Les avions du service aéronautique de l’armée impériale (3) : reconnaissance et coopération
Avant-Propos
Quand l’avion devient une arme, sa première mission est la reconnaissance, l’observation et le guidage des tirs d’artillerie. Il remplaçait là le ballon victime des éléments et de son immobilité là où l’avion pouvait voler loin, suivre une cible, lui coller aux basques.
Très vite l’avion de reconnaissance est obligé de s’armer pour faire face aux chasseurs lancés à sa poursuite car il est évident que si un adversaire essaye de voir, l’ennemi va tout faire pour crever un œil indiscret.
La simple observation par l’oeil humain est très vite doublée par l’utilisation d’optiques mais surtout d’appareils photos qui donnaient des preuves et permettait également de dresser des cartes d’état-major.
Le conflit terminé, l’aviation de reconnaissance continue son développement. Outre la reconnaissance tactique et la reconnaissance stratégique, l’aviation de coopération se développe.
Sous ce terme se trouve un concept d’avion léger, manœuvrant, pas forcément rapide mais pouvant coller aux troupes alliés pour indiquer les menaces, indiquer les manœuvres de l’ennemi et surtout conduire les avions et les feux de l’artillerie pour éviter les «tirs amis».
Le Japon ne va pas se distinguer des autres nations belligérantes en s’équipant d’avions de reconnaissance tactique, de reconnaissance stratégique et de coopération.
Tachikawa Ki-36
Le Tachikawa Ki-36 est un avion de coopération ayant effectué son premier vol le 20 avril 1938. Il était destiné à l’aviation de l’armée impériale avant d’être exporté en Thaïlande, en Chine pro-japonaise et au Mandchoukouo. L’appareil à été produit de 1938 à 1952 et pas moins de 1990 exemplaires sont sortis des chaines de montage.
Extérieurement, c’était un monoplan monomoteur biplace, disposant d’un train fixe, un moteur radial entraînant une hélice tripale.
Ayant reçut le nom de code de «Ida» de la part des alliés, le Tachikawa Ki-36 va être aux troupes japonaises ce que le Fieseler Fi-156 sera aux allemands, le Westland Lysander aux britanniques et le Dewoitine D-720 va être aux français, un petit avion destiné à coller aux troupes au sol pour assurer le guidage de l’aviation et de l’artillerie même si jamais l’armée impériale ne parvint à une doctrine aussi aboutie que celle des allemands ou des alliés, la faute à des querelles de chapelle débilitantes et stérilisantes.
L’appareil officiellement connu sous le nom de avion de coopération de l’armée type 98 à triomphé du Mitsubishi Ki-35.
L’appareil est d’abord engagé en Chine où il se montre très efficace, efficacité en partie liée au fait que la menace aérienne chinoise était quasi-nulle.
Plusieurs variantes virent le jour qu’il s’agisse du Ki-55 d’entrainement avancé ou du Ki-72, une version évoluée, disposant d’un train atterrissage rétractable ainsi que d’un moteur plus puissant pour gagner en vitesse et échapper à la chasse ennemie.
Face à la chasse alliée, l’appareil souffrit terriblement de sa lenteur mais aussi de son manque de protection. Quand la défaite du Japon devint inéluctable, l’appareil comme bien d’autres servit d’avion kamikaze.
L’appareil à été utilisé après guerre en Chine durant la guerre civile chinoise, deux exemplaires ayant été récupérés par les communistes et utilisés contre les nationalistes.
Un appareil est aujourd’hui exposé au Bourget au musée de l’Air et de l’Espace, un autre aux Etats-Unis et un troisième en Grande-Bretagne.
Caractéristiques Techniques
Type : avion biplace de coopération
Masse à vide 1247kg en charge 1660kg
Dimensions : longueur 8m envergure 11.80m hauteur 3.64m
Motorisation : un moteur Hitachi Ha-13a de neuf cylindres dévellopant 510ch et entrainant trois hélices
Performances : vitesse maximale 348 km/h vitesse de croisière 235 km/h distance franchissable 1235km plafond opérationnel 8150m
Armement : une mitrailleuse de 7.7mm fixe tirant vers l’avant et une mitrailleuse de 7.7mm dans la position arrière charge de bombes supérieure à 150kg
Tachikawa Ki-74
En 1939, le Japon concevait encore la possibilité d’un conflit contre l’URSS, la fameuse «Option Nord» défendue par l’armée de terre face à l’«Option Sud» défendue par la marine, option qui finira par triompher.
