Les armes de l’Armée Rouge (5) : artillerie antichar
Avant-propos
Au printemps 1916 cela faisait plus d’un an et demi que les alliés comme les allemands cherchaient à percer un front de 700km courant de la mer du Nord à la frontière suisse. Après l’échec des sanglantes offensives, l’inefficacité de l’artillerie à neutraliser barbelés et autres positions de mitrailleuses, la solution la plus évidente était d’accompagner l’infanterie avec une mitrailleuse sous blindage : le char était né.
C’est une constante de l’histoire militaire : dès qu’une arme apparaît son opposant ne tarde pas à pointer le bout de son nez.

Char Mark. Les « Male » sont armés de canons, les Female sont armés de mitrailleuses
Le char n’échappe pas à la règle et après un temps de panique, les allemands prirent diverses mesures comme l’élargissement des tranchées, le positionnement en première ligne de pièces de campagne (au risque qu’elles soient détruites par la contrebatterie) et l’invention du fusil antichar, le Mauser T-Gewehr, un fusil de 13mm tirant des balles en titane capables de percer le blindage des premiers chars.

Mauser T-Gewehr
Très vite le blindage des chars augmenta, déclassant peu à peu les fusils antichars. Comme on pouvait difficilement immobiliser des pièces d’artillerie sol-sol pour traquer les chars, on inventa des pièces d’artillerie légère d’un calibre généralement compris entre 25 et 57mm, pièces qui avaient l’avantage de pouvoir être mises en œuvre par l’infanterie qui ne se trouvaient plus dépourvu en cas d’attaque de chars.
En septembre 1939, la RKKA disposait à la fois de fusils antichars de 14.5mm mais aussi de canons antichars de 37 et de 45mm (sans compter une pièce de 57mm en développement). Des informations (erronées à l’époque) sur l’épaisseur du blindage des futurs chars allemands fit souffler sur Moscou un vent de panique qui influa sur le développement des pièces d’artillerie soviétiques.
Le directorat central de l’artillerie demanda ainsi que les pièces de campagne soient capables de mener des missions antichars y compris les obusiers qui n’étaient pourtant les mieux adaptés avec des obus séparés (ralentissement de la cadence de tir) et une trajectoire courbe.
C’était en réalité la traduction d’une stratégie antichar soviétique basique mais efficace : toutes les armes pouvaient être appelées à détruire le Panzer de la mitrailleuse d’infanterie à l’obusier, de fusil antichar au canon sol-sol.
Si la RKKA reçut des bazooka, des PIAT et des grenades à fusil Brandt, elle ne parvint pas à mettre au point une arme antichar individuelle avant la fin du conflit. C’est la capture de Panzerschreck et de Panzerfaust qui permis aux ingénieurs soviétiques de mettre au point leur célèbre RPG qui devint avec l’AK-57 le symbole indépassable des guérilleros du monde entier.

Canon de 45mm M37
En ce qui concerne l’artillerie antichar, les pièces les plus légères 37 et 45mm furent très vite déclassées devant les chars allemands les plus lourds, ne pouvant justifier leur existence que dans l’utilité de posséder un canon léger polyvalent. C’est ainsi que le canon de 45mm tout en pouvant toujours détruire les autos blindées et les chars légers se montra très utile dans le combat urbain pour neutraliser une position fortifiée ennemie.
Les canons de 57 et de 76mm étaient toujours efficaces surtout quand ils étaient montés sur un châssis chenillé, formant un canon d’assaut très utilisé pour couvrir et appuyer l’infanterie surtout à une époque où la RKKA en dépit d’un immense réservoir humain commençait à manquer de recrues.
Au cours du conflit des pièces antichars lourdes de 85 et de 100mm sont mises en service, devenant aussi redoutables que le célèbre «88» allemand même si leurs succès étaient moindres, la Panzerwafe en dépit d’une situation chaque jour plus compliquée ne s’est jamais lancée dans des charges suicides en terrain découvert.
