Japon (50) Aéronavale (4)

Les avions de l’aéronavale japonaise (2) : les bombardiers en piqué

Avant propos

Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, les premiers avions avait pour vocation de renseigner le commandement sur les mouvements de l’ennemi, la reconnaissance, l’observation et le réglage des tirs d’artillerie.

Il n’était pas envisagé initialement d’attaquer l’ennemi même si la guerre italo-turque en Libye en 1911 vit la réalisation des premiers «bombardements aériens» de l’histoire. Comme l’avion allait très vite, quasi-immédiatement le renseignement et l’observation furent concurrencés par le bombardement et la chasse.

En mer, les choses étaient un peu différentes. Difficile de bombarder un navire des airs en raison d’une cible de taille réduite qui plus est mouvante. Les amiraux ne juraient que par la torpille, l’arme-reine des batailles navales.

Et pourtant quand commença le second conflit mondial, on trouvait à bord des porte-avions non seulement des bombardiers-torpilleurs mais également des bombardiers en piqué appelés en anglais dive bomber (bombardier plongeant).

Difficile de connaître la genèse de ce concept. Tout juste peut-on citer des expérimentations menées par les marines américains à Haïti dans les années vingt.

Ce qui est certain c’est que très vite les différentes marines ont compris que le bombardement horizontal était peu efficace. D’où l’idée de piquer à un angle de descente élevé, de larguer la bombe et de remonter pour échapper (en théorie) à la DCA.

Le Japon va donc également suivre cette voie en dévellopant des bombardiers en piqué pour opérer en compagnie de bombardiers-torpilleurs.

En théorie, les bombardiers en piqué doivent préparer le terrain avec les chasseurs pour laisser ensuite le champ libre aux torpilleurs plus lents et surtout vulnérables lors de l’approche finale mais dans le stress et le feu du combat, rare furent les unités qui réussirent à suivre à la lettre le schéma théorique.

L’industrie aéronautique japonaise est encore dans l’enfance dans les années vingt et même au début des années trente et quand la marine impériale lance en 1933 la directive 8-Shi (8ème année du calendrier Showa) pour un bombardier en piqué embarqué, seule la firme Aichi repond avec une version «japonisée» du Heinkel He 66, un bombardier en piqué monoplace biplan lui même issu d’un hydravion, le Heinkel He 50 (Nakajima et l’Arsenal de Yokosuka abandonnèrent en cours de route, n’ayant pas les moyens de produire leur appareil).

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Aichi D1A

La firme japonaise le transforme et l’adapte aux besoins de l’IJN donnant naissance au Aichi D1A «Susie» qui devint biplace et qui entra en service en 1934 sous le nom de bombardier en piqué embarqué type 94 et qui va équiper les 12th, 13th 14th et 15th Kokutai (flottilles) embarquées sur l’Akagi, le Kaga et le Ryujo.

Sous motorisé, il participa quand même au conflit sino-japonais mais dès 1935, une nouvelle versions baptisé D1A2 était mise en production qui participa lui aussi à la guerre sino-japonaise coulant par erreur (?), la canonnière américaine Pannay le 12 décembre 1937.

Cet appareil resta en service jusqu’à l’été 1942 quand il fut définitivement déclassé, quittant les unités de première ligne pour des unités d’entrainement et d’expérimentation. Le dernier vol d’un D1A2 à lieu en mars 1948 et les appareils sont stockés mais aucun ne survit aux bombardements américains.

En 1936, les japonais songèrent à remplacer leur vénérable biplan et lancèrent la spécification 11-Shi pour un nouveau bombardier en piqué embarqué. Aichi Nakajima et Mitsubishi proposèrent leur projets mais seuls les deux premières firmes furent autorisées à construire des prototypes.

Aichi s’inspira à nouveau d’un appareil de la firme Heinkel en l’occurrence le He-70 mais il serait réducteur de faire du Aichi D3A une simple copie de l’appareil allemand. Le premier prototype décolle en janvier 1938 mais se révéla très décevant à tel point que le deuxième prototype fût modifié en profondeur pour permettre au futur «Val» d’atteindre les spécifications demandés et a minima d’être un bombardier en piqué efficace.

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Aichi D3A

L’Aichi D3A «Val» allait constituer le principal bombardier en piqué de la marine japonaise pour plus de dix ans _un record à cette époque_ puisqu’il était encore en service en mars 1950 en raison d’une mise au point difficile pour son successeur désigné le Yokosuka D4Y Suisei.

