HISTOIRE DE LA MARINE RUSSE
Avant-propos
Chers lecteurs vous commencez à me connaître et comme le grand historien Fernand Braudel il me semble toujours utile de privilégier le temps long, d’éviter de rester au niveau de l’écume des choses et comme pour le tome précédent concernant l’Italie je vais essayer d’écrire une histoire maritime de la Russie.
Je dis bien essayé car si les sources sont abondantes pour l’histoire navale de l’Italie, en ce qui concerne l’histoire navale russe c’est beaucoup plus délicat, la marine russe n’ayant été officiellement créée que sous Pierre le Grand à la fin du XVIIème siècle au moment où la Russie cesse d’être une puissance périphérique pour devenir une puissance incontournable du jeu diplomatique, politique et militaire européen.

Pierre le Grand comprend qu’un pays moderne ne peut se passer d’une puissante marine de guerre même si la géographie n’à pas été très clémente avec la Russie
Même après cette ouverture la puissance navale russe reste assez limitée avec pour cadre la très cloisonée mer Baltique, la fermée mer Caspienne alors qu’en mer Noire il faudra attendre la Grande Catherine à la fin du XVIIIème siècle pour que la Russie soit en mesure de contestée le statut de la mer Noire à l’époque véritable lac ottoman.

Catherine II, la Grande Catherine réussit là où Pierre le Grand avait échoué : donner un accès pérenne à la mer Noire à son pays. C’est sous son règne que sont fondées les villes de Kherson et de Sebastopol
Au XIXème siècle la marine russe ne se montre guère. Durant les guerres napoléoniennes elle n’est que de peu d’utilité tant la Royal Navy est puissante (et on imagine mal Londres accepter qu’une escadre russe vienne marcher sur ses plate-bandes).
En 1827 elle participe à la bataille de Navarin en compagnie de navires français et britanniques dans le cadre de la guerre d’indépendance grecque, affrontant une marine ottomane à l’image de l’état qu’elle sert : malade.

Représentation de la bataille de Sinope
Bis repetita en 1853 avec la bataille de Sinope en mer Noire où une escadre russe anéantit une escadre ottomane, les obus explosifs Paixans étant sans pitié vis à vis des coques en bois des navires turcs. Néanmoins quelques années plus tard la marine russe sera incapable d’empêcher français, britanniques et piémontais de débarquer en Crimée et de mettre le siège devant Sébastopol.
En raison d’un géographie contraignante (peu de côtes ouvertes sur le vaste océan, mers fermées qu’elle ne contrôle pas, climat hostile avec Mourmansk comme seul port libre de glaces en hiver), la politique navale à été souvent incertaine et chaotique.
La guerre russo-japonaise de 1904/05 est un désastre pour la marine russe qui perd un grand nombre de navire. Un important programme naval est lancé en 1907 (7 cuirassés, 8 croiseurs, 45 destroyers et 42 sous-marins) mais bien entendu quand le premier conflit mondial éclate il est loin d’être réalisé faute de temps et de moyens industriels sans oublier l’absence d’une stratégie cohérente.
Durant le premier conflit mondial les russes craignant de nouvelles déconvenues ne vont utiliser que leurs unités légères mais sans résultats majeurs car jamais la Kaiserliche Marine n’à eut besoin d’envoyer sa Hochseeflot en mer Baltique pour couvrir ses lignes de communication durant sa progression dans les plaines russes.
L’immobilisation des grandes unités démoralise leurs équipages. La dégradation de la situation militaire et politique, la crise économique, la propagande «socialiste» provoque la désintégration de la marine russe qui va jouer un rôle crucial dans la révolution d’octobre avec les tirs du croiseur Aurora.

Le croiseur Aurora
Cela n’empêchera pas les marins de Krondstadt _la base navale majeure de la flotte de la Baltique à proximité de Saint-Petersbourg_ de se retourner contre les bolchéviques, cette révolte de 1921 étant impitoyablement réprimée.
Se pose alors la question de savoir quel type de marine est nécessaire à l’URSS, un immense bloc continental qui la différence des Etats-Unis n’était pas baigné par d’immenses océans où le monde semblait s’offrir à lui.
