de la population, des sortes de bandits d’honneur. Le dernier bushranger Ned Kelly est abattu à Glenrowan en 1880.
Entre 1855 et 1890 les six colonies deviennent progressivement autonomes, certaines colonies donnant le suffrage universel aux hommes qu’ils soient blancs ou indigènes alors que d’autres le réserve aux blancs. La Grande-Bretagne conserve la gestion des affaires étrangères, la défense et le commerce international.
Reste à organiser l’île-continent. C’est l’étape suivante à savoir la naissance du Commonwealth of Australia, un nouveau dominion.
De la création du Dominion au premier conflit mondial (1901-1918)
Commonwealth of Australia, un nouveau dominion
C’est le 1er janvier 1901 que l’Australie accède au statut de Dominion. C’est le fruit de deux décennies de négociation entre les colonies australiennes, la Nouvelle-Zélande et le gouvernement britannique.
Après le refus de l’île au long nuage blanc de se joindre aux colonies australiennes, l’île-continent et sa dépendance tasmanienne allait obtenir le statut de dominion rejoignant en cela le Canada qui l’était depuis 1867.
Melbourne est choisit comme capitale provisoire mais il est prévu la construction d’une nouvelle capitale baptisée Canberra pour éviter que la querelle entre Melbourne et Sydney ne s’envenime.
Le site sera choisit en 1908, la ville inaugurée le 12 mars 1913 mais il faudra attendre 1927 pour le gouvernement ne s’y installe.

George V régna de 1910 à 1936
Le 9 mai 1901 s’ouvre la première session du Parlement d’Australie. C’est le duc d’York futur George V qui représente la reine Victoria auprès des parlementaires du Dominion. Son fils le futur George VI sera présent à l’inauguration de la première session parlementaire à Canberra le 9 mai 1927.
Les premières élections fédérales de mars 1903 ne sont pas concluantes car aucun des grands partis politiques australiens ne parvient à obtenir la majorité dans les deux chambres. Un gouvernement de coalition doit être mis en place. Dirigé par Edmund Barton, le chef du parti protectionniste il regroupe les protectionnistes et les travaillistes laissant les libre-échangistes dans l’opposition.
Dès 1904 un nouveau gouvernement dirigé par Deakin, leader du parti protectionniste est mis sur pied. Il effectue un gros travail législatif en faisant plusieurs lois fondamentales et amorce une politique de préférence blanche comparable à celle menée en Afrique du Sud.
En 1909 les partis protectionnistes et libre-échangistes fusionnent donnant naissance au Parti libéral du Commonwealth. Cette fusion n’empêche par l’arrivée au pouvoir du parti travailliste d’Andrew Fisher en 1910. Ce dernier perd les élections en 1913 mais de très peu ce qui explique en partie pourquoi il revient au pouvoir dès 1914.
C’est alors qu’éclate le premier conflit mondial qui allait profondément bouleverser la jeune nation australienne dans son essence mais aussi dans ses relations avec l’ancienne métropole coloniale.
L’Australie et la première guerre mondiale

Billy Hughes aka « l’enmerdant vaurien »
Lors des négociations du traité de Versailles, Woodrow Wilson traite le premier ministre australien Billy Hughes «d’enmerdant vaurien» tant il réclame de très lourdes réparations à l’Allemagne. Le chef du gouvernement australien répond tout simplement qu’il parle au nom de 60000 morts australiens soit un cinquième des soldats envoyés au nombre de 330000.
Ce sang bouleverse totalement l’Australie qui apprend dans la douleur le poids et la servitude des grandes nations. Les rapports avec la Grande-Bretagne sont changés à jamais et jamais plus Londres ne pourra traiter Canberra comme une vulgaire colonie.
