Etats Unis (90) Bases et Arsenaux (4)

Naval Base Pearl Harbor

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Entre 1795 et 1810, l’archipel hawaïen jusque là divisé en plusieurs royaumes est unifié sous l’autorité du royaume de l’île d’Hawaï. Cette dynastie va dominer l’archipel jusqu’au 17 janvier 1893 quand un coup d’état soutenu par les Etats-Unis renverse la dernière reine et établit un gouvernement provisoire.

Le 4 juillet 1894 la République d’Hawaï est proclamée mais ce régime dure peu puisque le 7 juillet 1898 à la demande du gouvernement hawaïen, l’archipel est annexé par les Etats-Unis, devenant le Territoire d’Hawaï. Ce n’est qu’en 1959 que le territoire devient un état.

L’île d’Oahu convenant parfaitement à un port et/ou une base navale, l’US Navy s’y intéresse très rapidement. Dès le 17 novembre 1899 est créée la Naval Station Honolulu qui devient dès le 2 février 1900, la Naval Station Hawaï. Cette création fait entériner qu’un usage validé par le traité américano-hawaïen de 1884 ratifié en 1887 par le Sénat des Etats-Unis qui autorisait la marine américaine à utiliser Hawaï comme base navale.

Au départ, il s’agit essentiellement d’un mouillage «tactique» avec un dépôt de charbon (coalling station), des quais, des ateliers et des logements pour les équipages. En 1908, le Pearl Harbor Navy Yard est créé, cet arsenal étant installé au sud de l’île Ford sur le côté est du goulet, jouxtant le site de la future base aérienne d’Hickham Field.

La construction de cet arsenal (qui dispose d’une puis de quatre formes) marque le début de travaux permanents pour faire de Pearl Harbor la base majeure des Etats-Unis dans le Pacifique, la rade d’Oahu accueillant la majorité des cuirassés et des porte-avions de la marine américaine à tel point que certains en plaisantant disait qu’il faudrait un chausse-pied pour faire rentrer tous les navires affectés à Pearl Harbor dans la rade.

En 1917, l’île Ford est acquise pour une utilisation conjointe par la marine et l’aviation de l’armée, l’île qui est agrandie entre 1940 et 1942 (135 à 178 hectares) constituant un véritable porte-avions immobilie au milieu de la rade. En 1938, l’activation d’Hickam Field situé à proximité du Pearl Harbor Navy Yard libère l’emprise de l’armée sur l’île Ford qui devient une base aérienne entièrement dédiée à l’aéronavale et aux Marines.

Durant la décennie 1940, les travaux continuent concernant aussi bien le Pearl Harbor Navy Yard que les dépôts ou les défenses côtières.

Le raid japonais du 21 mars 1950 provoque des dégâts assez sérieux sur les navires mais au final les infrastructures sont relativement épargnées notamment l’arsenal et les précieux dépôts de carburant ce qui fait que Pearl Harbor reste une base navale opérationnelle.

Depuis soixante-cinq ans, les historiens débattent sur le fait si une troisième vague aurait pu changer les choses. La conclusion est sans appel : cela n’aurait rien changé.

En effet, les japonais ne disposaient pas d’une logistique leur permettant de rester ad vitam aeternam au large des îles hawaïennes. De plus une partie de la flotte américaine était à la mer, menaçant de tomber sur les porte-avions peu protégés (trois croiseurs de bataille classe Kongo, des croiseurs lourds et légers, des destroyers) sans oublier qu’il fallait soutenir les autres opérations aux Philippines, en Insulinde et en Indochine.

Durant le conflit, la base navale de Pearl Harbor va jouer un rôle majeur dans la guerre contre le Japon, servant de base de stationnement, de base d’entrainement, de base de ravitaillement et de maintenance même si avec l’éloignement du «front», les américains n’effectuaient à Pearl que les travaux les plus lourds que ne pouvaient réaliser les Advanced Repair Base.

Quand un nouveau navire entrait en service, il ralliait d’abord San Diego pour charger du matériel voir des hommes puis perfectionnait son entrainement lors du transit en direction de Pearl Harbor (huit à dix jours de mer). Arrivé dans les eaux hawaïennes, il s’entraînait avec des navires revenant du front ce qui permettait aux nouveaux venus d’être mis au parfum.

Le conflit terminé, la base continue d’être au centre de la stratégie américaine dans le Pacifique, appuyant l’action des forces navales américaines durant notamment la deuxième guerre du Vietnam. Cette base est toujours active aujourd’hui.

Naval Base Guam

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Ile de l’archipel des Mariannes conquise par les américaines en 1898 lors de la guerre l’opposant à l’Espagne, Guam à une position stratégique à l’est des Philippines. Très rapidement pour ne pas dire toute suite, les américains aménagent à Apra un point d’appui pour ravitailler et réparer les navires.

Ce point d’appui dispose de quais pour le stationnement de navires, d’ateliers et de docks flottants pour la réparation ainsi que d’une base aéronavale implantée à Agana.

