Les véhicules de l’armée rouge (2) : les canons d’assaut, les chasseurs de char et les canons automoteurs

SU-76
Avant-propos
Comme nous l’avons vu déjà vu à plusieurs reprises la création du char de combat répond à la nécessité de rompre la terrible trilogie MTB (Mitrailleuses/Tranchées/Barbelées) et permettre à l’infanterie de limiter les pertes lors des offensives.
Les premiers chars étaient des chars destinés à accompagner l’infanterie. Faute aussi de technologies suffisamment matures, les premiers chars étaient lents et peu mobiles (même si à la fin du conflit on vit apparaître les premiers chars rapides qui redonnaient à la cavalerie la possibilité de jouer un rôle dans la guerre moderne).
Après guerre les technologies progressèrent permettant aux chars de gagner en mobilité et en rapidité. Se posa alors la question de savoir quel était le meilleur char possible. Fallait-il un char rapide, bien armé et peu protégé ou fallait-il un char lent, bien armé et bien protégé.
Les différents pays essayèrent différents types de char se trompant parfois mais aboutissant à la mise au point de chars légers (généralement pour la reconnaissance), de chars moyens (généralement pour le combat) et de chars lourds (percée et appui de l’infanterie).
L’appui de l’infanterie fût une question difficile à trancher. La cible principale étant des blockhaus certains pays imaginèrent des chars disposant d’un armement dual avec un canon en caisse pour pouvoir traiter les blockhaus et un canon en tourelle pour lutter contre les chars.
D’autres pays développèrent des canons d’assaut. Généralement il s’agissait d’un châssis de char qui remplaçait la tourelle ne pouvant abriter un puissant canon par une superstructure pouvant abriter un plus gros canon. Il était également plus facile à produire.
La RKKA n’utilisa pas de chars à configuration duale mais de nombreux canons d’assaut. Des canons d’assaut furent utilisés pour l’appui de l’infanterie mais aussi pour la lutte antichar à tel point que la différence entre canon d’assaut et chasseur de chars pouvait parfois être tenue au sein de l’Armée Rouge.
Plusieurs modèles ont été produits et mis en service. Ils partageaient un chassis de char (KV, T-34) avec un canon plus puissant.

SU-85
Par exemple le SU-85 était un T-34 qui disposait d’un canon de 85mm sous superstructure, une solution intérimaire en attendant la mise au point du T-34/85, la mise en service de ce dernier donnant naissance au SU-100, un puissant chasseur de char disposant d’un canon de 100mm sous casemate.
On trouve également des canons automoteurs à canon de 122mm et obusier de 152mm destinés à appuyer les chars et l’infanterie portée.
Dans l’ensemble il est à mon sens difficile de faire la différence entre un canon d’assaut, un chasseur de char et un canon automoteur au sein de la RKKA. Par exemple le SU-152 était officiellement un canon d’assaut avec pour armement un obusier de 152mm mais il était aussi utilisé comme chasseur de char en dépit d’une arme peu adaptée (un obusier avec projectiles à charge séparée ainsi qu’une trajectoire courbe).
A la fin du conflit les soviétiques continuèrent à développer des canons d’assaut pleinement intégrés aux divisions d’infanterie, des chasseurs de chars mais aussi des canons automoteurs, tous ces véhicules se caractérisant par leur capacité à combattre en milieu contaminé.
SU-76

SU-76M
Le Samokhodnaya Ustanovka 76 (SU-76) est un canon d’assaut (ou selon les publications chasseur de char ou canon automoteur) qui combine une version allongée du châssis du char léger T-70 avec une superstructure abritant un canon de 76mm Zis-3.
Ce véhicule était apprécié pour sa simplicité, sa fiabilité et sa simplicité d’utilisation. En revanche il était décrié pour son manque de protection et sa superstructure ouverte qui le rendait vulnérable aux éclats d’obus.
C’est au printemps 1943 que le développement du SU-76 commença. Il s’agissait de fournir aux divisions de fusiliers un véhicule d’appui destiné à remplacer les chars d’infanterie jusqu’ici utilisés.
Deux prototypes sont commandés en septembre 1943. Ils sont présentés aux services officiels en janvier 1944. Les essais sont prometteurs et la production en série est lancée dès la fin 1944.
