Italie (78) Regio Esercito (28)

MILIZIA VOLONTARIA PER LA SICUREZZA NAZIONALE (MVSN)

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Symbole de la Milice des Volontaires pour la Sécurité Nationale (MVSN)

Avant-propos

Comment se définit le fascisme ? Comment le fascisme se distingue d’autres formes de régimes autoritaires. Robert Paxton dans son livre «le fascisme en action» à définit le fascisme comme une idéologie marquée par le culte du chef, le parti unique, le goût des parades militaires et la présence d’unités paramilitaires.

Le fascisme né en Italie dans les remous de l’après guerre est une idéologie guerrière marqué dès l’origine par la violence, la violence de ses chemises noires, les camicia nera.

A l’origine de ses chemises noires figure la levée par et pour le patronat de groupes paramilitaires destinés à briser les grèves insurrectionnelles lancées dans une Italie ruinée par une guerre, guerre pourtant victorieuse.

Ce sont les squadre d’azione, les squadristi qui mettent fin à l’occupation illégale des grands domaines, brisent les piquets de grève, attaquant les lieux où se réunissent syndicats et partis de gauche.

Le 23 mars 1919 est créé à Milan le fasci italiani di combattimento le faisceau italien des combattants qui absorbe les squadristi. Ces derniers sont des repris de justice, des jeunes en mal d’aventure, des anciens combattants peinant à se reconvertir, tous mus par un goût pour l’action et la violence, reprenant les traditions des arditi de D’Annunzio.

D'annunzio

Gabriele D’Annunzio

Un peu comme la légion étrangère espagnole les chemises noires vouent un culte à la mort avec un symbole éloquent _le crâne avec un poignard entre les dents_ , la chemise noire et la devise emprunté à Gabriele D’Annunzio, le fameux Me ne frego (je me fous _sous entendu de la mort_).

Ces hommes sont totalement dévoués à leur chef appelé Ras une référence à l’Abyssinie à tel point que leur autonomie provoque certaines frictions et certaines peurs chez les monarchistes.

Pour éviter que ces aventuriers ne deviennent un problème, Mussolini décide de créer un organisme paramilitaire pour les cadrer. Le 14 janvier 1923 est créé la milice des volontaires pour la sécurité nationale soit en italien la Milizia Volontaria per la Sicurezza Nazionale (MVSN) même si dans la pratique le terme «chemise noire» était davantage utilisé.

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Chemises Noires lors de la Marche sur Rome

Ces hommes vont servir au sein d’unités autonomes mais également au sein de l’armée régulière, des unités de chemise noire renforçant par exemple les divisions d’infanterie binaire.

Pour l’uniforme la MVSN utilisait à la fois l’uniforme de l’armée régulière et un uniforme noir. Quand à l’armement il était identique à celui de l’armée régulière, les premières armes des squadristes étant cédées par l’armée régulière avant même l’arrivée au pouvoir de Mussolini.

Historique

Les chemises noires ne forment pas une «génération spontanée» sortie de nulle part. Ils peuvent légitimement se considérer comme les héritiers des arditi, les volontaires du poète guerrier Gabriele D’Annunzio qui comme les corps francs menaient des opérations coup de poing sur le terrible front de l’Isonzo.

Ces arditi s’illustrèrent dans l’immédiat après guerre en occupant la ville de Fiume. Cette ville majoritairement peuplée d’italiens était revendiquée par Rome alors que son arrière pays était slovène.

Le 12 septembre 1919, Gabriele D’Annunzio et ses arditi occupent la ville de Fiume, une occupation qui va durer un an jusqu’en décembre 1920. Entre-temps Fiume était devenu un Etat libre le 12 novembre 1920, état libre qui disparaît le 16 mars 1924, état annexé par l’Italie moins une petite partie récupérée par la Yougoslavie.

Entre-temps comme nous l’avons vu des groupes paramilitaires ont été levés pour lutter contre l’occupation des grands domaines et les grèves insurrectionnelles. Ce sont les squadre d’azione et leurs squadristi qui absorbent nombre d’arditi.

