Tupolev Tu-2
Le Tupolev Tu-2 (aussi connu sous le nom d’ANT-58) est un élégant bombardier bimoteur à aile basse et double dérive, un bombardier rapide capable de mener également des missions de bombardement en piqué.
Il peut être considéré comme l’équivalent soviétique du Junkers Ju-88 (certains le considère comme meilleur candidat à ce statut que le Petlyakov Pe-2). Outre la version bombardement, on développa et on produisit en petit nombre des variantes de bombardement-torpillage (que la VMF n’utilisa pas au final), de reconnaissance, de chasse lourde et de chasse de nuit (qui complétèrent au cours du conflit le Pe-3).
A l’origine de cet appareil figure pourtant un événement particulièrement sombre de l’histoire soviétique à savoir les Grandes Purges. Andrei Tupolev comme nombre d’autres ingénieurs est arrêté sous des accusations de «sabotage» ou d’«espionnage» mais il n’est pas exécuté, on lui confie même un bureau d’études pour lui permettre de continuer à travailler.
Le prototype du Tupolev Tu-2 effectue son premier vol le 29 janvier 1941. La production en série commence en septembre 1942 après une assez longue période de mise au point (à moins qu’il ne s’agit d’éviter d’avoir à renvoyer les avions en usine).
La production va durer de 1942 à 1956 permettant la sortie de 3850 appareils, 2100 étant en service en juin 1950 quand les allemands déclenchent l’opération BARBAROSSA.
L’appareil était très apprécié par les pilotes. Rapide et aussi manœuvrant qu’un chasseur, il pouvait résister à de sérieux dommages, permettant aux équipages de revenir à la base.
Durant le second conflit mondial, le Tupolev Tu-2 fût utilisé pour différentes missions comme le bombardement rapide, l’appui-feu des troupes au sol, la reconnaissance, la chasse lourde et même le bombardement-torpillage.
Le second conflit mondial terminé, alors que la production se poursuivait des appareils anciens furent cédés à la Chine communiste (qu’il l’utilisa jusqu’à la fin des années soixante dix), à l’Indonésie, à la Pologne, à la Bulgarie, à la Roumanie et à la Hongrie.
Retiré du service au sein des VVS en 1965, le Tupolev Tu-2 fût utilisé pour différents tests de moteurs et de systèmes électroniques jusqu’au milieu des années soixante-dix.
Outre la version initiale (ANT-58 bombardier bimoteur triplace vitesse maximale de 635km/h moteurs Mikouline AM-37), on trouve également une version quadriplace baptisée ANT-59, un ANT-59 propulsé par des moteurs radiaux Shvetsov Ash-82, un bombardier-torpilleur baptisé ANT-62 (deux prototypes et vingt-quatre appareils de pré-série, utilisés comme bombardiers classiques), un projet de bombardier rapide baptisé ANT-63 ou encore un projet de bombardier quadrimoteur baptisé ANT-64.
On trouve également l’ANT-66, une version pour le transport de passagers (produite en petit nombre en 1946/48, utilisée comme avions de transport durant le second conflit mondial puis après guerre au sein d’Aéroflot avec d’autres appareils neufs ou des bombardiers convertis) ou encore un projet de bombardier à long rayon d’action baptisé ANT-67.
Si la version chasseur de nuit est baptisée Tu-1 (produite à 150 exemplaires), les autres versions sont désignées Tu-2 avec des lettres pour distinguer leur mission.
Si la variante de base est simplement baptisée Tu-2, la variante à long rayon d’action est baptisée Tu-2D, la version à haute altitude Tu-2DB, la version reconnaissance photo Tu-2F, la version reconnaissance Tu-2R, la version transport rapide Tu-2G, les bancs d’essais volants Tu-2K, Tu-2LL, Tu-2N, la version d’entrainement Tu-2U et le bombardier-torpilleur Tu-2T.
Des projets ne dépassèrent pas en revanche le statut du projet ou du prototype à savoir le Tu-2RShR avec un canon de 57mm en nacelle sous le fuselage, le Tu-2S propulsé par des moteurs Shvetsov Ash-82FN, un projet de chasseur de nuit Tu-2S RLS PNB-4 qui sera développé sous le nom de Tu-1, un projet d’avion d’attaque au sol Tu-2Sh.