Les premiers véhicules sont livrés au printemps 1945. Après la sortie 500 SU-76 la production passe en septembre 1947 au SU-76M qui se distingue par un blindage renforcé, l’absence de toit et l’arrière ouvert pour faciliter la production et l’évacuation des fumées.
Il était question de remplacer les deux moteurs (un pour chaque chenillé) par un moteur unique mais le manque de GMP disponibles empêcha la réalisation de ce projet. On se contenta de modifier l’agencement des deux moteurs pour faciliter fonctionnement et refroidissement.
En juin 1950, 500 SU-76 et 2000 SU-76M ont été produits. La production se poursuit jusqu’en mars 1955. Au final ce sont 12500 SU-76 (500 SU-76 et 12000 SU-76M) qui ont été produits pour la RKKA.
Des véhicules ont été capturés par les allemands, les finlandais, les hongrois et les roumains et retournés contre leurs anciens propriétaires. Le second conflit mondial terminé des véhicules de ce type sont cédés à la Roumanie, la Chine communiste, la Pologne, la Hongrie, la Bulgarie et l’Albanie.
Durant ce même conflit des Panzer III et des Stug III ont été capturés par les soviétiques qui les ont retournés en les réarmement avec un canon de 76mm sous superstructure. On estime à 100 Panzer III et 125 Stug III le nombre de véhicules capturés et retournés. Baptisés SU-76i, leur utilisation à cependant été assez limitée en raison d’un manque de pièces détachées et d’un certain nombre de tirs fratricides.
Ils sont utilisés jusqu’au milieu des années soixante à l’étranger alors qu’en URSS les SU-76/SU-76M sont retirés des unités de première ligne dès 1958, certains étant utilisés pour l’entrainement jusqu’au milieu des années soixante.
Le SU-76 était comme nous l’avons vu un dérivé du T-70. Il à donné naissance à un canon automoteur antiaérien, le ZSU-37 qui combinait le châssis du SU-76 avec une tourelle également ouverte abritant un canon de 37mm. La production lancée en septembre 1952 va s’achever en mars 1954 après la sortie de 1800 exemplaires. Les ZSU-37 sont remplacés ultérieurement par des ZSU-23-4.
Au combat le véhicule était utilisé en soutien de l’infanterie. Il assurait l’appui-feu rapproché (et se montra très efficace en zone urbaine sauf que l’absence de toît le rendait vulnérable à une attaque menée avec une arme aussi simple que le cocktail molotov), la protection antichar en position défensive et offensive et même l’appui-feu en tir indirect.
Caractéristiques Techniques
Type : canon d’assaut/chasseur de char
Poids : 10.6 tonnes Dimensions : longueur 4.88m largeur 2.73m hauteur 2.17m
Motorisation :deux moteurs essence GAZ-203 de 85ch chacun
Performances : vitesse maximale 45km/h distance franchissable 300km Capacité carburant 440l)
Protection : blindage frontal 35mm blindage latéral 16mm
Armement : un canon de 76mm ZIS-3Sh en superstructure
Equipage : 4 hommes
SU-122
Le Samokhodnaya Ustanovka 122mm est un obusier automoteur également utilisé comme canon d’assaut. Il combinait le châssis du T-34 avec une superstructure abritant l’obusier de 122mm M-30S.
A l’origine du SU-122 figure à la fois la volonté de disposer d’un véhicule mieux armé délivrant une puissance de feu supérieure que le SU-76 alors en cours de mise au point ainsi que des informations sur l’utilisation par la Wehrmacht de canons d’assaut Sturmgeschütz III qui disposait d’un canon de 75mm court (ce qui en faisait des équivalents aux SU-76).
Le développement du SU-122 commence au printemps 1945. Quatre prototypes sont construits, ces véhicules étant livrés à la fin de l’année. Après une intense évaluation la production en série est décidée et commence début 1946, les véhicules étant livrés au printemps.
Entre mars 1946 et juin 1950 ce sont 950 véhicules qui sont sortis des chaines. La production est interrompue jusqu’en mars 1951 quand décision est prise de produire une version modifiée et améliorée baptisée SU-122M.
