URSS (49) Ordre de Bataille et Programme de guerre (1)

ORDRE DE BATAILLE ET COMMANDES DE GUERRE

Avant-Propos

Comme toute force militaire, la RKKF (Raboche Krestyansky Krasny Flot) dispose d’une organisation, d’une structure interne pour tenter de tirer le maximum des avions, des navires, des sous-marins et des hommes.

Si des dénominations sont parfois surprenantes (brigades de destroyers ou de sous-marins par exemple), dans l’ensemble c’est plutôt classique la RKKF s’appuyant sur quatre flottes (Baltique, Nord,Mer Noire et Pacifique) et une flottille (Caspienne) sans oublier les flottilles fluviales.

On trouve ensuite des escadres et des escadres légères, des divisions et des brigades (ces dernières dénominations correspondent grosso modo à nos flottilles et à nos escadrilles même si il est difficile de faire des comparaisons aussi strictes que précises).

En théorie les brigades et les divisions doivent être engagées en bloc mais c’est rarement le cas en raison de l’incertitude du conflit, des destructions, des avaries, des périodes de maintenance.

Sans que cela soit théorisé comme aux Etats-Unis avec les Task Force ou en France avec les groupes occasionnels (appelés Forces suivis d’une lettre ou d’un nom), les soviétiques utilisèrent ce principe en regroupant sous un même commandement les navires nécessaires à une mission précise.

Au plus haut sommet hiérarchique on trouvait un Commissariat à la Marine, l’équivalent d’un ministère de la Marine, commissariat qui dépendait directement du Comité Central donc du Vojd.

Depuis 1937 un état-major de la marine avait été recréé pour mettre en musique la volonté de Staline de disposer d’une puissante flotte océanique. C’était aussi la conséquence de l’échec du contrôle de l’Armée sur la Marine.

Pourtant pour ménager les susceptibilités il était prévu en temps de guerre que le contrôle opérationnel soit placé sous l’autorité de l’armée de terre !

Ce byzantinisme tout soviétique prend fin quand est créé en janvier 1946 le Grand Quartier Général ou Stavka, un organisme mi-politique mi-militaire à mi chemin entre un ministère de la guerre et un état-major général des armées.

Cette Stavka placée sous l’autorité de Staline est chargée de coordonner l’emploi des forces armées soviétiques en temps de guerre. La marine, l’aviation, l’armée de terre et les troupes aéroportées sont placées sur un pied d’égalité, à charge à la Stavka de coordonner l’action des différentes composantes militaires soviétiques.

En septembre 1948 est également créé un Conseil Supérieur de la Marine (CSM) composé d’amiraux, de politiques. Cet organisme est censé éclairer le Commissariat et l’Etat-Major sur la politique navale à mener mais se distinguera surtout pas son inefficacité au point qu’il sera supprimé durant le conflit, remplacé par une direction de la prospective.

Cette direction de la prospective est destinée à la fois à préparer la RKKF de l’après guerre et à tirer les leçons du conflit en cours.

Elle se montrera plus efficace que le CSM même si ses préconisations (maintien d’un corps de bataille, augmentation du nombre de porte-avions) ne seront pas forcément suivies notamment par Khrouchtchev qui arrivé au pouvoir en 1960 privilégiera à outrance le missile, le sous-marin, la propulsion et les armes atomiques. Il faudra attendre 1970 pour que la flotte de surface soit profondément renouvelée et que la marine soviétique devienne plus équilibrée.

Quand les allemands déclenchent l’opération BARBAROSSA, la RKKF est en pleine montée en puissance. De nombreuses constructions sont en cours, le programme naval de 1947 à peine entamé.

Devant l’avancée rapide des troupes de l’Axe, de nombreuses constructions sont abandonnées, sabordées dans les ports ou détruites sur cale. Parfois les allemands s’emparent de coques intactes mais faute de plans, d’outillage (et surtout de personnel _tant pour la construction que pour leur utilisation ultérieure_) seront incapables de les utiliser pour autre chose qu’à servir de pontons, de brise-lames ou d’obstacles.

Durant le conflit des commandes sont passées pour essentiellement des navires amphibies et de la poussière navale. Il s’agit de parer au plus pressé même si à partir du printemps 1953 on à commencé à passer commande de matériel pour de futures constructions, d’accumuler des stocks en vue de constructions qui n’ont même pas été décidées et planifiées ! Naturellement cela entraînera gaspillage, gabegie et corruption.

