Vers un conflit inévitable
Quelle politique navale pour le Japon ?
Le traité de Washington du 6 février 1922 marque la fin de l’alliance anglo-nippone signée en 1902 à une époque où Londres comme Tokyo avait un ennemi commun en l’occurrence la Russie.
Pour le Japon, l’alliance anglaise était une garantie contre l’intervention dans la guerre russo-japonaise d’une autre puissance étrangère (probablement la France) alors que pour la Grande-Bretagne, une alliance avec une puissance navale permettait à la Royal Navy de concentrer ses cuirassés en mer du Nord.
Le premier conflit mondial rend cette alliance inutile pour la Grande-Bretagne. La marine allemande est au fond de l’eau et la Royal Navy bien qu’affaiblie est sans rivale en Europe.
Logiquement, durant la conférence de Washington, la Grande-Bretagne peut se permettre de sacrifier son alliance de revers en Extrême-Orient au profit du grand large, de l’alliance logique et naturelle avec son ancienne colonie. Le traité est officiellement dénoncé le 17 août 1923.
Le Japon se retrouve face à la possibilité d’une guerre contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne soit les deux premières marines du monde à l’époque. Cette possibilité impose une puissante marine de guerre.
Ne pouvant rivaliser quantitativement parlant avec l’US Navy, le Japon va choisir le qualitatif en décidant de construire des cuirassés, des porte-avions, des croiseurs et des destroyers plus rapides, mieux armés, plus puissants que les navires qu’on pourrait lui opposer quitte à jouer avec les clauses du traité de Washington, clauses de toute façon alambiquées qui permettent aux signataires toutes les interprétations plus ou moins honnêtes.
Cette marine est nécessaire non seulement par le caractère océanique et archipélagique du théâtre d’opérations privilégié par la marine mais également par la nécessité de protéger les ressources de l’empire colonial que le Japon veut se tailler au détriment des Etats-Unis (Philippines), de la Grande-Bretagne (Birmanie, Inde (?), Malaisie, Singapour), des Pays-Bas (Indes Néerlandaises) et de la France (Indochine).
Manquant de ressources naturelles, le Japon veut s’emparer du pétrole de Bornéo, du caoutchouc de Malaisie, du charbon, du minerai de fer et du riz d’Indochine pour alimenter son industrie et son armée.
Comme les allemands fascinés par la bataille de Cannes, les japonais étaient fascinés par la bataille de Tsushima, la considérant comme l’exemple parfait de la bataille décisive.
Pour eux le conflit pouvait se décider après une bataille décisive où la supériorité intrinsèque des navires japonais, l’entrainement et la motivation des équipages ne pouvaient qu’aboutir à une victoire décisive sur la marine américaine.
Cette idée de bataille décisive est également partagée par les américains qui imaginent une bataille de rencontre entre Okinawa et les Philippines mais comme chacun sait le plan est la première victime de la guerre et rien ne se passera comme prévu.
Dans l’hypothèse où cette bataille aurait eu lieu, les japonais estimaient qu’une fois les colonies européennes conquises et la flotte américaine défaite, leur victoire aurait été si certaine que les occidentaux n’auraient eu d’autres choix que de signer une paix de compromis reconnaissant le Japon et sa sphère de coprospérité.
Comme la construction de cuirassés est interdite par le traité de Washington, les marines japonaises et américaines se lancent dans la construction d’un nouveau type de navire, le croiseur lourd dit «croiseur Washington», un navire de 10000 tonnes, rapide, plus ou moins protégé avec un armement composé de huit à dix canons de 203mm.
Ce choix s’explique par les clauses du traité du 6 février 1922. Comme le cuirassé est identifié comme un navire de plus de 10000 tonnes avec une artillerie d’un calibre supérieur à 8 pouces (203mm), les différentes marines vont construire des navires de cette classe, au risque de dépasser le plafond autorisé comme ce qui arrive au Japon.
Pour continuer à disposer de navires capables de combattre l’US Navy, la marine japonaise va construire des croiseurs lourds déguisés en croiseurs légers, les canons de 155mm devant être remplacés par des canons de 200mm.

Le Fubuki
Dans les autres domaines, le Japon est aussi prescripteur notamment dans le domaine des destroyers, les Fubuki avec leurs six canons de 127mm en trois tourelles doubles à double usage pour une partie d’entre-eux obligeant les grandes marines à produire des destroyers capable de rivaliser avec les destroyers japonais qui n’ont pas encore révéler leur arme la plus redoutable en l’occurrence la torpille Longue Lance.

