BASES NAVALES
Avant-propos

le théoricien américain Alfred T. Mahan
En 1890, un officier et professeur américain Alfred T. Mahan publia son œuvre majeure «The influence of Sea Power upon History 1660-1783», œuvre qui allait influencer jusqu’à nos jours la politique navale américaine.
Parmi les leçons qu’il tire, Mahan estime impératif de posséder des bases nombreuses et bien équipées, résumant cet axe de sa pensée en disant qu’une marine sans ailes (c’est à dire sans bases) appartenait au passé.
Alfred Mahan ne faisait que valider une vérité imposée par les Temps Modernes. Si les premières bases permanentes voir le jour au Moyen-Age (Clos des galées à Rouen, Arsenal à Venise), les siècles de la Renaissance et des Temps Modernes (grosso modo Fin XVème jusqu’à la fin du XVIIIème) imposent la construction de bases permanentes pour construire et entretenir des navires, les ravitailler en vivres et munitions.
Ce n’est pas un hasard si c’est au XVIIème que la France choisit Brest et Toulon pour devenir les principaux ports de sa marine de guerre (Rochefort dans l’estuaire de la Charente éclipse un temps Brest mais très vite l’envasement du site remet le port finistérien à la première place), que les ports de Chatham, de Plymouth et de Porsmouth sont aménagés pour la Royal Navy.

Plan de la base navale et des fortifications de Krondstadt
Es-ce un hasard si au début du 18ème siècle, Pierre le Grand choisit l’estuaire de la Neva et ses marécages pour accueillir sa nouvelle capitale ? Ce fleuve se jette dans le Golfe de Finlande, Golfe où se situe l’île de Kotlin sur laquelle sera construit la ville de Krondstadt (littéralement «ville royale») qui servira à la fois de forteresse pour couvrir les approches de Saint Petersbourg mais aussi de base navale à la toute jeune marine russe.
Cette importance des bases ne décroit pas avec le XIXème siècle. Pays-continent, la Russie des Romanov accompagne son expansion de nombreuses fondations de villes. Ces implantations urbaines souvent situées sur des fleuves ou sur le rivage forment autant de ports, autant de bases navales qui deviendront célèbres comme Odessa, Sébastopol, Petropavlosk ou encore Vladivostok.
Puissance continentale, la Russie rêve toujours d’accéder aux mers chaudes et veille à posséder une marine de guerre suffisamment puissante pour cela. Cela implique donc des bases adaptées pour une marine russe en expansion quasi-continuelle.
En revanche contrairement à la France ou à la Grande-Bretagne, peu de bases sont construites ex-nihilo par les soviétiques qui se contentent de moderniser et d’agrandir des bases héritées du régime tsariste.
Elle veille en revanche à posséder de puissantes défenses côtières pour couvrir des bases souvent à portée d’une invasion ennemie. C’est aussi la possibilité pour des troupes de bénéficier d’abris et d’appuis et éviter que la retraite ne se transforme en déroute.
Flotte de la Baltique
Krondstadt

Krondstadt couvre les approches de Saint-Pétersbourg
Histoire
La ville de Krondstadt est située sur l’île de Kotlin dans le golfe de Finlande à 30km à l’ouest de Saint-Petersbourg. Jadis suédoise, l’île est conquise par les armées de Pierre le Grand dans le cadre de la grande guerre du Nord en 1703.
Dès 1704 on commence à y aménager une base navale et des fortifications pour à la fois abriter la toute jeune marine russe (créée en 1692) et couvrir les approches de la nouvelle capitale des tsars de Russie.
C’est ainsi qu’à l’île elle même s’ajoute des polders, des îles artificielles sur lesquelles des forts sont construits pour renforcer la protection de la base navale. On trouve cinq forts principaux qui sont cependant déclassés par la construction entre 1856 et 1871 du Fort Konstantine et de quatre batteries. A cela s’ajoute sept batteries destinées à couvrir des zones secondaires ou de moindre importance. L’artillerie est allemande (Krupp) et montée en tourelles.