A l’époque où un conflit nippono-soviétique était encore possible, l’armée estima avoir besoin d’un appareil de reconnaissance stratégique capable de survoler toute l’URSS jusqu’à l’ouest du lac Baïkal en décollant des bases aériennes de Mandchourie.
Le premier prototype effectua son premier vol en septembre 1944 suivit d’un deuxième en mars 1945.
Si le premier prototype s’écrasa le 7 juin 1945, le second alla au bout de son programme de développement et d’essais, le tout en compagnie de deux autres prototypes commandés en avril 1945 et livrés à l’automne suivant.
Après des essais concluants, l’appareil est commandé à trente-six exemplaires, les appareils étant livrés entre septembre 1946 et mars 1947. La production cesse alors pour ne reprendre qu’en janvier 1950 pour douze appareils supplémentaires livrés au printemps au moment où le Japon était entré en guerre.
Les quarante-huit appareils en service formait un Kokutai spécial dépendant du chef de l’aviation de l’armée de terre.
Si les appareils n’ont pas été engagés au dessus de l’URSS, ils ont été employés au dessus de l’Indochine, de l’Asie du Sud-Est mais également du Pacifique au grand dam de le marine qui voyait là une intolérable ingérence dans son domaine de compétence.
Sur les quarante-huit appareils construits, trente-neufs ont été perdus pour des raisons techniques (huit), sous les coups de la chasse (douze), de la DCA (seize) et au sol (trois). Les neuf autres ont été capturés par les alliés.
Sur ces neuf survivants, trois ont été préservés jusqu’à nos jours, un en France au musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, un aux Etats-Unis et un en Australie.
Caractéristiques Techniques
Type : avion de reconnaissance stratégique multiplace (cinq hommes)
Masse à vide 10200kg en charge 19400kg
Dimensions : longueur 17.65m envergure 18.6m hauteur 5.1m
Motorisation : deux moteurs radiaux Mitsubishi Ha-104 18 cylindres développant 2000ch entraînant des hélices quadripales
Performances : vitesse maximale 570 km/h vitesse de croisière 400 km/h distance franchissable 8000km plafond opérationnel 12000m
Armement : une mitrailleuse de 12.7mm Ho-103 1000kg de bombes
Mitsubishi Ki-15
Le Mitsubishi Ki-15 était un avion de reconnaissance, de bombardement léger monoplan biplace disposant d’un train fixe. Issu d’un appareil civil _un avion de transport de courrier rapide_ , l’appareil à été militarisé au profit de l’armée de terre mais également de la marine sous la désignation de C5M.
Le Mitsubishi Ki-15 effectue son premier vol en mai 1936, sa mise en service ayant lieu un an plus tard. Environ 500 exemplaires ont été produits.
C’était un monomoteur à aile basse et train fixe, une adaptation d’un avion de transport postal civil. Il répondait à une demande de l’armée pour un biplace de reconnaissance rapide. Au final l’armée japonaise va acquérir 437 exemplaires de cet appareil. Un des prototype effectua un vol Tokyo-Londres pour assister à la cérémonie de couronnement de George VI.
La marine s’intéressa alors à l’appareil et commanda 20 appareils connus officiellement comme l’avion de reconnaissance de la marine type 98 ou C5M1. A ces vingt C5M1 s’ajoutèrent trente C5M2 disposant d’un moteur plus puissant. Lui aussi était destiné à des missions de reconnaissance.
Ces cinquante appareils furent utilisés jusqu’à l’automne 1945 quand le C6N le remplaça. Il restait alors une trentaine d’appareils disponibles mais seulement vingt étaient encore en état de vol. Ils furent stockés et ressortis bien des années pour être utilisés comme avions-suicides avec pour seul résultat qu’aucun appareil n’est parvenu jusqu’à nos jours.
Le Mitsubishi Ki-15 à été utilisé au combat en Chine mais également en Indochine et en Asie du Sud-Est.
Rapidement déclassé, l’appareil fût retiré des unités de première ligne au printemps 1951, servant d’appareil de liaison, d’entrainement et de remorquage de cible. Il à été remplacé par le Ki-46.
A la fin du conflit, l’appareil à été utilisé pour des opérations kamikazes avec généralement une bombe de 500kg accrochée sous le fuselage.