Torpille type 93 « Long Lance »
Dans le domaine des sous-marins en revanche, la marine japonaise ne brille guère. Les submersibles nippons sont dans l’ensemble inférieurs aux sous-marins américains. Ils sont soit trop petits ou trop grand, le Japon se fourvoyant dans les domaines des sous-marins de poche et dans le domaine des croiseurs sous-marins, gaspillant des ressources limitées.
De plus sur le plan tactique, la marine japonaise focalise ses sous-marins sur les missions de surveillance et d’attaque des navires de guerre, négligeant des cibles molles mais vitales comme les cargos et les pétroliers. Les submersibles nippons vont se casser sur les «dents» alors que s’attaquer à la «queue» aurait été bien plus profitable.
La poussière navale va être négligée qu’il s’agisse des dragueurs de mines ou des escorteurs, la logistique est jugée comme sacrifiable dans les programmes de construction, deux faiblesses qui allaient être mortelles pour la Nihon Kaigun.
L’impossible limitation des armements navals
Cinq ans après le traité de Washington une nouvelle réunion de limitation des armements navals est organisée à Genève entre le Japon, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en juillet 1927.
Cette réunion est un échec car Londres et Washington échouent à s’entendre sur la question des croiseurs. Si les britanniques ont besoin de beaucoup de navires pour patrouiller le long des routes commerciales d’un empire gigantesque, les américains ont besoin de navires plus puissants pour la future bataille décisive contre la marine japonaise, bataille censée décider du conflit.
Deux ans et demi plus tard, le 21 janvier 1930, une nouvelle conférence se réunit à Londres avec les cinq mêmes pays présents à Washington (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Japon, France et Italie), le traité étant signé le 22 avril 1930.
Si les britanniques échouent à obtenir l’abolition du sous-marin (les autres participants ayant besoin de ce type de navire pour différentes raisons), ils parviennent à repousser l’interdiction de construction des navires de ligne jusqu’en 1936.
L’artillerie des porte-avions est limitée à 155mm pour mettre fin aux projets des croiseurs et cuirassés porte-avions (on à longtemps cru que les Nelson britanniques étaient des cuirassés porte-avions), les sous-marins ne peuvent déplacer pas plus de 2000 tonnes avec un canon de 130mm mais chaque pays peut conserver trois navires plus gros (maximum 2800 tonnes).
La catégorie croiseur est précisée, étant croiseur un navire de 1850 à 10000 tonnes avec une artillerie de 130 à 203mm. Les croiseurs type A ont une artillerie d’un calibre de 155 à 203mm alors que les croiseurs type B ont une artillerie allant de 130 à 155mm.
Le traité de Washington expirait le 31 décembre 1936 à condition que deux ans auparavant au moins un pays signataire ne le dénonce ce qui est chose faite fin 1934 par le Japon et par la France.
Une nouvelle conférence se réunit à Londres à partir du 9 décembre 1935, aboutissant à la signature du second traité de Londres le 25 mars 1936, traité que ne signe pas le Japon, l’Italie ne le signant que le 16 novembre 1938.
Ce traité limite les caractéristiques des cuirassés à 35000 tonnes avec des canons de 356mm, les porte-avions à 23000 tonnes et des canons de 155mm et les sous-marins à 2000 tonnes avec des canons de 130mm.
Ce traité qui doit rester en vigueur jusqu’au 31 décembre 1942 est muni d’une clause de sauvegarde signée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France qui permet la construction de cuirassés de 45000 tonnes avec une artillerie de 16 pouces (406mm). Cette clause est activée dès le 30 juin 1938.
Dénoncé le 15 décembre 1940 par la Grande-Bretagne et la France, le Second Traité de Londres expire comme prévu le 31 décembre 1942.
Aucun traité de limitation des armements navals ne sera signé, les différents pays préférant reprendre leur liberté face au conflit qui s’annonce. Les seules limites seront donc techniques et financières.
Septembre 1939-Mars 1950 : une marine de premier plan
En guise d’introduction
En septembre 1939, quand éclate la guerre de Pologne en Europe, la marine impériale japonaise est la troisième marine du monde derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne mais devant la France, l’Italie ou encore l’Allemagne.
