GEOPOLITIQUE ET RELATIONS INTERNATIONALES
Avant-propos
Bien entendu dans la partie consacrée à l’histoire j’ai déjà abordé la question des relations extérieures mais il me semble intéressant d’en reparler ici en essayant d’être plus détaillé, plus précis. Je m’excuse pas avance si il y à des doublons……… .
Dès la naissance du régime soviétique, le contexte est particulièrement hostile avec de multiples révoltes internes et le soutien de pays étrangers pour des motifs tout à la fois politiques ou idéologiques.
Ce fait alimente la méfiance de Lénine et de ses séides qui après l’échec de la révolution mondiale se voit comme une citadelle entourée de pays hostiles. C’est pas totalement faux, le traité de Versailles de 1919 dessinant un véritable cordon sanitaire d’états tampons pour empêcher la contamination de l’occident par les idées bolcheviques.
Ces états souvent dirigés par des régimes autoritaires sont aussi méfiants vis à vis de Moscou car si le régime à changé, les polonais, les hongrois, les roumains n’ont pas oublié que derrière Lénine, Staline et Trotsky il y à la Russie éternelle.
Entrée tardivement à la SDN, l’URSS reste longtemps à l’écart du concert des nations, se rapprochant même d’un autre état paria, l’Allemagne de la République de Weimar qui bénéficie du territoire soviétique pour pouvoir expérimenter chars et avions, chose qu’elle ne peut faire sur son territoire en raison des restrictions du traité de Versailles.
L’arrivée au pouvoir d’Hitler change la donne. L’URSS abandonne sa stratégie du classe contre classe, promouvant la stratégie du front populaire, stratégie qui est loin de plaire à une partie du spectre politique, voyant dans cette stratégie une feinte habille pour s’emparer en douceur du pouvoir.
En dépit de protestations d’amitié, en dépit de discussions engagées, aucun accord pérenne ne voit le jour entre l’URSS et les puissances occidentales.
Ayant besoin de temps pour reconstituer une armée désorganisée par les purges, Staline signe un accord avec l’Allemagne, le fameux pacte germano-soviétique qui sera officiellement dénoncé en septembre 1945 laissant craindre un conflit qui n’aura finalement pas lieu dans l’immédiat.
Ce pacte n’empêche pas l’URSS d’être au bord de la guerre avec le Japon en Mandchourie et en Mongolie, une série d’incidents et d’affrontements violents laissent craindre le début d’un conflit majeur qui aurait pu changer le cours de l’histoire.
Finalement de conflit il n’y aura pas, l’URSS et le Japon signant un pacte de non-agression qui tiendra longtemps, permettant au Japon de se concentrer sur la guerre dans le Pacifique.
Durant la période de la Pax Armada, il n’y à pas de réelles évolutions, une sorte de guerre froide avant l’heure gèle les relations internationales en Europe. On s’épie, on se méfie, se regardant du coin de l’oeil. Pour la forme on essaye quelques discussions mais les non-dits et les sous-entendus sont tels que cela ne change rien à la situation.
Une géographie contraignante
L’URSS une puissance continentale
L’URSS comme jadis la Russie est un bloc compact s’étendant sur l’Asie et l’Europe, l’Oural étant considérée comme la frontière entre deux continents à moins qu’on préfère de parler d’un unique continent Eurasiatique.
Ses ouvertures sur le monde sont peu nombreuses et surtout fort contraintes. En effet l’URSS est bordée par des océans ou des mers qui sont soit prises par les glaces ou alors pouvant être bloquées par des pays étrangers pas toujours alliés de Moscou.
C’est ainsi que le seul port libre des glaces toute l’année est le port de Mourmansk, un port dont l’accès est particulièrement compliqué. Durant le second conflit mondial des convois occidentaux rallieront les îles britanniques au port soviétique mais une fois le matériel débarqué son envoi à l’intérieur du pays ne sera pas toujours simple.
Plus au sud Leningrad est tapis au fond du golfe de Finlande. Pour sortir de sa base navale de Krondstadt, la flotte de la Baltique doit longer les côtes de pays potentiellement hostiles ou pouvant servir de tremplin à une puissance ennemie.
Voilà pourquoi en 1939/40, l’URSS impose à une Finlande militairement vaincue l’installation d’une base navale à Hanko et surtout annexe les trois états baltes, permettant à la flotte rouge de disposer de ports et de bases pour pouvoir agir en Baltique contre la Kriegsmarine qui doit monter une garde vigilante en y conservant des moyens plus importants qu’escomptés.