Pourtant le programme à été lancé dès les années trente, le premier prototype effectuant son premier vol en février 1941 suivit d’un deuxième prototype en juin de la même année. Une succession de problèmes qui faillit entrainer l’abandon du programme en septembre 1945.

Tout est finalement remis à plat, deux nouveaux prototypes décollent ainsi en mars et septembre 1946, la marine japonaise commandant huit appareils de présérie en janvier 1947, appareils livrés au printemps pour accélérer la mise au point.

L’appareil est enfin mis en service au printemps 1948 mais deux ans plus tard, certaines unités opèrent encore sur des D3A.

Après les dix-huit premiers mois de la guerre, le Val à pour ainsi dire disparu et les seuls encore disponibles seront utilisés soit pour la lutte anti-sous-marine au large du Japon (avec des résultats médiocres) ou comme avions kamikazes.

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Yokosuka D4Y

Le Suisei devint donc le seul bombardier en piqué de la marine japonaise du moins à l’instant T puisqu’à partir de 1945 est développé un appareil destiné à remplacer aussi bien le D4Y que le B6N en l’occurrence le Aichi B7A Ruysei. Cet appareil sera bien mis en service au cours du conflit mais cohabitera avec les appareils qu’il était censé remplacer.

Aichi D1A

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Le développement du Aichi D1A commence en 1933 quand la marine impériale japonaise lance un appel à projets pour développer un nouveau bombardier en piqué. Trois candidats proposent leurs projets : Aichi, Nakajima et l’Arsenal de Yokosuka mais seul le premier va au bout en «nipponisant» le Heinkel He-66.

L’Aichi D1A est mis en service en 1934 sous le nom de bombardier en piqué embarqué type 94 et qui va équiper les 12th, 13th 14th et 15th Kokutai (flottilles) embarquées sur l’Akagi, le Kaga et le Ryujo.

Sous motorisé, il participa quand même au conflit sino-japonais mais dès 1935, une nouvelle versions baptisé D1A2 était mise en production qui participa lui aussi à la guerre sino-japonaise coulant par erreur (?), la canonnière américaine Pannay le 12 décembre 1937.

Cet appareil resta en service jusqu’à l’été 1942 quand ils fut définitivement déclassé, quittant les unités de première ligne pour des unités d’entrainement et d’expérimentation. Quelques appareils furent utilisés par la marine du Mandchoukouo, l’état-fantôche de l’ex-empereur de Chine Pu-Yi.

Le dernier vol d’un D1A2 à lieu en mars 1948 et les appareils sont stockés mais aucun ne survit aux bombardements américains. Au total ce sont 590 exemplaires qui ont été produits répartis entre 162 D1A1 et 428 D1A2.

Caractéristiques Techniques

Type : bombardier en piqué biplace embarqué

Masse : à vide 1516kg en charge 2500kg maximale au décollage 2610kg

Dimensions : longueur 9.3m envergure 11.4m hauteur 3.41m

Motorisation : un moteur radial Nakajima Hikari 1 de 730ch

Performances : vitesse maximale 309 km/h distance franchissable 927km plafond opérationnel 6980m

Armement : deux mitrailleuses fixes de 7.7mm type 92 et une mitrailleuse identique en poste arrière, une bombe de 250kg sous le fuselage et deux de 30kg sous les ailes.

Aichi D3A Val

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En 1936, le bombardier en piqué japonais standard est le Aichi D1A2 mais cet appareil était déjà dépassé.

Aussi la marine japonaise lança la spécification 11-Shi pour un nouveau bombardier en piqué embarqué. Aichi Nakajima et Mitsubishi proposèrent leur projets mais seuls les deux premières firmes furent autorisées à construire des prototypes.

Aichi s’inspira à nouveau d’une réalisation de la firme Heinkel, le Heinkel He 70, adoptant son aile basse de forme elliptique qui allait également inspirer Reginald Mitchell pour le Supermarine Spitfire.

Le fuselage était inspiré du chasseur A6M Zero mais la structure était bien plus solide pour résister à la pression du piqué. Devant voler lentement pour frapper sa cible avec précision, les ingénieurs japonais conservèrent un train fixe.

Le premier prototype fût terminé en décembre 1937 et les essais en vol commencèrent dès janvier 1938. Les premiers essais se révélèrent décevants, l’appareil étant sous-motorisé et très instable en vol et les ailerons adaptés au piqué vibraient tellement que la vitesse maximale atteignait que 370 km/h au lieu des 440 km/h.