Elle aligne dix cuirassés, six porte-avions, trente-huit croiseurs (vingt croiseurs anciens, quatorze croiseurs lourds et quatre croiseurs légers), quatre-vingt dix-sept destroyers et cinquante sept sous-marins. A cela s’ajoute des navires en chantier en l’occurrence quatre cuirassés, neuf porte-avions, huit croiseurs, trente-sept destroyers et trente-huit sous-marins.
Durant les onze années qui sépare le Japon de son entrée en guerre contre les Etats-Unis et ses alliés, la marine japonaise connait une croissance régulière et un renouvellement des moyens.
Hélas si les navires sont plus modernes et plus puissants, les principales faiblesses de la marine japonaise ne sont pas comblées durant cette décennie qu’il s’agisse des détecteurs radars et sonars, de l’absence d’une lutte anti-sous-marine efficace et d’une logistique sous-dimensionnée pour un théâtre d’opérations gigantesque.
Sur le plan tactique et stratégique, les faiblesses sont toujours là. Le choix contraint de la qualité au détriment de la quantité à provoqué un élitisme malsain.
Dans tous les domaines, la marine japonaise développe un culte de l’excellence qui permet à la marine impériale de disposer d’équipages remarquablement entraînés (notamment dans le domaine du combat de nuit) mais qui bloque toute possibilité de renouveler des hommes vite consommés par un conflit long et meurtrier.
Le culte de la bataille décisive est toujours là et à plusieurs reprises, les japonais vont lancer des opérations majeures moins pour atteindre des objectifs précis que pour provoquer la fameuse «bataille décisive». Les plans deviennent toujours plus délirants et toujours moins corrélés avec les moyens disponibles.
Dans le domaine des constructions navales également, les programmes de guerre sont tous plus délirants les uns que les autres trahissant une véritable panique devant la guerre longue et incertaine qui se profile.
Outre le manque de ressources naturelles et humaines, les chantiers japonais emploient des méthodes dépassées. Incapables de rivaliser avec les chantiers américains, les chantiers japonais livrent péniblement des navires légers, des pétroliers, des cargos, navires qui quand ils ne sont pas coulés par les sous-marins ou l’aviation américaine sont bloqués au port faute de carburant.
Quand le Japon capitule en septembre 1954, la quasi-totalité des navires sont au fond de l’eau, coulés ou sabordés dans les ports, les rares survivants servant après guerre pour rapatrier dans l’archipel les garnisons isolées.
Il faudra attendre 1960 pour qu’une nouvelle marine japonaise soit mise sur pied mais ceci est une autre histoire…… .
Un corps de bataille puissant et redoutable
Les historiens se sont beaucoup focalisés sur le dévellopement important du porte-avions et de l’aéronavale embarquée au sein de la marine japonaise. Ce sont les nippons qui les premiers ont eu l’idée de regrouper en une escadre les différents porte-avions, cette concentration de force connue sous le nom de Kido Butai devant permettre de remporter une victoire décisive.
Cependant il ne faudrait pas imaginer que le porte-avions est placé au centre de la stratégie navale japonaise. Non, le porte-avions est encore un auxiliaire, un brillant second chargé d’éclairer les cuirassés, un brillant second chargé de ralentir la ligne de bataille ennemie.
Le cœur de la marine impériale japonaise est donc un corps de bataille composé de cuirassés et de croiseurs de bataille.
En septembre 1939, le Japon dispose de dix cuirassés soit le troisième rang mondial derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (quinze unités) mais devant la France (sept cuirassés), l’Allemagne (cinq unités), l’Italie (quatre unités) et enfin l’URSS (trois unités).

Le Kongo
Ces dix cuirassés sont les quatre croiseurs de bataille de classe Kongo (Kongo Hiei Haruna Kirishima), les deux cuirassés de classe Fuso (Fuso Yamashiro), les deux cuirassés de classe Ise (Ise Hyuga) et enfin les deux cuirassés de classe Nagato, les Nagato et Mutsu.

Le Yamato
Ces navires sont assez anciens mais ce cas n’est pas spécifique à la marine japonaise puisqu’en septembre 1939, aucun cuirassé de conception nouvelle n’est en service qu’il s’agisse des Richelieu pour la France, des Littorio pour l’Italie, des North Carolina pour les Etats-Unis, des King George V pour la Grande-Bretagne ou des Bismarck allemands.