Deux écoles s’affrontent : une marine uniquement chargée de la défense côtière et de l’appui de l’armée de terre soit une marine que l’on pourrait résumer selon le triptyque batteries côtière-mines/sous-marins/unités légères de surface ou une marine océanique organisée classiquement avec des cuirassés, des porte-avions, des croiseurs lourds et légers, des destroyers, des torpilleurs et des sous-marins.
Jusqu’au début des années trente on peut considérer que la première école domine sous l’influence de l’armée de terre et en l’absence d’une industrie suffisamment puissante pour produire les grandes unités nécessaires à la marine océanique dont rêve le maitre du Kremlin.
Quand la décision est prise de construire une marine océanique, plutôt que de procéder par étapes Staline établit des plans grandioses totalement irréalisables même pour un pays possédant une puissante industrie comme les Etats-Unis.
Les demandes techniques sont irréalistes, les ingénieurs comme les ouvriers et les marins manquent d’expérience. Plutôt que d’accepter les accidents comme une chose normale, Staline estime que ces erreurs sont l’oeuvre de «saboteurs». Une accusation de sabotage c’était l’aller simple pour le goulag où vous receviez souvent comme cadeau de bienvenue une balle dans la tête.

Buste de l’amiral Kuznetsov
Au début des années quarante, l’amiral Kuznetsov cumule les fonctions de commissaire du peuple à la marine de guerre et de celle de chef d’état-major de la marine soviétique. Il à la confiance de Staline et réussit à le convaincre d’aller par étape et de remiser à plus tard ses rêves de grandeur.
Kuznetsov remotive les cadres d’une marine terrorisée et décimée par les grandes purges, encourage la recherche de nouvelles techniques avec des résultats contrastés.
Néanmoins en septembre 1948 la marine russe à fière allure avec trois cuirassés (un en construction), deux croiseurs de bataille (deux en construction), un porte-avions (un en construction), six croiseurs lourds, huit croiseurs légers (quatre en construction), quarante-quatre destroyers (vingt-quatre en construction), deux-cent quarante sous-marins (soixante commandés et/ou en construction), des navires légers et de soutien.
Cette marine dispose certes de navires puissants, bien armés aux performances mal connues (ce qui suscite bien des fantasmes à l’étranger) mais les équipages sont novices, les officiers craignent de prendre des initiatives et surtout contrairement à ce qui s’est passé durant le premier conflit mondial, Moscou va-t-il prendre le risque d’employer ses grandes unités au risque de les perdre ?
Quand la seconde guerre mondiale éclate, la flotte de la Baltique la principale concernée reste en position défensive. Comme en 1914 de nombreux champs de mines sont posés pour protéger les accès aux bases (le traumatisme de l’attaque japonaise de Port-Arthur est toujours vivace), les batteries côtières sont renforcées, l’aviation multiplie les patrouilles……. .
Cet activisme mine de rien rend service aux alliés occidentaux puisque cela oblige la Kriegsmarine à maintenir une partie non négligeable de ses forces en Baltique pour faire à d’éventuelles actions de la marine soviétique. Ailleurs l’activité est limitée par la neutralité soviétique et l’absence de menaces directes.
Le 21 mars 1950 le Japon attaque les Etats-Unis via un raid audacieux contre la base navale de Pearl Harbor. La flotte du Pacifique est mise en alerte mais comme le Japon ne bouge pas dans le Pacifique Nord, les unités basées à Vladivostok se contentent de patrouiller au large des côtes soviétiques mais sans chercher à provoquer les japonais.
Deux mois plus tard quand l’Allemagne lance l’opération BARBAROSSA, la flotte rouge, la Raboche-Krest’yansky Krasny Flot (RKKF) sort de sa neutralité.
Les combats ont principalement lieu en mer Baltique et dans l’Océan Glacial Arctique, la mer Noire étant plutôt calme même si en septembre 1953 l’opération PIOTR VELIKYI voit la flotte de la mer Noire mener une audacieuse opération amphibie pour reprendre la Crimée.
La marine soviétique combat également sur les fleuves, des flottilles assurant le ravitaillement des troupes, le contrôle des cours d’eau, la protection des ponts…… .
Durant le conflit la marine soviétique subit des pertes non négligeables sous les coups de l’ennemi mais aussi suite à des accidents souvent provoqués par un personnel inexpérimenté.