Après la fin du second conflit mondial, les canons antichars furent peu à peu retirés du service, l’infanterie recevant foultitude d’armes antichars individuelles en attendant les premiers missiles antichars filoguidées. Les pièces antichars les plus lourdes vont elles faire de la résistance avant d’être elles aussi remplacées par des missiles antichars dont le poids interdisait son emploi par l’infanterie.
En ce qui concerne les unités on trouvait à la fois des unités intégrées aux unités de mêlée mais aussi des unités indépendantes, ces dernières étant généralement utilisées pour créer des écrans antichars voir des kill zone pour détruire le plus de chars ennemis possibles.
Canon antichar de 37mm M1930 (1-K)
Le canon antichar de 37mm modèle 1930 est la pièce antichar la plus légère du parc d’artillerie soviétique. Il s’agit d’une pièce antichar d’origine allemande, une création de la compagnie allemande Rheinmetal. Elle est proche du Pak 35/36 mais il serait abusif de considérer que le canon soviétique soit identique à la pièce allemande.
C’est à la fin des années vingt que les soviétiques commencèrent à développer un canon antichar mais les premières tentatives furent des échecs en raison d’un manque d’expériences des ingénieurs soviétiques.
A l’époque sur le plan diplomatique l’URSS et l’Allemagne sont des parias, la première pour des raisons idéologiques et la seconde à cause du traité de Versailles. Berlin et Moscou se sont donc lancés dans une coopération militaire clandestine.
De nombreux domaines militaires étaient interdits aux allemands qui utilisèrent l’URSS comme lieu de mise au point et d’expérimentation. La lutte antichar était naturellement interdite et c’est donc au pays des soviets que Rheinmetal continua à travailler sur un canon antichar, aboutissant au canon de 37mm modèle 1926.
Une société-écran est créée en 1929 pour développer plusieurs modèles d’armes. Un accord secret est signé le 28 août 1930 pour le développement de six systèmes d’artillerie : un canon antichar de 37mm, un canon antichar de 76mm, un mortier de 152mm, un obusier de 152mm et deux autocanons antiaériens, un de 20 et le second de 37mm.
Douze canons de 37mm 1-K sont achetés par Rheinmetall et peuvent être considérés comme des canons de pré-série qui allaient aboutir au Pak 35/36. C’est l’usine n°8 qui fût chargée de produire cette pièce.
255 pièces sont produites en 1931 mais aucune n’est acceptée par le contrôle qualité ! La situation s’améliore rapidement avec la sortie de 404 canons en 1932 et de 105 autres en 1933. Cela donne 509 exemplaires, la production cessant au profit du canon de 45mm M1932 (19-K).
Comme pour l’Allemagne, l’URSS essaya d’homogénéiser le calibre des canons antichars et des canons de chars. C’est ainsi que le M1930 (1-K) à été à la base du canon de char B-3 (5-K) utilisé notamment sur le char rapide BT-2.
Au 1er janvier 1936, la RKKA possédait 506 exemplaires avec 422 opérationnels, 53 en réparations, 28 utilisées pour l’entrainement et 3 hors-service.
A l’été 1942, les derniers canons de 37mm sont retirés du service actif. Elles sont reléguées à l’instruction et à l’entrainement. Comme les allemands ont capturé des pièces à l’été 1950 il est probable que des canons de 37mm ont été retirés des dépôts pour ré-équiper des unités. Les allemands n’ont semble-t-il pas remis en service ces canons sauf peut être pour des missions anti-partisans.
Caractéristiques Techniques
Type : canon antichar
Calibre : 37mm Projectile : 37x257mmR
Longueur du tube : 1.56m (42 calibres) longueur hors tout 1.66m
Champ de tir vertical -8° à +25° Champ de tir horizontal 60°
Cadence de tir : 10 à 15 coups par minute
Canon antichar de 45mm M1932 (19-K)
Le canon antichar de 45mm 19-K est mis en service en 1932 (d’où son autre désignation M1932), un canon antichar léger et compact, typique des armes de cette catégorie de l’époque. Cette arme efficace contre la majorité des chars jusqu’au milieu des années quarante fût déclassé par les chars les plus lourds.