A la fin du conflit la RKKF sort affaiblie mais elle à réussit à montrer que l’URSS puissance continentale mérite de posséder une Blue Water Navy, une marine océanique et nom une Green Water Navy, une marine littorale tout juste bonne à empêcher une escadre ennemie de bloquer les ports et les bases navales.

Organisation de la Raboche Krestyasnky Krasny Flot (RKKF)

Commissariat à la Marine

Quand la Russie est frappée par les révolutions de 1917, le commandement de la marine tsariste est assurée par l’amiral Grigorevitch qui cumule les fonctions de ministre de la Marine et de commandement en chef.

Son action est relayée par deux adjoints qui disposent chacun d’un état-major, le premier s’occupant des tâches opérationnelles et le second des tâches techniques.

La toute nouvelle Raboche Krestyasnky Krasny Flot impose un état-major unique mais cet état-major n’assure que des fonctions de soutien, de gestion et d’écolage, le commandement opérationnel étant assuré par l’Armée.

En 1924 est institué un Commissariat unique aux forces armées ce qui entraîne la disparition de l’état-major de la marine. Il faudra attendre 1937 pour que soit recréé un commissariat à la Marine mais aussi un état-major de la marine, situation qui n’allait pas changer jusqu’à la fin du conflit.

En 1957 un Commissariat aux Forces Armées est créé mais contrairement à la période 1924-1937, la marine reste autonome avec son propre état-major. Ce commissariat à un rôle politique puisqu’il impulse une politique mise en musique par un état-major général qui lui-même coordonne l’action de la marine, de l’armée de terre, de l’armée de l’air, des troupes aéroportées et des forces stratégiques.

Etat-Major de la Marine

Comme nous venons de le voir à la situation duale de la période tsariste, les bolcheviques préfèrent un état-major unique mais cet état-major composé au plus fort de la guerre civile de 718 hommes n’à aucun rôle opérationnel, l’armée de terre se chargeant de cette mission (faut-il y voir la méfiance vis à vis d’une arme qui à fournit nombre de chefs et de cadres au parti Blanc ?).

En 1923 la démobilisation suite à la fin de la guerre civile russe réduit les effectifs de 718 à 234 hommes. Autre nouveauté l’état-major quitte Petrograd pour Moscou qui redevient la capitale russe.

En 1924 l’institution du Commissariat unique aux forces armées entraîne la disparition de l’état-major de la marine. Ces fonctions sont réparties entre des Directions Centrales spécialisées.

On trouve ainsi une direction de l’organisation, une direction de la mobilisation, une direction de l’entrainement, une direction de planification, une direction du personnel, une direction dédiée aux constructions neuves et enfin une direction chargée de l’entretien. Une section marine de 158 hommes est également intégrée à la direction opérationnelle de l’Armée.

En 1935 le nombre de directions est réduites à deux et une inspection générale de la marine est mise en place. De ces deux directions naîtront l’état-major de la marine nouvelle version qui prend ses ordres d’un commissariat à la marine qui dépend du Comité Central et donc de Staline.

Néanmoins jusqu’en 1945 et la création de la Stavka, il était prévu en cas de conflit que l’armée de terre soit chargée de la direction opérationnelle des navires, des sous-marins, des avions et des troupes de la marine.

Durant le second conflit mondial l’état-major de la marine augmente ses effectifs mais ne connait pas beaucoup de bouleversement internes. On assiste ça et là à des ajustements mais pas vraiment plus.

Le second conflit mondial terminé on assiste à une nouvelle passe d’arme entre l’Armée de terre et la Marine pour savoir quelle organisation adopter après guerre. La marine obtient la garantie de rester autonome avec son état-major et si le Commissariat aux Forces Armées renait de ses cendres, il reste un simple organe politique et non un organisme politico-militaire.

L’état-major de la marine à pleine et entière autorité sur ses moyens qu’ils soient de surface, sous-marins, terrestres ou aériens. Elle doit préparer ses unités au combat et engager les opérations décidées par l’Etat-Major Général dont le commandant en chef de la marine fait partie.

Cette organisation va perdurer dans ses grandes lignes jusqu’à l’implosion de l’URSS en 1991 et aujourd’hui la Russie continue sur cette voie avec une marine pleinement autonome au sein du grand conglomérat des forces armées russes.