Du 27 au 29 octobre 1922 à lieu la Marche sur Rome, une démonstration de force du parti national fasciste, 26000 chemises noires mal armées, à l’enthousiasme refroidit par les trombes d’eau marchent sur Rome. La garnison de Rome (28000 hommes) commandée par le général Pugliese auraient pu opposer une résistance farouche mais l’ordre n’est pas donné. La monarchie à capitulé, Mussolini à gagné.

Seulement voilà les chemises noires comme plus tard les S.A représentent une menace pour le gouvernement par leur indiscipline et leur autonomie de décision, les chemises noires étant davantage fidèles à leur chef (ras) qu’à Mussolini.

Pour éviter que les conservateurs et les monarchistes ne se retournent contre lui, Mussolini décide de créer une force paramilitaire, la MVSN, la milice des volontaires pour la sécurité nationale (1er février 1923).

A l’arrivée au pouvoir de Mussolini on compte environ 200000 chemises noires. Toutes ne sont pas en service permanent, la plupart sont des volontaires qui sont appelés régulièrement mais temporairement pour des formations et des entraînements.

En 1925 de nouvelles ramifications sont créées à savoir une milice routière, une milice forestière, une milice portuaire, une milice universitaire…….. . En 1926 Mussolini devient chef de la MSVN mais depuis 1924 les recrues jurent fidélité au roi.

En 1927 est créé une milice pour la défense antiaérienne du territoire (Milizia per la difesa antiaerea del territorio MDAT) suivit en 1934 par une milice de la défense côtière (Milizia artigliera da costa DACOS), ces deux unités devenant respectivement en 1938 les Milizia Artigliera Contraera (MACA) et Milizia Artigliera Maritima (MILMART).

Au début des années quarante les divisions binaires (deux régiments d’infanterie) reçoivent une légion de 1200 chemises noires pour renforcer un peu un potentiel de combat anémique.

Globalement les relations entre militaires et chemises noires sont mauvaises. Non seulement les militaires professionnels doutent des compétences de ses «soldats du dimanche» mais en plus la propagande fasciste à tendance à les mettre en avant au détriment du reste de l’armée.

Outre les légions endivisionnées dans les divisions de l’armée régulière, la MSVN, les camicie nere formaient quatre divisions indépendantes, divisions placées sur le terrain sous le commandement de l’armée, servant d’unités d’infanterie classique.

La situation ne va pas vraiment évoluer jusqu’au second conflit mondial. Des projets d’accroissement des effectifs ont bien été étudiés mais ces projets qui auraient transformé la MVSN en équivalent italien de la Waffen S.S ne voient pas le jour à la fois par manque de moyens mais également par manque de volonté politique.

Durant le second conflit mondial, les chemises noires vont combattre aux côtés des unités de l’armée italienne faisant preuve d’un vrai enthousiasme, d’une vrai motivation mais avec parfois de sérieuses lacunes, l’enthousiasme idéologique ne pouvant remplacer l’entrainement et la formation militaire.

Les chemises noires (Camicie Nere C.C NN) vont également participer à des opérations de police, des opérations de lutte contre les partisans, un conflit abominable où les crimes de guerre et les atrocités furent légion.

Bien évidemment l’immense majorité des chemises noires vont rallier le gouvernement pro-allemand réfugié dans le nord de la péninsule, intégrant l’Esercito Nazionale Republicano (ENR) où ils formèrent deux légions. Ces deux légions vont combattre jusqu’à la fin du conflit, certains finissant en Bavière avec les troupes allemandes.

Après guerre certains vont s’exiler en Amérique du Sud dans des régimes autoritaires (Brésil, Argentine), vont se faire oublier ou pour une minorité servir de mercenaires pour des causes plus ou moins avouables.

Organisation

Le commandant en chef de la Milizia Volontaria per la Securiza Nazionale (MVSN) est le Duce Benito Mussolini qui est également premier caporal honoraire.

Véritable armée politique, la MVSN est fortement imprégnée par la nostalgie de la grandeur de l’empire romain. C’est ainsi que les unités reprennent des dominations issues de la Rome antique.

C’est ainsi que la division est appelée zone, zone qui regroupe des legione (régiments), légions qui regroupent des bataillons appelés coorte (cohorte) composées de centuria (centuries) qui sont l’équivalent de compagnies. Les sections/pelotons sont appelées manipolo (manipule) alors que les groupes sont appelés squadra (squadre).