Le Tu-6 qui resta à l’état de prototype était un appareil de reconnaissance tout comme le Tu-8 qui était une variante à très long rayon d’action dérivée du Tu-2D tout comme la variante haute-altitude baptisée Tu-10 dérivée du Tu-2DB. Le Tu-12 était un projet de Tu-2 propulsé par des moteurs à réaction mais qui ne dépassa pas le stade de la planche à dessin.
Actuellement il reste trois appareils en état de vol (un en Russie, un aux Etats-Unis et un troisième au Canada) et huit dans les musées du monde entier (deux aux Etats-Unis, deux en Russie, un en France, un en Italie, un au Japon et un en Bulgarie)
Caracteristiques Techniques
Type : bombardier bimoteur tri ou quadriplace
Masse à vide 7601kg en charge 10538kg maximale au décollage 11768kg
Dimensions : longueur 13.80m envergure 18.86m hauteur 4.13m
Motorisation : deux moteurs radiaux Shvetsov Ash-82 de 1850ch chacun
Performances : vitesse maximale 528km/h distance franchissable 2020km plafond opérationnel 9000m
Armement : deux canons de 20mm ShVAK fixes tirant vers l’avant dans les ailes, trois mitrailleuses de 7.62mm (remplacées ultérieurement par des mitrailleuses de 12.7mm) dans la canopée, en position dorsale et en position ventrale, 1500kg en interne et 2270kg en externe
Yakovlev Yak-2
Le Yakovlev Yak-2 est un bombardier léger/avion de reconnaissance mis au point à la fin des années trente. C’était un élégant bimoteur à ailes basses et double-dérive.
Initialement baptisé Ya-22, il devient ensuite le Yak-2 en 1941 soit un an après la mise en service de l’appareil. Performant avant sa militarisation, l’appareil voit ses performances décroître ce qui explique pourquoi la production à été stoppée après la sortie de seulement 111 exemplaires, les soviétiques préférant construire le Yakovlev Yak-4.
Sur les 111 appareils produits en 1940/41, 36 sont encore en service en juin 1950 mais la majorité des appareils est détruite au sol, ne laissant qu’une poignée d’appareils encore en service. Ils sont réutilisés durant les premières semaines du conflit.
Fin 1950 il restait quatre Yakovlev Yak-2 en service. Retirés des unités de première ligne, les appareils sont feraillés au cours du conflit ce qui explique qu’aucun avion de ce type n’à survécu au second conflit mondial.
Caractéristiques Techniques
Type : bombardier et avion de reconnaissance bimoteur triplace
Masse à vide 4000kg en charge 5380kg maximale au décollage nc
Dimensions : longueur 9.34m envergure 14m hauteur nc
Propulsion : deux moteurs en ligne Klimov M-103 de 960ch
Performances : vitesse maximale 515km/h distance franchissable 800km plafond opérationnel 8900m
Armement : deux mitrailleuses de 7.62mm ShKAS charge de bombe supérieure à 600kg
Yakovlev Yak-4
Le Yakovlev Yak-4 est une variante du Yak-2. Bimoteur biplace à double dérive, il effectue son premier vol le 20 février 1940 et mis en service en 1941.
Par rapport à son aîné il disposait de moteurs plus puissants, de réservoirs de carburant internes supplémentaires, une amélioration des postes équipages, un fuselage redessiné, un système de refroidissement moteur amélioré.
Néanmoins les performances furent jugées insuffisantes, les soviétiques lui préférant l’Illiouchine Il-2 Sturmovik. Produit à seulement 90 exemplaires, le Yakovlev Yak-4 était toujours en service en juin 1950 avec soixante-dix appareils en ligne.
Durant les premières semaines de l’opération BARBAROSSA trente-cinq appareils sont détruits en vol et au sol. Vingt-quatre appareils sont encore en ligne à la fin de l’année, les unités équipées opérant essentiellement de nuit pour limiter les risques d’interception. L’appareil est finalement retiré du service fin 1952.
Aujourd’hui il ne reste plus que quatre appareils, deux dans des musées en Russie, un en Suède et un au Canada.