La base de Krondstadt joue un rôle majeur durant le premier conflit mondial. Des batteries de campagne renforcent la protection des côtes tout comme d’innombrables champs de mines pour éviter une redite de l’attaque surprise des japonais sur Port-Arthur.
Bastion révolutionnaire en 1917, Krondstadt se révolte pourtant en 1921 contre le pouvoir bolchévique, accusant Lenine et sa clique d’avoir dévoyé l’idée révolutionnaire. Il semble qu’il y ait eu tentative de négociation mais au final une répression féroce fait rentrer tout le monde dans le rang.
En dépit d’une profonde méfiance, le pouvoir bolchevik ne néglige pas la base navale de Krondstadt. Les forts et les batteries indépendantes sont remises en état dans les années vingt et les années trente avec de nouveaux canons, des abris renforcés, de nouveaux moyens de communication.
Dans les années trente la volonté de transformer la RKKF en une Blue Water Navy (marine océanique) entraîne d’importants travaux d’infrastructure. Les ateliers et les dépôts sont agrandis et modernisés, les formes de radoub sont remises en état et/ou agrandies.
Avec Tallin et Paldiski (Estonie soviétique), Liepaja (Lettonie soviétique) et Leningrad, Krondstadt abrite des navires de la flotte de la Baltique.
Durant le second conflit mondial, son rôle est accru par la perte des deux premières bases prises par les allemands. Ses défenses sont renforcées à l’été 1950 avec la construction de batteries supplémentaires, la mise en place de champs de mines et de blockhaus de campagne.
Elle est sérieusement bombardée par l’aviation et la marine allemande même si elle ne sera jamais prise par les allemands malgré des tentatives de débarquement amphibies et d’opérations aéroportées.
A la fin du conflit, elle est sérieusement endommagée à tel point qu’on envisage de la raser totalement mais au final elle est remise en état et adaptée aux nouvelles menaces et aux nouveaux navires utilisées par la Flotte de la Baltique.
Les fortifications très sérieusement endommagées par les combats sont désaffectées car totalement obsolètes. La défense côtière est cependant toujours présente avec des pièces d’artillerie tractées abritées dans des blockhaus en temps de paix et déployées en temps de guerre.
Ultérieurement des canons automouvants (canons sur des camions) et des lance-missiles protégeront la base rendant illusoire tout blocus par une force navale.
En 2019, Krondstadt reste une base importante de la marine russe avec la présence de sous-marins, de patrouilleurs lance-missiles mais aussi de frégates, de destroyers et de croiseurs.
Défenses côtières
Comme nous l’avons vu plus haut, le choix d’implanter une base navale sur l’île de Kotlin répondait à un double rôle : abriter la jeune marine russe et protéger les approches de la capitale russe, la «Venise du Nord» Saint-Petersbourg.
Les fortifications sont donc mises en chantier dès 1704 quelques mois seulement avant la prise de l’île jadis occupée par les suédois.
Outre des forts installés sur l’île même de Kotlin on aménage des polders, des ilôts artificiels pour accueillir des redoutes et ainsi tenir à distance de l’île une flotte ennemie.

Fort Konstantin
Ces fortifications sont régulièrement modernisées. Entre 1856 et 1871 (soit après la défaite russe dans la guerre de Crimée, guerre qui à vu une escadre franco-britannique s’attaquer à Krondstadt) le Fort Konstantin est construit, sa mission de défense étant relayée par quatre batteries principales et sept batteries majeures. Ces fortifications sont à la pointe de la technologie de l’époque avec notamment des canons Krupp sous tourelle.
Jusqu’au premier conflit mondial il n’y à pas de travaux majeurs, on se contente d’adapter les forts aux évolutions et autres progrès de l’artillerie.
Ce n’est qu’après la révolte de Krondstadt en 1921 et surtout dans les années trente que de gros travaux sont entrepris. La base navale devient un gigantesque chantier pour adapter la base aux nouveaux navires plus gros nécessitant un soutien logistique plus important.