Conseil Supérieur de la Marine et Inspection Générale de la Marine

En septembre 1948 est également créé un Conseil Supérieur de la Marine (CSM) composé d’amiraux, de politiques soit en V.O, Verkhovnyy Sovet Voyenno-Morskogo Flota .

Cet organisme est censé éclairer le Commissariat et l’Etat-Major sur la politique navale à mener mais se distinguera surtout pas son inefficacité au point qu’il sera supprimé durant le conflit, remplacé par une direction de la prospective.

Il faut dire aussi qu’un orgasme de discussion dans un régime totalitaire peut conduire ses membres à un aller simple pour le Goulag.

Il était composé de treize membres avec des amiraux «politiquement surs», des représentants du parti et quelques apparatchiks pas forcément très au courant des choses de la mer.

Il va se réunir huit fois entre septembre 1948 et juin 1950. les P.V des premières réunions sont prometteurs mais les trois derniers sont consternants de vacuité et de banalité.

Suite au déclenchement du conflit, les réunions du CSM sont suspendues, les amiraux encore aptes sont envoyés sur le front, les représentants du parti servant parfois de commissaires politiques alors que les apparatchiks sont recasés ailleurs.

Un décret passé totalement inaperçu supprime le 17 mars 1952 et le remplace donc par une direction de la prospective rattachée au Commissariat à la Marine.

Cette direction de la prospective est destinée à la fois à préparer la RKKF de l’après guerre et à tirer les leçons du conflit en cours.

Elle se montrera plus efficace que le CSM même si ses préconisations (maintien d’un corps de bataille, augmentation du nombre de porte-avions) ne seront pas forcément suivies notamment par Khrouchtchev qui arrivé au pouvoir en 1960 privilégiera à outrance le missile, le sous-marin, la propulsion et les armes atomiques. Il faudra attendre 1970 pour que la flotte de surface soit profondément renouvelée et que la marine soviétique devienne plus équilibrée.

Le poste d’inspecteur général de la Marine (General’nyy inspektor voyenno-morskogo flota) est créé en 1926 mais c’est un poste à risque puisque les trois premiers titulaires sont fusillés (même si c’est après la fin de leur «mandat»).

Le dernier titulaire du poste, l’amiral Smirnov est destitué en 1937 et pas remplacé. La fonction n’est cependant pas supprimée avant 1957 pour une raison que l’on ignore.

Elle sera rétablie en 1975 mais ses fonctions seront assez symboliques et cela ressemblera davantage à une récompense voir à une retraite pas trop vexante.

Flottes, Flottilles, Escadres, Divisions et Brigades

Comme dans toutes les marines ou presque, la RKKF à pour grande entité majeure la flotte en l’occurrence quatre flottes (Baltique, Mer Noire,Pacifique,Nord), une flottille en mer Caspienne ainsi que les flottilles fluviales.

Chaque flotte ou flottille dispose d’un état-major chargé de préparer les forces à sa disposition et à les commander au combat.

Chaque état-major est dirigé par un amiral qui dispose d’un adjoint ayant le grade de contre-amiral ou de capitaine de vaisseau (même si ce dernier cas de figure est rarissime).

Sous l’autorité de l’amiral et de son adjoint, on trouve six directions avec une direction opérationnelle, une direction de l’aéronavale, une direction de la logistique, une direction du renseignement, une direction du personnel et de la formation et une direction des transmissions.

Les flottes sont ensuite organisées en escadres et en escadres légères qui regroupent des divisions ou des brigades.

Les escadres regroupent les cuirassés, croiseurs de bataille et croiseurs lourds, les escadres légères des croiseurs légers, des destroyers et des unités plus légères.

Les sous-marins forment initialement des brigades autonomes dépendant directement de l’état-major de la flotte mais devant les problèmes de gestion et de coordination les brigades sont regroupées au sein d’escadres sous-marines.

Les navires de soutien forment une division de soutien qui dépend de la direction de la logistique de l’état-major de la flotte.

L’aéronavale dépend directement de la direction de l’aéronavale alors que les défenses côtières forment un certain nombre de secteurs fortifiés, secteurs autonomes qui dépendent de la direction opérationnelle.

Les divisions et les brigades ne disposent pas forcément d’état-major, le commandement se faisant par le commandant du navire le plus ancien en grade.

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