Il était néanmoins capable de détruire encore des chars légers, des autos blindées mais aussi avec des obus adaptés de servir de canon léger d’infanterie pour notamment le combat urbain.
Cette version du canon étant loin d’être parfaite, l’ouvrage fût remis sur le métier pour aboutir au canon de 45mm M1934 puis au M1937 (53-K) (que nous verrons plus tard). Comme pour son prédécesseur il donna naissance à un canon de char, le modèle 1932 (20-K) et même à un canon antiaérien 21-K pour la marine soviétique mais cette dernière expérimentation se révéla être un échec.
Le canon de char M1932 (20-K) fût utilisé sur les autos blindées BA-3, BA-6,BA-10 et BA-11 ainsi que les chars T-26, T-50, T-70, T-80, BT-5, BT-7 et BT-20.
Bien que remplacé par des canons de 45mm plus modernes, le M1932 était toujours en service en 1950 ce qui explique la capture de pièces par les allemands. La production commença en 1932 et s’acheva en 1943 avec la sortie de 17964 pièces.
Caractéristiques Techniques
Type : canon antichar
Calibre : 45mm
Projectile : obus encartouché 45x310mm
Poids total 450kg (version hippomobile) 510kg (version pour traction automobile) poids du projectile 1.43kg
Longueur 6.4m longueur du tube 2.07m (46 calibres)
Champ de tir vertical -8° à +25° Champ de tir horizontal 60°
Portée maximale effective 4400m Cadence de tir 15 coups par minute
Canon antichar de 45mm M1937 (53-K)
Le canon de 45mm M1937 (53-K) est une évolution des modèles précédents. C’était un bon canon mais les soviétiques étaient pas totalement satisfaits puisqu’ils vont ultérieurement développer le canon de 45mm M1942 avec un tube plus long ce qui permettait d’augmenter la vitesse initiale et donc la force de pénétration.
Par rapport au M1932 et au M1934, le M1937 disposait de munitions plus modernes, une culasse semi-automatique, des organes de visée, de tir améliorées, un bouclier plus protecteur sans compter d’autres modifications de détail.
Le projet est finalisé le 7 novembre 1936 et le canon est adopté officiellement début 1937 d’où la désignation M1937. Les premiers canons furent envoyés en Espagne pour une évolution opérationnelle côté républicain, les soviétiques utilisant ce conflit pour expérimenter les nouvelles armes et en tirer des leçons qui n’étaient pas toujours bien assimilées.
Progressivement remplacé par le canon de 45mm M1942 il était néanmoins encore en service en 1950, le canon faisant le coup de feu contre les chars légers et médians allemands sans compter les autos blindés et autres véhicules moins protégés.
Avec des obus explosifs et des obus fumigènes il pouvait être utilisé pour l’appui rapproché de l’infanterie. Le M1937 à été produit de 1937 à 1942 à raison de 17500 exemplaires. Une partie des exemplaires produits à été capturé par les allemands.
Les canons de 45mm équipaient un peloton ou une section antichar dans chaque bataillon de fusiliers avec huit pièces. Douze canons supplémentaires armaient le bataillon antichar de chaque division de fusiliers. Des armes étant également utilisées au sein de régiments antichars, chaque régiment antichar étant généralement composée de 4 à 5 batteries de quatre canons chacun.
Caractéristiques Techniques
Type : canon antichar
Calibre : 45mm
Projectile : projectile encartouché 45x310mm
Poids en ordre de combat 560kg
Longueur : 6.4m longueur du tube 2.07m (46 calibres)
Champ de tir vertical -8° à +25° Champ de tir horizontal 60°
Portée maximale effective 4400m Cadence de tir : 15 à 20 coups par minute
Pénétration : avec l’obus perforant-explosif (APHE) 61mm à 100m et 15mm à 2000m
Canon de 45mm M1942 (M-42)
Le canon de 45mm modèle 1942 est le dernier modèle de canon antichar de ce calibre mis au point et mis en service au sein de la RKKA. C’est une version améliorée du M1937 avec un tube plus long (66 calibres soit vingt de plus que le précédent), des obus plus puissants, un bouclier plus épais (7mm contre 4.5mm) ainsi que des modifications pour accélérer la production.