Le SU-122M va être produit à 2000 exemplaires jusqu’en septembre 1953 quand la production cesse. Cela nous donne un total de 2550 SU-122/SU-122M produits. L’ISU-122 va alors prendre le relais.
Ce véhicule comme le SU-76 va être utilisé comme canon d’assaut, canon automoteur et même chasseur de char en dépit d’une arme inadaptée à ce rôle.
Il n’y avait en effet aucun obus perforant mais l’obus explosif de 31.7kg si il ne pouvait percer le blindage l’effet de souffle pouvait renverser un blindé léger voir détoureller un char lourd. Si cela ne se passait pas l’explosion pouvait mettre hors jeu l’équipage du blindé touché.
Ce véhicule était donc utilisé aussi bien au sein des divisions de fusiliers ou des divisions de chars pour l’appui rapproché des chars et de l’infanterie. Il était utilisé au sein d’unités homogènes, les essais d’unités mixtes avec des SU-76 voir des SU-152 se révélant décevant.
Les régiments de SU-122 disposaient de quatre batteries de quatre véhicules soit un total de seize véhicules avec un SU-122 pour le commandant, des ravitailleurs (des SU-122 avec un canon factice) et des autos blindées pour la reconnaissance et la protection.
Les SU-122/SU-122M sont remplacés avant même la fin du conflit soit par des véhicules contemporains (SU-152) ou de nouveaux véhicules arrivés au cours du conflit (ISU-122 et ISU-152).
Quelques SU-122 ont été capturés par les allemands mais visiblement aucun n’à été retourné contre leurs anciens propriétaires.
Caractéristiques Techniques
Type : obusier automoteur/canon d’assaut
Poids : 30.9 tonnes
Dimensions : longueur 6.95m largeur 3m hauteur 2.32m
Motorisation : un moteur diesel Klimov V-2 de 493ch
Performances : vitesse maximale 55km/h distance franchissable 200-280km
Protection : blindage 45mm
Armement : un obusier de 122mm M-30S
Equipage : 5 hommes
ISU-122
Le Istrebitelnaja (Iosif Stalin based = chassis du char IS) Samokhodnaya Ustanovka 122 est un canon d’assaut de la RKKA, canon d’assaut utilisé aussi bien pour l’appui de l’infanterie que pour la lutte antichar selon une doctrine simple : toute arme peut être utilisée pour l’antichar.
Le SU-122 était un bon véhicule basé sur le châssis fiable et éprouvé du T-34 sur lequel on avait greffé une superstructure abritant un canon de 122mm A-19S. Suite au lancement de la production du char IS, décision est prise de dévelloper deux canons d’assaut sur ce châssis, un «lourd» de 152mm et un «médian» de 122mm, les deux variantes partageant de nombreux points communs ce qui facilite formation, entrainement et soutien logistique.
Deux prototypes sont mis au point et testés courant 1951. La production ne va cependant être lancée qu’en septembre 1953 quand cesse celle du SU-122M. La production est plutôt lente avec la sortie de seulement 120 véhicules jusqu’à la fin de l’année.
La production s’accélère alors aboutissant à la production jusqu’à la fin du second conflit mondial à la production de 750 véhicules mais seulement une partie va participer aux opérations du second conflit mondial où ils se montrent dans leur ensemble efficaces.
Le conflit terminé, la production se poursuit, la RKKA ayant décidé de remplacer une bonne partie des SU-122/SU-122M par des ISU-122. La fabrication de canon d’assaut/chasseur de chars s’arrête en juin 1959 après la sortie de 1850 exemplaires.
Il est utilisé au sein de l’armée soviétique jusqu’au milieu des années soixante mais des pays alliés (Pologne, Hongrie, Roumanie,Bulgarie,Albanie,Yougoslavie _après son basculement dans le camp communiste_, Chine) vont l’utiliser au moins jusqu’à la fin des années soixante-dix.
Certains ISU-122 ont été transformés en ravitailleurs blindés, véhicules de dépannage, véhicules de commandement et de contrôle, véhicule lance-missiles tactiques. D’autres encore ont été démilitarisés et utilisés comme véhicules de secours dans les régions les plus inhospitalières de l’URSS notamment la Sibérie ou le Grand Nord.
