Armes et Véhicules de l’Armée Sud-Africaine
En dépit de relations souvent conflictuelles et ambivalentes avec Londres, la quasi-totalité des armes de l’Armée de Terre sud-africaines sont d’origine et de fabrication britannique.
Il y à bien dans les années quarante une tentative pour rendre l’United Defence Force plus autonome mais les résultats sont décevants au point que Prétoria privilégier la production sous licence d’armes britanniques plutôt que de se lancer dans l’aventure nationale.
Quelques armes américaines et françaises ont cependant parfois pointé le bout de leur canon souvent parce que le ravitaillement en armes britanniques connaissait des problèmes mais aussi quand les troupes sud-africaines combattaient aux côtés des G.I et des Furieux (l’équivalent pour le second conflit mondial du «Poilu» du premier).
Armes de l’infanterie
Armes individuelles (1) : pistolets et revolvers

Revolver Webley Mk VI
En septembre 1948, les fantassins sud-africains utilisent principalement des revolvers à barillet donnant un côté que l’on qualifierait de old school. Le principal modèle utilisé le Webley .455 Mk VI, une arme tirant la puissante cartouche de 11.5X19.6mm.
Contrairement à notre époque contemporaine où tous les soldats portent une arme de poing, les revolvers de l’époque étaient réservés aux officiers, aux transmetteurs et aux servants d’armes lourdes. Si un fantassin voulait disposer d’une arme de ce type, il devait se la procurer lui même et demander l’autorisation de son chef de corps.
Au combat le pistolet servait à l’autodéfense, à fouiller un blindé en apparence abandonné voir à nettoyer la maison, le pistolet mitrailleur pouvant parfois faire plus de mal que bien. Il n’était pas rare de voir pour le nettoyage de maison des soldats sud-africains simplement armés d’un pistolet ou d’un revolver, de grenades et d’armes blanches dont l’utilisation si elle demandait un savoir faire et des nerfs d’acier avait un impact psychologique aussi important qu’immédiat.
Aux côtés du Webley, d’autres modèles de pistolets mais aussi de revolvers vont être utilisés par les troupes sud-africaines. Le principal fût le Colt M1911A1, tellement célèbre qu’on le désigne souvent par le chiffre de son calibre en mesures anglo-saxonnes à savoir «45».
Cette arme est livrée en grand nombre après mars 1950 pour compenser la pénurie de Webley et leur usure importante. Pretoria à envisagé de produire l’arme sous licence mais à finalement abandonné, la formidable puissance industrielle américaine n’ayant aucun mal à livrer les armes demandées.

Colt M1911
Le second conflit mondial terminé, le Colt M1911A1 devient l’arme de poing standard de l’armée sud-africaine et ce jusqu’en 1995 quand un pistolet automatique calibre 9mm Parabellum est choisit en l’occurrence le Glock 17, cette longue carrière s’expliquant à la fois par l’efficacité de l’arme mais aussi par l’embargo imposé par l’ONU en 1977 pour protester contre la répression des opposants à l’apartheid.
Armes Individuelles (2) : pistolets mitrailleurs
Le pistolet mitrailleur (appelé improprement mitraillette en France), submachine gun en anglais est une arme automatique tirant à grande cadence des cartouches de pistolets de 7.65 à 11.43mm.

MP-18
Elle est apparue à la fin du premier conflit mondial pour équiper les Stosstrupen allemandes, le MP-18 étant le premier pistolet mitrailleur opérationnel de l’histoire. Le conflit terminé, les armées occidentales se détournèrent du pistolet mitrailleur, décidant de faire confiance au fusil voir à la carabine.
Cela n’empêcha pas certaines armées de continuer à s’équiper de ces armes efficaces à très courte distance. L’armée sud-africaine n’en fait pas partie puis qu’après quelques lots pour essais et expérimentations, les soldats venus d’Afrique Australe devront attendre le second conflit mondial pour s’en équiper.