Ce canon adopté en 1942 commence réellement à entrer en service fin 1943 début 1944 en raison de doutes sur l’utilité d’un canon de ce calibre alors que les soviétiques ont récupéré des informations sur l’épaisseur du blindage des futurs chars allemands. Ces informations en partie erronées explique la lenteur de la mise en service de ce canon toujours en service en juin 1950.
Bien évidemment à cette époque un canon de 45mm était inadapté à la destruction d’un Panther ou d’un Tigre mais pouvait être toujours efficace contre des chars plus légers voir des véhicules de reconnaissance. Comme des obus explosifs, canister et fumigènes ont été développées, ce canon comme ses prédécesseurs de même calibre pouvaient être utilisées pour l’appui de l’infanterie.
La production atteignit son pic à l’automne 1946 avant de progressivement décroitre jusqu’à s’arrêter au printemps 1948 après la sortie de 8520 pièces dont une grande partie était encore en service.
Ce canon à été rapidement retiré du service après guerre même si des unités de seconde ligne ont pu le conserver jusqu’à la fin des années cinquante voir le début des années soixante. Livré en masse aux armées des «démocraties populaires» ainsi qu’à la Chine communiste, il se retrouva à faire le coup de feu durant les deux guerres du Vietnam (1960-1967 pour la France 1970-1977 pour les Etats-Unis).
Caractéristiques Techniques
Type : canon antichar
Calibre : 45mm
Projectile : obus encartouché 45x386mm
Poids en ordre de combat 625kg poids des projectiles : perforant 1.43kg fragmentation 2.14kg
Longueur du tube : 3.09m (66 calibres) largeur 1.6m hauteur 1.2m
Champ de tir vertical -8° à +25° Champ de tir horizontal 60°
Portée maximale 4550m cadence de tir 15 à 20 coups par minute
Performances : 71mm de blindage percé à 100m 28mm à 2000m
Equipe de pièce : six hommes
Canon de 57mm M1943 (Zis-2)
Le canon de 57mm M1943 ou Zis-2 est un canon antichar médian mis en service par l’armée soviétique en 1943. Comme souvent ce canon à donné naissance à un canon pour chars, le Zis-4.
Le développement de ce canon commence en 1940 pour anticiper sur le futur déclassement du canon de 45mm, le canon antichar standard de l’Armée Rouge.
C’était également le recueil par les services de renseignements soviétiques d’informations alarmantes sur l’épaisseur du blindage des futurs chars allemands notamment le char multitourelles NbFZ, un char qui ne dépassa pas le stade du prototype.
Après de nombreuses réflexions, le 57mm semblait être un bon compromis entre poids et efficacité pour contrer ce nouveau char.
Le développement commence vraiment en mai 1940 et bien que la production ait démarré dès 1941, le canon est appelé modèle 1943 pour une raison qu’on ignore encore aujourd’hui.
La production atteint sa vitesse de croisière en 1944, la production se poursuivant un temps aux côtés du dernier modèle du canon de 45mm.
Elle atteint son maximum en mars 1950 avant de peu à peu décroître jusqu’à cesser courant 1953. La production est de 11500 exemplaires dont une partie sera capturée par les allemands et leurs alliés.
Utilisée essentiellement comme pièce tractée, cette pièce antichar fût également employée sur un petit nombre de véhicules comme pièce automotrice.
Si les projets de canons d’assaut ne dépassèrent pas le stade du prototype (on préféra des canons d’assaut de 76mm), des canons de 57mm montés sur camions furent employés en petit nombre, la pièce tirant vers l’arrière offrant de remarquables possibilités en terme d’embuscades.
Le Zis-4 était une version destinés aux chars. Elle servit à réarmer certains BT-7 qui devinrent BT-7-57 mais le nombre fût finalement assez réduit à la différence du BT-9 qui forma avec les KV et les T-34 le cœur de la force de chars soviétique.