Quelques appareils ont été utilisés après guerre en Chine mais aucun n’à survécu au conflit ce qui explique qu’aucun Ki-15 n’est présent dans les musées, tous les appareils présentés sous ce nom étant des maquettes ou des avions maquillés pour ressembler à cet appareil japonais.
Caractéristiques Techniques
Type : avion de reconnaissance monoplan biplace
Masse à vide 1400kg en charge 2033kg maximale au décollage 2300kg
Dimensions : longueur 8.7m envergure 12m hauteur 3.35m
Motorisation : un moteur radial Nakajima Ha-8 de 640ch
Performances : vitesse maximale 480 km/h à 4000m vitesse de croisière 320 km/h distance franchissable 2400km plafond opérationnel 11400m
Armement : une mitrailleuse de 7.7mm, 250kg de bombes
Mitsubishi Ki-46
Le Mitsubishi Ki-46 est un avion de reconnaissance bimoteur qui répond à une demande de l’armée impériale publiée le 12 décembre 1937. Destiné à remplacer le Ki-15, l’appareil devait avoir une endurance de six heures, une vitesse pour lui permettre d’échapper à la chasse ennemie.
L’appareil obtenu est un élégant bimoteur à ailes baisse avec un train d’atterrissage rétractable. Le fuselage est ovale, abritant deux membres d’équipage en postes séparés, postes étant séparés par un réservoir.
Le premier prototype décolle pour la première fois en novembre 1939. L’appareil se révèle sous-motorisé et plus lent que les spécifications demandées (540 km/h au lieu des 600 km/h demandés).
Comme les tests étaient corrects et que l’appareil était plus rapide que les chasseurs japonais en service une production limitée de l’appareil sous le nom du Ki-41 est lancée mais très vite, l’aviation de l’armée de terre passe à un autre projet avec des moteurs différents.
Cette version baptisée Ki-46 se révèle capable d’atteindre les spécifications demandées et l’appareil est produit en série. La production lancée à l’automne 1943 s’achève en septembre 1951 après la sortie de 2150 exemplaires.
L’appareil à été engagé en Chine, en Indochine, en Asie du Sud-Est, aux Philippines. Il à ensuite été engagé aux Salomons, en Nouvelle-Guinée, aux Carolines, aux Mariannes, à Okinawa et à Iwo Jima.
Outre la mission de reconnaissance pour lequel il à été conçu, le Mitsubishi Ki-46 à été utilisé pour l’attaque au sol, au bombardement, à l’assaut aéromaritime et enfin aux opérations kamikazes.
Un unique appareil à été préservé dans le musée de la RAF à Cosford, un appareil capturé en Malaisie. L’appareil à aussi été réutilisé durant la guerre civile chinoise mais aucun appareil n’à survécu à cette fournaise (1955-1958).
Le Tachikawa Ki-70 était censé le remplacer mais la production n’à pas suffit et le Mitsubishi Ki-46 resta en service jusqu’à la capitulation japonaise.
Caracteristiques Techniques
Type : avion de reconnaissance biplace bimoteur
Masse à vide 3263kg en charge 5050kg maximale au décollage 5800kg
Dimensions : longueur 11m envergure 14.70m hauteur 3.88m
Motorisation : nc
Performances : vitesse maximale 604 km:h à 5800m vitesse de croisière 400 km/h distance franchissable 2474km plafond opérationnel 10720m
Armement : une mitrailleuse de 7.7mm type 89 tirant vers l’avant pour la version de reconnaissance. Les appareils utilisés pour l’assaut disposaient d’un canon de 37mm tirant en oblique vers le haut, deux canons de 20mm et deux mitrailleuses de 7.7mm dans les ailes et 800kg de bombes
Tachikawa Ki-70
Le Tachikawa Ki-70 «Clara» est un avion de reconnaissance photographique rapide. Le programme à été lancé au printemps 1943 pour permettre le remplacement du Mitsubishi Ki-46.
Le programme n’à pas été mené avec une très grande célérité car le programme n’était pas prioritaire par rapport à d’autres. Trois prototypes sont commandés en juin 1944, les appareils étant livrés à l’automne pour des essais intensifs.
La campagne d’essais s’achève en février 1946. La production en série est lancée six mois plus tard en août, les premiers appareils étant livrés en mars 1947, la production en série s’achevant en septembre 1953 après la sortie de 1400 appareils.
Ces appareils vont être utilisés essentiellement pour la reconnaissance mais également pour l’attaque au sol, le bombardement, la patrouille maritime, la lutte anti-sous-marine et également les opérations kamikazes.