Le pays bénéficie également de la livraison de navires ayant appartenu à l’Italie ainsi que de quelques unités allemandes rescapées du Gotterdammerung.
Cela ne va pas empêcher l’URSS de se questionner sur l’utilité de maintenir à l’ère de l’atome une puissante marine océanique avant que le rapport des forces européen et mondial ne lui impose de reconstruire une Blue Water Navy même si les cuirassés avaient disparu au profit de nouveaux porte-avions, de croiseurs et de destroyers lance-missiles, de sous-marins et de vedettes rapides sans oublier une puissante aviation mais ceci est une autre histoire.
Les prémices
C’est en 1696 que la marine russe voit le jour sous l’impulsion vous ne serrez pas surpris de Pierre le Grand, le premier souverain russe ayant pour volonté d’ouvrir son pays sur l’occident.
Si il choisit l’estuaire de la Neva pour implanter sa nouvelle capitale ce n’est pas un hasard : il veut disposer d’une base navale sur la Baltique, seule mer à laquelle la Russie à pour le moment accès, la mer Noire étant encore un lac ottoman. C’est ainsi qu’à la ville nouvelle de Saint-Petersbourg s’ajoute la base navale de Krondstadt.
La création d’une marine de guerre s’inscrit dans la lutte menée contre la Suède alors puissante dominante en mer Baltique.
Rendons néanmoins justice à Michel Romanov, le premier tsar de la dynastie au pouvoir en Russie jusqu’en 1917 qui fait construire quelques navires pour les conflits où la Russie est engagée mais la première politique navale cohérente russe est bien à l’initiative de Pierre 1er Romanov.
En attendant de posséder une fenêtre sur la Baltique, la Russie considérée comme un état asiatique et semi-barbare développe surtout une Green Water Navy, une marine des eaux vertes, une marine littorale surtout déployée sur la Volga et la mer Caspienne autant dire rien qui puisse bouleverser l’équilibre naval de l’époque (17ème siècle).
Ces navires sont construits souvent selon des initiatives locales et privées un peu comme la France avant que la cardinal de Richelieu ne prenne la décision de créer une marine permanente qui sera rapidement surnommée «La Royale».
La marine russe est donc officiellement créée en 1696. Cette vénérable institution de 322 ans est créée après la deuxième campagne d’Azov, campagne qui avait vu l’engagement d’une puissante escadre russe. Le 20 octobre 1696 un décret impérial créé la marine impériale russe
En 1703 Saint-Petersbourg est officiellement créée. Les navires de la jeune marine russe vont participer à la grande guerre du Nord (1700-1721), une guerre où les deux principaux protagonistes sont la Suède et la Russie, la puissance déclinante et la puissante émergente en Baltique.
Si la bataille décisive eut lieu en Ukraine à Poltava, la jeune marine russe et ses galères jouèrent un rôle non négligeable en mer Baltique moins pour remporter une bataille décisive que pour contrôler les lignes de communication et appuyer la progression des troupes au sol en réalisant ce qu’on appelle des «descentes» avec une flotte mouillant dans une baie, un estuaire ou un delta, des troupes débarquées pour détruire des cibles stratégiques.
Une fois la victoire russe incontestable, le développement de la marine russe se poursuit avec la construction de navires à voile pour compléter les galères (en voie de déclassement même en Baltique), la mise en place de nouvelles bases pour relayer l’action de Krondstadt à savoir Reval (auj. Tallinn) et Vyborg (cédée après la guerre russo-suédoise de 1741/43) mais aussi la construction de chantiers navals.
En 1745 la marine russe dispose de 130 navires à voile dont 36 navires de ligne, 9 frégates, 3 shnyavas (un navire léger de liaison à deux mats comparable à un aviso), cinq bombardes et soixante-dix sept navires auxiliaires.
A cette flotte s’ajoute une flotte auxiliaire avec 396 galères dont 253 semi-galères et 143 brigantines. Vingt-quatre chantiers ont été chargés de la construction notamment ceux de Voronezh, Kazan,Pereyaslavl,Arkangelsk,Olonets,Saint-Petersbourg et Astrakan.