A la différence des divisions d’infanterie de l’armée italienne, les unités de chemises noires adoptent une organisation triangulaire à savoir trois squadre formant une manipule, trois manipules formant une centurie, trois centuries formant une cohorte, trois cohortes formant une légion et trois légions formant soit une division ou une zone (une division administrative).

En ce qui concerne l’organisation territoriale la MSVN est organisée en quinze zones contrôlant 133 légions (une par province) de trois cohortes chacune et un groupe indépendant contrôlant dix légions.

En 1929 la MVSN est organisée en quatre groupements (raggrupamenti) mais en octobre 1936 la MVSN est à nouveau réorganisée en quatorze zones contrôlant 133 légions avec deux cohortes, une composée d’hommes âgés de 21 à 36 ans et la seconde regroupant des hommes âgés (plus de 55 ans).

On trouve également des unités particulières, des unités spéciales à Rome et sur l’île de Ponza, les mousquetaires du Duce (moschetteri dei Duce) chargés de la garde d’honneur au palais de Venise, les quatre légions de la milice albanaise (volontaires fascistes albanais encadrés par des officiers italiens) et les sept légions de la Milizia Coloniale.

On trouvait donc comme nous l’avons vu une milice forestière (Milizia Forestale) surveillant le domaine forestier italien, une milice frontalière (Milizia Confinaria) chargé de la sécurité des frontières en liaison avec les Carabiniers (carabinieri) et les Douanes (Guardia di Finanza), une milice des autoroutes (Milizia della strada), une milice portuaire (Milizia Portuaria), une milice des postes et des télécommunications (Milizia Postelegrafonica), une milice ferroviaire (Milizia Ferroviaria), une milice universitaire (Milizia Universitaria), une milice de la défense antiaérienne du territoire (Milizia Artigliera Contraerea) et une milice de la défense côtière (Milizia marittima di artiglieria).

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Chemises Noires lors de la deuxième guerre italo-ethiopienne

Pour la guerre italo-ethiopienne, sept divisions de chemises noires sont levées pour participer à la campagne. Ces divisions sont la 1ère division de chemises noires «23 de Marzo», la 2ème division de chemises noires «28 ottobre», la 3ème division de chemises noires «21 aprile», la 4ème division de chemises noires «3 gennaio», la 5ème division de chemises noires «1 febbraio», la 6ème division de chemises noires «Tevere» et la 7ème division de chemises noires «Cirene».

Seules les six premières sont engagées dans le conflit, la septième restant une division de papier.

Une fois le conflit terminé seulement quatre divisions vont être conservées étant déployées en Africa Septentrionale Italiana (ASI).

Quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948 seulement deux divisions de chemises noires sont intégrées à des corps d’armée, la 12ème Armée avec le 18ème CA (2ème division CC NN associée à la 61ème DI «Sirte») et la 14ème Armée avec le 20ème CA (1ère division CC NN associée à la 63ème DI «Cirène»). Les deux autres divisions sont en réserve d’armée.

Ces divisions de chemises noires sont organisées à leur création de la façon suivante :

-Un état-major divisionnaire

-Trois légions avec une compagnie de seize mitrailleuses, deux bataillons d’infanterie (une compagnie de huit mitrailleuses, trois compagnies d’infanterie disposant chacune de neuf mitrailleuses légères et trois mortiers de 45mm, une batterie de quatre canons de 65mm)

-Un bataillon d’artillerie

-Une compagnie du génie mixte (armée/chemises noires)

-Deux bataillons de remplacement (un d’infanterie, un mixte)

-Une section médicale

-Une section logistique (nourriture)

-Une unité mulière (1600 mules)

-Une unité de camions (80 camions légers)

Au début des années quarante les quatre divisions survivantes sont réorganisées de la façon suivante :

-Un état-major divisionnaire

-Deux légions de chemises noires disposant de trois bataillons d’infanterie plus un compagnie de mortiers de 81mm et une batterie d’artillerie de 65mm

-Un bataillons de mitrailleuses

-Un régiment d’artillerie avec trois groupes d’artillerie et deux batteries antiaériennes équipées de canons de 20mm

-Un bataillon mixte du génie

-Une section sanitaire

-Trois hôpitaux de campagne

-Une section de ravitaillement

-Une section mixte de transport

A côté de ces divisions trois autres divisions avaient levées pour le conflit espagnol dans le Corpo di Truppe Volontarie (CTV) à savoir les 1ère division «Dio lo Vuole» (Dieu le veut), la 2ème division «Flamme Nere» (Flamme Noire) et la 3ème division «Penne Nere» (plumes noires).