Au sud l’URSS contrôle les côtes nord et nord-est de la mer Noire mais cette mer est fermée par le détroit des Dardanelles et le détroit du Bosphore, détroits contrôlés par la Turquie où la navigation est réglementée par la convention de Montreux de 1936 qui impose par exemple le transit des sous-marins en surface et l’interdiction du passage des porte-avions.
Cette convention signée par la Turquie, l’URSS, la France, l’Australie, la Bulgarie, la Grèce, La Roumanie, le Royaume Uni à été signée initialement pour vingt ans puis se poursuit par tacite reconduction.
Quand le conflit éclate en septembre 1948, la Turquie proclame sa neutralité et n’autorise que le passage de petites unités et de navires de soutien, interdisant l’envoi de navires de guerre allant du destroyer au cuirassé en passant par le croiseur et le porte-avions.
Cela va ainsi faciliter la mission de la marine soviétique qui n’avait pas à craindre une potentielle intrusion de la marine italienne ou de la marine allemande dans cette mer fermée. Seules des unités légères de la Regia Marina et de la Kriegsmarine y seront envoyées mais via le Danube.
Le contrôle de la Caspienne n’à guère d’utilité dans le sens où il s’agit d’une mer fermée bordée au sud par un pays l’Iran qui ne peut pas vraiment être considéré comme un allié de l’URSS. Quant au Pacifique non seulement le port de Vladivostok est pris par les glaces mais la marine soviétique doit tenir compte de la présence d’une puissance navale de premier plan à savoir le Japon dont on ignore pendant longtemps les réelles intentions.
Cette géographie contraignante explique pourquoi le débat à longtemps fait rage sur l’utilité ou non d’une marine océanique. Bien évidement l’armée de terre ne voulait pas en entendre parler, estimant que le rôle de la RKKF était de protéger les côtes et de soutenir les troupes au sol.
Même au sein de la marine soviétique, les tenants d’une marine bleue, d’une Blue Water Navy n’étaient pas forcément dominants pour des raisons tenants à la fois de basses rivalités politiciennes mais aussi en raison de doutes sur la capacité de l’industrie soviétique à construire cuirassés, croiseurs de bataille, porte-avions, croiseurs et destroyers. Quant au maître du Kremlin il oscillera entre réalisme et folie des grandeurs.
La géographie commande, la géopolitique exécute
Face à une géographie aussi contrainte, l’URSS ne peut avoir n’importe quelle géopolitique. A cela s’ajoute le facteur idéologique et une certaine paranoïa en vogue dans les couloirs du Kremlin.
L’URSS se considère tantôt comme un brise-glace exportant la «révolution mondiale» tantôt comme une citadelle assiégée par des pays hostiles. Sa politique va se montrer tantôt aventureuse, tantôt prudente mais surtout très pragmatique.
Quand Moscou s’inquiète de la montée en puissance de l’Allemagne nazie elle cherche à se rapprocher des puissances occidentales et à ménager les pays d’Europe de l’est toujours inquiets d’une possible expansion territoriale russe.
Quand Moscou prend conscience de la faiblesse des démocraties occidentales, leur amorphisme et veut surtout éviter une guerre car son armée décapitée par les grandes purges n’est pas prête elle se rapproche de Berlin qui à également tout intérêt à éviter un conflit trop précoce avec l’URSS et surtout une alliance cauchemardesque entre la France, la Grande-Bretagne et l’URSS qui prendrait en étaut l’Allemagne.
Cette politique cynique et pragmatique va générer bien des malentendus et bien des contorsions au sein des partis communistes européens qui devront à la fois vaincre la défiance des autres partis mais également devoir expliquer de tels revirements quand bien sur ces ruptures ne provoquaient pas départs et divorces entre direction des partis et militants.
Les relations extérieures de l’URSS : alliés et ennemis bien malin celui qui y voit clair !
Les relations soviéto-allemandes : a paria paria et demi
Le 16 avril 1922 est signé le Traité de Rapallo, un traité de coopération et d’amitié entre l’Allemagne et l’URSS. Ce traité permet aux deux états de sortir de leur isolément consécutif à la première guerre mondiale.