La signature du traité de Versailles le 28 juin 1919 est d’ailleurs le premier traité international signé par l’Australie à peine vingt ans après sa création. Elle intègre également la SDN, la Société des Nations censée mettre fin au conflit mais qui fera montre d’une impuissance chronique en partie en raison de l’absence des Etats-Unis. Elle reçoit un mandat de la SDN sur la Nouvelle-Guinée, une ancienne colonie allemande.
Les Aussies vont combattre sur tous les fronts qu’il s’agisse du Pacifique où ils s’emparent des colonies allemandes, de l’Europe de l’ouest (Somme, Ypres) et surtout du front oriental, à Gallipoli et aux Dardanelles. A noter que tous les soldats étaient volontaires, deux référendum (1916 et 1917) refusant obstinément la mise en place de la conscription.
Les australiens combattent également dans les airs avec l’Australian Flying Corps créé en mars 1914 et qui est d’abord engagé en Nouvelle-Guinée mais aussi sur mer avec la Royal Australian Navy qui s’illustre notamment en coulant le corsaire allemand Emden.
L’apport australien à la cause alliée est aussi économique notamment sur le plan agricole par l’envoi massif de blé et de viande pour nourrir populations civiles et troupes (Nda cela me rappelle cette scène entre Bernard le Coq et Samuel Le Bihan dans Capitaine Conan «Vous savez pas si la roulante à touché du mouton ? Du mouton ? Les hommes ont choppé la dysenterie à cause de cette saloperie de lapin frigorifié des australiens.») ce qui à clairement un impact sur l’économie australienne.
Au plan politique, «l’emmerdant vaurien» s’allie avec les libéraux pour former le pari nationaliste qui va rester au pouvoir jusqu’en 1923. Le parti travailliste va passer les années vingt faible et divisé.
Croissance et dépression
L’Australie devient une économie largement dépendante des exportations et des fluctuations du marché mondial notamment dans le domaine des produits miniers et agricoles.
Sur le plan politique, Billy Hughes reste au pouvoir jusqu’en 1923. Il remporte les élections de 1922 mais doit renoncer au profit de son trésorier Stanley Bruce qui dirige une coalition regroupant les Nationalistes et le Country Party qui représente les intérêts des fermiers australiens.
Cette coalition est reconduite en 1925 et 1928 même si les travaillistes connaissent une progression continue. L’année suivante, en 1929, de nouvelles élections sont organisées permettant aux travaillistes d’accéder au pouvoir avec une majorité absolue (46 sièges sur 75). Jim Scullin devient premier ministre.
La Grande Dépression consécutive au krack boursier d’octobre 1929 provoque de sérieux remous en Australie. Le chômage et la misère explosent générant des tensions sociales très importantes mais qui n’auront pas un réel impact politique.
Il existe néanmoins une querelle politique pour savoir comment résoudre cette crise. Si le laisser-faire et le laisser-dire est politiquement intenable, si le protectionnisme semble être la réponse parfaite, la question de la dépense publique se pose.
Dans des pays anglo-saxons traditionnellement libéraux, l’augmentation de la dépense publique et surtout de la dette passe assez mal auprès des opinions tout comme une austérité qui fait souvent plus de mal que de bien.
Conséquence logique, en 1931, un nouveau parti, le parti de l’Unité australienne (United Australia Party) arrive au pouvoir mais il est minoritaire puisqu’il ne contrôle que 34 sièges sur 75 laissant le reliquat aux travaillistes (14), au Country Party (16), les travaillistes pro-Lang (4) auxquels il faut ajouter un indépendant et six députés du comité d’urgence (Emergency Commitee). Joe Lyons devient premier ministre en remplacement de James Scullin.
En 1931, le premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud Jack Lang publie son propre plan de lutte contre la crise économique qui allait à l’opposé du plan fédéral du premier ministre travailliste James Scullin mais aussi de ceux des autres gouvernements.
A la différence du gouvernement fédéral, le sieur Lang refusait de baisser encore les dépenses publiques pour équilibrer le budget. Lang retire les fonds de l’Etat détrnus sur des comptes fédéraux et les conservant en liquide.