Comme pour le reste de l’armée, les officiers sont issus de la noblesse mais les marins sont des conscrits. Une école des mathématiques et des sciences de la navigation est créée à Moscou en 1701.
Pour acquérir de l’expérience les officiers russes sont encouragés à servir dans des marines étrangères, des étudiants sont ainsi envoyés à l’étranger pour acquérir une expérience, expérience transmise également par des officiers de marine étrangers qui sont débauchés de leurs marines d’origine. C’est ainsi que le premier commandant de la marine russe était un marseillais du nom de Lefort, un compagnon de jeu et de beuverie de Pierre le Grand.
En 1718, le Board de l’Amirauté est mis en place. C’est l’organisme suprême de commandement de la marine russe. Deux ans plus tard, la Charte Navale écrite par Pierre le Grand lui même met place les règlements, les tactiques et l’organisation de la marine russe.
Entre 1688 et 1725, 1260 navires de haute mer ont été construits par les chantiers navals russes pour la marine impériale russe, navires lancés en mer Blanche, en mer d’Azov, en mer Baltique et en mer Caspienne. En ce qui concerne les équipages ils sont majoritairement étrangers en 1700 mais en 1721 on trouve déjà 7% de marins nés en Russie.
Après Pierre le Grand, c’est Catherine II qui joue un rôle majeur dans le développement de la marine impériale russe pour deux raisons majeurs : volonté de rabaisser l’empire ottoman et surtout du temps, son règne étant particulièrement long (1762-1796).
La guerre russo-turque entre 1768-1774 permet enfin à Saint-Petersbourg de sortir du cul de sac de la mer d’Azov, une mer encore plus fermée que la Baltique. La conquête de la péninsule d’Azov puis de la Crimée (d’abord autonome avant d’être annexée directement par la Russie en 1783) permet à la marine russe de pouvoir enfin atteindre la mer Noire puis à terme de pouvoir passer en Méditerranée via les détroits du Bosphore et des Dardanelles.
En 1778, le port de Kherson est fondé suivit de celui de Sébastopol (1783) qui va devenir la base navale majeure de la flotte de la mer Noire.
Dans la seconde moitié du 18ème siècle, la Russie est la quatrième plus grande marine du monde derrière la Grande-Bretagne, l’Espagne et la France.
La flotte de la mer Noire aligne cinq navires de ligne et 19 frégates (chiffres de 1787), celle de la Baltique 23 navires de lignes et 130 frégates (chiffres de 1788).
A ces deux flottes principales s’ajoute une flottille de la Caspienne, une flottile de la mer Blanche et une flottille de la mer d’Okhostk (lointain ancêtre de la flotte du Pacifique).
Le XIXème siècle et la marine russe
Quand débute le XIXème siècle la marine russe est devenu un acteur incontournable en Europe même si durant les guerres napoléoniennes la Royal Navy n’eut pas besoin de l’aide de son homologue russe pour neutraliser une marine française qui fût incapable de se remettre du désastre de Trafalgar et de corriger les errements d’une Révolution Française qui fracassa la belle marine de Louis XVI.
En 1802 le ministère des forces militaires navales est créé, département qui devient le ministère de la marine en 1815.
Tout comme les autres grandes marines la marine russe passe progressivement à la propulsion vapeur, construisant son premier navire militaire à vapeur l’Izhora en 1826, un navire armé de huit canons. Dix ans plus tard, en 1836, une frégate à roues à aube baptisée Bogatyr (1340 tonnes, 237ch, 28 canons) est construite.
A cette même époque la marine impériale russe effectue de nombreuses campagnes scientifiques, quatre circumnavigation et voyages à longue distance sont ainsi réalisés entre 1803 et 1855. Outre l’apport à la science ces longs voyages étaient rendus nécessaires par la présence de colonies lointaines comme l’Alaska (vendue aux Etats-Unis en 1867) et Fort Ross située dans le nord de la Californie (créé en 1812 vendu à un négociant américain en 1841).
En 1827 la marine russe participe aux côtés des marines britanniques et françaises à la bataille de Navarin contre la marine ottomane, une bataille qui favorise l’indépendance des grecs révoltés et confirme le déclin sans fin de la Sublime Porte.