Outre le règlement définitif des questions laissées en suspend depuis le traité de Brest-Litovsk (statut des ressortissants, abandon mutuel des indemnités et autres réparations de guerre), ce traité organise une coopération militaire clandestine permettant à la Reichswehr d’expérimenter des armes interdites comme l’aviation, les chars, les gaz de combat.
Cette coopération va durer jusqu’à l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933 et surtout la violation des clauses du traité de Versailles, violation d’autant plus facile que les réactions des français et des britanniques sont pour le moins timides.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si à la même époque l’URSS se rapproche des démocraties occidentales pour tenter de contre l’agressivité du régime hitlérien avec des résultats pour le moins décevant, la politique d’apeasement des élites anglaises et la crise politique qui frappe une IIIème République que l’on croit agonisante rendant impossible une entente durable entre des régimes qui se montrent méfiants vis à vis du communisme.
A partir de 1938/39 on assiste à un rapprochement entre Berlin et Moscou. Pour Berlin qui s’apprête à entrer en guerre contre les puissances occidentales il s’agit d’éviter une alliance franco-anglo-russe qui obligerait l’Allemagne à combattre sur deux fronts et pour Moscou qui craint plus une agression allemande qu’une agression franco-britannique il s’agit de gagner du temps pour reconstituer un outil militaire malmené par les purges, outil militaire qui montra son efficacité dans la guerre d’Hiver contre la redoutable Finlande.
A l’été 1939 l’URSS négocie avec les deux camps. Devant les atermoiements franco-britanniques, Staline comprends que la seule solution viable c’est de se rapprocher avec l’Allemagne. Le 23 août 1939 le pacte germano-soviétique est signé.
Ce pacte qui ne sera dénoncé qu’en septembre 1945 (au point de faire craindre à Staline un renversement complet des alliances et un bloc Berlin/Paris/Londres pour envahir l’URSS) mais durant six ans il va organiser les rapports entre les deux totalitarismes.
Outre la séparation des zones d’influences et des accords mutuels sur les partages et autres annexions, ce pacte va permettre une collaboration économique qui sera nettement plus fructueuse que la collaboration militaire qui sera proche du néant.
Sur le plan économique, les deux états vont échanger des matières premières minières et agricoles (essentiellement fournies par l’URSS) contre des produits manufacturés ou semi-finis (essentiellement fournis par l’Allemagne).
Des ingénieurs et des spécialistes vont également être échangés permettant aux services de renseignement des deux pays de poser des jalons de réseaux d’espionnage mais aussi de récupérer informations et données importantes. Néanmoins pour que cette cueillette soit efficace il aurait fallu que les pouvoirs politiques les exploitent à bon escient ce qui ne sera pas vraiment le cas.
Du côté allemand on à un mépris souverain pour les slaves considérés comme des untermensch, des sous-hommes et les informations sur la réorganisation de l’armée Rouge, sur les capacités de nouveaux avions et des nouveaux chars ne seront pas considérés à leur juste valeur.
Côté soviétique, les informations sur des plans concernant l’invasion de l’URSS (projets de débarquement dans les pays baltes, opération aéroportée sur Leningrad, minage du golfe de Finlande……) ne seront pas prises en compte par le Vjod qui considéra ces informations comme des «provocations impérialistes».
Certes plus tard, Staline pourra considérer qu’il à vu juste car aucune de ces opérations n’à été intégrée à BARBAROSSA mais en les exploitant plus finement qui sait ce qui se serait passé…… .
Entre septembre 1945 et septembre 1948 les relations germano-soviétiques alternent entre le beau temps et l’orage. Des incidents de frontière ou la découverte opportune de réseaux d’espionnage fait craindre au monde le déclenchement d’un nouveau conflit avant pour théâtre l’Europe de l’est mais rien ne se produit peut être parce qu’aucun des deux belligérants n’est vraiment prêt.
Quand le second conflit mondial éclate le 5 septembre 1948, l’URSS proclame sa neutralité ou plutôt sa non-belligérance. Des incidents de frontière ont lieu, des avions abattus et des sous-marins coulés sans que l’on sache exactement si l’URSS en est à l’origine.
Cette situation bancale s’achève le 21 juin 1950 quand l’Allemagne déclenche l’opération BARBAROSSA, opération qui marque le début d’une guerre abominable où tous les coups étaient permis où un duel à mort s’engageait.
Les relations franco-soviétiques
En 1893 la France de la IIIème République et l’empire de Russie signe une alliance politique et militaire. La France sort de l’isolement diplomatique dans lequel elle était depuis la guerre de 1870 et surtout de l’action du chancelier Otto von Bismarck.