La majorité des ISU-122 à été vendue au prix de la feraille mais un nombre non négligeable à échappé à ce funeste destin, rejoignant les collections des musées ou étant placés sur des mémoriaux aux victimes de la «Grande Guerre Patriotique».
Sur le plan de l’organisation des unités, elle était identique à celle des ISU-152 à savoir des unités homogènes, les essais d’unités mixtes se révélant décevant pour une raison très simple : pour un tir massif il fallait doubler les calculs pour s’adapter aux caractéristiques de tir différentes du canon de 122mm et du canon-obusier de 152mm.
Caractéristiques Techniques
Type : canon d’assaut/chasseur de chars/canon automoteur
Poids : 45.5 tonnes
Dimensions : longueur 9.85m largeur 3.07m hauteur 2.48m
Motorisation : un moteur diesel V-2IS de 520ch
Performances : vitesse maximale 37km/h distance franchissable 220km
Blindage : frontal 90mm bouclier du canon 120mm parois latérales 90mm
Armement : un canon A-19S de 122mm avec 30 coups pouvant pointer en site jusqu’à +18° une mitrailleuse de 12.7mm DshK de 12.7mm avec 250 coups
Equipage : 5 hommes
KV-2
Dans l’ensemble le KV-1 était un bon char. Dès le début un projet de char d’appui-feu est étudié, besoin qui augmente avec le retour d’expérience de la guerre d’Hiver qui montre le besoin d’un char armé d’une pièce de gros calibre pouvant détruire les ouvrages fortifiés de campagne les plus solides.
La tourelle étant limitée en taille, la plupart des chars d’appui-feu préféraient utiliser une superstructure. Les soviétiques décident pour leur KV-2 de remplacer la tourelle du KV-1 armée d’un canon de 76.2mm par une énorme tourelle de forme carrée pouvant recevoir un obusier de 152mm modèle 1909/30.
A noter qu’initialement les KV à canon de 76.2mm étaient baptisés «KV petite tourelle» (KV malienko bashnei) et que les KV à obusier de 152mm étaient baptisés «KV grande tourelle» (KV bolshoi bashnei). Ce n’est que fin 1941 que ces désignations sont remplacées par KV-1 et KV-2.
Après six prototypes baptisés MT-1 ou modèle 1939, la production passe au modèle 1940. Le principal changement est le remplacement du modèle 1909/30 par un obusier de 152mm M-10 de 20 calibres modèle 1938/40.
Lors des tests et des manœuvres, le manque de fiabilité du KV-1 se confirment et même s’accroissent sur le KV-2. La mise en œuvre de l’obusier est compliquée, l’évacuation des fumées et la «digestion» du recul problématique.
Voilà pourquoi après la production de 572 exemplaires, l’URSS décide d’arrêter les frais et de lancer le projet d’un successeur (le futur SU-152). Le véhicule est toujours en service en juin 1950 et engagé sur le terrain dans une configuration qui n’était pas vraiment celle qui avait concouru à sa création.
Les problèmes repérés en temps de paix s’accroissent durant le conflit. Des dizaines de KV-2 sont ainsi perdus sur simple panne mécanique ou simple enlisement. Les allemands en récupèrent une quarantaine (les chiffres varient entre 40 et 47).
Certains vont être remis en service avec les modifications habituelles (tourelleau de panzer, radios allemandes, lot de bord adapté) mais leur utilisation sera limitée par les problèmes mécaniques chroniques et le manque de pièces détachées décourageront les allemands de retourner les KV bolshoi bashnei contre leurs anciens propriétaires.
Quant à la RKKA, elle à utilisé le KV-2 jusqu’à l’automne 1951 quand le SU-152 et d’autres canons d’assaut vont le remplacer, le reléguant à des fronts très secondaires, à l’entrainement et à différents essais.
Les derniers KV-2 ont été retirés du service en 1956 et si l’immense majorité, la quasi-totalité des KV-2 ont succombé aux chalumeaux des démolisseurs, certains ont fait et font le bonheur des musées soviétiques et étrangers.