En ce qui concerne la défense côtière les forts existants sont transformés, les canons obsolètes remplacés par des canons plus modernes, généralement des canons prévus pour équiper les navires dont l’achèvement à été rendu impossible par le premier conflit mondial, les révolutions de 1917 et la guerre civile russe.
Les moyens de commandement et de transmission sont modernisés tout comme les locaux-vie et les magasins de stockage.
En septembre 1948 des travaux complémentaires ont lieu alors que la guerre à éclaté entre l’Allemagne et le duo franco-britannique.
Craignant une offensive allemande, le haut-commandement de la flotte de la Baltique renforce les défenses autour de Krondstadt en construisant des blockhaus de campagne, en posant de nouveaux champs de mines, en augmentant la garnison de la base qui atteint 7500 hommes en mai 1950.
Elle est en première ligne durant l’offensive du Heeresgruppe Nord qui à pour objectif Leningrad voir à terme Mourmansk et Arkangelsk. Sérieusement bombardée par la marine et l’aviation, elles est l’objectif de plusieurs coups de main amphibies et aéroportés allemands mais sans succès.
Devant l’avancée allemande, les navires de la flotte de la Baltique se réfugient souvent à Leningrad même, le bastion de la révolution bolchévique de 1917 devenant davantage une forteresse voir un point de ravitaillement avancé qu’une base opérationnelle pérenne.
A la fin du conflit les fortifications comme nous le savons sont très sérieusement endommagées et sont rasées entre 1957 et 1960, seuls quelques fortins étant préservés comme mémoriaux (et aujourd’hui comme musées).
Les fortifications actuelles sont plus discrètes mais tout aussi efficaces avec des canons de 122 et de 152mm automouvants ainsi que des batteries lance-missiles dont la présence rend impossible ou très périlleux toute tentative de blocus de la base.
Installations opérationnelles et de soutien

Bassin de radoub
La base navale dispose de plusieurs bassins pouvant accueillir les plus gros navires de la Flotte de la Baltique y compris les cuirassés de classe Sovietsky Soyouz et les croiseurs de bataille de classe….Krondstadt.
On trouve initialement deux formes de radoub renforcées par une troisième aménagées par des prisonniers du Goulag à la fin des années trente. Un dock-flottant construit aux chantiers navals Amirauté rejoint la base en 1947.
Comme sur toute base navale on trouve des ateliers, des magasins, des dépôts de munitions et de carburant. Certains dépôts sont souterrains d’autres aménagés à la surface.
A partir du printemps 1950 alors qu’un conflit avec l’Allemagne paraît imminent, la base navale de Krondstadt devient surtout une base de croiseurs et de destroyers. En dépit du risque de voir le Golfe de Finlande être bloqué par les allemands et les finlandais, le haut-commandement de la flotte de la Baltique préfère conserver ses cuirassés à Leningrad même.
Il semble que l’idée d’envoyer les cuirassés à Hanko en Finlande, sur la base obtenue après la guerre d’Hiver (novembre 1939-mars 1940) à été sérieusement étudiée mais abandonnée pour des raisons politiques (la base elle même sera d’ailleurs évacuée sans réels combats à l’automne 1950).
Jusqu’au dégagement de Leningrad lors de l’opération SOVOUROV (août 1952), les combats navals Baltique vont consister aux efforts soviétiques pour éviter le blocus du golfe de Finlande et pour les germano-finlandais un effort constant pour bloquer le gros des forces navales soviétiques à Leningrad pour l’empêcher de perturber les communications entre l’Allemagne et l’URSS via la mer Baltique.
La base navale de Krondstadt redevient alors une base majeure pour les unités de la RKKF servant à la fois de plot de ravitaillement et de base opérationnelle.
Cela s’explique aussi par le fait que les ports de Liepaja et de Tallin restent très longtemps aux mains des allemands, le premier ne sera libéré qu’à la fin du conflit alors que le second reprit en septembre 1953 est dans un tel état qu’il ne peut fonctionner qu’au minimum de ses capacités.