Cette alliance est une alliance de raison. Non seulement les deux régimes politiques sont diamétralement opposés mais en plus si l’Allemagne n’avait choisit de s’allier avec l’Autriche-Hongrie en 1882 nul doute qu’une alliance germano-russe aurait été plus «logique» et plus «naturelle».
A cela s’ajoute les besoins en investissements étrangers de la Russie pour moderniser son économie et à l’époque, Paris est une place financière incontournable.
Avec l’Entente Cordiale de 1904, une alliance anglo-russe voit le jour en 1907. Comme pour l’Entente Cordiale trois ans plus tard, l’alliance anglo-russe était davantage un accord destiné à apaiser les différents coloniaux en Asie centrale qu’un accord en bonne et due forme.
Quand le premier conflit mondial éclate, la France compte beaucoup sur les quinze millions de soldats que la Russie peut mobiliser. Les premières victoires russes sur le front de l’est soulèvent un immense espoir en France, la déception n’en est que plus grande…… .
Durant le conflit les alliés peinent à coordonner leurs offensives. De plus la Russie connait vite des difficultés à fournir le nécessaire à leurs troupes. Les alliés doivent même fournir véhicules, armes et munitions pour tenir à bout de bras un allié qui menace de quitter le conflit à tout moment.
Si la révolution de février 1917 ne change rien dans ce domaine, la révolution d’octobre 1917 provoque un vrai changement puisque quatre mois plus tard la Russie se retire du conflit après la signature du traité de Brest-Litovsk.
Inutile de préciser que ce traité provoque la fureur et la colère des alliés bien conscient qu’une nouvelle guerre s’ouvre, une vraie course contre la montre entre les franco-britanniques qui attendent l’arrivée des renforts américains et les allemands qui espèrent gagner avant l’envoi massif en Europe de troupes venues du Nouveau Monde.
Les relations franco-russes se dégradent naturellement avec la guerre civile russe où la France envoie des troupes et du matériel pour soutenir les Blancs dans leur volonté de renverser le nouveau régime et rétablir le régime tsariste.
Sur le plan politique cela se poursuit avec la conférence de Paris qui aboutit au traité de Versailles signé le 24 juin 1919 qui redessine la carte de l’Europe en créant un véritable cordon sanitaire pour empêcher la «contamination» bolchevique. L’URSS est même exclue de la toute nouvelle Société des Nations censée empêcher tout nouveau conflit majeur en Europe voir dans le monde.
L’arrivée au pouvoir d’Hitler amorce un certain rapprochement entre Paris et Moscou mais la méfiance est telle que cela ne débouche ni sur une alliance ni sur un traité qui aurait peut être rendu Hitler plus prudent dans sa politique agressive et belliciste.
La signature du pacte germano-soviétique le 23 août 1939 provoque comme nous l’avons vu un coup de tonnerre dans le domaine des relations internationales. Ce pacte sanctionne l’incapacité de démocraties occidentales en crise à passer outre leur méfiance vis à vis du régime communiste, l’interdiction du PCF en étant la preuve, interdiction qui ne sera levée que courant 1946.
Les relations franco-russes sont polaires jusqu’en septembre 1945 puis tempérées après. Il n’y à tout de fois aucun vrai travail de rapprochement entre Paris et Moscou pour renouer avec les mannes de l’alliance signée par Alexandre III et la IIIème République malgré des bonnes volontés de chaque côté.
Non décidément les méfiances sont beaucoup trop importantes. Ces méfiances sont d’autant plus insurmontables que la France amorce à partir de 1940 avec le Parti Social Français (PSF) un vrai tournant national-conservateur qui ne plait guère à Moscou.
Quand l’Allemagne déclenche l’opération Weserübung le 5 septembre 1948, Paris sonde discrètement Moscou dans l’espoir qu’elle rentre en guerre mais Staline refuse de participer à ce «conflit entre impérialistes».
L’Armée Rouge montre même les dents dans l’océan glacial arctique et en mer Baltique. Il n’est pas impossible, il est même probable que quelques pertes alliées ou allemandes (avions, sous-marins, navires légers) soit le fait non pas du camp d’en face mais d’avions ou de sous-marins soviétiques. Encore aujourd’hui en 2018 certaines pertes font l’objet de disputes féroces entre historiens voir entre hommes politiques.