Caractéristiques Techniques du KV-2 modèle 1940
Type : char d’appui lourd
Poids : 52 tonnes
Dimensions : longueur 6.80m largeur 3.35m hauteur 3.25m
Motorisation : un moteur diesel V-2-K de 600ch alimenté par 610l de carburant
Performances : vitesse maximale 26km/h sur route distance franchissable 250km
Blindage : caisse protégée par 75mm de blindage tourelle protégée par 110mm de blindage à l’avant 75mm à l’arrière et sur les côtés, 35mm sur le toit.
Armement : un obusier de 152mm M-10T alimenté à 36 projectiles, trois mitrailleuses de 7.62mm DT avec 3087 projectiles
Equipage : six hommes (conducteur et opérateur radio en caisse, commandant tireur et deux pourvoyeurs en tourelle)
SU-152
Le Samokhodnaya Ustanovka 152 est un obusier automoteur mis au point à la même époque que le SU-122. Sa production à été limitée par rapport au SU-122 en raison de problèmes de fabrication puis la mise au point de l’ISU-152 sur chassis IS.
Sur le terrain il fût utilisé comme chasseur de chars contre les chars lourds allemands mais ce rôle était totalement improvisé selon la tactique russe en matière de lutte antichar d’utiliser toutes les armes disponibles pour détruire ou au moins neutraliser le char ennemi. Cela lui valait le surnom de Zveroboy (tueur de bêtes).
Le programme est lancé en 1945 pour remplacer le KV-2, un véhicule d’appui lourd dérivé du KV-1 mais qui n’avait jamais vraiment donné satisfaction.
Deux prototypes sont présentés à l’automne 1946. Après des tests et quelques modifications de détail la production en série est lancée mais les difficultés industrielles sont telles que la fabrication est suspendue après la sortie de seulement 125 exemplaires avant le 21 juin 1950.
La production va reprendre en 1951 mais va s’arrêter en janvier 1952 quand l’ISU-152 prend le relais, le véhicule étant identique à l’exception du châssis puisqu’il s’agit du châssis du char IS qui remplace le châssis du KV-1S. Les chiffres sont incertains, selon les sources on trouve entre 670 et 704 véhicules produits.
Au combat le SU-152 et son successeur vont être utilisé pour neutraliser les fortifications et offrir à l’infanterie un appui-feu lourd. Comme nous l’avons vu plus haut la lutte antichar était une mission secondaire, le seul avantage du SU-152 était que son utilisation dans cette mission était moins coûteuse que celle des SU-85 et SU-100.
Sur le plan de l’organisation ces véhicules armèrent des régiments indépendants d’artillerie automotrice lourde dépendant soit des corps d’armée ou de la Réserve Générale. Ils comptaient douze à vingt-quatre pièces répartis en batterie de quatre ou de six véhicules avec des ravitailleurs mais aussi des autos blindées pour la reconnaissance et la protection des véhicules.
La carrière du SU-152 va s’achever rapidement après guerre. Aucun pays étranger n’à utilisé le Zveroboy. Il à été stocké pour une éventuelle utilisation au cours d’un nouveau conflit mais ce ne fût pas le cas. La majorité des véhicules à disparu sous les coups des chalumeaux des démolisseurs mais certains ont fini sur des mémoriaux ou dans des musées soviétiques et étrangers.
Caractéristiques Techniques
Type : obusier automoteur/canon d’assaut lourd
Poids : 45.5 tonnes
Dimensions : longueur 8.95m largeur 3.25m hauteur 2.45m
Motorisation : un moteur diesel Model V-2K de 600ch (600-615l)
Performances : vitesse maximale 43km/h distance franchissable 200-240km
Protection : blindage frontal 75mm parois latérales 60mm toit 20mm
Armement : un canon-obusier ML-20S de 152mm alimenté à 20 coups et pointant sur 12° en site horizontal, une mitrailleuse de 12.7mm DshK (pas toujours embarquée)
Equipage : cinq hommes (à gauche du canon d’avant en arrière on trouve le pilote, le tireur, le chargeur et à droite le commandant et l’opérateur culasse)
ISU-152
La mise au point de l’ISU-152 répond au besoin de disposer d’un canon d’assaut/canon automoteur à canon de 152mm plus efficace mais surtout de prendre en compte l’arrêt de la fabrication des chars KV et donc du châssis utilisé pour un certain nombre de véhicules dérivés.