Au cours du conflit il y eut le projet de créer une division blindée, une division prétorienne pour protéger le régime contre un coup d’état ou une menace extérieure. Ce projet est freiné par l’armée puis par le manque de moyens pour équiper la division en chars, canons et autres véhicules.

Autre projet qui n’eut pas de début d’exécution l’intégration d’un Gruppo d’Assalto Speziale dans chaque division d’infanterie, un groupe de «commandos» comparables aux Stosstrupen allemandes du premier conflit mondial.

Il semble qu’aucune division n’à reçut cette compagnie renforcée, les moyens humains et militaires manquant pour réaliser ce projet sans compter le scepticisme ou l’hostilité du Regio Esercito Italiano.

Miscellanées

Grades

Les grades des chemises noires sont différents de l’armée royale et s’inspirent également de la Rome antique :

-Primo Caporale d’Onore (premier caporal d’honneur), l’équivalent pour le Regio Esercito Italiano du premier maréchal d’Empire.

-Caporale d’Onore (caporal d’honneur), l’équivalent pour le Regio Esercito Italiano du maréchal d’Italie

-Comandante General (commandant général), l’équivalent pour l’armée d’un général d’armée

-Luogotenente Generale Capo di Stato Maggiore (Lieutenant Général chef d’état-major), l’équivalent pour l’armée du grade de lieutenant général

-Luogotenente Generale (lieutenant général), l’équivalent d’un général de division pour l’armée royale

-Divisional General (Major General)

-Console Generale (Consul général), l’équivalent d’un brigadier/brigadier général/général de brigade pour l’armée régulière

-Console (Consul), l’équivalent du grade de colonel pour le Regio Esercito Italiano

-Primo Seniore,l’équivalent du grade de lieutenant-colonel

-Seniore, l’équivalent du grade de major

-Centurione (Centurion), l’équivalent du grade de capitaine

-Capo Manipolo (chef de manipule), l’équivalent du grade de lieutenant

-Sotto Capo Manipolo (sous-chef de manipule), l’équivalent du grade de deuxième lieutenant ou de sous-lieutenant

-Primo Aiutante (premier adjudant) équivalent d’un sergent-major

-Aiutante Capo (adjudant-chef), l’équivalent d’un sergent-major mais d’un grade inférieur

-Aiutante (adjudant), l’équivalent d’un sergent-chef

-Primo Capo Squadra (premier chef d’escadron) l’équivalent d’un sergent

-Capo Squadra (chef d’escadron) l’équivalent d’un sergent

-Vice Capo Squadra (vice-chef d’escadron), l’équivalent d’un caporal-chef

-Camicia Nera Scelta (chemise noire brevetée), l’équivalent d’un caporal

-Camicia Nera (chemise noire), l’équivalent d’un soldat de 1ère classe

-Legionario (légionnaire), l’équivalent d’une recrue ou d’un soldat de 2ème classe.

Uniformes et Armes

Le premier uniforme de la MVSN est un uniforme noir et gris-vert à savoir une chemise (et une vareuse noire) avec une culotte gris-vert frappée d’une double bande-noire, des jambières. La coiffure était un fez noir frappé d’un crane surmonté d’os.

Au combat les chemises noires portaient le même uniforme que le Regio Esercito Italiano, seul un œil exercé pouvant distinguer les chemises noires notamment la présence d’une dague qui servait au salut emprunté aux arditi.

Quand à l’armement il était identique à celui de l’armée régulière.

Une réflexion sur “Italie (78) Regio Esercito (28)

  1. Tanguy Pluchet dit :

    Robert Paxton sera bien moins connu ITTL, n’ayant pas écrit La France de Vichy…

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