Caractéristiques Techniques
Type : bombardier léger et avion de reconnaissance bimoteur
Masse à vide 4560kg en charge 6115kg
Dimensions : longueur 10.18m envergure 14m hauteur nc
Motorisation : deux moteurs Klimov M-105 de 1100ch chacun
Performances : vitesse maximale 533km/h distance franchissable 925km plafond opérationnel 9700m
Armement : deux mitrailleuses de 7.62mm ShKAS charge de bombe supérieure à 600kg
Yermolayev Yer-2
Le Yermolayev Yer-2 est un bombardier bimoteur à long rayon d’action développé depuis un prototype d’avion de ligne le Bartini Stal-7 dont le prototype s’écrasa en 1938 et ne fût jamais réparé. Conçu pour la frappe stratégique au sein de l’aviation à long rayon d’action et des forces aériennes (DA et VVS), il fût également employé au début du second conflit mondial pour l’appui-rapproché avec de lourdes pertes.
Le premier prototype décolle pour la première fois le 14 mai 1940. Les modifications ont été d’autant plus faciles que Roberto Bartini avait prévu une soute à bombes dans les plans de son avion de ligne. La décision de le produire est prise en mars 1941.
De mars 1941 à septembre 1946 ce sont 350 Yermolayev Yer-2 qui sont produits au profit de la DA et des VVS (250 pour la première et 100 pour la seconde). Il était prévu de reprendre ultérieurement la production avec une variante améliorée mais ce projet n’aboutit pas.
Clairement déclassé en juin 1950, le bombardier à été utilisé au début du conflit pour stopper l’avancée allemande, subissant de lourdes pertes sous les coups de la chasse et de la DCA. Utilisé de nuit, le Yer-2 se montra plus efficace, quelques raids contre Varsovie, Koenigsberg et même Berlin étant menés avec un succès limité.
Au 1er mars 1951, un état de lieu fait état de 120 appareils opérationnel, 95 détruits en vol ou au sol et 35 appareils hors-service.
Utilisé exclusivement de nuit, l’appareil bombarde les arrières de l’ennemi qu’il soit roumain (Constanza est bombardé par deux bombardiers décollant du Caucase et modifiés pour augmenter leur rayon d’action), bulgare, hongrois, allemand ou même finlandais.
Quand le second conflit mondial se termine en septembre 1954, il ne reste plus que 64 appareils opérationnels plus 16 réparables. Retiré du service actif au printemps 1955, le Yermolayev Yer-2 n’à pas connu de deuxième carrière, l’immense majorité des avions étant feraillée, un appareil étant préservé dans un musée en Russie.
Caractéristiques Techniques
Type : bombardier bimoteur à long rayon d’action quadriplace
Masse à vide 10455kg en charge 18580kg
Dimensions : longueur 16.42m envergue 23m hauteur 4.82m
Motorisation : deux moteurs Klimov M-105 de 1100ch chacun
Performances : vitesse maximale 420km/h distance franchissable 5500km plafond opérationnel 7200m
Armement : une mitrailleuse de 12.7mm UBT dans le nez, une autre identique en position ventral et un canon de 20mm ShVAK dans une tourelle TUM-5 en position dorsale 5000kg de bombes en soute interne
Equipage : quatre hommes
Illiouchine Il-2 Sturmovik
La guerre civile russe (1917-1922) est un conflit relativement peu connu en France et plus généralement en Occident. Tout juste sait-on que les bolcheviks l’ont emporté sur des blancs divisés mal soutenus par des alliés peu motivés.
Ce que l’on sait moins c’est que la taille gigantesque du champ de bataille et des moyens limités imposèrent un combat qui rompait avec les conventions d’alors. Exit le front continu et place au combat lacunaire.
L’important n’était pas de maintenir un front continu mais de tenir les villes et les lignes de communication (et bien évidemment de couper celles de l’ennemi). La mobilité prenait le pas sur la puissance de feu.
On utilisait massivement la cavalerie, des trains blindés, expérimentant des groupements interarmes disposant d’une grande autonomie de décision et d’action, le «combat lacunaire» nécessitait autonomie et esprit d’initiative pour profiter de la moindre opportunité.