En mars 1950, Guam dispose de navires légers (quatre destroyers, une flottille de vedettes lance-torpilles et huit chasseurs de sous-marins) et de trois squadrons de l’aviation navale (un de PV-2 Harpoon, un de PBJ-1 et un de C-54/R5D).

La base américaine est conquise par la marine japonaise entre le 25 mars et le 5 avril. Peu de renforts sont envoyés aux Marines et aux G.I qui y sont déployés ce qui génère une polémique qui n’à jamais cesser. Après un peu plus de trois ans d’occupation japonaise, l’île est reconquise par les américains au cours de la campagne Carolines-Mariannes (avril-septembre 1953).

Asiatic Fleet

Avant-Propos

Depuis 1905, il ne s’agit pas de savoir si il y aura un conflit entre Washington et Tokyo mais quand, les deux pays se disputant le contrôle du Pacifique.

A une époque où la guerre navale est fortement marquée par les gros canons, les deux marines qu’il s’agisse de la Nihon Kaïgun ou de l’US Navy imagine le conflit sous la forme d’une bataille décisive (notamment le Japon qui sait ne pouvoir supporter une guerre longue) localisée selon les périodes entre Okinawa et les Philippines.

Les Philippines colonie espagnole sont conquises par les américains en 1898. si la conquête est facile, la pacification est compliquée, avec une guerre contre la première république phillipine (1899-1902) et la révolte des Moros (1899-1913) montre aux américains que la colonisation n’est pas aussi facile qu’espéré, en tout cas plus dure que dans les plaines du midwest.

Cet archipel accueille des forces terrestres et navales importantes. Une flotte dédiée assure sa défense l’Asiatic Fleet qui se repose sur deux bases, Cavite en baie de Manille et Subic plus au sud.

Ces bases doivent permettre de tenir l’archipel et permettre à la Pacific Fleet d’opérer contre le gros de la flotte japonaise mais comme chacun sait, rien ne se passera comme prévu car à la guerre, la première victime c’est le plan.

Naval Station Sangley Point (Cavite)

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C’est au 16ème siècle que les espagnols s’installent aux Philippines. L’un des premiers site de colonisation est la baie de Manille et notamment un cap appelé Cavite la Punta en anglais Cavite Point.

Un port est aménagé ainsi qu’un fort pour en assurer la protection, le Fort San Felipe étant achevé en 1609. C’est le début de l’activité militaire de la baie de Manille, la future capitale des Philippines étant officiellement créée le 24 juin 1571.

Un arsenal (Astillero de Rivera) suit quelques années plus tard. L’activé maritime et commerciale et intense avec notamment le galion de Manille qui reliait Manille à Acapulco.

En 1896, les philippins se révoltent et deux ans plus tard, après leur victoire contre une Espagne en plein déclin, les américains s’installent aux Philippines. Ils modifient assez peu le site dans un premier temps même si ils démolissent le Fort Guadalupe et une partie du Fort San Felipe.

En dépit de la construction de la base de Subic plus au nord, le Cavite Navy Yard reste le principal point d’appui de l’Asiatic Fleet. Les capacités d’entretien sont bonnes même si pour les grandes refontes, les navires allaient à Pearl Harbor voir sur la côte ouest.

Des travaux sont menés durant la période de la Pax Armada avec l’arrivée d’un dock flottant, la modernisation des ateliers et le doublement de la capacité des réservoirs et autres dépôts pour permettre cinq mois de totale autonomie. Les défenses côtières sont également modernisées.

C’est donc avec confiance que les forces américano-phillipines abordent la défense du Commonwealth of Phillipina, la colonie américaine ayant obtenu son indépendance le 14 mars 1945.

Et pourtant en à peine un mois seulement, Manille et sa baie sont occupées par les japonais, privant l’Asiatic Fleet de ses bases avec lesquelles elle comptait tenir le temps que la Pacific Fleet, ses porte-avions et ses cuirassés interviennent.

Le 15 avril 1950, le Cavite Navy Yard est pris par les japonais qui ne trouvèrent guère à récupérer, les installations ayant été minutieusement sabotées, les navires qui ne pouvaient appareiller ayant été sabordés pour embouteiller la base.

Durant le conflit, le Cavite Navy Yard et la Naval Station Sangley Point sont utilisés par les japonais même si les dégâts des combats de 1950 l’ont rendu bien incapable d’être une base pleinement opérationnelle.

Les américains débarquent aux Phillipines le 8 mars 1953. Manille est reprise à la fin du mois d’avril (le 27) après de violents combats. La base navale et l’arsenal sont repris début mai. Ils sont rapidement remis en état pour servir d’Advanced Repair Base, l’ARB Manilla étant opérationelle à partir du 4 juillet 1953.

Le site est totalement remis en état une fois le conflit terminé. Le site est modernisé et agrandit, étant utilisé par les américains jusqu’au 14 mars 1975 quand la base est rendue au gouvernement phillipin qui l’utilise encore aujourd’hui.