Leningrad
Histoire
En arrivant au pouvoir, Pierre le Grand est bien décidé à ouvrir son pays à l’Europe et à l’occident, jugeant son pays barbare et arriéré. Pour cela il lui faut une fenêtre maritime en direction de l’Europe ce qui impose de reconquérir des territoires occupés par les suédois.
Ceci-fait une nouvelle capitale est fondée dans l’estuaire de la Neva, sur un terrain marécageux et infesté de moustiques, c’est là de naissance de Saint Petersbourg, la ville de Saint Pierre officiellement fondée en 1703, devenant capitale en 1712.
En août 1914, la ville est rebaptisée Petrograd («la ville de Pierre») et dix ans plus tard, à la mort de Lenine, la ville devient Leningrad nom qu’elle portera jusqu’en 1992 quand suite à l’effondrement de l’URSS et à un référendum, le nom d’origine est plébiscité par ses habitants.
Dès l’origine, la ville est un port important même si dans un premier temps la base navale est implantée à Krondstadt à 19 miles (environ 38km) à l’ouest de la ville.
Néanmoins en 1919 une base navale est créée à Leningrad même à proximité du port de commerce et des deux grands chantiers navals de la ville, les chantiers Baltique et Amirauté.
Dans un premier temps cette base est plus symbolique qu’autre chose, ses moyens sont limités mais suite à la révolte des marins de Krondstadt en 1921 et la crainte de voir une marine étrangère s’emparer de l’île de Kotlin, décision est prise d’augmenter les moyens de la base navale de Leningrad.
Le projet est ambitieux, trop même pour l’économie soviétique. Le projet lancé en 1925 est arrêté en 1927, relancé en 1929 arrêté en 1931. Il faut attendre 1937 pour que les crédits et les moyens humains soient suffisants pour aménager dans la «ville de Lenine» une base digne de ce nom.
Durant le conflit elle abrite les plus grosses unités de la Flotte de la Baltique, la base étant jugée moins vulnérable que la base de Krondstadt. Cela n’empêche pas l’artillerie et l’aviation allemande de bombarder régulièrement la base pour tenter d’y bloquer cuirassés, croiseurs de bataille et autres croiseurs lourds et légers.
Si il n’y parviennent pas ils réduisent drastiquement l’activité et les capacités de la base qui ne tourne plus qu’au ralenti. Sérieusement endommagée à la fin du conflit, elle est remise en état mais devient davantage une base de ravitaillement et de maintenance qu’une base opérationnelle.
Défenses côtières
Bien que Leningrad soit protégée par la base navale-forteresse de Krondstadt, la nouvelle base va disposer de batteries côtières. C’est une sage précaution car cette base jouera un rôle clé dans le siège de l’ancienne capitale des tsars.
Construites entre 1944 et 1948, elles sont naturellement ultra-modernes avec un réseau souterrain complet, des blockhaus, des abris pour la troupe, des postes de commandement. L’artillerie se compose de canons de 152 et de 122mm montés sous tourelle ou en poste fixe.
Comme pour la base navale de Krondstadt, des batteries de campagne vont être ultérieurement installées et aménagées, transformant la base navale de Leningrad en véritable hérisson.
A au moins deux reprises, cette base subit un assaut direct des troupes allemandes mais ces coups de main sont repoussés par les troupes défendant la base, un mélange de fusiliers marins, de marins sans navires, de frontoviki de l’armée de terre et même de civils armés.
Après guerre comme nous l’avons vu la base devient davantage un site de ravitaillement et de maintenance. Le besoin d’agrandir les installations techniques explique le démantèlement des défenses côtières qui n’existent plus qu’au travers de quelques mémoriaux qui rappellent les durs combats du second conflit mondial.