Jusqu’aux grandes purges de 1936, les hautes sphères de l’armée Rouge sont en ébullition, une ébullition qui contraste avec la quasi-glaciation de la pensée militaire occidentale. On pense, on réfléchit, on discute, on remet en cause. Délicieux contraste par rapport à d’autres domaines où l’hypocrisie et la langue de bois sont de mise.
La mécanisation, la motorisation sont vus comme l’alpha et l’oméga de la pensée militaire soviétique. On rêve d’unités à base de chars, d’infanterie portée, le tout soutenu par une artillerie motorisée et des corps d’armée aéroportées. Bien sur l’URSS n’avait pas encore les moyens de telles ambitions mais cela n’empêchait pas de rêver.
Avec l’élimination de nombreux généraux comme Toukatchevsky, la pensée militaire se gèle, l’initiative est bannie au profit d’une stricte obéissance aux ordres et aux consignes. De toute façon il n’y avait plus les hommes capables de mettre en musique ce qu’on à appeler l’art opératif.
Cette ébullition à néanmoins des conséquences en matière d’équipement avec la volonté de construire un avion spécialisé dans l’assaut et l’appui rapproché. Comme l’avion devait voler à portée des mitrailleuses et des canons antiaériens ennemis, on imagina une véritable «canonnière blindée», permettant au pilote de survivre à la ferraille du champ de bataille.
Pendant longtemps ce rêve resta justement un rêve faute de moteur suffisamment puissant pour obtenir un avion rapide et bien armé. Il à ainsi fallu attendre le 2 octobre 1939 pour assister au premier vol de l’Illiouchine Il-2 Sturmovik.
Le développement de l’appareil est particulièrement difficile avec de nombreux problèmes techniques au point que l’appareil d’abord biplace devint monoplace pour améliorer les performances avant que le biplace ne fasse sa réapparition à la fin des années quarante. Une variante embarquée est même mise au point pour l’aéronavale.
Les premiers Sturmovik furent livrés à la VVS (armée de l’air) à l’été 1942 mais ce n’est qu’en 1944 que l’appareil est considéré comme pleinement opérationnel. Les livraisons sont d’abord lentes mais après un coup de pression du Vjod qui s’était pris de passion pour cet appareil elles s’accélèrent.
Entre juillet 1942 et juin 1950 ce sont pas moins de 7500 Illiouchine Il-2 Sturmovik qui sont produits même si tous les appareils ne sont pas en ligne beaucoup étant stockés en vue d’un conflit que l’on pressent chaque jour plus proche.
Quand les allemands déclenchent l’opération BARBAROSSA sur les 7500 appareils produits 5500 sont des monoplaces et 2000 des biplaces plus ou moins modifiés, les premiers biplaces bricolant une place au mitrailleur avant qu’une version plus pérenne ne voit enfin le jour.
Comme le craignait les soviétiques les monoplaces sont particulièrement vulnérables à la chasse ennemie ce qui impose une escorte pour protéger les Sturmovik. Les biplaces vont donc prendre le pas sur les monoplaces dès l’automne 1950 alors que la production un temps ralentie par les déménagements reprend de plus belle à l’abri de l’aviation allemande.
Alors que fin 1950 on comptait 8080 appareils produits (5900 monoplaces et 2180 biplaces), l’année 1951 se termine avec une production de 6500 appareils (exclusivement des biplaces), l’année 1952 avec une production de 7000 appareils, l’année 1953 avec une production de 8280 appareils, la production du Sturmovik cessant en décembre 1954 après la production de 31775 appareils !
Les débuts opérationnels du Sturmovik sont difficiles, les pilotes manquent d’expérience en matière de pilotage et de tactique, les unités au sol connaissent mal les caractéristiques techniques de l’appareil. Il faudra du temps pour que les Illiouchine Il-2 Sturmovik tirent la quintessence de leurs possibilités.
Le Sturmovik va être de tous les combats de la RKKA de juin 1950 à septembre 1954, opérant aussi bien dans les plaines d’Ukraine qu’au dessus des forêts de Biélorussie ou des étendues désolées de Carélie.