Le canon de 57mm Zis-2 servit dans l’armée soviétique jusqu’à la fin des années cinquante. Il à été massivement exporté dans la sphère d’influence communiste, certains pays le conservant jusqu’au début des années 2000. Il à donc participé à de nombreux conflits liés à la décolonisation.
Caractéristiques Techniques
Type : canon antichar
Calibre : 57mm Projectile : encartouché 57x480mm
Poids : 1250kg
Longueur totale : 7.03m longueur du tube 3.95m (69.3 calibres) largeur 1.7m hauteur 1.37m
Champ de tir vertical -5° à +25° Champ de tir horizontal 56°
Portée maximale : 8400m Cadence de tir : 10 coups par minute en pratique 25 coups en théorique
Performances : l’obus APHE de 3.14kg peut percer à 100mm 91mm de blindage (incidence 60°) et 112mm (à 90° d’incidence), à 2000m cela tombe respectivement à 35 et 44mm.
Equipe de pièce : 7 hommes
Canon antichar de 85mm M1950 (50-K)
Face à l’augmentation exponentielle de l’épaisseur des blindages, la puissance des canons antichars ne pouvait que suivre au risque d’entrainement un tel surpoids que cela ne pourrait que conduire qu’à laisser l’infanterie sans arme antichar propre. Il était en effet évident qu’au delà de 57mm, c’était l’artillerie qui devait mettre en œuvre une arme antichar et à une certaine distance du front pour éviter la capture de ces lourds canons par l’ennemi.
Après avoir développé un canon de 57mm, les soviétiques en bons joueurs d’échec essayèrent de prévoir le coup d’après. Après avoir envisagé le calibre de 76mm (qui avait l’avantage de partager les mêmes obus que des pièces de campagne et des canons antichars), les soviétiques sélectionnèrent le calibre de 85mm qui se rapprochait de ce que faisait les autres pays (84mm en Grande-Bretagne, 88mm en Allemagne, 90mm en France et en Italie) et qui avait l’avantage d’être identique à un nouveau canon antiaérien.
Sans le savoir (?) les soviétiques suivirent la même piste que les allemands qui après avoir découvert les potentialités antichar de leur «88» lors de la guerre d’Espagne développèrent une série de puissants canons antichars.
A l’origine il était prévu de simplement adapter le canon de 85mm M1939 (52-K) à la mission antichar mais les ingénieurs soviétiques préférèrent utiliser ce canon comme base de travail pour un nouveau canon.
Ils durent s’en mordre les doigts, le projet prit du retard et n’avait toujours pas aboutit quand les allemands déclenchent l’opération BARBARROSSA. Des canons antiaériens de 85mm sont utilisés pour freiner les unités de la Panzerwafe, des canons de chars de 85mm hâtivement montés sur un affût de canon de campagne, tout est bon pour casser du char en attendant que l’Arlésienne soit opérationnelle.
C’est officiellement le cas au printemps 1951. Les premiers canons sont utilisés pour une expérimentation grandeur nature qui tomba en même temps que l’opération FRIEDRICH.
Comme le dira un artilleur russe «cela valait le coup d’attendre». Cette pièce se révéla remarquable, sans défauts majeurs en dehors d’un poids qui rendait la manœuvre délicate et la sortie de batterie difficile.
Bien utilisé, le M1950 n’avait pas à rougir de ses performances vis à vis du «88» allemand et aurait du avoir la même célébrité. Ce canon fût également utilisé pour armer le chasseur de char/canon d’assaut SU-85.
En compagnie du canon antichar de 100mm M1944 (BS-3) _canon adopté en 1944 mais dont la mise en service n’intervint elle aussi qu’au cours du second conflit mondial_ il arma des unités antichars indépendantes qui servaient aussi bien en phase défensive pour créer des kill zone qu’en phase offensive pour par exemple couvrir le flanc d’une percée même si l’art opératif soviétique privilégiait la percée et n’accordait pas forcément un respect cardinal à la protection des flancs en considérant que l’ennemi est davantage préoccupé par la pointe de la percée que par le ou les flancs exposés.