L’ISU-152 reprend donc le même canon-obusier de 152mm ML-20S dans une superstructure montée sur le châssis des chars IS. Deux prototypes sont produits en mars 1951.
Après des essais rapides, la production en série est décidée, succédant au SU-152 sur les chaines de montage en janvier 1952. Les premiers véhicules sortent des chaines de montage au printemps et vont progressivement remplacer les SU-152.
A la fin du conflit ce sont 3500 ISU-152 qui ont été produits répartis entre 2500 ISU-152 et 1000 ISU-152K. Ces derniers disposent d’un moteur plus puissant, de nouvelles radios, de systèmes de pointage et de manœuvre de l’artillerie plus performants.
Ces véhicules sont utilisées sur le front russe comme canon d’assaut, canon automoteur mais aussi comme chasseur de char même si il était aussi adapté à cette mission que le SU-152.
Après guerre des ISU-152 sont cédés à la Pologne, à la Hongrie, à la Roumanie mais aussi à la Chine communiste. Durant le second conflit mondial quelques véhicules sont capturés par les allemands et les finlandais mais ils ne sont pas réutilisés par leurs nouveaux propriétaires.
Caractéristiques Techniques
Type : canon d’assaut lourd
Poids : 47.3 tonnes
Dimensions : longueur 9.18m largeur 3.07m hauteur 2.48m
Motorisation : un moteur diesel V-2IS de 520ch
Performances : vitesse maximale 30km/h sur route 15/20 km/h en tout terrain distance franchissable 120km en tout terrain 170km sur route
Blindage : 120mm pour le mantelet protégeant le canon 75 à 90mm pour la caisse
Armement : un canon-obusier de 152mm ML-20S alimentée à dix huits coups une mitrailleuse antiaérienne de 12.7mm alimentée à 300 coups
Equipage : quatre à cinq hommes
SU-85
Le Samohodnaya Ustanovka 85 est un chasseur de char combinant un canon de 85mm DS-5 sur le châssis du T-34. Comme les autres SU il pouvait être utilisé comme canon d’assaut pour l’appui-feu de l’infanterie ainsi que comme canon automoteur.
La mise au point répond en particulier aux difficultés rencontrées dans la mise au point d’une nouvelle version du T-34. Le canon de 76mm initialement utilisé était un bon canon de char mais appelé à être rapidement déclassé face aux nouveaux chars lourds allemands.
Le canon de 85mm avait été choisit mais comme les allemands avec leur «88» et les français avec leur «90», l’intégration d’un canon aussi gros dans l’espace étroit et confiné d’une tourelle de char n’était pas si simple. Il fallait prendre en compte les mouvements de l’équipage (même si l’ergonomie n’était pas le souci premier des concepteurs de blindés soviétiques), le recul et surtout l’évacuation des fumées et des douilles.
Comme la RKKA craignait de se trouver démunie en cas de conflit, la décision fût prise de créer un chasseur de char capable de détruire les chars allemands les plus lourds. On reprit le châssis et le moteur du T-34, on remplaçant la caisse et la tourelle par une superstructure enveloppante abritant un canon de 85mm.
Quatre prototypes sont commandés en septembre 1944 et livrés au printemps 1945. Les essais montrent un certain nombre de problèmes mais rien d’insurmontable. Tout est réglé à l’automne 1945 et la production peut être lancée.
Les débuts sont pourtant laborieux avec la sortie de seulement 120 exemplaires entre octobre 1945 et décembre 1946. Les problèmes sont peu à peu réglés et la production se poursuit jusqu’en septembre 1950 (soit après le déclenchement de l’opération BARBAROSSA) quand elle cesse après la sortie de 1050 véhicules.
Initialement il était prévu que le SU-100 prenne immédiatement le relais sur les chaines de montage mais ce plan se révèle trop optimiste. La production reprend en novembre 1950 et s’achève définitivement cette fois en mars 1952 après la sortie de 1950 véhicules.