Ils assuraient clairement l’appui-rapproché des troupes au sol en traitant préventivement ou sur demande tous les points de résistance ennemi. Le mode d’emploi usuel était un tir de roquettes ou un largage de bombes suivit d’une passe au canon et à la mitrailleuse.
Après guerre, de nombreux appareils furent cédés aux nouvelles armées de l’air communistes comme la Bulgarie, la Hongrie, la Tchécoslovaquie ou encore la Pologne. Ces appareils ont été utilisés comme bombardiers opérationnels mais aussi comme avions d’entrainement en attendant la livraison d’appareils plus modernes.
De nombreux appareils ont été préservés dans des musées d’Europe centrale et orientale, de Russie mais aussi aux Etats-Unis. Des appareils sont mêmes encore en état de vol.
Caractéristiques Techniques
Type : avion d’assaut biplace
Masse à vide 4360kg en charge 6160kg maximale au décollage 6380kg
Dimensions : longueur 11.6m envergure 14.6m hauteur 4.2m
Motorisation : un moteur en ligne Mikulin AM-38F de 1720ch
Performances : vitesse maximale 414km/h distance franchissable 720km plafond opérationnel 5000m
Armement : deux canons de 23mm Vya-23 avec 150 coups chacun, deux mitrailleuses de 7.62mm ShKAS avec 750 coups par arme, une mitrailleuse de 12.7mm Berezin UBT avec 300 coups dans le poste arrière, plus de 600kg de bombes ou huit roquettes RS-82 de 82mm ou quatre roquettes RS-132 de 132mm
Illiouchine Il-10
L’Illiouchine Il-10 si il ressemble au Sturmovik n’est pas un dérivé au sens propre. C’est un appareil neuf issu des recherches de Sergei Illiouchine pour un chasseur lourd puissamment armé et protégé, capable d’intercepter les bombardiers lourds allemands.
Le projet est lancé début 1946. A l’époque la production de l’Illiouchine Il-2 bat son plein mais l’appareil n’est pas sans défaut notamment au niveau de la vitesse, de la maniabilité, de la résistance potentielle aux coups.
Un temps les autorités militaires soviétiques vont penser au Sukhoï Su-6 mais cet appareil se révélera décevant et rapidement elles font confiance au projet du concepteur du Sturmovik.
Deux prototypes de biplaces sont commandés en mars 1947. Le premier est propulsé par un moteur radial Shevstov alors que le second est propulsé par un moteur Mikulin AM-42. Le premier effectue son vol inaugural en septembre 1947, le second en mars 1948.
Très rapidement le prototype à moteur en ligne se montre plus performant, plus fiable en un mot plus efficace que le prototype à moteur radial qui connait des problèmes constants de surchauffe et d’instabilité.
La version à moteur radial est abandonnée en septembre 1948, ne laissant que la configuration à moteur en ligne en piste. Tout n’est pas réglé pour autant, des problèmes de refroidissement et de stabilité touchant également le prototype à moteur Mikulin ainsi que les deux autres prototypes construits entre-temps.
Ces problèmes furent finalement réglés mais quand la production en série devint possible, les allemands avaient envahit l’URSS avec leurs alliés, repoussant la production d’un nouvel appareil à un horizon lointain.
Cela eut pour avantage de fignoler l’appareil et de planifier au mieux la production en série qui démarre en octobre 1951 parallèlement à l’Il-2 pour éviter une rupture de charge. Finalement les deux appareils vont être produits en parallèle, la fabrication du Sturmovik se terminant en décembre 1954, celle de l’Il-10 en juin 1956.
Au final d’octobre 1951 à juin 1960 ce sont 6500 Illiouchine Il-10 qui sont produits auxquels il faut ajouter 1200 Avia B-33, une version produite sous licence par la Tchécoslovaquie entre septembre 1955 et mars 1961. Parmi ces appareils figure une variante biplace d’entrainement, l’Illiouchine Il-10U disposant d’un cockpit instructeur à la place du poste de mitrailleur.
Quant aux appareils de combat proprement dits, on produit à partir de 1956, une version améliorée baptisée Il-10M qui se caractérise par un armement plus puissant, un moteur plus performant et différents raffinements aérodynamiques.