Au milieu du XIXème siècle la marine russe est la troisième du monde derrière la Grande-Bretagne et la France. Cette marine est organisée en deux flottes majeures (Baltique et Mer Noire) avec des flottilles déployées à Arkhangelsk, en mer Caspienne et en mer d’Okhotsk soit au total 40 navires de ligne, 15 frégates, 24 corvettes et bricks, 16 frégates à vapeur et 91000 officiers et marines.
A la même époque l’empire ottoman ne cesse de décliner alors que la Russie, une des puissances victorieuses de Napoléon ne cesse de monter en puissance inquiétant les autres puissances européennes notamment sur le contrôle des détroits turcs, le détroit du Bosphore et celui des Dardanelles.

Tableau représentant le siège de Sébastopol
Ces tensions associées à la question de la protection des lieux saints au Proche-Orient va déboucher sur un conflit de trois ans, la guerre de Crimée, un conflit proto-industriel avec l’engagement de moyens modernes comme la vapeur mais où la majorité des pertes étaient dues aux maladies comme le typhus et le choléra plutôt qu’aux combats.
La marine russe est engagée dès les premiers moments du conflit avec notamment la bataille de Sinope en mer Noire. Le 30 novembre 1853 une escadre russe surprend une escadre ottomane qui assurait le ravitaillement des troupes engagées dans le Caucase.
Tirant des obus explosifs Paixans, les navires russes vont anéantir des navires ottomans, les coques en bois ne résistant pas aux derniers nés des projectiles français.
Cette déroute ottomane entraîne l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne et de la France qui déclare la guerre à la Russie le 27 mars 1854, quelques semaines après l’entrée des navires britanniques et français en mer Noire.
La Russie était en apparence favorisée car combattant à domicile mais en réalité son armée souffrait de nombreuses lacunes avec un sous-entraînement, un sous-équipement.
L’armée ottomane souffrait de nombreuses carences tout comme la Grande-Bretagne dont l’armée de terre n’avait pas beaucoup évolué depuis la victoire sur Napoléon. La France est mieux préparée mais les problèmes sont également présents.
Les alliés devaient amener du matériel venu de France et de Grande-Bretagne, leurs lignes de communication étaient très étendues notamment en mer Noire mais la marine russe fût incapable de s’opposer aux «convois» franco-britanniques.
Chose peu connue la guerre dite de Crimée eut des expansions en Baltique et en Extrême-Orient quand des escadres franco-britanniques menèrent des opérations coup de poing contre Petropavlovsk en Extrême-Orient mais aussi contre Krondstadt et Sveaborg en Baltique avec des résultats médiocres.
Alors que le corps expéditionnaire allié dépérissait à Varna (Bulgarie), la Grande-Bretagne proposa un raid, une descente contre Sébastopol, la base navale majeure de la flotte russe de la mer Noire.
Il s’agissait de débarquer, de s’emparer de la base, de détruire les fortifications et les navires avant de rembarquer. Comme souvent le plan fût la première victime de la guerre et au raid succéda un siège interminable durant lequel 18000 marins russes défendirent la base, les navires étant sabordés pour embouteiller la rade.
Jusqu’à la chute de la ville le 12 septembre 1855, la marine russe fût incapable de soutenir efficacement sa base majeure en mer Noire ce qui facilita le ravitaillement et l’appui-feu des troupes au sol.
Le Traité de Paris signé le 30 mars 1956 interdit à la Russie de posséder fortifications et marine de guerre en mer Noire. De toute façon Sébastopol évacuée le 12 juillet avec plusieurs mois d’avance sur la date prévue n’était plus qu’un champ de ruine, le général britannique Codrington ayant fait consciencieusement dynamiter les docks et les fortifications. Ces restrictions seront levées en 1871 quand la Russie profitera la défaite de la France dans la guerre franco-allemande de 1870.
Après la fin du conflit la marine russe doit repartir quasiment de zéro. Elle abandonne la voile au profit de la vapeur, construisant des monitors, des batteries flottantes soit des navires puissants mais manquant de protection et surtout difficilement employables en haute mer.
Néanmoins les progrès sont rapides et en 1904 la marine russe occupe le troisième rang mondial avec vingt-huit cuirassés, treize croiseurs cuirassés, dix-huit croiseurs, une centaine de destroyers, trois cent torpilleurs et huit sous-marins).