Installations techniques
-Deux formes de 250m et une forme de 350m
-Deux slipway de 150m pour l’entretien des unités légères
-Magasins de pièces détachées, de munitions, de vivres
-Dépôts de carburant
-Ateliers de maintenance
Liepaja
Située dans l’ouest de la Lettonie, la ville de Liepaja (anciennement Libau) est un des rares ports soviétiques libres de glace toute l’année.
C’est en 1795 que la Courlande est annexée à l’empire russe. Quasiment un siècle auparavant de gros travaux d’infrastructures ont été réalisés avec la construction d’un canal et d’un port moderne.
Ce port est cependant peu voir pas défendu ce qui explique qu’en 1854 une simple compagnie de débarquement d’un navire britannique peut s’emparer de la ville de Libau.
La leçon est retenue puisque le port est reconstruit entre 1861 et 1868 et de puissantes fortifications sont aménagées sur ordre du tsar Alexandre III. Mieux même un véritable port de guerre (Kara Osta) est construit à l’ouest de la ville.
Le 7 mai 1915 la ville est occupée par les allemands. Le 18 novembre 1918 la Lettonie proclame son indépendance, la ville étant rebaptisée Liepaja. Durant la guerre civile russe les bolcheviques tentent de reconquérir la Lettonie mais échouent devant l’action des troupes lettones aidées par des corps francs allemands.
La petite marine lettone fait de Liepaja sa principale base même si ces besoins sont loin de combler les capacités de la base.
Site stratégique, Liepaja est annexée avec le reste de la Lettonie en juillet 1940 suite au pacte germano-soviétique qui avait définit les limites des sphères d’influence entre Berlin et Moscou.
La Flotte de la Baltique s’installe à l’automne dans le Kara Osta, modernisant les installations qui avaient été assez négligées depuis le premier conflit mondial. Les ateliers sont remis en état, les magasins agrandis, une nouvelle forme de radoub est creusée. Les quais sont remis en état, les défenses côtières modernisées et renforcées.
Outre le stationnement et l’entretien de navires, Liepaja est un chantier de construction navale pour des unités type sous-marin et destroyers.
Ce n’est pas un hasard si en septembre 1945 c’est à Liepaja qu’est créée la 1ère BSM, la première grande unité de fusiliers marins.
En dépit de puissantes fortifications, la ville est prise par les Panzerdivisionen et les Infanterie Divisionen du Heeresgruppe Nord dans le courant du mois d’août 1950 et sera sous domination allemande jusqu’à la fin de la guerre.
Principal port de la Courlande et de la Lettonie, Liepaja est régulièrement bombardé d’abord par les soviétiques (VMF et VVS) puis par les alliés notamment quand la prise de la Norvège et du Danemark suite à l’opération BOREALIS (automne 1953) permet à des bombardiers lourds américains, britanniques et français d’attaquer les ports sous contrôle allemand.
Quand la ville est réoccupée par les soviétiques au printemps 1954 la ville est détruite à 80%, le port ravagé par les bombardements et par les sabotages allemands.
Les travaux de remise en état ont lieu à partir de 1956. Si les fortifications sont rasées car obsolètes, le Kar Osta est totalement remis en état et même agrandit pour accueillir des navires plus gros. Les installations d’entretien sont adaptées, de nouveaux locaux sont construits et aménagés adaptés à l’ère atomique.
Des radars et une station d’écoute sont également installées. En 1972 la défense côtière refait son apparition sous la forme de canons automouvants (122 et 152mm) puis de missiles sol-surface.
En 1991 l’URSS implose, la Lettonie retrouve son indépendance mais la base de Liepaja reste sous autorité de la Russie qui hérite du gros des forces militaires de feu l’URSS.
Après de longues négociations, la base est évacuée en 2000. La marine lettone à récupéré la base, ne réutilisant qu’une partie des installations, les installations désaffectées étant utilisées pour un usage civil avec la mise en place d’une «zone franche».
Tallin
Capitale de la république d’Estonie, Tallin est une ville ancienne, un port déjà actif au VIIIème siècle commerçant avec la Scandinavie. A l’époque elle portait le nom de Revel (en russe) ou de Reval (en allemand).