Sten Mk III
C’est seulement en août 1948 que l’UDF passe commande de ses premiers pistolets mitrailleurs en l’occurrence des Sten Mk III, une arme en tôle emboutie simple à fabriquée ce qui explique qu’après la livraison d’un premier lot de 1800 armes, l’Afrique du Sud à produit l’arme sous licence dans une usine près de Johannesburg.
Cette arme qui tirait la cartouche aujourd’hui standard 9x19mm Parabellum est d’abord distribuée aux servants d’armes lourdes puis aux officiers et aux sous-officiers.
Au final de nombreux fantassins troquaient parfois leurs fusils contre des pistolets mitrailleurs surtout quand il devaient combattre en localité ou quand il s’agit d’envoyer le plus de plomb le plus rapidement possible. C’était aussi l’arme privilégiée quand les fantassins devaient assurer la protection rapprochée des chars.
Les autres modèles utilisés furent la Thompson M1A1 rendue immortelle par le duel entre les sicaires d’Al Capone et les incorruptibles d’Elliot Ness (même si au combat le chargeur tambour aussi bruyant que fragile était remplacé par un chargeur droit), la Reising M-50 mais aussi le pistolet mitrailleur français MAT-42, cette arme étant surtout utilisée par les hommes de la 4th South African (Infantry) Division qui combattaient aux côtés des français en Indochine.
A la fin du second conflit mondial, seules les Sten sont conservées (aux côtés des Mk III, des modèles plus performants _Mk IV et V_ ont été produits et mis en service), armées remplacées à la fin des années soixante par un pistolet mitrailleur allemand, le Heckler & Koch MP-5.
Armes individuelles (3) : fusil
Depuis le 16ème siècle, des armes à feu individuelles combattent sur les champs de bataille, des armes appelées d’abord arquebuses puis mousquets et enfin fusil. L’emploi de ces armes ne fût pas toujours bien, le célèbre Chevalier Bayard faisait pendre les arquebusiers fait prisonniers.
Le fusil à d’abord été à chargement par la bouche puis par la culasse à partir du milieu du 19ème siècle. Au niveau du fonctionnement le système par répétition à été longtemps dominateur avant de céder la place au fusil semi-automatique puis au fusil automatique.

Lee Enfield Mark IV n°1
Quand le second conflit mondial éclate, le fusil standard de l’armée sud-africaine est le Lee-Enfield n°4 Mk1. C’est une très bonne arme mais elle est en passe d’être dépassée par des fusils semi-automatiques et automatiques mis au point par d’autres belligérants.
Tout comme le Canada, l’Afrique du Sud décide de produire sous licence un fusil semi-automatique. Comme aucun projet n’est assez mature en Grande-Bretagne, Pretoria sollicite plusieurs pays y compris l’URSS !
Une finale oppose le MAS modèle 1940 français et le Garand M-1 américain. C’est le second qui est choisit. Il semble qu’initialement l’Afrique du Sud voulait l’adapter au calibre .30 britannique mais qu’elle y à renoncé pour des raisons de temps et de coût.

M-1 Garand
Les Garand M-1 sud-africains étaient donc identiques aux fusils américains, les différences étant minimes et hors de portée d’un non spécialiste. Après un premier lot de 15000 fusils livrés en 1949, la production se poursuivant en Afrique du Sud dans une usine installé à Durban à proximité du port ce qui facilitait l’expédition des armes en direction du front qu’il soit est-africain, balkanique ou birman.
Les Lee-Enfield sont progressivement relégués aux unités de l’intérieur, réservant le Garand M-1 aux unités déployées outre-mer.
Le Garand M-1 va rester en service jusqu’en 1964 quand il est remplacé par le FN Fal, un fusil de conception et de fabrication belge.
Aux côtés de ces fusils, on trouve d’autres modèles disponibles en petite nombre essentiellement pour l’entraînement, la formation voir pour des tâches de sécurité intérieure.

Springfield M1903
On trouve le Lee-Enfield n°1 MkIII, le Lee-Enfield n°1 Mk III*, le Pattern 14 Enfield Winchester pour l’entrainement et le fusil M1917 Enfield Springfield. Si les trois premières armes sont d’un calibre .303 (7.9×56.4mm), la troisième est d’un calibre .30 plus précisément .30-06 Springfield (7.62x63mm).
Armes Collectives (1) : fusils mitrailleurs et mitrailleuses
Inventée pour limiter les pertes humaines (on voulait réduire les effectifs en ligne à une époque où les soldats mouraient davantage de maladie que des combats), la mitrailleuse allait provoquer des pertes considérables durant le premier conflit mondial, le trio Mitrailleuse/Tranchées/Barbelés (MTB) poussant à la création du char de combat.
Après guerre la mitrailleuse reste une arme de premier plan en compagnie du fusil mitrailleur, une mitrailleuse de taille réduite utilisable par les troupes d’assaut.
Si l’Allemagne se distingue en mettant au point une mitrailleuse polyvalente utilisable aussi bien sur bipied que sur trépied (La MG-34), la majorité des pays utilisent des fusils mitrailleurs et des mitrailleuses qui utilisent le même calibre mais dont le poids impose une utilisation différente.
C’est ainsi que le fusil mitrailleur est intégré aux groupes de combat (sections dans la terminologie anglo-saxonne) pour appuyer l’avancée des fantassins (par bons tactiques), la mitrailleuse moyenne, l’élément le plus mortel du trio MTB étant souvent utilisée en position fixe ce qui explique en partie que dans les armées anglo-saxonnes on regroupe ce type d’armes au sein de compagnies.