Il faut attendre le 21 juin 1950 et le déclenchement de l’opération BARBAROSSA pour que l’URSS contrainte et forcée ne soit obligée de rentrer en guerre.
Depuis soixante-huit ans certains historiens prétendent que les allemands n’ont fait que devancer une future offensive soviétique en Europe centrale et orientale mais les «preuves» qu’ils apportent sont soient mal interprétées ou alors des faux grossiers.
Dès le lendemain 22 juin la France apporte tout son soutien à la Russie (le mot URSS est très peu employé, le président de la république Paul Reynaud disant un jour à un jeune collaborateur «Mon jeune ami vous verrez qu’un jour la Russie boira le communisme comme le buvard boit l’encre») en décidant d’assurer une aide militaire et de proposer une coopération politique et militaire même si la coopération se heurtera à nombre d’obstacles.
Durant tout le conflit la coopération sera toujours marquée par une certaine méfiance sans compter de multiples critiques, Staline estimant que les alliés n’en faisaient pas assez alors que Paris, Londres et même Washington pestaient contre le manque d’informations transmises par Moscou sur ses futures offensives, sur des renseignements stratégiques………. .
A la fin du conflit en l’apparence l’alliance franco-russe est solide mais les premiers craquements sont déjà là, aboutissant à une guerre froide qui allait transformer la frontière germano-polonaise en un mur où chaque guettait anxieusement un possible nouveau conflit avec de plus l’engagement de l’arme nucléaire.
Les relations britannico-soviétiques
Comme nous venons de le voir les relations entre la Grande-Bretagne et la Russie ont été souvent tendues en raison de rivalités coloniales en Asie Centrale, le célèbre «grand jeu» cher à Rudyard Kipling.
En effet les deux pays s’opposaient en Asie, Saint-Petersbourg ne cessant d’avancer en Asie Centrale, menaçant le Tibet et la Chine, inquiétant Londres qui craignait pour la sécurité de son joyau à savoir l’empire des Indes, le célèbre British Raj.
L’Afghanistan est une zone tampon entre les zones d’influence russes et anglaises. Les deux empires ont bien essayé d’absorber le «royaume de l’insolence» mais Londres en 1842 et Saint-Petersbourg s’y sont cassé les dents car si il est facile de conquérir l’Afghanistan, il est difficile voir impossible de s’y maintenir pour une puissance étrangère.
En 1907 un accord aplanit les différents coloniaux entre les deux pays. Tout comme l’Entente Cordiale de 1904, cet accord ouvre la voie à une alliance anglo-russe, permettant la naissance de la Triple Entente qui faisait pièce à la Triplice germano-austro-hungaro-italienne (ouf!).
Il s’en ait pourtant fallu de peu pour que la guerre éclate entre les deux pays. Lors de son transit interminable vers l’Extrême-Orient, la flotte de la Baltique partie de Liepaja (Lettonie) prit des chalutiers britanniques dans le Dogger Bank pour des torpilleurs japonais ! Le sang-froid des deux gouvernements évita une guerre dans laquelle la France aurait été bien gênée……. .
A la différence de la France il y à peu de relations militaires entre la Grande-Bretagne et la Russie durant le premier conflit mondial. Il y à bien des livraisons d’armes mais à ma connaissance aucune unité militaire britannique ne combat sur le front de l’est ou à l’ouest avec des troupes russes.
Durant la guerre civile russe, des troupes britanniques sont engagées à Mourmansk et Arkangelsk pour tenir ces ports et récupérer du matériel militaire pour éviter qu’il ne tombe aux mains des bolcheviques.
Dans l’immédiat après guerre, l’anticommunisme virulent pousse la Grande-Bretagne à intervenir dans la guerre civile russe et à ne pas envisager de relations diplomatiques avec le nouveau régime.
Même après le rapprochement entre la France et la Russie, la Grande-Bretagne reste à l’écart, les élites politiques britanniques craignant que le parti travailliste ne soit que le faux nez des communistes.
Le «poids mort» britannique n’à pas été pour rien dans l’échec des négociations entre Paris, Londres et Moscou à l’été 1939, échec ouvrant la voie à un accord soviéto-allemand.
Il faut attendre le déclenchement du second conflit mondial pour que les relations britannico-soviétiques se réchauffent.