Intégrant la ligue Hanséatique, Reval est acquise par les chevaliers teutoniques en 1346 ce qui explique la forte immigration allemande qui allait durablement marqué la région. En 1561, la ville est récupérée par la Suède avant de devenir russe en 1710 (Grande Guerre du Nord).
Situé sur la côte méridionale du golfe de Finlande, Reval devient Tallin en décembre 1918 quand l’Estonie arrache son indépendance en profitant de la décomposition de la Russie, décomposition entamée dès 1917 avec les deux révolutions.
Port de commerce important, Tallin devient également la base de la petite marine estonienne qui disposait de destroyers et de sous-marins. Il y avait donc quelques installations de ravitaillement et d’entretien mais rien qui permettrait d’abriter une flotte importante.
En juillet 1940, l’Estonie devient une république socialiste soviétique. Les moyens de la marine estonienne sont assimilés par la RKKF qui continue d’utiliser Tallin comme station navale avancée, une base relais par rapport aux bases mieux équipées de Leningrad, de Liepaja et de Krondsdadt.
On augmente les capacités des magasins et des dépôts, on renforce les défenses côtières mais on renonce à des travaux importants comme la construction d’une grande forme de radoub.
La ville de Tallin est prise par les allemands début septembre 1950 après de très violents combats qui ont provoqué de terribles dégâts sur la vieille ville comme sur la ville ancienne. Le port est parsemé d’épaves de navires coulés par les allemands ou sabordés par les soviétiques.
Un gouvernement nationaliste estonien est mis sur pied à Tallin mais ses rêves d’indépendance sont vites douchés par les allemands. Ces derniers remettent le port en état pour permettre le ravitaillement des troupes du Heeresgruppe Nord et compenser des infrastructures terrestres déficientes et/ou sabotées par les soviétiques.
Quelques navires légers de la Kriegsmarine (destroyers, torpilleurs, sous-marins, vedettes lance-torpilles «poussière navale») sont déployés pour couvrir les convois et lutter contre leurs homologues de la RKKF.

S-Boote en mer. Des vedette lance-torpilles allemandes vont opérer depuis Tallin pour attaquer les lignes de communication allemandes
Tallin est libérée en novembre 1953 après le demi-succès de l’opération KOUTOZOV lancée en même temps que POTEMKINE. La ville est détruite à 65%, le port encombré de navires coulés et sabordés. Le génie soviétique fait ce qu’il peut pour permettre au port de servir de «hub» logistique au profit des 1er et 2ème fronts de la Baltique qui assurent notamment la surveillance de la poche de Courlande située plus au sud.
Après guerre Tallin cesse d’être un port militaire, les seuls navires militaires faisant escale dans l’ancienne Reval étant des navires en escale de courtoisie. L’Estonie devient indépendante en 1991 et les quelques navires de la petite marine estonienne sont stationnés à Tallin.
Paldiski

Anciens logements de la base navale soviétique de Paldiski.
Situé sur la péninsule de Pakri dans le nord-ouest de l’Estonie, à 50km à l’ouest de Tallin, cette ville à été fondée par les suédois sous le nom de Ragervik. Après sa conquête par les russes, elle fût d’abord rebaptisée Baltisky Port («Port Baltique») puis Baltiski entre 1918 et 1933 et enfin depuis cette date Paldiski.
Dès le XVIIIème, les russes aménagent une base navale mais cette base ne rivalise pas avec celles de Kronsdadt ou de Liepaja par exemple. Elle est peu à peu délaissée et quasiment pas défendue durant l’invasion allemande de juin 1950.
Reconquise en novembre 1953, elle devient un point d’appui important pour les sous-marins et les unités légères qui harcèlent les convois allemands ravitaillant la poche de Courlande. Elle subit des attaques aériennes, attaques dont le nombre ne cesse de décroître au fur et à mesure de l’affaiblissement de la Luftwafe et de sa concentration au dessus du front.