Bren Light Machine Gun Mk I
L’Afrique du Sud suit cette logique avec des fusils mitrailleurs et des mitrailleuses médianes. Le principal light machine gun est sans surprise le Bren, un fusil mitrailleur issu d’une arme tchèque, le ZB vzor 26, le nom étant d’ailleurs significatif à cet égard puisque le B et R désignent la ville d’origine (Brno en Tchécoslovaquie), les lettres E et N désignant Enfield, Lee-Enfield étant le fabriquant de cette arme particulièrement efficace.
Le Bren était utilisé au niveau du groupe de combat (appelée section), une arme qui était servie par trois hommes qui assuraient l’appui-feu des sept fusiliers. Durant le conflit certains groupes disposeront de deux fusils mitrailleurs Bren.
La mitrailleuse moyenne standard est la célèbre Vickers modèle 1912 ainsi que ses dérivés, ces armes étant utilisées par la compagnie de mitrailleuses et de mortiers. Elle était toujours en service en septembre 1948 bien qu’en passe d’être déclassée. Elle sera d’ailleurs retirée peu après la fin de la guerre.
A côté du Bren et du Vickers modèle 1912, l’armée de terre sud-africaine utilisa en petit nombre la mitrailleuse Lewis, la mitrailleuse Browning M1919 et la mitrailleuse lourde Browning M2HB.

Le fusil mitrailleur Manufacture d’Armes de Chatellerault modèle 1924 modifié 29 dit FM modèle 1924/29
A noter que la 4ème division d’infanterie sud-africaine à utilisé le fusil mitrailleur Chatelleraut modèle 1924/42 notamment en Indochine, les fantassins sud-africains jugeant les performances de l’arme comparables à celle du Bren.
Armes Collectives (2) : mortiers et armes antichars individuelles
L’armée sud-africaine utilise différents modèles de mortiers du plus léger au plus lourd. Plus le calibre augmente et plus l’échelon d’employabilité est élevé puisque nécessitant des hommes et du temps pour le déployer et l’utiliser.
Le mortier le plus léger est le 2Inch Mortar, un mortier de 2 pouces (50.8mm) mis en service dans l’armée britannique en 1937 et dans l’armée sud-africaine en 1944. Pesant 4.8kg, il peut lancer son projectile jusqu’à 460m à une cadence maximale théorique de huit coups par minute.
Cette arme est utilisée au niveau du peloton de combat (l’équivalent de la section en France), l’état-major disposant d’un mortier de ce type.
Durant le second conflit mondial, l’armée sud-africaine à aussi utilisé un mortier de 60mm américain, le M19 Mortar.
Pesant 9.3kg, il pouvait tirer à 1790m jusqu’à huit projectiles par minute. En Indochine, quelques mortiers de 60mm français ont également été utilisés par des soldats sud-africains.

mortier de 60mm modèle 1935
Cette arme officiellement désignée mortier de 60mm modèle 1935, une version réduite du célèbre mortier Brandt de 81mm. Servit par cinq hommes, il pesait 17.7kg, tirant des projectiles de 1.33kg à une distance maximale pratique de 1700m avec une cadence de tir maximale de 20 coups par minute. Encore une fois comme les autres armes françaises il s’agissait d’un usage d’opportunité lié aux hasards du champ de bataille ou à un manque de munitions pour le mortier standard.

3 Inch Mortar Mk II
On trouve ensuite le 3 Inch Mortar Mk II, un mortier de 81.2mm pensant 50.8kg et tirant à 1463m jusqu’à 15 coups par minute. Cette pièce était utilisée au niveau du peloton mortier de la compagnie d’appui du bataillon d’infanterie, ce peloton disposant de six mortiers de ce type.

Ordnance ML 4.2 Inch Mortar
Enfin le mortier le plus lourd était un mortier de 106.7mm (là où d’autres pays préfèrent le 120mm). Deux modèles vont cohabiter, un mortier britannique le ML 4.2 Inch Mortar et le M2 4.2 Inch Mortar qui lui était un mortier de conception et de fabrication américaine. Ces deux armes étaient en service au sein du bataillon de mitrailleuses et de mortiers de la brigade de combat.
Le premier nommé pèse 147kg et pouvait lancer à 3750m jusqu’à 10 projectiles par minute alors que le second pesait 151kg et pouvait envoyer à 4023m jusqu’à cinq obus de mortiers par minute.
Devant leur poids très important, ces mortiers étaient généralement employés soit depuis des positions fixes ou quand ce n’était pas possible depuis un véhicule porte-mortier.
Face aux chars de combat, l’infanterie confia longtemps son sort aux canons antichars. Tant qu’il s’agissait de canons légers et maniables cela pouvait aller mais avec l’augmentation des blindages et donc du poids des canons antichars il devenait impossible d’offrir aux petites unités d’infanterie un moyen efficace défense contre les chars ennemis en absence des chars amis.

Projector Infantry Anti-Tank utilisé par des fantassins canadiens
En attendant d’utiliser les bazooka américains, les fantassins canadiens vont utiliser une arme britannique, une sorte de mortier lançant une charge creuse à l’aide d’un puissant ressort, le PIAT pour Projector Infantry Anti-Tank.
Des grenades à fusil antichars étaient également utilisables comme nous l’avons vu plus haut et il y avait parfois engagement d’une arme artisanale que les guérilleros du monde entier connaissent à savoir le cocktail molotov même si son utilisation comme son efficacité étaient plutôt aléatoires.