Tous ces cuirassés déplacent environ 35000 tonnes, filent entre 27 et 32 nœuds et sont armés de canons d’un calibre allant de 356mm pour les «KGV» britanniques à 406mm pour les North Carolina américains en passant par le 380mm pour les Richelieu et les Bismarck ou encore le 381mm pour les Littorio.
Les japonais qui veulent à tout prix surclasser les cuirassés américains armés de canons de 406mm vont développer des cuirassés deux fois plus gros, approchant les 70000 tonnes, filant à 27 nœuds avec un armement composé de neuf canons de 460mm en trois tourelles triples.
C’est l’acte de naissance des Yamato, les quatre super-cuirassés dont les caractéristiques exactes resteront secrètes jusqu’au milieu de la guerre sont censés à eux seuls éliminer les cuirassés américains à la puissance de feu bien inférieure.
La marine japonaise va même envisager la construction de cuirassés encore plus gros armés de six ou huit canons de 510mm en tourelles doubles mais ce projet est abandonné au profit de cuirassés plus petits.
Après avoir construit quatre Yamato, la marine japonaise décide de construire à la fois des croiseurs de bataille et des cuirassés rapides même si on peut se demander si il ne s’agit pas d’un doublon tant la distinction entre les deux n’avait désormais plus guère de sens.
Les nouveaux cuirassés de classe Amagi sont inspirés des Yamato (forme de coque, superstructures, propulsion) mais leur taille s’approche des réalisations étrangères contemporaines soit environ 52000 tonnes, 30 nœuds et un armement composé de douze canons de 410mm en quatre tourelles triples. Huit unités sont prévues mais seulement six sont achevés, les deux dernières étant abandonnées sur cale.
Ces cuirassés de classe Amagi vont remplacer les Fuso et les Ise désarmés entre 1945 et 1948 et jamais réarmés.
Aux côtés des Yamato et des Amagi, on trouve toujours les Nagato et les Kongo modernisés à plusieurs reprises.
Si le remplacement des premiers était prévu avec les deux derniers Amagi jamais achevés, le remplacement des Kongo était prévu par une classe de croiseurs de bataille, la classe Kii.
Six puis huit unités étaient prévues mais seulement trois seront achevés en croiseurs de bataille, un quatrième étant achevé en porte-avions à une époque où la marine nippone fait feu de tout bois.
Quand la guerre éclate dans le Pacifique en mars 1950, le corps de bataille japonais aligne cinq croiseurs de bataille (quatre Kongo et un Kii plus un deuxième en achèvement à flot, un troisième et un quatrième Kii encore sur cale) et dix cuirassés répartis entre deux Nagato, quatre Yamato et quatre Amagi, à ces dix navires s’ajoutant deux autres sur cale et deux à mettre sur cale.
Le corps de bataille japonais aligne donc quinze unités en mars 1950 à opposer au vingt-deux cuirassés américains.
Le déclassement sur le papier est net mais la flotte est globablement plus moderne côté japonais qui peuvent de plus compter sur l’éventuel réarmement de quatre cuirassés type Fuso et Ise. Ces derniers ne pourraient peut être pas combattre dans la ligne mais pourraient décharger les cuirassés modernes de nombreuses missions.
Durant le conflit, plusieurs projets de cuirassés seront étudiés mais aucun ne sera mis en chantier, l’industrie navale japonaise n’arrivant de toute façon pas à achever les cuirassés déjà prévus, cuirassés qui même si ils avaient été terminés auraient été probablement immobilisés au Japon par une pénurie endémique de carburant.
Quand le conflit se termine en septembre 1954, seuls le Kongo et le Nagato ont survécu aux combats et aux bombardements. Ils seront utilisés par les américains lors de leur campagne d’expérimentation atomique à Bikini (opération Crossroads). Quand aux autres, ils ont été coulés au combat ou dans les ports par les raids incessants de l’aéronavale américaine.
Porte-avions
L’apparition de l’avion en 1903 ne tarde pas à attirer l’attention des marines mondiales sur le plus lourd que l’air. Les dirigeables et autres ballons se révélant difficilement utilisables en haute mer, l’avion puis l’hydravion sont vus comme des vecteurs de renseignement potentiels pour voir au delà de l’horizon.