Le gouverneur général de l’Australie Sir Philip Game considéra cette action illégale mais le premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud reste droit dans ses bottes. Le 13 mai 1932, le gouverneur général retire sa charge à Lang remplacé par le chef de l’opposition Bertram Stevens. De nouvelles élections sont organisées mais le parti travailliste de Stevens est sévèrement battu.
Aux élections générales de 1934, Joe Lyons resten premier ministre mais il est cette fois à la tête d’une coalition avec le Country Party qui regroupe 42 sièges sur 75, le reliquat étant laissé aux travaillistes (16) et aux travaillistes pro-Lang (neuf sièges).
Cette coalition reste au pouvoir après les élections de 1937 avec 44 sièges (28 pour l’UAP et 16 pour le Country Party) mais les travaillistes progressent avec 29 sièges, le dernier siège étant occupé par un indépendant (NdA Pour une raison que j’ignore il n’y avait 74 sièges dans la nouvelle assemblée).
Durant cette période, plusieurs hommes politiques dominent la période comme Billy Hughes (25 septembre 1862 28 octobre 1952). Né à Londres de parents gallois, il émigre en Australie à l’âge de 22 ans en 1884. Septième premier ministre australien de 1915 à 1923 mais ce poste n’est qu’une partie infime de sa vie politique puisqu’il fût membre du parlement fédéral australien de 1901 à sa mort !
Il fût membre de six partis différents et en dirigeant cinq ! Son principal fait d’arme fût naturellement de diriger l’Australie pendant le premier conflit mondial et de se montrer un redoutable négociateur lors de la conférence de pays de Paris.
Stanley Bruce (15 avril 1883 25 août 1967) était lui issu d’une riche famille de Melbourne. Il est le huitième premier ministre australien de 1923 à 1929. Membre du parti Nationaliste, sa carrière politique continue en étant haut-commissaire (ambassadeur) de l’Australie en Grande-Bretagne.
Ce poste il va l’occuper de 1933 à 1945, tentera un retour en politique mais échouera. Il devient un conseil de l’ombre et accepte un poste de chef de la mission d’achat australienne aux Etats-Unis même si son rôle est plus honorifique qu’opérationnel.
Très intéressé par les questions agricoles et de développement, il va jouer un rôle dans la création de la FAO (Food and Agriculture Organisation) destinée à améliorer les techniques agricoles et à mettre fin aux famines qui frappaient l’Asie et l’Afrique.
James Scullin (18 septembre 1876 28 janvier 1953) est le fils d’un immigrant irlandais. Chef du parti travailliste, il est premier ministre de 1929 à 1932, devant gérer tant bien que mal les conséquences de la Grande Dépression.
Après avoir perdu les élections, il reste à la tête des travaillistes jusqu’en 1935, y ayant passé sept ans. Il jouera ensuite jusqu’à sa mort un rôle de conseiller de l’ombre et de sage mais sans jamais occuper une nouvelle fonction ministérielle.
Joe Lyons (15 septembre 1879 7 avril 1939) est le dixième premier ministre australien de 1932 à 1939. Il est d’abord membre du parti travailliste mais en désaccord avec James Scullin sur la gestion des conséquences de la crise économique, il quitte le parti avec ses partisans pour former l’United Australia Party avec lequel il remporte les élections de 1932.
Très populaire, il est le seul premier ministre australien venu de Tasmanie et le seul à avoir été premier ministre d’Etat (Tasmanie 1923 à 1928) puis premier ministre fédéral. C’est le premier à remporter trois élections fédérales. Il est remplacé à son poste par Sir Earle Page puis par Robert Menzies.
L’Australie dans la Pax Armada
L’Australie et la guerre de Pologne
Le 1er septembre 1939 l’Allemagne envahit la Pologne. Deux jours plus tard, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne. L’Australie suit immédiatement et se prépare à participer au conflit sur terre, sur mer et dans les airs.