Naval Station Subic Bay

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Le site de la baie de Subic située au nord-ouest de Manille (375km par la route) à été très tôt connu comme un site parfait pour accueillir un port et/ou une base navale d’autant que la baie de Manille n’était pas aussi favorable que cela à la navigation en raison de problèmes sanitaires mais également une vulnérabilité en cas de combat ainsi qu’un manque d’abris en cas d’événement climatique grave comme un typhon.

En 1868, une expédition militaire espagnole est envoyée pour vérifier si la baie de Subic peut accueillir un port et un arsenal.

La réponse est positive mais les autorités sont réticentes à se déplacer dans un endroit isolé. Il faut l’intervention de la monarchie, un décret royal faisant de Subic Bay un port naval. L’autorisation de construire l’Arsenal de Olongapo est publiée le 8 mars 1885, les travaux commençant six mois plus tard.

Un canal de drainage utilisable également comme coupure humide est créé pour isoler l’arsenal du reste du territoire. Un pont passe au dessus du canal et mène directement à l’entrée principale.

Une fois les travaux de l’arsenal terminé, trois canonnières sont affectées à sa défense sans compter les défenses côtières.

A l’intérieur du site on trouve des ateliers, une fonderie, des magasins pour permettre de soutenir les navires stationnés à Subic.

Suite à la déclaration de guerre entre les Etats-Unis et l’Espagne, Subic se met en cas de défense, la position étant jugée plus facile à défendre que la baie de Manille.

Les moyens tant en mines qu’en artillerie sont cependant bien insuffisants. C’est pourtant à Manille que le sort de la colonie espagnole des Philippines va se jouer le 1er mai 1898. Un mois plus tard, la garnison espagnole se rend.

Durant la guerre phillipino-américaine,Subic est occupée par les phillipins, les américains préférant Cavite (rebaptisée Sangley Point). Une batterie armée par les phillipins tire à plusieurs reprises, imposant aux américains un raid pour la neutraliser via un bombardement naval et le débarquement de 250 hommes (180 marins des compagnies de débarquement et 70 marines) (23 novembre 1899). En décembre, l’arsenal est capturé.

En 1900, le General Board effectue une étude sur les bases navales de l’US Navy. Pour le cas particulier des Philippines, l’organe supérieur de l’US Navy recommande Subic et la baie de Manille mais pas le site de Cavite mais celui de l’île de Guimaras au sud de Manille mais les amiraux Dewey et Remey n’étaient pas d’accord, Subic ayant un plus grand potentiel. Ils obtiennent gain de cause.

Des plans ambitieux sont dressés pour des fortifications, des bassins, des formes de radoub, des ateliers, un hôpital, une voie ferrée reliant Olongapo à Manille et un dépôt de 18000 tonnes de charbon mais ne seront que très partiellement réalisés, en partie en raison du fait du dévellopement de Pearl Harbor. De plus le traité de Washington en 1922 va imposer une réduction des défenses et des capacités d’entretien même si le dock-flottant Dewey sera maintenu.

Pour l’anecdote, dans les années trente, la base est transformée en quasi-jardin tropical. Un terrain de golf est même aménagé.

Durant la Pax Armada, l’expiration des traités permet la reconstitution des défenses côtières, l’augmentation des dépôts et des capacités d’entretien avec l’envoi deux nouveaux docks flottants, un dock-flottant couvert de 150m pour les sous-marins et un dock-flottant de 270m pour permettre si besoin est de caréner un croiseur lourd et un porte-avions.

En juin 1948, les travaux pour une base aéronavale commencent à Cubi Point en face de Subic Bay pour relayer la base aéronavale rattachée à Cavite.

Ces travaux menés par les Seabees ne sont pas achevés en avril 1950. Bombardé par les japonais, le site est reconquis par la nature durant l’occupation japonaise. La reconquête américaine à partir de mars 1953 permet la réoccupation de Subic et l’aménagement de NAS Cubi Point.

La base navale est occupée dès le 1er avril 1950, six jours après le débarquement japonais. Les installations terrestres sont sabotées, les dock-flottants sabordés.

Les japonais s’installent sur le site, assure des travaux (très) sommaire de remise en état et y reste pendant plus de trois ans. Le site est reprit en juin 1953 et remis en état pour servir d’Advanced Repair Base, un dock-flottant étant ramené de Californie pour des réparations d’urgence.

La base navale joue un rôle majeur durant la première et la deuxième guerre du Vietnam, Subic voyant entre 1960 et 1967 des navires français venir y faire escale alors que durant la deuxième guerre du Vietnam (1970-1977), ce sont des navires américains qui y font escale pour entretien et ravitaillement.

La base navale de Subic Bay reste sous l’autorité américaine tout comme Cubi Point. Endommagées par l’éruption du Pinatubo en 1991, elles sont fermées en 1992 mais contrairement à ce qui à été souvent écrit, l’éruption n’à fait qu’accélérer la fermeture.

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