Après plusieurs essais infructueux de plate-forme ou de cable, le meilleur moyen de mettre en œuvre l’avion en haute-mer c’est d’utiliser un navire adapté avec un pont d’envol entièrement dégagé pour permettre le décollage et l’appontage.
Le Japon qui avait employé des hydravions pour bombarder Tsingtao s’intéresse très tôt à la question de l’aéronavale embarquée.
En mettant en service le Hosho en 1920, la marine japonaise peut se targuer d’avoir mis en service le premier porte-avions conçu dès l’origine comme tel même si les britanniques avec le Hermes lui dispute ce honneur symbolique.
Tout comme les puissances signataires du traité de Washington, les japonais vont transformer deux navires de ligne dont la construction à été stoppé par cet accord international.
Initialement, il s’agissait de deux croiseurs de bataille, l’Akagi et l’Amagi mais le second nommé est gravement endommagé lors du tremblement du Kanto le 1er septembre 1923. Il est remplacé par le cuirassé Kaga.

L’Akagi
Le traité de Washington de 1922 avait accordé 81000 tonnes de porte-avions au Japon, la marine japonaise doit donc jongler sur quelques grandes unités ou sur beaucoup de petites, partageant le même débat que son homologue américaine.
Après avoir converti des navires de ligne en construction, le Japon revient aux constructions neuves avec le Ryujo, un porte-avions de 12000 tonnes à pleine charge. N’ayant que 81000 tonnes de porte-avions, le Japon cherche à disposer du plus grand nombre possible d’unités mais le Ryujo se révèle un navire raté, haut sur l’eau, instable.
Les deux porte-avions suivants sont également des constructions neuves. Baptisés Soryu et Hiryu, ce sont des navires de la classe du Yorktown. On les regroupent en une seule et même classe mais en réalité, ils sont plus demi-frères que frères.

Le Soryu
En septembre 1939, quand la Three Months War éclate, la marine japonaise dispose donc de six porte-avions d’inégale valeur avec le Hosho (capacités très limitées), le Ryujo (instable design raté), l’Akagi, le Kaga, le Soryu et le Hiryu, ces quatre unités étant considérées comme les seuls porte-avions vraiment efficients.
Les deux porte-avions suivants baptisés Shokaku et Zuikaku sont considérés comme parmi les meilleures unités de la Flotte Combinée. Plus grands et plus rapides, ils sont au Soryu ce que les Essex ont été aux Yorktown.
Après la mise en service de ces navires au printemps et à l’automne 1942, le Japon se demande comment augmenter encore sa flotte de porte-avions. Informée des caractéristiques des porte-avions Illustrious, elle décide elle aussi d’adopter le pont blindé pour augmenter la résistance de ces navires aux coups.
C’est l’acte de naissance des quatre porte-avions de classe Taiho (Taiho Junyo Hiyo Soho), des porte-avions de 27500 tonnes standard mais déplaçant quasiment 35000 tonnes à pleine charge.

Le Taiho
Ils sont mis en service entre mars 1944 et septembre 1947, portant la flotte de porte-avions nippone à dix unités (Akagi Kaga Soryu Hiryu Shokaku Zuikaku Taiho Junyo Hito Soho) relativement homogènes.
En janvier 1946, le Japon frappe fort en décidant la construction de douze porte-avions de classe Unryu.

Le Unryu
Ces porte-avions sont une évolution des Hiryu. On espère que l’effet de série permette une baisse des coûts et une meilleure gestion de la logistique et de la formation des équipages même si contrairement à l’US Navy, ces considérations bassement matérielles étaient méprisées par beaucoup d’amiraux obsédés par l’offensive.
Quand le conflit éclate en Europe en septembre 1948, aucun navire n’est en service mais les quatre premiers le sont en mars 1950, tous participant au raid contre Pearl Harbor. Les huit autres sont en construction à des stades divers d’avancement mais seulement quatre seront achevés, laissant quatre Unryu ne jamais rejoindre les flots et le service actif.
Devant une guerre chaque jour plus incertaine, le Japon préféra l’urgence des conversions de paquebots, cargos ou autres navires de soutien plutôt que de poursuivre la construction de porte-avions conçus dès l’origine pour ce rôle.
Quand le conflit se termina, les porte-avions japonais encore à flot étaient bien rares et servirent au rapatriement des garnisons isolées dans le Pacifique.