Le gouvernement conservateur australien (La Coalition qui regroupe le parti libéral et le parti national) décide d’envoyer deux divisions au Moyen-Orient pour renforcer les moyens britanniques mais ces divisions n’auront pas le temps de s’engager en raison de la fin prématurée du conflit (15 décembre 1939).
Voilà pourquoi l’envoi d’une troisième division est annulé. Les deux divisions déployées en Egypte et en Palestine mandataire rentreront au pays à l’été 1940 une fois la paix établit de manière durable (ou pas).
Au niveau naval la Royal Australian Navy (RAN) couvre l’envoi des troupes de l’Australian Army au Moyen-Orient et patrouille dans l’Océan Indien contre d’éventuels raiders allemands mais aucun navire allemand ne sera intercepté ou coulé par la marine royale australienne.
En ce qui concerne la Royal Australian Air Force (RAAF), elle envoie quelques unités au Moyen-Orient mais garde l’essentiel de ses forces au pays et en Nouvelle Guinée, Canberra se méfiant d’un Japon de plus en plus agressif.
Tout comme le Canada et l’Afrique du Sud, le conflit montre un certain nombre de carences dans l’entrainement, l’organisation et l’équipement.
Durant la Pax Armada, le gouvernement conservateur (au pouvoir jusqu’en 1940) et le gouvernement travailliste (au pouvoir de 1940 à 1948) vont investir «massivement» _tout est relatif_ dans les différentes branches des forces armées.
D’un conflit à l’autre (1939-1948)
Aux élections de 1940 les conservateurs après dix ans de pouvoir cèdent la place aux travaillistes qui contrairement aux craintes de certains ne bouleversent pas trop les choses, ils s’inscrivent davantage dans le sillon creusé par le parti de la Coalition que le contraire.
Les travaillistes remportent 32 sièges contre 23 pour l’UAP, 14 pour le Country Party, 4 pour les travaillistes pro-Lang et un indépendant. Un gouvernement minoritaire de la Coalition est mis en place sous l’autorité de Robert Menzies.
Billy Hughes le remplace comme leader de l’UAP mais le nouveau premier ministre est Arthur Fodden pour seulement quarante jours jusqu’à ce que les travaillistes et les indépendants ne repoussent le budget. Un gouvernement travailliste voit alors le jour sous l’autorité de John Curtin.
Des réformes sociales avancées sont menées, la politique vis à vis des aborigènes est assouplie mais on est loin de l’abandon de la «priorité blanche» qui anime la politique australienne depuis la naissance du Dominion.
Le principal effort porte sur les questions de défense. Craignant que la Grande-Bretagne ne s’engage pas à fond dans la défense de l’empire (en dépit du renforcement de Singapour qui devient le «Gibraltar de l’Extrême-Orient»), l’Australie en liaison avec la Nouvelle-Zélande décide de prendre son destin en main en investissant massivement mais aussi en se rapprochant des Etats-Unis et chose moins connue de la France.
Pays insulaire, l’Australie comprend que sa défense contre la menace japonaise doit surtout s’appuyer sur la marine et l’aviation. La Royal Australian Navy (RAN) devient l’enfant chéri du gouvernement australien en recevant de généreux budgets.

Le HMAS Australia à Sydney
Ces budgets permettent la commande d’un porte-avions léger, la modernisation des deux croiseurs lourds type County, la construction de destroyers modernes…… .
La Royal Australian Air Force (RAAF) n’est pas abandonnée avec l’acquisition d’avions modernes dont certains sont produits en Australie qu’il s’agisse d’avions de conception nationale ou étrangère.
L’Australian Army n’est pas délaissée mais les investissements sont moins visibles et moins important. Elle reçoit néanmoins des chars de combat dont le Sentinel, le premier et dernier char de conception et de fabrication nationale.