La production se repartit entre 900 SU-85 et 1050 SU-85M (moteur plus puissant, coupole de commandement, blindage amélioré).
Il est utilisé durant tout le second conflit mondial, combattant aussi bien dans les plaines de Russie occidentale, dans la steppe brûlante du sud de la Russie, dans les plaines d’Ukraine voir sur le front finlandais.
Le conflit terminé, nombre de véhicules sont retirés du service, étant remplacés par des SU-100. Les véhicules en question sont soit transformés en véhicules de dépannage ou de commandement et de contrôle voir cédés à des pays étrangers alliés ou sympathisants de l’URSS.
On trouve ainsi la Pologne (qui produisit sa propre version), la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Roumanie.
Sur le plan tactique les SU-85 étaient essentiellement utilisés au sein des divisions antichars créés durant le conflit. Ces divisions disposaient de deux régiments de chasseurs de chars disposant chacun de 32 véhicules.
On trouvait généralement un régiment de SU-85 et un autre de SU-100 mais faute de disponibilité suffisante on trouvait souvent deux régiments de SU-85. Des divisions de chars et des divisions motorisées disposaient aussi de SU-85.
Caractéristiques Techniques
Type : chasseur de chars
Poids : 29.6 tonnes
Dimensions : longueur hors tout 8.15m longueur de la caisse 6.10m largeur 3.00m hauteur 2.45m
Motorisation : un moteur diesel Klimov V-2 de 493ch (460l de carburant interne 810-900l réservoirs additionnels)
Performances : vitesse maximale 55km/h distance franchissable 200-280km
Blindage : 45mm
Armement : un canon de 85mm D-5T
Equipage : quatre hommes (commandant, conducteur, tireur et deux pourvoyeurs)
SU-100
Comme nous l’avons vu le montage d’une pièce de gros calibre dans une tourelle de char n’est jamais simple. Outre l’étroitesse du lieu il fallait prendre en compte l’ergonomie, les déplacements de l’équipage (déplacements qui se faisaient dans le stress du combat), le recul et l’évacuation des fumées.
Pour aller plus vite on choisissait parfois de remplacer la tourelle (souvent longue à produire) par une superstructure. L’avantage était que l’on pouvait sur un même chassis utiliser un canon plus gros mais cela avait l’inconvénient de devoir déplacer le véhicule pour changer de cible.
Suite aux difficultés dans la mise au point d’un T-34 à canon de 85mm les soviétiques décidèrent de mettre au point un chasseur de char armé d’un canon de 85mm, une solution intérimaire qui avait l’avantage d’être moins coûteuse et d’être disponible plus rapidement.
Après la mise en service du T-34/85, l’utilité du SU-85 devint moins évidente mais pas celle d’un chasseur de chars.
Les soviétiques travaillèrent alors sur un chasseur de char semblable au SU-85 mais disposant d’un canon de 100mm donnant naissance au SU-100 (Samohodnaya Ustanovka 100). Sur le papier c’était simple : on enlevait le canon de 85mm et on le remplaçait par un canon de 100mm mais au final cela prit plus de temps que prévu.
La production des prototypes est lancée à l’automne 1950 mais bien entendu à l’époque ce projet est loin d’être prioritaire. Les prototypes sont enfin prêts au printemps 1951, testés et rapidement validés.
La production est enfin lancée en mars 1952, prenant le relais du SU-85 qui avait du jouer les prolongations. La production est rapide avec la sortie entre mars 1952 et septembre 1954 de 1950 exemplaires. La production cesse définitivement en juin 1955 après la sortie de 2400 SU-100 et SU-100M.
Des prototypes n’entrèrent jamais en production ave le SU-100V qui disposait de deux canons de 100mm jumelés et le SU-100Y qui disposait d’un canon de 130mm.
Ces projets auraient vraisemblablement été produits (notamment le SU-100Y) si le conflit s’était prolongé mais quand ils apparaissent au printemps 1954 le sort du conflit ne fait aucun doute et ces projets ne vont pas dépasser le stade initial du développement.
Les premiers véhicules de série sont livrés en avril 1952 à temps pour participer à l’opération CITADELLE, l’offensive allemande destinée à dégager Smolensk. Ils se montrent à la hauteur, le canon de 100mm à haute vitesse initiale pouvant percer le blindage de tous les chars allemands.