Winston Churchill
Dès le lendemain 22 juin 1950, le premier ministre Winston Churchill assure «au gouvernement russe sa profonde sympathie et son soutien plein et entier dans une lutte pour la civilisation occidentale (sic)».
Ce soutien plein de chaleur provoque quelques suées chez les conservateurs les plus anticommunistes ce à quoi le vieux Lion répond «mais mon cher si demain Himmler envahissait l’enfer j’aurais même un petit mot gentil pour le diable».
Durant le conflit la Grande-Bretagne va fournir des navires, des avions et des armes mais aussi des véhicules, des produits semi-finis et tout ce que l’industrie soviétique ne pouvait fournir rapidement et en bonne qualité.
La coopération militaire fût plutôt faible, les propositions d’envoi d’une escadre britannique en Baltique ou dans l’Océan Glacial Arctique sont poliment refusées par Moscou. Au niveau des opérations aériennes si des aérodromes soviétiques seront ouverts pour permettre à des bombardiers américains, britanniques et français de se poser et de se ravitailler, il n’y aura aucune opération combinée ni escortes mutuelles.
A la fin du conflit, Londres soutient pleinement Paris dans une politique de fermeté vis à vis de l’URSS. Néanmoins les relations diplomatiques se poursuivent de manière normale ou quasiment-normales.
Les relations américano-soviétiques
Les relations américano-soviétiques sans être inexistantes ne sont pas très importantes peut être parce que les deux pays n’ont pas vraiment les mêmes intérêts géostratégiques. Les américains interviennent certes dans la guerre civile russe mais sont loin d’être les plus virulents.
En effet si les américains avaient accepté d’intervenir en Russie c’était uniquement pour aider à l’exfiltration de la légion tchèque et non pour soutenir un camp de la guerre civile russe.
Comme tous les pays occidentaux Washington s’inquiète de la nouvelle idéologie au pouvoir à Moscou au point de restreindre drastiquement l’immigration en appliquant des quotas par nationalités.
Comme l’URSS, les Etats-Unis restent neutres en septembre 1948. Non seulement les américains pensent que le conflit n’est qu’une nouvelle poussée de fièvre comme en septembre 1939 mais aussi parce que les élections approches et qu’il est difficile de vendre aux électeurs une nouvelle guerre.
Les américains rentrent en guerre le 21 mars 1950 suite à l’attaque japonaise contre Pearl Harbor, mobilisant encore davantage leur immense puissance industrielle au profit des alliés, informant Moscou que cette aide remboursable après guerre pourrait lui bénéficier si l’URSS entre en guerre.
Washington tient parole et quelques semaines seulement après l’attaque allemande les premiers convois de matériel, de produits semi-finis, de matières premières traversent sous bonne escorte le Pacifique Nord pour rallier Vladivostok.
Bien évidement cette aide à été minimisée après guerre mais aujourd’hui les historiens sont formels : l’Armée Rouge aurait mis bien plus de temps à chasser les allemands de son territoire et à atteindre l’Oder et la Neisse sans l’aide américaine.
Outre le fait que cela à éviter une famine dévastatrice (livraison massive de produits agricoles), cette aide à permis à l’URSS de se concentrer sur certains secteurs et abandonner d’autres soit parce que les exemplaires produits étaient largement inférieurs à ceux proposés par les alliés ou parce que cela aurait pris trop de temps surtout en temps de guerre de lancer la production pour un résultat incertain.
Sur le plan directement militaire il n’y à pas eu d’opérations combinées par méfiance mais aussi par manque de moyens, les projets d’ouvrir un front Nord contre l’île de Hokkaïdo n’ont pas dépassé le stade de l’étude prospective.
Nul ne sait ce qui se serait passé si une escadre américano-soviétique transportant trois ou quatre divisions avait réussit à débarquer sur le territoire métropolitain pour obliger le Japon à arrêter ses offensives pour défendre son territoire national.
Les relations soviéto-italiennes
Les relations politiques et diplomatiques entre Rome et Moscou, entre l’Italie et l’URSS sont pour ainsi dire inexistantes la faute à des régimes politiques aux idéologies diamétralement opposées mais aussi en l’absence d’intérêts communs et/ou rivaux dans une même zone géographique.

Le conducteur de flottille Tashkent à été construit en Italie
Paradoxalement l’URSS va commander à l’Italie plusieurs navires, des pièces d’artillerie et différents équipements militaires, essentiellement dans le but d’accélérer son réarmement et d’économiser en frais de recherche et de développement.