En 1960 décision est prise d’implanter une base de sous-marins. C’est ainsi que sont regroupés les sous-marins de la Flotte de la Baltique. La ville devient une ville interdite aux étrangers et aux civils soviétiques. La base ferme en mars 1995 quand elle est rendue à l’Estonie indépendante.
Cette dernière qui n’à pas besoin de ces infrastructures décide de transformer l’ancienne base navale de Paldiski en port franc, port qui est aujourd’hui le 2ème d’Estonie derrière Tallin.

Aujourd’hui le passé militaire de Paldiski est un lointain souvenir, l’ancienne base navale est devenu un port franc, le 2ème port d’Estonie
Hanko
A 130km à l’ouest d’Helsinki se situe la péninsule d’Hanko, la partie la plus méridionale du territoire finlandais. Au cours des négociations entre la Finlande et l’URSS, Moscou réclama un bail pour y établir une base navale.
Les finlandais conscient de l’inégalité du rapport de force était prêts à accepter de nombreuses concessions mais la possibilité qu’une base soviétique s’implante sur leur territoire vingt ans à peine après l’indépendance c’était inacceptable. D’où la guerre d’Hiver entre novembre 1939 et mars 1940.
La péninsule est fortifié à la fin du 18ème siècle quand les suédois (qui occupaient la Finlande à l’époque) construisent trois forts sur les îles au large de la péninsule, forts pris par les russes en 1809, la Finlande devenant russe cette même année. Ces forts sont bombardés par la Royal Navy pendant la guerre de Crimée et sont détruits par leurs propres défenseurs.
La ville d’Hanko en elle même est fondée en 1874, une ville ouverte sur le monde puisqu’il s’agissait du port principal de départ pour les émigrants cherchant à quitter la Finlande pour rallier les Etats-Unis. C’était aussi un lieu de villégiature apprécié par la noblesse russe.
Le 13 mars 1940 le traité de Moscou met fin à la guerre d’Hiver. Les russes obtient la location de la péninsule d’Hanko pour une durée de trente ans soit jusqu’en 1970.
La population finlandaise est évacuée, la péninsule tout entière devenant une emprise militaire essentiellement navale même si il y avait une caserne pour une brigade blindée et une base aérienne avec des unités de chasse et de bombardement.
Avec cette base, l’URSS peut verrouiller l’accès au Golfe de Finlande et resserrer son emprise sur Helsinki.
Base moderne et bien équipée, la base d’Hanko n’accueille pourtant que des unités légères _croiseurs et destroyers_ et non le corps de bataille de la flotte de la Baltique essentiellement pour des raisons politiques.
Quand les allemands déclenchent l’opération BARBAROSSA le 21 juin 1950, les finlandais sont de la partie. Ils assiègent la base navale et tentent même un blocus naval mais la brutale réaction des batteries côtières fait capoter l’opération.
Le haut-commandement soviétique hésite sur l’avenir de la base. Dans un premier temps on espère tenir le plus longtemps possible, faire d’Hanko un caillou dans le dispositif germano-finlandais mais la dégradation de la situation rend illusoire cette idée.
Décision est prise d’évacuer la base à l’automne 1950 par voie aérienne et maritime ce qui occasionne des pertes assez sensibles en terme de navires et d’avions pour les deux camps.
Le site est brièvement réoccupé par les finlandais mais les soviétiques ont tellement saboté et tellement miné le site qu’Helsinki renonce à l’utiliser comme base opérationnelle.
En novembre 1953 après le succès de l’opération BOREALIS (débarquement allié en Norvège), la Finlande change de camp, signant un armistice avec Moscou qui impose des conditions assez modérées.
Le site d’Hanko est dépollué au cours des années soixante, la ville reconstruite pendant que les soviétiques occupent à Porkkala une base navale située à seulement 30km à l’ouest d’Helsinki mais cette base louée en théorie pour cinquante ans de 1954 à 2004 est évacuée dès 1965.