Comme le SU-85 il était souvent utilisé par les divisions antichars (qui disposaient de deux régiments de chasseurs de char) mais aussi au sein des divisions de fusiliers et des divisions de chars.
Le second conflit mondial terminé, le SU-100 va peu à peu remplacer le SU-85 déclassé par l’arrivée de chars plus modernes. Des SU-100 sont ainsi livrés à la Roumanie, à l’Albanie, à la Bulgarie, à la Chine, à la Tchécoslovaquie, à l’Egypte, à la Hongrie, à la Pologne et la Yougoslavie, certains véhicules étant ensuite revendus à des pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient.
Au sein de la RKKA certains SU-100 ont été transformés en ravitailleurs, en véhicules de commandement et de contrôle, en véhicules de dépannage. Retiré du service au milieu des années soixante-dix, les SU-100 ont été pour la plupart feraillés sauf certains vendus à des musées ou utilisés sur des mémoriaux.
Caractéristiques Techniques
Type : chasseur de chars
Poids : 31.6 tonnes Dimensions : longueur 9.45m largeur 3.00m hauteur 2.25m
Motorisation : un moteur diesel V-2 de 500ch
Performances : vitesse maximale 48km/h distance franchissable 200-250km
Blindage : frontal 75mm parois latérales 45mm arrière 45mm toit 20mm
Armement : un canon de 100mm D-10S
Equipage : 4 hommes
ZSU-37
Le ZSU-37 (Zenitnaya Samokhodnaya Ustanovka 37) est le seul canon automoteur produit pour la RKKA durant le second conflit mondial. C’est l’association du châssis du canon d’assaut SU-76M avec un canon de 37mm.
Ce véhicule n’aurait pas du être le premier Self-propelled Anti-aircraft Gun (SPAAG) puis qu’avant la mise au point du ZSU-37 il y eu un prototype, le T-90 qui combinait le châssis du T-70 avec deux mitrailleuses de 12.7mm DshKT.
Deux prototypes sont mis au point au mars 1945. La mise au point est difficile et le véhicule n’est toujours pas en production en juin 1950 lorsque les allemands déclenchent l’opération BARBAROSSA.
En dépit des menaces de la Luftwafe, le projet d’un canon antiaérien automoteur n’est pas mené avec toute la célérité à laquelle il aurait eu droit. Tout simplement peut être parce que les soviétiques estimaient non sans raison que face à la puissance de l’armée de l’air allemande la présence d’une dizaine de canons automoteurs antiaériens ne pouvait pas faire une énorme différence.
Au printemps 1952 néanmoins le projet est relancé, aboutissant à une mise en production en septembre 1952. Le projet est simple avec le châssis et la caisse du SU-76M surmonté d’une tourelle abritant sous bouclier léger un canon de 37mm M1939 (61-K).
Le véhicule va être produit jusqu’en mars 1954 aboutissant à la production de 1500 exemplaires, véhicules utilisés pour protéger les chars en attendant que l’aviation soviétique n’établisse une ombrelle de chasse protectrice.
Le second conflit mondial terminé, la carrière du ZSU-37 s’arrêta rapidement. Il fût remplacé par un SPAAG nettement plus gros, le ZSU-57-2 qui comme son nom l’indique alignait deux canons de 57mm S-68.
Caractéristiques Techniques
Type : canon automoteur antiaérien
Poids : 11.5 tonnes
Dimensions : longueur 5.25m largeur 2.75m hauteur 2.18m
Motorisation : un moteur GAZ-203 (deux GAZ-202 en tandem) dévellopant 160ch
Performances : vitesse maximale 45km/h sur route 30km/h en tout chemin distance franchissable 360km sur route 230km en tout-terrain
Blindage : 6-35mm
Armement : un canon de 37mm M1939 (61-K). Alimenté à 320 coups (130 coups en clips de cinq et 190 sans clips). Le canon pointe en site de -5° à +85° avec une portée maximale verticale théorique de 6500m (2500m pratique), la cadence de tir étant de 120/130 coups par minute (50 à 60 coups en pratique)
Equipage : 6 hommes