Mis en service officiellement début 1952, l’appareil arrive à temps pour participer aux grandes offensives du printemps 1952. Il connait ainsi son baptême du feu lors de l’offensive allemande destinée à dégager Smolensk (opération CITADELLE) puis aux contre-offensives soviétiques de l’été en l’occurrence les opérations ROUMANTSIEV et SOVOUROV.
L’appareil est utilisé pour l’appui-rapproché des troupes au sol attaquant les chars, les véhicules légers, les concentrations de troupes sur le front et à proximité immédiate. Sur le plan tactique l’Illiouchine Il-2 attaque d’abord à la bombe et à la roquette avant de faire des passes canons, ces deux canons de 23mm étant des armes meurtrières quoi que parfois un poil capricieuses.
L’appareil va appuyer les forces armées soviétiques dans leurs offensives destinées à libérer le territoire national puis dans les combats en Bulgarie, Roumanie, Hongrie et Pologne.
Une fois le conflit terminé, l’Illiouchine Il-10 va progressivement prendre le relais du Sturmovik dont la célébrité et l’efficacité ne doivent pas masquer un certain de nombre de faiblesses, faiblesses acceptables uniquement en temps de guerre.
La carrière de l’Il-10 s’achève au sein des VVS en 1965 mais des unités de réserve ont pu le conserver jusqu’au début des années soixante-dix.
Un projet d’appareil turbopropulsée n’à pas été menée à bien, des doutes subsistent pour savoir si ce projet à abouti à la construction d’un ou plusieurs prototypes.
Il n’y à pas vraiment eu d’appareil pour le remplacer, les soviétiques se détournant de l’avion d’appui rapproché au profit de chasseurs-bombardiers plus classiques. Ce n’est qu’au début des années quatre-vingt qu’un nouvel avion d’assaut rustique verra le jour, un appareil baptisé Sukhoï Su-25 mais ceci est une autre histoire.
Comme pour l’Illiouchine Il-2, des Illiouchine Il-10 ont été livrés après 1954 à des armées de l’air de pays communistes ou pro-soviétiques. Outre la Tchécoslovaquie déjà citée ajoutons la Pologne (qui reçu à la fois des Illiouchine Il-2 et des Avia B-33), la Roumanie (Il-10 et quelques Avia B-33), la Bulgarie (une poignée d’Illiouchine Il-10 et des Avia B-33),la Hongrie (Il-10M,Il-10U,Avia B-33), la Chine (Illiouchine Il-10M et U). Le Yemen, l’Afghanistan et l’Indonésie ont également reçu des Il-10 et/ou des Avia B-33.
Des appareils ont été préservés dans des musées (deux en Russie, un aux Etats-Unis, un en France, un en Grande-Bretagne) et un Il-10 est actuellement en cours de restauration aux Etats-Unis, l’objectif étant de le refaire voler à nouveau en 2020.
Caractéristiques Techniques
Type : avion d’attaque au sol biplace monomoteur
Masse à vide 4680kg en charge 6335kg maximale au décollage 6535kg
Dimensions : longueur 11.06m envergure 11.06m hauteur 4.18m
Motorisation : un moteur en ligne Mikulin AM-45 de 2000ch entraînant une hélice tripale de 3.60m de diamètre
Performances : vitesse maximale 610km/h à 2800m 557km/h au niveau de la mer vitesse de croisière 310km/h distance franchissable 800km plafond opérationnel 5500m
Armement : deux canons de 23mm Vya-23 disposant de 150 coups chacun et deux mitrailleuses de 7.62mm ShKAS avec 750 coups chacun dans les ailes, une canon de 20mm Berezin B-20 (150 coups) ou une mitrailleuse de 12.7mm UBT avec 150 coups en tourelle arrière.
Les derniers appareils produits possédaient quatre canons de 23mm NS-23 à 150 coups chacun dans les ailes et une mitrailleuse de 12.7mm UBT avec 200 coups dans la tourelle arrière.
La charge militaire se compose soit de quatre roquettes (RS-82 ou RS-132, le chiffre désignant le calibre) ou six bombes de 50kg ou quatre de 100kg ou encore deux bombes de 250kg.