Ce canon antichar de 85mm est resté en service au sein de l’armée soviétique jusqu’en 1965. Il n’est cependant pas impossible que des unités de réserve l’ait conservé plus longtemps. Les armes du pacte de Varsovie l’ont utilisé pour certaines jusqu’au début des années quatre-vingt. Les pays du «Tiers-Monde» l’ont utilisé encore plus longtemps et il n’est pas impossible de trouver quelques canons de ce type quelque part en Afrique ou en Asie.
Caractéristiques Techniques
Type : canon antichar
Calibre : 85mm Projectile : 85x558mmR
Poids en ordre de combat 4500kg en configuration de route 5200kg Poids du projectile 10.45kg
Longueur : 7.05m longueur du tube 4.7m (55 calibres) largeur 2.15m hauteur 2.25m
Champ de tir vertical -3° à +65° Champ de tir horizontal 360°
Cadence de tir : 10 à 12 coups par minute
Portée maximale 15560m (effective 10500m)
Performances : 142mm à 100m et 57mm à 3000m (90° d’incidence)
Equipe de pièce : 7 hommes
Canon de 100mm M1944 (BS-3)
Le canon de 85mm vu plus haut était une excellente arme capable de percer le blindage de tous les chars allemands en service en juin 1950 lors du déclenchement de l’opération BARBAROSSA y compris le Panther et le Tigre.
Comme il est probable que des chars mieux protégés étaient en cours de mise au point (Tigre II notamment), les soviétiques décidèrent de lancer des travaux pour la mise au point d’un canon de 100mm destiné à compléter voir à remplacer le canon de 85mm dont le développement était particulièrement long (voir partie précédente).
Paradoxalement le développement du canon de 100mm se passa bien, la pièce étant officiellement adoptée en septembre 1944. On parla même de l’abandon du canon de 85mm au profit du canon de 100mm avant d’y renoncer.
Pour une raison que l’on ignore, la production n’est lancée qu’en septembre 1947, les premières pièces étant livrées au printemps 1948 à des unités antichars indépendantes.
Des divisions antichars sont créées durant le conflit avec un état-major, des services, une compagnie de reconnaissance, deux régiments antichars tractés (canons de 57mm, 85 et 100mm) et deux régiments de chasseurs de chars SU-85 et SU-100.
Ce canon devint présent en nombre au printemps 1950, étant produit jusqu’en 1957 avant que le canon de 100mm T-12 ne le remplace sur les chaines de montage, le T-12 mis en service en 1958 remplaçant complètement son aîné en 1965. Ce canon utilisé par d’autres pays est resté en service bien après avoir été retirés du service par l’armée soviétique.
Le BS-3 est une évolution, une adaptation du canon naval B-34. Outre les divisions antichars, le BS-3 fût utilisé par des régiments de la réserve générale pour un double usage à savoir la lutte antichar et l’artillerie sol-sol.
Outre l’URSS, le BS-3 à été utilisé par la Bulgarie, Chypre, la Chine, l’Egypte, la Hongrie, l’Inde, le Liban, la Libéria, la Mongolie, le Mali, le Mozambique, le Nicaragua, la Pologne, la Roumanie, la Somalie et le Soudan.
Caractéristiques Techniques
Type : canon antichar lourd
Calibre : 100mm
Projectile : encartouché 100x695mmR
Poids : 3650kg Poids du projectile : 15.88kg (perforant) 15.6kg (explosif-fragmentation)
Longueur : 9.37m longueur du tube 5.34m (53.5 calibres) largeur 2.15m hauteur 1.5m
Champ de tir vertical -5° à +45° Champ de tiro horizontal 58°
Portée maximale pratique 20000m Cadence de tir 8 à 10 coups par minute Performances : 190mm de blindage à 500m 170mm à 1000m (30° d’incidence)
Equipe de pièce : 6 à 8 hommes