A la fin du conflit des appareils sont capturés en Asie du Sud-Est, aux Philippines, en Indochine, en Chine et au Japon. Beaucoup sont détruits mais certains sont préservés, deux aux Etats-Unis, un en France, un en Australie, un en Grande-Bretagne et un aux Pays-Bas.
Caractéristiques Techniques
Type : avion de reconnaissance bimoteur triplace
Masse à vide 5895kg en charge 9855kg maximale au décollage 10700kg
Dimensions : longueur 14.50m envergure 17.80m hauteur 3.46m
Motorisation : deux moteurs radiaux Mitsubishi Ha-104M 18 cylindres dévellopant 2070ch à 1000m
Performances : vitesse maximale 580 km/h vitesse de croisière 490 km/h distance franchissable 2480km plafond opérationnel 11000m
Armement : deux canons de 20mm dans les ailes, quatre mitrailleuses de 12.7mm dans le nez, une mitrailleuse de 7.7mm dans le poste arrière 800kg de bombes
Kokusai Ki-76
Le Kokusai Ki-76 est un avion de liaison et d’observation. Effectuant son premier vol en 1941, l’appareil est mis en service en 1942. Produit jusqu’en septembre 1948, 1150 exemplaires ont été construits pour l’aviation de l’armée de terre japonaise.
Cet appareil était un monoplan à aile haute à train fixe, fortement inspiré du célèbre avion allemand Fieseler Fi-156 Storch. Il à été utilisé comme avion de liaison, comme avion d’observation d’artillerie mais également comme avion EVASAN. L’appareil est resté en service jusqu’à la fin du conflit. Outre le Japon, l’appareil à été utilisé par l’armée de l’air thaïlandaise.
Caractéristiques Techniques
Type : avion d’observation et de liaison biplace
Masse à vide 1110kg en charge 1530kg maximale au décollage 1623kg
Dimensions : longueur 9.65m envergure 15m hauteur 2.9m
Motorisation : un moteur radial Hitachi Ha-42 de 310ch
Performances : vitesse maximale 178 km/h distance franchissable 750km plafond opérationnel 5630m
Armement : une mitrailleuse de 7.7mm à l’arrière du cockpit
Kayaba Ka-1
Dans les années trente, un nouvel aéronef fût développé. Appelé autogire, il décollait comme un avion mais avec un rotor, il pouvait voler en stationnaire. C’est l’ancêtre ou du moins le cousin de l’hélicoptère.
Le Japon développa un modèle d’autogyre. Le Kayaba Ka-1 était un développement indigène du Kellet KD-1A. Un modèle de cet autogyre américain est acquis en 1939 mais l’appareil arrive endommagé au Japon.
Cela n’empêche pas l’armée japonaise de demander à la firme Kayaba de mettre au point un autogyre de conception nationale, autogyre destiné essentiellement à deux missions : l’observation d’artillerie et la liaison.
Le premier prototype décolle pour la première fois le 26 mai 1941 mais s’écrase le 5 juillet. Un deuxième prototype décolle le 2 septembre 1941 mais parvient au bout du programme d’essais à l’issue duquel la décision est prise de le produire en petite série.
120 Kayaba Ka-1 sont ainsi produits en 1942/43 suivis de 60 Kayaba Ka-2 produits en 1944/45. La production s’arrête ici. Des projets de versions améliorées y compris de versions armées de mitrailleuses et de canons légers n’aboutiront pas.
L’appareil est utilisé essentiellement pour l’observation d’artillerie, la liaison et la lutte anti-sous-marine côtière pour protéger les convois côtiers.
Deux exemplaires ont survécu au conflit, un est exposé au musée de l’air et de l’espace du Bourget, le second au Smithsonian Institue de Washington.
Caractéristiques Techniques
Type : autogyre biplace
Masse à vide 775kg en charge 1086kg maximale au décollage 1170kg
Longueur : 9.2m diamètre du rotor 12.2m
Motorisation : un moteur Argus As10c V-8 inversé de 240ch entrainant une hélice tractive bipale et un rotor tripale
Performances : vitesse maximale 165 km/h vitesse de croisière 115 km/h distance franchissable 280km plafond opérationnel 3500m
Armement : en mission de lutte ASM, les Kayaba Ka-1 embarquaient deux charges de profondeur de soixante kilos.