Quand le second conflit mondial éclatera en septembre 1948, l’URSS resta en dehors du conflit, les relations entre Rome et Moscou resteront pour ainsi dires inexistantes jusqu’au moment où les allemands déclencheront l’opération Barbarossa le 21 juin 1950.
Bien que réticente l’Italie finira par accepter d’engager des moyens militaires importants sur le front de l’est où le comportement des troupes italiennes sera dans l’ensemble honorable voir glorieux pour les unités d’élite (Alpini, Bersaglieri) qui avaient à cœur de justifier leur prestigieuse réputation.
Les troupes italiennes ainsi que les moyens navals et aériens seront rapatriés à l’automne 1952 quand la situation devint critique en Italie.
La seconde guerre mondiale terminée, l’URSS bénéficiera d’indemnités de guerre versés par l’Italie sans compter la récupération de plusieurs navires ayant appartenu à feu la Regia Marina.
Quand aux relations diplomatiques entre la République d’Italie et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, il faudra attendre 1962 pour qu’elles soient officiellement établies.
«Option Nord» : les relations entre l’URSS et le Japon
Avant l’ouverture du Japon au monde, la Russie des Romanov était la puissance dominante en Extrême-Orient, profitant de la déconfiture de l’Empire du milieu, la Chine qui ne cessait de décliner. Il fallut quelques années pour que Tokyo devienne un rival pour Pétrograd dans cette partie du globe, un vraie partie d’échecs rappelant le Grand Jeu britannico-russe quelques milliers de kilomètres plus à l’ouest.
Très rapidement la rivalité eut la Chine comme théâtre d’opérations principal notamment la Mandchourie, riche province chinoise qui attirait bien des convoitises. Ses rivalités restèrent politiques et économiques jusqu’en 1904 quand éclata un conflit qui fit entrer le Japon dans le cercle des grandes puissances.

Montage photographique sur la guerre russo-japonaise
Ces tensions vont déboucher sur un conflit d’un an et demi (8 février 1904-5 septembre 1905) où pour la première fois un pays «blanc» est battu par un pays non-européen. C’est le retour du «péril jaune».
Ce conflit qui annonce le premier conflit mondial (tranchées, artillerie à tir rapide, mitrailleuses….) voit la mort de 71000 russes et de 85000 japonais. Le Japon devient une puissance incontournable dans la région alors que la Russie s’enfonce dans la crise, le conflit générant une première révolution, douze avant celle qui allait balayer une dynastie tricentenaire.
Alliés durant le premier conflit mondial, la Russie et le Japon n’entamèrent pas pour autant de rapprochement. Pire, la révolution d’octobre 1917 poussa la Russie en dehors du premier conflit mondial avant de provoquer une guerre civile abominable entre Blancs et Rouges.
Si les bolcheviks ne pouvaient compter que sur eux-mêmes, les Blancs bénéficièrent de l’aide des puissances occidentales, de la France, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et du Japon. Tokyo va profiter de cette guerre fratricide pour renforcer son influence en Mandchourie et surtout en Sibérie. Il s’agissait également de rendre impossible toute menace russe contre les intérêts japonais en Chine voir contre le Japon lui même.
Les plus amibitieux voulaient faire de la Sibérie un état-tampon entre la Russie et le Japon, un glacis protecteur pour le pays du soleil levant. Comme souvent le gouvernement tergiversa avant d’accéder à la demande américaine d’envoyer des troupes dans l’Extrême-Orient russe.
En effet ce sont les américains qui firent entrer le loup dans la bergerie en demandant 7000 hommes au Japon, un contingent destiné à une force internationale de 25000 hommes destinée à secourir la légion Tchèque et récupérer du matériel de guerre stocké sur place.
Finalement, ce sont 12000 soldats japonais qui sont envoyés en Russie mais sous commandement national pour une mission bien différente de celle initialement envisagée. Jouant leur propre plan, les japonais restèrent bien après l’évacuation des troupes alliées (juin 1920) dans une intervention mal comprise et de plus en plus impopulaire au Japon.
Soumis à une intense pression diplomatique, à la défiance de l’opinion publique et au coût financier, le gouvernement japonais du évacuer son corps expéditionnaire en octobre 1922 après la mort de 5000 soldats et une dépense totale de 900 millions de yens
L’échec de cette expédition mal conçue et mal expliquée suscita un profond malaise et une baisse de crédits des militaires au près du pouvoir, baisse temporaire comme nous le savons maintenant.