Des grands travaux sont menés pour stimuler l’économie. Cela concerne essentiellement des infrastructures de transport (ponts, routes, chemins de fer) mais il y à aussi des travaux de fortification pour protéger les approches de certains ports du pays.
Sur le plan diplomatique, Canberra s’inquiète de l’impérialisme japonais. Si l’invasion de l’île-continent est jugée impossible, le gouvernement australien craint de ne pouvoir défendre la Nouvelle-Guinée sur la durée.
Aux élections de 1943, le parti travailliste (Labor Party) remporte la majorité absolue sous la direction de John Curtin avec 49 sièges contre 12 pour l’UAP, 7 pour le Country Party, 1 indépendant et 5 non-inscrits.
John Curtin décède en 1945. Il est brièvement (une semaine) remplacé par Frank Ford puis par Ben Chifley. Aux élections de 1946, les travaillistes remportent à nouveaux les élections mais de manière moins nette avec 40 sièges pour le Labor Party contre 23 pour l’UAP, 7 pour les indépendants et 4 non-inscrits.
Une crise politique éclate fin 1947 sur fond de rivalité de personnes au sein du parti travailliste ce qui entraine des élections anticipées au printemps 1948.
Ces élections marquent l’arrivée au pouvoir du parti Liberal sous l’autorité de Robert Menzies venu de l’UAP qui s’était divisé, volatilisé et vaporisé. Le nombre de sièges à été porté à 121 sièges et sur ces 121 sièges, le Liberal Party remporte la majorité absolue avec 77 sièges contre 32 pour les travaillistes et 12 pour des indépendants (ex-membres du Country Party, travaillistes et conservateurs en rupture de ban).
Trois hommes politiques australiens dominent la période. Le premier est John Curtin (8 janvier 1885 5 juillet 1945). Quatorzième premier ministre australien (1941-1945), il est le premier issu de la province d’Australie occidentale. Elu à la Chambre (Fremantle) en 1928, il reste fidèle au parti travailliste quand le parti se scinde en 1931.
Battu aux élections générales, il est à nouveau en 1934 et l’année suivante en 1935 devient le dirigeant du parti travailliste qu’il fait à nouveau progresser aux élections de 1937. Suite à un vote de défiance contre le gouverneur minoritaire de l’UAP, il devient premier ministre, poste qu’il va occuper jusqu’en 1945, décedant en juillet des suites d’une crise cardiaque.
Ben Chiffley (22 septembre 1885 13 juin 1951) est le seizième premier ministre australien au pouvoir de 1945 à 1948. Originaire de Nouvelle-Galles du Sud, il est élu au parlement fédéral en 1928 et devient brièvement ministre de la défense en 1931. Battu aux élections la même année, il n’est réélu qu’en 1940, devenant ministre en 1941 puis remplaçant Curtin en juillet 1945.
Menant une politique protectionniste et interventionniste, il provoque un profond malaise au sein du parti travailliste qui se déchire en multiples courants sans compter les querelles d’ego. Il provoque des élections anticipées en 1948 mais est battu. Il quitte la vie politique et reste à l’écart des affaires publiques jusqu’à sa mort en juin 1951.
Robert Menzies (20 décembre 1894 15 mai 1978) est premier ministre de 1939 à 1941 et de 1948 à 1957. C’est donc lui qui dirige l’Australie durant le second conflit mondial.
Leader de l’UAP de 1939 à 1941, il quitte le parti en même temps que son poste de premier ministre. Le parti disparaît en 1945 et Robert Menzies en profite pour créer le parti Libéral avec lequel il remporte les élections en 1948. Il est réélu en 1951 et 1954 mais est battu en 1957.
Il quitte alors la vie politique active, se contentant de missions honorifiques sur demande du gouvernement australien. Comme nombre d’anciens prime minister, il sert de sage et est un conseiller très écouté.