Le deuxième prototype fût profondément modifié pour régler ses problèmes. Le moteur d’origine fût remplacé ce qui obligea les ingénieurs nippons à modifier le capot et le système de refroidissement, la dérive fût allongée pour augmenter la stabilité, les ailes élargies et des ailerons de piqué plus solides furent installés.

Cela permis de résoudre tout les problèmes à l’exception d’une certaine instabilité dans certaines manœuvres de vol mais cela fût suffisant pour permettre au Aichi D3A de l’emporter face au Nakajima D3N1.

L’appareil est adopté officiellement en décembre 1939 sous le nom de bombardier embarqué type 99 (Navy Type 99 Carrier Bomber Model 11). Par rapport aux prototypes, les modèles de série avaient des ailes légèrement plus petites et un moteur plus puissant (1070 au lieu de 1000ch).

Le problème de stabilité fût enfin résolu par une modification de la structure qui eut pour conséquence de le rendre extrêmement manœuvrant. L’armement se compose de deux mitrailleuses tirant dans le nez et une mitrailleuse dans le poste arrière avec une bombe de 250kg sous le fuselage avec parfois deux bombes de 60kg sous les ailes.

Les essais sur porte-avions ont lieu à bord de l’Akagi et du Kaga en 1940, quelques appareils opérant en Chine également depuis des bases terrestres. Les premières unités équipées sont pleinement opérationnelles au printemps 1941. Un an plus tard, à l’été 1942, toutes les flottilles de bombardement en piqué ont été rééquipés avec cet appareil.

La première variante de série baptisée Aichi D3A1 est produite jusqu’en mars 1944 à 850 exemplaires.

Ces appareils sont ensuite remplacés sur les chaines de montage par une version améliorée (moteur plus puissant, autonomie légèrement plus faible) baptisée Aichi D3A2 qui est produite d’avril 1944 à septembre 1948 à raison de 795 exemplaires auxquels il faut ajouter 120 biplaces d’entrainement à double commande baptisés D3A2-K produits parallèlement.

Au final c’est donc 1765 «Val» qui sont produits en environ huit ans. Tous ces appareils ne sont pas en service en mars 1950 puisque le Yokosuka D4Y Susei ne les pas tous remplacés. Le chiffre exact n’est pas connu mais il semble qu’environ 450 A3D2 et 60 A3D2-K sont encore en service, les A3D1 ayant été retirés des unités de première ligne.

Des «Val» participent à l’expédition de Pearl Harbor (même si ils sont minoritaires), aux combats aux Philippines et en Indochine. Ils participent aux premières opérations aux Salomons mais dès l’été 1951, les A3D2 en service en première ligne sont très rares.

Une partie de ces appareils va opérer depuis des bases terrestres pour des missions de surveillance côtière, de lutte anti-sous-marine et de coopération. Les rares survivants seront employés comme kamikazes. Certains appareils vont même opérer comme appareils de lutte anti-guerilla.

A la fin du conflit, le Aichi A3D est officiellement toujours en service même si ils sont rarissimes dans les unités de première ligne. Il est cependant probable qu’en cas de débarquement américain au Japon, les «Val» auraient été engagés contre la flotte américaine avec sûrement des pertes lourdes, le bombardier en piqué proposé par Aichi étant désormais totalement dépassé.

Dans les territoires conquis par les japonais, des A3D ont été capturés souvent incapables de voler car endommagés, usés par les combats et le climat ou cannibalisés pour d’autres appareils entre-temps disparu.

Deux appareils ont été capturés par les néerlandais à Batavia. Laissés sans protection, ils ont été détruits par la guérilla indonésienne. Deux appareils capturés près de Haïphong par les français ont été ramenés à Saïgon, exposés sur l’aérodrome de Than-Son-Nhut jusqu’en 1970 où on perd leur trace.

Quand aux américains, ils ont capturés une douzaine d’appareils au Japon même. Quatre ont été ramenés aux Etats-Unis, évalués puis cédés à différents musées, les huit autres ont été cannibalisés puis feraillés.

Caractéristiques Techniques de l’Aichi D3A1

Type : bombardier en piqué biplace embarqué

Masse : à vide 2408kg maximale au décollage 3650kg

Dimensions : longueur 10.2m envergure 14.37m hauteur 3.85m

Motorisation : un moteur radial Mitsubishi Kinsei 44 de 1070ch

Performances : vitesse maximale 389 km/h distance franchissable 1473km plafond opérationnel 9300m

Armement : deux mitrailleuses de 7.7mm type 97 dans le nez, une mitrailleuse type 92 de même calibre dans le poste arrière, une bombes de 250kg sous le fuselage ou deux de 60kg sous les ailes.