En dépit de cet échec, un grand nombre de militaires japonais restèrent obsédés par la Russie puis l’URSS. Outre une menace ancienne s’ajoutait la peur panique du communisme qui justifia à partir de 1925 une politique de répression croissante contre tous les mouvements de gauche.
C’est ainsi que si les marins voyaient dans les Etats-Unis la principale menace, les terriens eux ne voyaient qu’un seul ennemi à savoir l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, une double hémiplégie fatale pour le Japon en guerre.
Tout était prétexte à craindre une intervention soviétique y compris le soutien de Staline à Tchang-Kaï-Chek et ses pressions pour que le PCC soutienne ce gouvernement face notamment aux menées japonaises en Mandchourie puis dans le reste de la Chine.
Ces relations vont se dégrader au cours des années trente avec notamment des incidents frontaliers dans le nord de la Mandchourie et en Mongolie. Si le premier territoire est occupé par le Japon (l’empire du Mandchoukhouo), le second est sous influence soviétique.
Entre 1932 et 1934, le Japon enregistre 151 incidents mineurs à la frontière mandchoue, ce nombre augmentant encore en 1935 et 1936.
Plus inquiétant, leur gravité augmente également avec notamment un premier véritable affrontement en janvier 1935 entre des cavaliers mongols et une patrouille de l’armée du Mandchoukouo,affrontement au cours duquel un conseiller militaire japonais est blessé.
Entre décembre 1935 et mars 1936, plusieurs autres incidents ont lieu, incidents qui voient l’engagement de véhicules blindés et mêmes d’avions. En juin 1937, une canonnière soviétique est coulée et une autre endommagée sur le fleuve Amour qui sépare la Chine de l’URSS mais ce qui aurait pu constituer un casus belli entre Tokyo et Moscou ne dégénére pas en conflit armé majeur.
Un nouvel incident à lieu entre le 29 juillet et le 11 août 1938. Cet incident à lieu au lac Khasan et repose visiblement sur une querelle de frontière hérités des empires russes et chinois à 120km au sud de Vladivostok. De violents combats ont lieu mais ne débouchent que sur un retour au status quo ante.
En dépit d’une «victoire» soviétique, les japonais estiment pouvoir s’entendre au détriment de l’URSS en Asie orientale.
Cette conviction va déboucher sur une véritable guerre non déclarée et la bataille de Khalkhin Gol (11 mai-16 septembre 1939) qui débouche sur une victoire soviétique décisive, victoire qui met à mal l’influence des partisans de l’option Nord qui avaient déjà du avaler la couleuvre d’une guerre contre la Chine, considérée par les «nordistes» comme un gaspillage de moyens en vue d’une opération contre l’URSS.
Résultat, le Japon va se tourner vers l’Asie du Sud-Est jugée plus accessible au point de signer un pacte de non-agression avec l’URSS le 13 avril 1941.
Cela ne va pas empêcher le Japon de réaliser des plans d’attaque contre l’URSS, plans destinés à s’emparer de la Sibérie voir de l’Extrême-Orient soviétique.
Aucun plan détaillé n’à été retrouvé dans les archives (ou ce qu’il en restait après les bombardements américains) mais il semble que les objectifs étaient de s’emparer d’un territoire tampon en Sibérie, de la Mongolie et de l’Extrême-Orient soviétique jusqu’à Vladivostok pour priver la flotte du Pacifique soviétique d’une base majeure.
Ce pacte valable cinq ans est renouvelé en mars 1945 puis en mars 1951 alors que le Japon est en guerre contre les Etats-Unis et que l’URSS doit lutter contre l’invasion de son territoire par l’Allemagne. Tokyo et Berlin ne vont jamais coopérer pour favoriser leurs opérations respectives et l’URSS apparaît un temps comme un partenaire potentiel pour négocier une paix de compromis en Asie et dans le Pacifique.
L’attaque foudroyante en Mandchourie le 24 juin 1954 n’en sera que plus surprenante, permettant à l’URSS de s’implanter dans le nord de la Chine, permettant aux communistes chinois de retrouver des forces et de se préparer pour la reprise de la guerre civile. Les soviétiques vont également s’emparer d’une partie des Kouriles et de toute la presqu’ile de Sakhaline, le sud étant occupé par le Japon depuis 1905.