Caracteristiques Techniques de l’Aichi D3A2

Type : bombardier en piqué biplace embarqué

Masse : à vide 2570kg maximale au décollage 4122kg

Dimensions : longueur 10.2m envergure 14.37m hauteur 3.8m

Motorisation : un moteur radial Mitsubishi Kinsei 54 de 1300ch

Performances : vitesse maximale 430 km/h distance franchissable 1352km plafond opérationnel 10500m

Armement : deux mitrailleuses de 7.7mm type 97 dans le nez, une mitrailleuse type 92 de même calibre dans le poste arrière, une bombes de 250kg sous le fuselage et deux de 60kg sous les ailes.

Yokosuka D4Y Suisei

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Dès la fin des années trente, alors que le Val n’est pas encore opérationnel, un nouveau programme de bombardier en piqué est lancé par l’aéronavale japonaise. La mise en service du nouvel appareil est espérée pour 1944/45 à une époque où le Val aurait du atteindre les cinq années de service actif.

Le premier vol du prototype à lieu en février 1941 suivit d’un second prototype qui décolle pour la première fois en juin de la même année. Une succession de problèmes qui faillit entraîner l’abandon du programme en septembre 1945.

Tout est finalement remis à plat, deux nouveaux prototypes décollent ainsi en mars et septembre 1946, la marine japonaise commandant huit appareils de présérie en janvier 1947, appareils livrés au printemps pour accélérer la mise au point.

L’appareil est enfin mis en service au printemps 1948 mais deux ans plus tard, certaines unités opèrent encore sur des D3A2.

Jusqu’en septembre 1951, le Val et le Suisei cohabitent au sein des unités de première ligne mais passée cette date, les unités de bombardier en piqué embarquées sont équipées de Yokosuka D4Y Suisei.

Les prototypes et les appareils de pré-série ayant été baptisés D4Y1 (quatre prototypes et huit appareils de pré-série _un prototype récupéré par les américains en août 1954, testé puis exposé dans un musée, deux appareils de pré-série cédés gracieusement un à l’URSS _perdu à une date inconnue_ et le dernier à la Grande-Bretagne _toujours exposé en 2018_), la première version de série est logiquement baptisée D4Y2.

Cette version est produite de mars 1958 à septembre 1951 à raison de 720 exemplaires constitue l’épine dorsale des unités d’attaque de l’aéronavale japonaise. Lui succède une version améliorée baptisée D4Y3 (moteur plus puissant, structure renforcée) produite d’octobre 1951 à septembre 1953 à raison de 540 exemplaires.

Une troisième et dernière version de série est produite en petite nombre de septembre 1953 à janvier 1954 à raison de 120 exemplaires, la production de chasseurs devenant prioritaire alors que les américains sont sur le point de prendre pied en Chine, à Formose et à Iwo Jima.

Ce sont donc au total 1380 exemplaires du Suisei qui sont sortis des chaines de montage japonaises.

Baptisé «Judy» par les alliés, cet appareil va opérer aussi bien contre des navires de guerre que contre des cibles à terre, les bombardiers en piqué des porte-avions japonais effectuant des missions semblables à celles des Stuka de la Luftwafe ou des LN-430 français à savoir l’appui-aérien rapproché même si jamais les japonais ne parviendront à un système aussi fluide que le Close Air Support allié ou même allemand.

Rapide et puissant, cet appareil se révéla moins vulnérable que le Aichi D3A Val à la chasse alliée même si la perte progressive de la maîtrise du ciel par les ailes japonaises rendit la position de «Judy» de plus en plus inconfortable.

Outre le bombardement en piqué, le Suisei fût utilisé pour la reconnaissance et pour des missions kamikazes. Certains furent mêmes utilisés comme chasseurs de nuit pour la défense du Japon contre les raids américains.

Outre les D4Y1 cités plus haut, deux D4Y2 ont été récupérés au Japon par les américains, appareils évalués aux Etats-Unis puis exposés dans des musées.

Caracteristiques Techniques (D4Y2)

Type : Bombardier en piqué biplace embarqué

Masse : à vide 2440kg à pleine charge 4250kg

Dimensions : longueur 10.22m envergure 11.50m hauteur 3.74m

Propulsion : un moteur en ligne Aichi Atsuta AE1P de 1400ch

Performances : vitesse maximale 550 km/h distance franchissable 1465km plafond opérationnel : 10700m

Armement : deux mitrailleuses de 7.7mm dans les ailes et une mitrailleuse de 7.92mm en poste arrière. 500Kg de bombes ou 800kg pour les missions kamikazes.

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